mercredi 14 novembre 2007

MAHOGANY RUSH

MAHOGANY RUSH « CHILD OF THE NOVELTY » 1974

Jimi Hendrix fut une comète électrique. Il laissa sur terre des poussières d’étoiles qui éclairèrent l’ensemble du son Rock des années, et la pratique de la guitare en général. Le Heavy-Metal lui doit beaucoup.
Mais sa mort a laissé sur place quelques fans inconsolables qui tentèrent de reprendre le flambeau du Cosmic Heavy-Blues de Jimi. Parmi meux, il y a le gigantesque Robin Trower, et un allumé du nom de Frank Marino.
Né au Canada en 1954, Marino tripe littéralement sur la musique du Voodoo Chile des nuits durant, l’acide aidant bien. Et puis un soir (ça, c’est Frank qui le raconte), à la suite d’un bad trip, il se retrouve dans la peau de Jimi. Et quand il revient à lui, il joue de la guitare comme son idole !
Cette anecdote foireuse l’a sûrement plus desservi qu’autre chose, car aujourd’hui, Marino fait parti de ces musiciens géniaux complètement ignorés et du grand public, et de l’histoire du Rock, pourtant conciliante (ah ! Indochine ! Oh ! Talk Talk ! ).
Frank débute donc son groupe, Mahogany Rush, power-trio formé de Jimmy Ayoub à la batterie et Paul Harwood à la basse, en 1971.
J’aurais pu vous parler du premier album, « Maxoom », sorti en 1973. J’ai toujours eu beaucoup d’affection pour ce disque, et notamment pour deux titres : « All In Your Mind » et « Back On Home ». J’ai écouté ces deux titres des milliers de fois, et à chaque je m’éclate sur la guitare. On peut gloser de la production un peu frustre, il n’empêche que le son de la guitare de Marino est déjà impressionnant pour un garçon de 19 ans.
Il est par ailleurs déjà clair qu’il assume un héritage hendrixien revendiqué, copiant la manière de chanter, et bien sûr, les gimmicks de guitare. Pourtant, les chansons ne rappellent pas tel ou tel titre d’Hendrix. Marino reprend le blues de Jimi là où il l’avait laissé, et tente de lui redonner son envol.
En fait, je préfère me tourner vers le second album, « Child Of The Novelty ». En fait, Marino déclare ici sa marque de fabrique : un son de guitare plus étoffé, des mélodies oscillant entre le Blues et le Jazz, et puis bien sûr, ces passages instrumentaux psychédéliques, en riff ou en solo. Les trois premiers titres sont à prendre direct dans les dents : « Look Outside », « Thru The Milky Way » et « Talkin’ ‘Bout A Feelin’ ». Riffs heavy-blues, soli inspirés, mélodies incisives, on est dans le très bon. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre : les titres de Mahogany Rush n’excèdent que rarement les quatre minutes. Le but n’est pas de tomber dans le piège de l’impro psyché à rallonge qui fait chier tout le monde. Non, le principe est ici de mettre au service de la chanson les effets sonores, et autres improvisations pour donner de la puissance à la musique.
Frank et sa tempête acajou continueront à produire d’excellents disques dans la même veine, en passant par le fabuleux live de 1978 qui marque l’apogée de sa recherche musicale. Mahognay Rush tournera par ailleurs avec les plus grands : Aerosmith, Black Sabbath, UFO, Rush, ou encore Blue Oyster Cult.

Alors oui, on peut se demander l’intérêt d’un tel artiste, et ce qu’il a pu effectivement apporter à la musique en copiant Hendrix. La réponse est : rien. Il a juste joué la musique qu’il aimait, et continue d’ailleurs encore ; Il est une figure culte du Heavy-Blues, et a permis à une sacrée tripotée de kids en manque de guitare de s’éclater. Et rien que pour cela, merci Frank.

tous droits réservés

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci à toi de m'avoir pousser à écouter un artiste que les rock-critics assimilent généralement à un imitateur ridicule (la fameuse anecdote que tu rappelles) et sans imagination.

Évidemment que Marino n'a pas l'audace d'écriture qu'Hendrix avait atteinte, mais qu'importe ! Sur le live, l'intensité qu'il dégage est proprement ahurissante : feeling ET vélocité, la recette gagnante à tout coups est ici réalisée de main(s) de maître.
Heureusement qu'il existe des passionnés comme toi qui oeuvrent pour la réhabilitation de formations dont le mépris qu'elles inspirent aux critiques institutionnels se transmet sans même que les récipiendaires ne semblent vérifier par leurs propres esgourdes s'il est réellement motivé.

Thanx a lot

Oyax.