jeudi 24 janvier 2008

STARZ

STARZ « Live In Action » 1989

A force de déambuler dans les recoins de heavy-rock, on finit par en avoir fait le tour. On se dit que les belles découvertes sont derrière soi, et que ma foi, rien ne vaut la réécoute de milliards de bootlegs de Led Zeppelin pour étancher sa soif de sons lourds. Ca, c’était avant. Avant la découverte de ce groupe assez hallucinant, Starz.
Les valeureux défenseurs du son heavy n’étaient pas bien nombreux en 1976 aux USA : Kiss, Aerosmith, Ted Nugent, Blue Oyster Cult… Et pour certains, le fin des années 70 fut synonyme de plongée dans le son FM-mélodique.
Quintet fondé par le groupe Richie Ranno à New York, ce groupe fut la fusion idéal entre le hard chromé du Zep mid-70s, et les mélodies power-pop. Cela donne un cocktail redoutable, loin d’être très radio-friendly. En fait, Ranno va réussir un pari assez époustouflant : celui d’offrir un hard-rock très électrique, mais aux mélodies incroyablement puissantes, portant sa musique au comble de l’héroïsme machique. La guitare en érection, pas moins. Lui et son homme de main, Brendan Rakin à la seconde guitare, brodent des canevas de riffs redoutables qui prennent tout leur sens en live.
Car au cas où vous ne l’auriez pas compris, il s’agit d’un live. Assemblé autour de différents enregistrements réalisés entre 1976 et 1978, soit la période d’activité de Starz, il s’agit d’un fantastique témoignage vivant d’un groupe qui loupa les étoiles de peu. Le groupe aligna quatre albums, tourna avec les plus grands (dont Kiss), mais son talent, sa finesse étaient autant d’obstacles à un public américain gavé de mauvaise bière et de codéine.
Les entrelacs électrique de Ranno et Bradkin étaient trop puissants, trop subtils. Car il y a aussi un fond de rock progressif là-dedans, avec ces changements d’ambiances, ces twin-guitars, comme si Wishbone Ash avait trouvé le disjoncteur.
La voix du chanteur Michael Lee Smith n’est pas celle d’un heavy-shouter, celle d’un Ian Gillan ou d’un Rob Halford. L’homme chante juste, mais suit la mélodie. Il sait que les maîtres du jeu sont les guitaristes, et qu’ils commandent.
L’ensemble est près de l’os, lyrique. Chaque écoute vous procurera une nouvelle découverte, un riff loupé, tant la musique est dense de trouvailles, comme de petites cathédrales heavy.
Le plus étonnant, c’est que ce live est le fruit du travail de fans, dont de nombreux musiciens. Parmi eux : Quiet Riot, Bon Jovi, Metallica, Kiss, WASP, mais aussi Megadeth, et bien d’autres mammouths du heavy-metal US. Brian Slagel, le boss du label Metal Blade, grand fan de Starz, rameute Ranno, et lui ordonne de sortir le coffre à merveilles. Il en sort des bandes live, véritables pépites d’une odyssée électrique qui aurait dû trouver son apogée dans les 70s.
Mais surtout, ce live révèle une hargne pas forcément présente sur les disques studios, trop propres à mon goût. Le côté pop prend des atours sales et méchants, et l’aspect lyrique est mis en exergue en permanence.
Depuis, Ranno exhume régulièrement des bandes live de grande qualité, fruit de sa collection personnelle. Il offre alors au public rock la matière nécessaire pour enfin comprendre son groupe, mais aussi pour étancher nos soifs de décibels machistes et adolescentes.

tous droits réservés

2 commentaires:

Anonyme a dit…

OMG... Cherry Baby... que de souvenirs! :D

No Title a dit…

J'ai du écouter mille fois "boys in action" le super titre hard, LA référence : tout le Hard Rock est là résumé en 5 mn : les breaks, la guitares qui dérape, le chant hurlé, basse batterie furieuses, le calme, la tempête, le blues, le rock, le hard : LE titre suprème. La quintessence du hard rock. Un bijou.