mardi 20 novembre 2007

BUFFALO

BUFFALO « VOLCANIC ROCK » 1973

Lorsque Led Zeppelin sortit son premier album en février 1969, on commença à s’intéresser sérieusement au Heavy-Rock. Avec le Zep, ce son devint la Sonic Wave. Cette vague sonique sera encore plus crédible avec l’arrivée de Deep Purple et Black Sabbath en 1970.
J’aime beaucoup ce terme Sonic Wave. Il s’agit d’une bonne image de ce que l’on peut ressentir en écoutant certains disques de Heavy-Rock. C’est en tout cas le terme qui m’ais automatiquement venu à l’esprit lorsque j’ai écouté « Volcanic Rock » de Buffalo.
Groupe australien formé en 1971 et composé de Dave Tice au chant, John Baxter à la guitare, Peter Wells à la basse, et Jimmy Economou à la batterie, le quatuor sort son premier disque en 1972 : « Dead Forever ».
Dés le début, Buffalo détermine son style : des torrents d’électricité sauvage. Les morceaux sont massifs, plutôt longs, et surtout heavy. On lorgne d’ailleurs largement du côté Heavy-Blues, avec ce son gras, épais, et ces soli faisant pleurer les notes. La voix de Tice, rauque, renforce encore ce côté bluesy.
Mais ce qui fait de « Volcanic Rock » un immense disque, c’est que toutes ces qualités sont poussées à l’extrême. Dés « Sunrise », on prend une grande baffe de guitare tronçonneuse dans la figure : rythmique massive mid-tempo, gros son, voix mordante, basse sourde. On n’est pas là pour rigoler. De manière générale, ce disque est sombre.
Les riffs de Baxter décrivent des mélodies tantôt désabusées, tantôt vengeresses, faisant résonner sa Gibson SG comme des coups de tonnerre.
La voix de Tice résonne comme une sentence au-dessus du cataclysme guitaristique. Survolant la lave électrique de Baxter, il impose des textes puissants, prophétiques. Notamment sur « The Prophet », justement, qui raconte l’histoire de Moïse sur le Mont Sinaï. Si le texte à consonance religieuse peut paraître indigeste, c’est avec la musique qu’il prend tout son sens. Désertique, rocailleuse, agonisante, la mélodie semble plus décrire une descente aux Enfers qu’une montée aux cieux.
On retrouve d’ailleurs cette ambiance désespérée sur « Freedom », longue plainte organique d’un homme courant après sa liberté perdue. Et si le titre suivant peut paraître plus entraînant, il s’appelle « Til My Death », comme si la Mort était une sorte de libération. Je vous épargne la résonance du titre « The Prophet » après tout cela.
Et puis il y a également l’énorme « Shylock » et ses riffs Heavy-Metal avant l’heure, avant que Black Sabbath accouche de « Symptom Of The Universe » en 1975 sur « Sabotage ».
On ressort de « Volcanic Rock » un peu hagard, frissonnant, saisi par un souffle glacé inconnu. C’est sans doute la poussière du bush australien, et ses ambiances minérales, qui attisent cette mélancolie sauvage.
Buffalo connaîtra un grand succès en Australie, mais ne s’imposera pas ailleurs malgré d’autres bons disques. Sans doute s’est-il fait griller la priorité par un certain AC/DC, et d’autres formations comme The Angels, plus punks et hards.
Peter Wells quittera Buffalo en 1975 pour se joindre au chanteur de Buster Brown (dans lequel joue Phil Rudd) : Angry Anderson. Les deux compères formeront Rose Tattoo. Wells vient par ailleurs de décéder du crabe, et cette chronique lui est dédiée. Reste ce monolithe de lave incandescente, qui malgré les années, reste encore brûlant comme au premier jour. Parce que la Sonic Wave résonne encore et toujours dans le cœur des amateurs de Heavy-Blues.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je viens de réécouter ce disque par hasard (je l'avais gravé sur le même CD que Black Sabbath (Master Of Reality) et bon sang j'en ai pris plein les oreilles! La première chanson est vraiment géniale, le refrain annoncerait presque le grunge 20 ans avant! Nan mais quel disque ce Volcanic Rock!