"Si
Rory Gallagher est timide et réservée à la ville, il n'en est pas
de même sur scène, surtout sur ses terres."
RORY GALLAGHER Irish Tour '74
1974
Rory, petit frère
irlandais trop tôt disparu, fit résonner sa guitare à travers la
planète, sans relâche. Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à sacrifier
sa vie personnelle, il écuma les scènes, jouant soir après soir
son Blues-Rock magique. Gallagher avait cela dans le sang, depuis
qu'il a commencé la guitare. Depuis les débuts de Taste en 1966,
avec deux copains de Cork. Un trio de Blues qui, en même temps que
Cream et Jimi Hendrix Experience, mais à un niveau plus modeste,
développa une musique électrique et irrévérencieuse. Le trio
initial se disloqua à la demande de la maison de disques Polydor,
qui venait de le signer. Le guitariste était excellent, mais le
bassiste et le batteur pas au niveau. Rory n'en avait cure. Ce qu'il
aimait, c'était l'interaction, l'aspect humain.
Avec l'arrivée de
Richard MacCracken à la basse, et John Wilson à la batterie, le
niveau technique était là, mais pas vraiment l'entente amicale.
C'est que le guitariste était un être des plus sympathiques, mais
aussi des plus déterminés. Il avait une idée précise de sa
musique, et était un compositeur doué. Aussi, il n'y avait que peu
de place pour les deux nouveaux, qui en 1970, après deux fabuleux
albums couronnés d'un succès commercial et critique plus que
notable, décidèrent de faire valoir leurs droits à participer à
la composition, et donc aux droits d'auteur. A cela se greffa une
vieille rivalité politique, tristement typique de l'Irlande :
le conflit entre le Nord et le Sud. Gallagher n'en avait rien à
faire de tout cela, mais les deux trublions originaires de Belfast
mirent sur la table le fait que le leader de Taste était un homme de
l'Irlande du Sud cherchant à les écraser. L'ambiance devint vite
irrespirable, et la musique impossible à écrire. Il ne put donc que
se résoudre à dissoudre le trio, et fonder le sien, à son propre
nom, afin d'entamer une carrière solo.
La séparation de
Taste sera une blessure profonde dans le cœur de Rory Gallagher. Il
n'aura de cesse de surpasser cette douleur, que ce soit par ses
textes, la richesse de sa musique, ou le succès critique, commercial
et scénique de son groupe à son nom. C'est sans doute aussi ce qui
apportera cette âme si particulière, ce Blues profond qui hante ses
chansons jusqu'à sa mort. La désillusion du premier groupe de
jeunesse, la médiocrité de l'homme et de ses conflits absurdes,
apporteront une philosophie un peu amère à Rory. Il ne se départira
pourtant pas de sa sincère gentillesse, une humanité qui transpire
à chaque note, et se lit sur son visage jovial, déformé sur scène
par la force de sa musique.
En 1974, Rory a
déjà quatre albums à son actif, dont deux rien que l'année
précédente. Chacun connaît un succès croissant qui permet au
musicien de parcourir en 1973 L'Europe et les Etats-Unis, pour la
première fois. Ils accompagnent deux formations extrêmement
populaires aux USA : Deep Purple et The Faces. Durant ce tour
mondial, il décide de réaliser une vraie série de concert dans son
pays natal en décembre 1973 et janvier 1974 : l'Irlande. Rory
est alors de retour dans son pays pour les fêtes de fin d'année. A
cette occasion, il en profite pour donner quelques concerts. Mais
cette fois-ci, le contexte est différent. L'Irlande vit une période
de guerre civile débutée dans les années 60 due à une ségrégation
des droits civiques des loyalistes protestants pro-anglais contre les
nationalistes catholiques irlandais. Les deux camps s'affrontent dans
un conflit sanglant, surnommé avec un flegme tout britannique les
Troubles, et attisé par les groupes armés comme l'IRA et
l'armée britannique sur place. En 1972, une manifestation pacifiste
de 20000 personnes est réprimée dans le sang par cette dernière,
faisant 14 morts. Ce jour funeste sera appelé le Bloody Sunday.
Il sera suivi par une victoire des loyalistes aux élections de
l'Assemblée Nord-Irlandaise, et l'échec de la proposition des
nationalistes d'une assemblée proportionnelle entre les deux camps.
Les loyalistes, craignant un retrait de l'armée britannique et des
représailles des nationalistes, reprennent fin 1972 leurs campagnes
de violences. Les ghettos catholiques s'embrasent, et plusieurs
attentats et exécutions ont lieu durant l'année 1973. Les rapports
entre loyalistes et gouvernement britannique se détériorent suite à
ces actes. Les premiers lancent une grève générale qui engendrera
sept morts du côté catholique. L'IRA répond par des attentats.
C'est dans ce climat que le Rory Gallagher Band se lance dans sa
tournée irlandaise.
De plus, le groupe
a vu sa popularité croître en un an de manière significative.
Suffisamment pour que trois chaînes de télévision fassent des
propositions de documentaire dans ce contexte difficile. Mais
soucieux de ne pas voir ces concerts détournés de manière
politique, Rory Gallagher opte pour un tournage indépendant. Trois
concerts seront captés, sur bandes et en film, afin de célébrer le
retour du héros au pays. Il n'y en aura pas plus. D'abord parce que
le management obtient péniblement l'autorisation de l'armée
britannique de permettre un concert à Belfast, et ce grâce à la
notoriété nouvelle de Rory. Ensuite parce que le studio mobile
d'enregistrement, le Ronnie Lane Mobile, sera bloqué par les
autorités britanniques avant sa traversée de la Mer d'Irlande,
faisant rater la captation du premier concert.
Et le tournage ne
sera pas des plus simples non plus. Tony Palmer est chargé du
tournage. Il s'agit d'un long-métrage tout simple, avec de généreux
extraits de concerts, des interviews des protagonistes sur la
tournée, et des impressions de Rory sur son retour au pays. Mais
afin d'illustrer un peu le contexte, Palmer part dans les rues de
Belfast prendre quelques vues de la ville, ce qui déplaira fortement
à l'armée britannique, qui stoppera le tournage une journée et
donnera ses consignes au réalisateur.
Le Irish Tour '74
sera malgré tout un succès, les salles sont pleines à craquer, et
le Band fait un véritable tabac tous les soirs. Le concert de
Belfast a lieu dans le Hall de la ville, qui n'est autre qu'une salle
de bal. Le son est épouvantable, résonnant comme un hangar de
marchandises. Pourtant, le groupe réussit le tour de force d'offrir
une prestation au son étonnamment bon, et d'une qualité musicale de
haut vol. Devant un public irlandais meurtri, le Blues de Gallagher
sonne d'une intensité toute particulière. La douleur des notes
entre en symbiose avec celle de ce petit peuple martyrisé par un
conflit religieux absurde vieux de trois siècles. Pendant deux
heures, les deux camps se retrouvent en paix, devant un porte-parole
malgré lui d'un pays à feu et à sang, mais dont la générosité
et le talent soignent toutes les blessures. Rory offre ainsi le temps
d'un concert un peu de chaleur humaine là où il n'y en a plus.
Le Rory Gallagher
Band a trouvé une incarnation stable depuis deux ans, avec le fidèle
Gerry MacAvoy à la basse, présent depuis les débuts en solo de
Gallagher, Rod DeAth à la batterie, et Lou Martin au piano
électrique. Ce dernier vient étoffer le son du trio initial, et
permettre de soutenir le guitariste durant ses improvisations, tout
en trouvant un partenaire soliste. Lou Martin est un ancien musicien
de l'excellent quintet de Blues Killing Floor, qui produira deux
albums marquants. Suffisamment en tout cas pour embaucher Martin à
ses côtés, persuadé que leur association sera fructueuse. Et il
avait raison, le bougre.
Le
double album initial, Irish Tour '74
est un des tous meilleurs albums en concert de toute l'histoire du
Rock. Généreux comme son auteur, il transpire l'énergie,
l'inspiration, la complicité, le plaisir de jouer. Le public est en
transe, répondant à toutes les sollicitations au quart de tour.
L'électricité est sur scène et dans la salle.
C'est
avec ce disque que je vais commencer mon odyssée dans l'univers
magique de la musique de Rory Gallagher. Pour moi, le
guitariste-chanteur de Blues-Rock solo n'est pas forcément quelque
chose qui me fascine. Il ressemble davantage à Eric Clapton ou
Robert Cray au début des années 90. C'est une musique rébarbative,
terne, avec des musiciens au garde-à-vous, ne cherchant surtout pas
à faire d'ombre au patron. Je saurai découvrir bien plus tard
l'oeuvre de Clapton, mais pour l'heure, tout cela me fait peur. Et si
cet irlandais était un chiant du manche ? Dès les premiers
accords de « Cradle Rock », l'attaque en picking solo
ponctué de grognements
possédés, le doute est totalement balayé. Ce petit gars a de la
poigne et du coeur. Il ne pouvait en être autrement d'un type
portant jeans, chemise à carreaux et vieille Stratocaster râpée.
Il avait l'âme du
prolétaire, Rory, et savait faire plaisir à ce public ouvrier qui
venait l'acclamer autant que Status Quo.
Il
a aussi le sens du groupe, Rory, n'hésitant pas à présenter tout
le groupe dès la fin du premier morceau. C'est
qu'ils sont devenus sa famille. Donal, le frangin, est bien là pour
assurer le management, mais c'est avec ses musiciens qu'ils passent
le plus de temps. Alors il veut les conserver le plus longtemps pour
obtenir la cohésion d'un vrai gang. Ils partagent tout : repas,
concerts, la bière après le show. Il n'y a guère que les filles.
Pas que Rory n'y goûte pas, mais en véritable puriste, l'homme a
décidé de sacrifier toute potentielle vie de famille pour vivre sa
passion de musicien. Et comme il n'est pas du genre baiseur sous
défonce, il ne préfère pas s'attacher. La
seule à pouvoir partager son lit est sa Fender Stratocaster achetée
en 1964 qu'il ne quitte pas, et dont la peinture s'écaille sous sa
transpiration, soir après soir.
Si
Rory Gallagher est timide et réservée à la ville, il n'en est pas
de même sur scène, surtout sur ses terres. « Cradle Rock »
est un sacré coup de fusil. Dès l'introduction, et l'arrivée de la
rythmique, il ne lâche plus son public, mordant la chair comme un
chien affamé. Il va nous
vriller le cerveau de son Blues-Rock puissant et agressif. Pourtant,
il ne s'agit aucunement de Hard-Rock au sens où on l'entend. La
musique de Gallagher est ancrée dans un Blues noir séculaire, mais
aussi dans la musique traditionnelle irlandaise, ce qui lui donne ce
lyrisme si particulier. De ce fait, chaque morceau est un voyage vers
des horizons magiques, et ce d'autant plus qu'il est un soliste et
improvisateur de premier ordre, jamais rébarbatif, jamais
prétentieux. Aucun morceau ne dépasse les cinq minutes si cela
n'est pas nécessaire. Et quand on atteint les dix, c'est que Rory a
envie de causer.
« Cradle
Rock » est pour lui l'occasion de faire la démonstration de sa
technique de bottleneck, très particulière. En effet, il ne met pas
le tube de métal sur son majeur, mais sur l'auriculaire.
Cela lui permet ainsi de pouvoir toujours faire des accords et des
solos sans slide, puis d'en incorporer quand il le souhaite. Cela
exige une dextérité très particulière, dont il est l'un des rares
à en être capable. Après
ce «Cradle Rock » incandescent, il livre un premier Blues
mid-tempo rustique mais redoutable : « I Wonder Who ».
L'interprétation n'est jamais ennuyeuse, appuyée par une rythmique
furieuse, et un piano électrique léger et toujours à bon escient.
Ce
qui fait la grande incandescence du Rock de Gallagher, ce sont ses
chansons. Il est un compositeur fabuleux, capable de mêler toutes
ses influences dans un même morceau avec un naturel évident.
« Tattoo'd Lady » est un exemple évident de ces
Rock-songs efficaces et généreuses, à la mélodie joviale et
entraînante. Le solo de Gallagher est puissant et concis, apportant
toujours un plus à la mélodie, créant un crescendo d'émotions
lors de l'écoute. « Too Much Alcohol » est un bon vieux
Blues-Boogie redoutable, claquant dans le coeur des prolos du public.
Rory y parle de boisson, de ces liqueurs aux couleurs ambres qui font
oublier le merdier le temps
d'une nuit. Notre héros
goûtait à cela bien volontiers, en bon irlandais qu'il était. Les
pintes de stout et le whisky n'étaient pas pour lui déplaire, mais
il ne fut jamais un furieux alcoolique aux blagues débiles comme
Motley Crue ou Ozzy Osbourne. Il
est fort probable que la solitude lui pesait parfois, comme elle pesa
plus tard sur les épaules du sensible Bon Scott, lorsque ce dernier
se retrouvait seul tard le soir au comptoir du bar de l'hôtel, après
avoir vécu la foule en délire deux heures avant. Gallagher
se posa bien d'autres questions, à commencer par ce qui pouvait
encore valoir plus cher entre sa musique et une vie de famille
aimante. La comparaison avec
son frère Donal fut régulièrement un défi pour ce célibataire
convaincu mais peu sûr de
lui.
« As
The Crow Flies » est une superbe reprise d'une chanson de Tony
Joe White, intermède acoustique où Rory se saisit de son dobro. Ce
morceau remplace l'inusable « Going To My Hometown »,
morceau traditionnel irlandais que Gallagher jouait avec sa mandoline
à chaque concert depuis trois ans. Il était l'occasion de faire
taper du pied et des mains le public, comme une bonne chanson à
boire. « As The Crow Flies » est un superbe Blues
acoustique, à l'émotion intacte, lumineuse. Comme
Bob Dylan et Neil Young, il utilise un porte-harmonica, jouant
simultanément de la guitare. On
ressent l'émotion des hautes plaines, le vent qui souffle sur celles
de l'Arizona avec Neil Young comme sur celles, vertes d'Irlande, de
Rory Gallagher.
« A
Million Miles Away » est un des grands sommets de cet album. Sa
mélancolie, son spleen prenant au ventre est un miracle sonore
ultime. Rory y développe justement dans ses paroles la solitude
d'après-concert, le salle de restaurant et le bar où il n'est qu'un
anonyme après le gig. Il y évoque autant l'écart entre ces deux
instants, que cette femme rêvée qu'il a laissé là-bas chez lui,
pour partir sur la route. L'interprétation,
les accords, la voix sont poignantes au possible, les viscères
vrillées de douleurs
amères.
Le médiator trotte sur les
cordes de la Stratocaster râpée, chantant une ballade irlandaise
triste, avant que Rory ne joue sur le sustain pour créer des
sanglots électriques
qui traversent l'air de la salle silencieuse, subjuguée. Il
chante, il pleure, il rit, le petit homme de l'Eire. Le public
commence à frapper des mains en rythme, soutenant leur héros dans
son chagrin.
Il
décide aussitôt de le prendre à la gorge avec un bouillonnant
Hard-Blues : « Walk On Hot Coals ». Gallagher
fait la démonstration de tout son brio de guitariste, mais aussi de
showman. Ravageant des kilomètres de riffs et de chorus électriques,
ils carbonisent l'audience. Il ralentit en son sein le tempo pour
jouer avec lui, décochant de petits soli en picking avant la reprise
du thème et l'explosion finale. C'est
une virée en bagnole, extraordinaire de vélocité.On court sur le
bitume, la ligne blanche défile dans le rétroviseur. On sent son
coeur palpiter
de plaisir, rythmé par les
accords de Rory.
Après
ces deux compositions plus électriques, ils s'engagent sur deux
pièces de musique plus authentiquement Blues. « Who's That
Coming ? » débute
par des embardées de bottleneck. Il
en fait toute la démonstration sur ces dix minutes de Blues
transpirant le bayou. Il ne
le
quitte pas pour la conclusion pour ce morceau évocateur :
« Back On My Stompin' Ground ». Il est de retour chez
lui, notre héros, et il joue le Blues, pour nous. Ces deux morceaux
plus rustiques sont également deux compositions originales, ce qui
fait que le sur dix morceaux et un double-album, on ne compte que
deux reprises avérées. Gallagher était donc bien un compositeur
doué, et pas uniquement un technicien et un arrangeur. « Just
A Little Bit » est un Boogie-Blues improvisé en répétitions
avant les concerts, et outre sa mélodie obsédante, conclut ce
magnifique disque sur un profond sentiment d'humanité dans cette
musique.
Sincère,
généreux, ce disque est doté de toutes les qualités d'un grand
enregistrement en concert, comme il y en a finalement bien peu. Rory
Gallagher vient de mettre sur bande l'aboutissement scénique de
morceaux de sa seconde partie de carrière d'une part, et un
témoignage de ses concerts irlandais de fin d'année d'autre part,
dans un contexte tendu. Sans
faire de politique, il s'est affirmé, et a crée la bande-son d'une
période trouble de son époque et de son pays. Le
film, simple et humble, n'en sera que le témoignage visuel
supplémentaire.
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5 commentaires:
Bravo faudrait parler de lui tout les jours à la radio... mais ils peuvent pas ça détruirait à la base le système capitaliste... Si tu passes Rory à la radio, les masques tombent immédiatement, aucune apparence et superficialité ne tiendrait le choc tellement il s'incarne dans sa musique... encore qu'avec les cyniques qu'on traîne sur les ondes ils s'empresseraient de rire de sa chemise à carreaux et de son manque de conquête féminine... Plus sérieusement le premier mot qui me vient quand je pense à Rory, et tu l'as fort bien dit, c'est Générosité, le second, c'est amour le troisième c'est la Foi, le quatrième, la fusion des trois premiers: le Blues... Moi je l'ai découvert en prenant une rouste avec le "Deuce" je crois que tu en avais fait la chronique ou que tu le citais en référence...Puis a Millions milles Away...cette sacrée incarnation sonore de la mélancolie... l'épave échouée dans le vieux port, épuisée de désillusion... merde! Qu'elle beauté, le gugusse c'est comme si john lee hooker se mettait à jouer avec la harpe d'Alan Stivell et la passion d'un Mc Phee... Ce foutu Irlandais, sa gentillesse irradie de sa face... C'est lui qui finit toujours par me sortir de l'obscurité! Très belle Chronique, et en ces temps d'incompréhension, alors que d'innocents Syriens tout aussi victimes que nous se mangent nos missiles dans la gueule pour le plaisir de rassurer la masse... Alors qu'à la lecture des nouvelles dans l'aurore, l'horreur croasse, sa guitare et sa voix viennent me soutenir, refouler cette envie de gerber quand le regard se pose sur les horizons humains,"What In the World" sur les BBC Sessions! What in the World... merci pour la chronique...
Merci pour d'apprécier mon humble littérature. J'ai hélas déjà lu des chroniques récentes sur Gallagher se moquant de son look et de sa vie absolument pas glamour ou croustillante. Pas de Porsche dans les vitrines, pas d'actrice X troussée en coulisse. C'est bien ça le gros problème avec Rory dans notre monde actuelle : ce qui fait toute sa beauté, c'est sa musique, sur disques comme sur scène. Tout est là, merveilleux, éblouissant de force émotionnelle. Il n'avait aucune arrière-pensée, aucun acte calculateur. Il buvait des bières et du whisky irlandais, jouait de la guitare, connaissait le Blues et le Jazz par coeur en véritable esthète. Il tâtait d'ailleurs du saxophone pas si mal que ça d'ailleurs. Il n'a pas insisté parce qu'il se trouvait mauvais, mais franchement, d'autres se seraient poussés du col pour moins que ça.
Nous sommes dans un monde de vitesse et de communication. On n'a plus le temps de réfléchir, on tourne la page en quelques secondes. Chaque catastrophe est oubliée dans les 48 heures, les guerres n'existent que le temps qu'on en parle. Rory, c'est tout le contraire : c'est une douzaine d'albums qu'il faut prendre le temps d'écouter, et ne pas se fier à sa bonne bouille et à son jean râpé.
Puisque tu parles de "Deuce", je l'ai effectivement chroniqué. Je te conseille par ailleurs les "Beat Club Sessions" (voir les disques sur la platine). Cet album retrace l'ensemble de sessions en concert à cette émission allemande, et ce entre 1971 et 1972. Il y a donc de superbes versions en direct des meilleurs morceaux des deux premiers albums de Rory, à mon sens, sûrement ses plus beaux.
Le tout premier album, avec sa belle gueule en fondu noir, et le verso assis à la fenêtre sous la pluie, c'est celui dans lequel je vis peut être le plus! I can't believe it's true avec ce saxophone tellement simple et beau... ou I Fall appart, ou sinner boy ou For the last time... Tellement beaux... je vais donc aller voir ça si tu dis que c'est du live des deux premiers albums... Peut être même y aura t il un live de I'm not awake yet! A moins qu'elle ne soit trop compliquée à jouer en live. Son dernier Album aussi plus on l'écoute plus on y découvre des perles de désespoir... Mais celui peut être qui a le plus la lose, c'est Jinx, jamais entendu une telle violence émotionnelle... Si t'as des infos sur cette album je veux bien... Le morceaux Jinxed mais qu'est ce qui s'y passe??... l'harmonica... le héro de pas grand chose qui se bat contre l'absurdité de la malchance... les muscles tétanisées qui tressaillent sous l'électricité des notes... La rage contre la chienlit menée des punks et du reste de la pop...? Merci en tout cas
"I'm Not Awake Yet" n'y est hélas pas, mais il y a bien d'autres merveilles : une version fantastique de "Sinner Boy", la plus belle interprétation de "JUst A Mile", "Crest Of A Wave", une dévastatrice "In Your Town", et la plus émouvante version de "I Could've Had Religion". Entre autres. C'est vraiment un superbe disque, le groupe est encore en trio, le son est excellent. Un achat indispensable à mon sens pour qui veut savoir qui est vraiment ce petit bonhomme.
"Jinx" est assurément un grand disque, dernier sursaut de résistance face au Metal, au Punk et à la Cold Wave, les synthétiseurs...De gros problèmes de santé commenceront à le tourmenter, espaçant de plus en plus ses parutions de disques. C'est une bonne idée ça, de parler de "Jinx", il va falloir que je me penche sur ce cas-là.
Merci pour cette chronique honnête !
Oui, ses concerts étaient magiques et restent gravés dans ma mémoire.
Pour ceux qui n'ont pas connus l époque, il suffit de regarder l'enregistrement de << Bullfrog Blues, en 1980 dans l'émission Chorus.
Aujourd'hui, plus rien de cela ne serait possible ( barrières, vigiles etc...)
Régalez-vous avec ça :
https://www.youtube.com/watch?v=33Jaodra7AY
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