jeudi 22 novembre 2007

THE DICTATORS

THE DICTATORS « Bloodbrothers » 1978

Le Rock’N’Roll est une science inexacte. Qui pouvait deviner que l’alliage du Punk et du Metal serait un échec cuisant ? On pouvait un peu s’en douter lorsque les Stooges sortirent « Raw Power » en 1973. Ce disque, excellent et fondateur, ne fut reconnu à sa juste valeur que bien des années plus tard.
Les pionniers payent souvent le prix fort de leur exubérance. Les Ramones, pionniers du Punk, durent galérer des années en ne raflant qu’un succès d’estime. Aujourd’hui, même Britney Spears a un tee-shirt Ramones.
Bref, les Dictators sont des pionniers. Ce qui veut donc dire, suite à cette introduction, qu’ils piétinèrent allègrement. C’est tout à fait vrai, et il faut dire qu’ils partirent plutôt mal. Déclaré dés 1975 qu’à part « Raw Power », il n’y a rien d’excitant dans le rock, c’est fondateur, mais peu commercial.
Le quintet formé de Ross « The Boss » Funicello et Tom Kempner aux guitares, Handsome Dick Manitoba au chant, Andy Shernoff à la basse et Rich Teeter à la batterie sort en 1975 le premier disque classé comme Punk new-yorkais : « Go Girl Crazy ! ». Seul album des Dictators un tant soit peu cité, il n’est pour moi pas le meilleur.
Tout simplement parce qu’il y a un élément fondamental à savoir : les Dictators ne sont pas réellement des punks. Ce qui fait leur spécificité, c’est cet alliage de heavy-metal et de punk-rock que l’on trouve dans « Raw Power », mais avec un côté pop plus prononcé, etune bonne dose de déconne, aussi. Cette caractéristique, on ne la retrouve pas chez les Ramones, Johnny Thunders, ou Stiv Bators.
Les Dictators savent jouer, et cela est important. Cela donne par exemple ce troisième disque. Le groupe est alors soutenu par la presse musicale, et bénéficie de la production de Sandy Pearlman et Murray Krugman, les deux hommes de l’ombre de Blue Oyster Cult. Et puis, c’est sans compter sur les fans prestigieux, comme Patti Smith ou Bruce Springsteen qui hurle le « 1-2-3-4 » au début du disque.
Hélas, les ventes sont faibles. Pas assez punk-trash pour les aficionados destroy, et pas assez heavy-metal pour les amateurs de Ted Nugent et autres métallurgistes de la fin des années 70, les Dictators loupent le coche.
Ce disque aurait dû pourtant enfoncer les portes, mais il intervient trop tard. Les Dictators ont déjà deux disques au compteur : le premier fut un précurseur du punk, mais fut dépassé dés 1976 par les Ramones en terme d’attitude. Quant à « Manifest Destiny » en 1977, sa production faiblarde, et l’absence de vrais titres accrocheurs, plombent les chances du combo.
« Bloodbrothers » en 1978 est le disque des Dictators : dés « Faster And Louder », on prend une rythmique lourde dans les gencives, et un refrain inoubliable comme une balle dans la tête. S’en suivent huit autres pépites immédiates, puissantes, portés par la voix caractéristique de Manitoba, entre chant punk rauque et un Paul Stanley de Kiss. La guitare de Funicello enlumine chaque titre de soli impeccables et de riffs épais, domptant le larsen, et posant un mur du son à la fois mélodique et heavy sur des chansons résolument courtes et ramassées. Cette fois-ci l’alliance punk/heavy-metal est royale. Le groupe a trouvé son équilibre sonore, et délivre un disque génial. Il faudrait citer les superbes « No Tomorrow », « Let’s Twist », ou le percutant et gras « Slow Death ».
Et puis, il y a ces aspects rock'n'roll particuliers, une certaine finesse dans l'approche de la mélodie comme ce piano sur "I Stand Tall", qui apporte une touche dramatique au titre, sans le faire plonger le moins du monde dans le commercial.
Cela ne suffira pas pour imposer le quintet qui voit ses membres fuirent le navire progressivement jusqu’au départ de Ross The Boss, parti rejoindre en 1980 Shakin’ Street, puis les éphèbes cloutés et moumoutés de Manowar. Il reste ce disque oublié, concentré d’énergie et de classe, qui fit franchir aux Dictators le pas de rigolos de service à celui de groupe rock majeur.

tous droits réservés

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon article, enfin quelque chose de vrai !

Hard Round Tazieff a dit…

Hé bè ! Purée !
J'aurais jamais cru, hormis moi, de voir ce groupe être déterré de l'anonymat !
J'en parle sur mon blog, mais mon post est passé inaperçu.
J'ai pas fini de lire ton bouquin ( que du bonheur ! certains groupes passés à la moulinettes trop rapidement à mon goût, mais devant ce bloc d'infos, tu ne pouvais pas faire autrement ! )
kissous mon pote à toi et ta famille !