jeudi 17 janvier 2008

BLACKFOOT

BLACKFOOT « Highway Song – Live » 1982

Si l’histoire a essentiellement retenu dans le giron sudiste Lynyrd Skynyrd, il est fort dommageable que des groupes comme Point Blank, Molly Hatchet, 38 Special ou Doc Holliday soient régulièrement ignores. Sans doute est-ce essentiellement due à une image de blaireaux racistes, machos et alcooliques. Mais c’est oublier que tout ce rock’n’roll du Sud des USA trempe profondément dans le blues, et que sans ses racines noires, il ne serait pas grand chose.
Autre grand oublié, Blackfoot est un cas intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que ce combo originaire de Jacksonville est sans aucun doute le plus hard de tous. Ensuite, parce qu’il fut le groupe le plus dangereux de ce coin-là de la planète entre 1979 et 1982. Pourtant, Rickie Medlocke, le chanteur-guitariste, avait une belle carrière en prévision. En effet, il fut le batteur initial de Lynyrd Skynyrd, et participa à l’enregistrement du premier vrai album du groupe en 1971, et qui ne fut publié qu’en 1978 sous le nom de « First… And Last » juste après l’accident d’avion qui pulvérisa Lynyrd Skynyrd en 1977.
Mais lassé par les difficultés du septet à être signé, il se consacra à son propre combo fondé en 1969 avec deux autres gaillards également d’origine indienne Blackfoot : Greg T-Walker à la basse et Jackson « Thunderfoot » Spires à la batterie et un guitariste de blues de Jacksonville, Charlie Hargrett. De temps à autre, Medlocke incluera également un cinquième membre, Shorty Medlocke, son beau-père. Le vieil homme assurera certaines intros de morceaux en racontant une histoire avec son accent inimitable, et s’accompagnant de son banjo ou de son harmonica.
Blackfoot, dont le nom est issu des origines des trois-quarts du groupe, s’imposera à la fin des années 70 et début des années grâce à 3 albums de heavy-metal sudiste impeccable, la fameuse trilogie dite du « bestiaire », à savoir « Strikes » en 1979 avec son serpent, « Tomcattin’ » en 1980 avec sa panthère, et « Marauder » en 1982 avec son aigle. Fort du succès de ces albums, Blackfoot commence à tourner en Europe en compagnie des nouvelles têtes du heavy-metal européen, notamment Iron Maiden, Scorpions ou Def Leppard.
C’est lors d’une de ces tournées en 1982 que Blackfoot enregistre ce live, pour remercier le public européen de son accueil. Capté à l’Hammersmith Odeon de Londres, ce disque brûlant est un parfait condensé de ce que le quatuor propose musicalement. Energie, attitude, et beaucoup de rock’n’roll sont au programme. La voix rauque et chaude de Medlocke résonne dans la salle, avant que de grosses Gibson bien grasses viennent huiler les tympans du public. La plupart des grands classiques de la bande de peaux-rouges est là, impeccables de feeling : « Gimme, Gimme, Gimme », « Train, Train », « Highway Song », « Fly Away »….
Le style de Blackfoot est toujours empreint d’un superbe feeling, duquel transperce la grande influence de Medlocke : Free. Le groupe reprendra d’ailleurs « Wishing Well » sur « Strikes ». C’est sans doute ici aussi qu’il trouve ce sens de la mélodie, mais pas seulement. Car dans cette musique, ce sont les grandes espaces qui flottent dans l’air. Et quand les guitares hurlent, ce sont les troupeaux de bisons que l’on voit traverser.
Si le metal européen tourna définitivement le dos aux influences blues aux débuts des années 80, Blackfoot gardera cet héritage en lui. Pour preuve, la reprise ultra-compacte de « Rollin’ And Tumblin’ » de Muddy Waters rappelle d’où vient ce foutu Southern-Metal. La slide rugit en zébrures électriques qui font souffler dans la mythique salle le vent chaud du Sud.
Ce live est, pour conclure, une épaisse tranche de rock’n’roll, et le concentré impeccable d’un très grand groupe qui dés l’album suivant se fourvoyera dans un heavy-metal à tendance FM, poussé par un management stupide. Depuis 10 ans, Ricky Medlocke a rejoint Lynyrd Skynyrd. Ce disque est donc aussi le dernier d’un groupe libre, charismatique et fier, qui chevauche à cent à l’heure sur l’électricité, et qui sut s’imposer sans concession. Il fut le dernier instantané d’un gang encore dangereux et rebelle, héritier du Grand Ouest Américain et des bayous putrides.

Et parce qu'encore une fois, je suis trop gentil, voici un extrait live de 1981, "Train Train" par Blackfoot, et croyez-moi, la locomotive est chaude :
http://fr.youtube.com/watch?v=rMclpOK7a2w


tous droits réservés

1 commentaire:

Anonyme a dit…

BLACKFOOT EST MON GROUPE PREFERE; avec medlocke et hargrett aux grattes,greg t walker a la basse et un des tres grands batteurs trop meconnu a mon gout mr jakson spires.
LA FOLIE de leur concert me donne encore la chair de poule rien qu en les ecoutant.
A+