dimanche 11 novembre 2007

RAINBOW

RAINBOW « Long Live Rock’N’Roll » 1978

Le cas Rainbow est difficile. Autant ce groupe est mythique, de par son ombrageux leader-guitariste Ritchie Blackmore, que par le fait de sa discographie relativement inégale. En effet, on retient surtout de Rainbow la période 1975-1977 avec Ronnie James Dio, celle du heavy-metal épique. La suite se révèlera plus maintream, plus commerciale.
Pourtant, bien que grand fan de Blackmore, je reste critique sur Rainbow. Notamment parce que le groupe véhiculera une bonne partie de la mégalomanie de son leader, et notamment dans les débordements instrumentaux parfois indigestes de ses musiciens pourtant brillants que sont Cozy Powell, Tony Carey ou Don Airey, et bien sûr, Blackmore.
En fait, tous les disques de Rainbow comportent de très bonnes choses, et des titres plus passe-partouts. Un seul disque fait exception : « Long Live Rock’N’Roll ».
Il est d’ailleurs un disque de transition. En effet, Rainbow a publié son mythique « On Stage » en 1977, résultat de la transposition des deux excellents premiers albums sur scène. En plein trip donjons et dragons, Dio emporte le groupe dans une sorte d’univers un peu kitsch qui finit par contrarier Blackmore. L’homme en noir veut en effet s’orienter vers une musique plus accessible, et ce pour séduire le marché américain, à l’heure où l’Europe plonge dans le Punk.
Comme à son habitude, Blackmore vire tout, le monde, ou presque : exit Jimmy Bain à la basse et Tony Carey aux claviers, bonjour Bob Daisley à la basse et David Stone aux claviers. Seuls restent Dio et Powell.
Avec « Long Live Rock’N’Roll », Rainbow revient à des thèmes plus urbains, moins mythologiques. Seuls « Lady Of The Lake » ou Rainbow Eyes » conserve encore ce petit goût chevaleresque cher aux paroles de Dio.
La musique elle-aussi s’épure. Exit les intros complexes et les morceaux alambiqués. Ici, il n’est question que de rock’n’roll, enfin, de hard-rock simple et direct. Il y a bien sûr toujours ce style si particulier, très speed-metal, qui influencera la totalité de la scène germanique métal des années 80 et 90.
C’est particulièrement vrai sur le classique « Kill The King », avec sa ligne épique, et son riff soutenu de roulements de double grosse-caisse. Ce titre, que Rainbow joue depuis 1976 sur scène, est ici particulièrement percutant, clair et concis.
Et puis, il y a aussi le superbe « Gates Of Babylon ». Ce morceau est le symbole de ce que Ritchie Blackmore peut offrir de meilleur : un riff arabisant, porté par une rythmique solide, et le chant de Dio qui court sur la mélodie. Le solo de Ritchie est magnifique de finesse et d’originalité, tout en nuances exotiques et vaporeuses.
Et puis, il y a bien sûr les titres rock, solides, carrés, triomphants, sombres : « Long Live Rock’N’Roll », « Lady Of The Lake », ou encore « Sensitive To Light ». « Rainbow Eyes » clôt tout en délicatesse ce disque puissant.
Cet album est l’exemple de ce que la technique et le talent instrumental, lorsqu’il est maîtrisé, offre de meilleur. Ici, le heavy-metal épique est dompté, pour offrir une musique chromée.
La suite, ce sera bien sûr le départ de Dio chez Black Sabbath suite au départ forcé d’Ozzy Osbourne en 1979 (voir la story de l’épisode Dio dans Black Sabbath dans ces pages). Blackmore embauchera Graham Bonnet, puis Joe Lynn Turner, sorte de chanteuse de disco qui achèvera de plonger Rainbow dans le son hard-fm. Il faudra alors piocher les bonnes chansons.
Et puis surtout, Rainbow perdra son identité musicale propre, celle de ce heavy-metal post-purplien qui fit sa légende. Blackmore vivra alors en conflit permanent entre ses ardeurs heavy-metal et son goût pour les choses policées et commerciales. Ne pouvant choisir, il s’est tourné vers la musique acoustique new-age à consonance Renaissance.
Histoire de vous faire une idée de la puissance du groupe, voici "Kill The King", un classique live joué par le dit line-up en 1978 : http://fr.youtube.com/watch?v=HOVK4Q4jMhg


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