ATOMIC ROOSTER « Atomic Rooster » 1969
A la fin des années 60, le mouvement psyché a bouleversé l’horizon musical britannique, à commencer par le British Blues Boom. De cette explosion des carcans musicaux surgit une fusion élitiste de jazz et de blues qui donnera les prémices du rock progressif.
Les premiers à s’illustrer sont Colosseum. Composé de virtuoses instrumentaux issus du groupe de John Mayall période « Bare Wire », et notamment Jon Hiseman, le groupe défriche des horizons nouveaux.
Apparaît peu de temps après un ovni total du nom de King Crimson, qui avec l’album « In The Court Of The Crimson King » pose les limites du genre : il n’y en a aucune.
Vincent Crane est l’organiste de Arthur Brown et de son Crazy World. Le groupe vient d’avoir un immense succès avec le titre « Fire ». Crane l’a cosigné. Personnage tourmenté, et ne supportant plus le diktat un brin despotique de Brown, il s’en va fonder son groupe. Il embarque dans l’aventure le batteur, un jeune homme de 17 ans, prodige de l’instrument, du nom de Carl Palmer.
Crane et Palmer veulent un groupe leur permettant toute latitude. A l’instar de Cream ou du Jimi Hendrix Experience, Crane veut un trio, sauf que ce sera lui l’instrument lead, ses claviers remplaçant la guitare. Un autre trio du genre a vu le jour deux ans plus tôt : Soft Machine.
Palmer et Crane recrute un jeune inconnu dont la voix époustoufle les deux compères : Nick Graham. Celui-ci joue également de la flûte et de la basse, ce qui permet donc au trio de jouer orgue-basse-batterie. Le nom du groupe est trouvé par un roadie, qui dans un délire lysergique se met à évoquer une vision lumineuse, celle que lui inspire la musique du combo : « It looks like an atomic rooster ! ».Eclats de rire général, et adoption du nom, le trio s’appellera Atomic Rooster.
Le premier album, très attendu comme beaucoup de disques dits de supergroupes, ne décevra pas. Contrairement à ce que fera Emerson, Lake And Palmer, Atomic Rooster évite la virtuosité gratuite. Crane est d’une grande réserve personnelle, et se refuse tout solo superflu. Les lignes musicales doivent avoir un sens. C’est sans doute ce qui fait de cet album un disque équilibré, sans temps mort.
L’autre grande qualité de ce premier disque, c’est la voix de Graham : déclamatoire, puissante, rauque, elle se colle à merveille sur la musique torturée et sombre de Crane. Et que dire de la batterie de Palmer, rapide précise, les baguettes courant sur les toms comme autant de farfadets fous dans cet univers hanté.
Atomic Rooster alterne ici les titres percutants et limite hard comme « Friday The 13th », et les longues pièces incantatoires et mystiques comme « Bandstead » sur lequel la voix de Graham est parfaite. Ce premier album révèle peu à peu l’univers de Crane, fait de magie noire et de mélancolie, que seul son orgue arrive à traduire avec certitude. Sur ce disque, c’est la sobriété qui frappe. Ce sera d’ailleurs le seul disque avec un bassiste.
Par la suite, et très rapidement, Graham partira pour reprendre ses études, et sera remplacé par John DuCann, ancien guitariste du prodigieux Andromeda. Exit donc la basse, et l’on entend les premières sessions sur la réédition de ce premier album. Certes, avec l’arrivée de DuCann, le trio a gagné en puissance sonore et en agressivité, et cela se révèle très bon sur « Friday The 13th » ou « Seven Lonely Streets » (un titre d’Andromeda »). Mais il a perdu son charme british et son aspect un peu gothique pour un son plus rock. Cela n’empêchera pas le disque suivant « Death Walks Behind You » d’être un monument redoutable de puissance. Entre temps, Carl Palmer est parti rejoindre le trio fondé par Keith Emerson avec Greg Lake, le bassiste-chanteur de King Crimson, qui deviendra, Emerson, Lake and Palmer. Il sera remplacé par Paul Hammond.
Atomic Rooster ne sera pas réputé pour conserver un line-up très stable, du fait du caractère versatile de Crane. Le groupe explosera en 1974, puis se reformera avec DuCann et Hammond en 1980, avant de disparaître en 1983. Rattrapé par ses démons, Crane se suicidera en 1989, laissant Atomic Rooster comme une énigme sonore, pas tout à fait hard, pas franchement progressif, bref, sans limite.
tous droits réservés
A la fin des années 60, le mouvement psyché a bouleversé l’horizon musical britannique, à commencer par le British Blues Boom. De cette explosion des carcans musicaux surgit une fusion élitiste de jazz et de blues qui donnera les prémices du rock progressif.
Les premiers à s’illustrer sont Colosseum. Composé de virtuoses instrumentaux issus du groupe de John Mayall période « Bare Wire », et notamment Jon Hiseman, le groupe défriche des horizons nouveaux.
Apparaît peu de temps après un ovni total du nom de King Crimson, qui avec l’album « In The Court Of The Crimson King » pose les limites du genre : il n’y en a aucune.
Vincent Crane est l’organiste de Arthur Brown et de son Crazy World. Le groupe vient d’avoir un immense succès avec le titre « Fire ». Crane l’a cosigné. Personnage tourmenté, et ne supportant plus le diktat un brin despotique de Brown, il s’en va fonder son groupe. Il embarque dans l’aventure le batteur, un jeune homme de 17 ans, prodige de l’instrument, du nom de Carl Palmer.
Crane et Palmer veulent un groupe leur permettant toute latitude. A l’instar de Cream ou du Jimi Hendrix Experience, Crane veut un trio, sauf que ce sera lui l’instrument lead, ses claviers remplaçant la guitare. Un autre trio du genre a vu le jour deux ans plus tôt : Soft Machine.
Palmer et Crane recrute un jeune inconnu dont la voix époustoufle les deux compères : Nick Graham. Celui-ci joue également de la flûte et de la basse, ce qui permet donc au trio de jouer orgue-basse-batterie. Le nom du groupe est trouvé par un roadie, qui dans un délire lysergique se met à évoquer une vision lumineuse, celle que lui inspire la musique du combo : « It looks like an atomic rooster ! ».Eclats de rire général, et adoption du nom, le trio s’appellera Atomic Rooster.
Le premier album, très attendu comme beaucoup de disques dits de supergroupes, ne décevra pas. Contrairement à ce que fera Emerson, Lake And Palmer, Atomic Rooster évite la virtuosité gratuite. Crane est d’une grande réserve personnelle, et se refuse tout solo superflu. Les lignes musicales doivent avoir un sens. C’est sans doute ce qui fait de cet album un disque équilibré, sans temps mort.
L’autre grande qualité de ce premier disque, c’est la voix de Graham : déclamatoire, puissante, rauque, elle se colle à merveille sur la musique torturée et sombre de Crane. Et que dire de la batterie de Palmer, rapide précise, les baguettes courant sur les toms comme autant de farfadets fous dans cet univers hanté.
Atomic Rooster alterne ici les titres percutants et limite hard comme « Friday The 13th », et les longues pièces incantatoires et mystiques comme « Bandstead » sur lequel la voix de Graham est parfaite. Ce premier album révèle peu à peu l’univers de Crane, fait de magie noire et de mélancolie, que seul son orgue arrive à traduire avec certitude. Sur ce disque, c’est la sobriété qui frappe. Ce sera d’ailleurs le seul disque avec un bassiste.
Par la suite, et très rapidement, Graham partira pour reprendre ses études, et sera remplacé par John DuCann, ancien guitariste du prodigieux Andromeda. Exit donc la basse, et l’on entend les premières sessions sur la réédition de ce premier album. Certes, avec l’arrivée de DuCann, le trio a gagné en puissance sonore et en agressivité, et cela se révèle très bon sur « Friday The 13th » ou « Seven Lonely Streets » (un titre d’Andromeda »). Mais il a perdu son charme british et son aspect un peu gothique pour un son plus rock. Cela n’empêchera pas le disque suivant « Death Walks Behind You » d’être un monument redoutable de puissance. Entre temps, Carl Palmer est parti rejoindre le trio fondé par Keith Emerson avec Greg Lake, le bassiste-chanteur de King Crimson, qui deviendra, Emerson, Lake and Palmer. Il sera remplacé par Paul Hammond.
Atomic Rooster ne sera pas réputé pour conserver un line-up très stable, du fait du caractère versatile de Crane. Le groupe explosera en 1974, puis se reformera avec DuCann et Hammond en 1980, avant de disparaître en 1983. Rattrapé par ses démons, Crane se suicidera en 1989, laissant Atomic Rooster comme une énigme sonore, pas tout à fait hard, pas franchement progressif, bref, sans limite.
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