MOTT THE HOOPLE « Brain Capers » 1972 et “Rock’N’Roll Queen” 1972
Pfff… J’ai eu du mal à choisir. Ben oui, le problème chez Mott The Hoople, c’est que les bonnes chansons sont dispersées sur tous les albums, alors… j’aurais pu choisir une compile, mais il y a pas tout non plus. Alors du coup, vous avez droit à un album et une compile !
Bon, je vais être clair dés le départ, je ne vous parlerai pas de la période post-Bowie. Pas que ça m’intéresse pas, bien au contraire, mais le Mott The Hoople de la période Island reste de loin le plus intéressant.
C’est en effet à cette époque que le groupe va manger son pain noir, et en même temps délivrer un heavy-rock d’une crasse et d’une classe incomparable. Je me souviens avoir découvert ce combo sur une émission de radio. Je n’ai entendu que la fin du titre, et le présentateur mâchonner « c’était Rock’n’Roll Queen de Mate Ze Pipole ». Bref, j’ai compris le titre, mais absolument pas le nom du groupe. Ce qui est fort embêtant quand on veut retrouver un disque.
Il me faudra un an pour finalement découvrir une petite compile avec le fameux « Rock’N’Roll Queen » (version single, sans le fameux solo qui m’avait fait bander à la radio), et bien d’autres pépites. Je découvris alors un groupe marginal à ce que j’écoutais à l’époque.
En effet, si Led Zeppelin, les Who, ou Deep Purple délivrait des chansons extrêmement bien construites, avec une interprétation sans faille, et des concerts d’une rare intensité, Mott The Hoople était le prototype du combo bancal. Les chansons étaient simples et sans fioriture, l’interprétation parfois approximative, et les concerts souvent bordéliques. Ce qui me frappa en premier lieu, c’était la voix de Ian Hunter. Moi qui étais habitué aux hurleurs virtuoses, les Ian Gillan, Robert Plant, Roger Daltrey, je me retrouvais avec un chanteur limite juste.
Pourtant j’adorai. J’adorai ce groupe tout de suite, ces superbes chansons tantôt heavy lourd et crade, et ces ballades dylaniennes électriques. Peu à peu, je m’attachai à Ian Hunter, Mick Ralphs à la guitare, Verden Allen aux claviers, Overend Watts à la basse et Dale « Buffin » Griffin à la batterie ( ah ! ce jeu de batterie ! il reste un objet de fascination pour moi).
Formé fin 1968 sur les cendres d’un combo de Rythm’N’Blues anglais, le Doc Thomas Group, Mott The Hoople fut le jouet d’un producteur frappadingue du nom de Guy Stevens. C’est lui qui trouva le nom, le chanteur Ian Hunter et ses lunettes fumées, et les encouragea à jouer fort. C’était l’époque des premiers Led Zeppelin, de Spooky Tooth, des premiers Humble Pie, de tout ce heavy-rock blues qui commençait à défoncer les gencives des hippies de la Côte Ouest.
Mott The Hoople galéra pourtant. En 1971, ses trois premiers albums (en deux ans !) sont des fours commerciaux, et malgré un rythme de tournée hallucinant, le quintet ne décroche pas la timbale.
Il découvre néanmoins de nouveaux sons, le Buffalo Springfield, Neil Young et Crosby Stills And Nash, et bien sûr, les copains Mountain.
Stevens, persuadé que Mott n’est pas encore allé assez loin, pousse ses poulains dans leurs derniers retranchements. Ils lui rendent bien, puisque les engueulades avec le producteur sont monnaie courante, jusqu’à en venir aux poings.
Les cinq musiciens jettent leurs dernières forces dans un album de la dernière chance, qu’ils veulent l’égal du heavy de l’époque, de Free à Black Sabbath en passant par Zeppelin.
« Brain Capers » sort donc en 1972, et c’est effectivement un obus. Le groupe s’est focalisé sur son agressivité, et en ressort des titres narquois et sombres : le lugubre « The Moon Upstairs », le cynique « Death May Be Your Santa Claus », le magique et hanté « The Journey », ou encore le fantomatique « Darkness Darkness ». Il n’y a rien à jeter sur ce disque, c’est du lourd, du compact.
En cela, Ralphs s’y connaît. Le son de sa guitare est épais et gras, doublé par l’orgue Hammond rugueux de Allen. La voix de Hunter, violente, survole cette coulée de lave urbaine avec un brio et une expressivité qui feront sa marque de fabrique.
Pourtant, le groupe avait déjà atteint des sommets avant, et c’est pour cela que j’ai rajouté la compile « Rock’N’Roll Queen ». Parce que dessus, il y a le titre « Rock’N’Roll Queen », superbe brûlot rock, entraîné par un riff que tout guitariste rêve de trouver un jour. Il y a aussi l’hommage aux Stones « Walkin’ With A Mountain », enregistré alors que les Stones répètent « Jumpin’ Jack Flash » dans le studio d’à côté (d’où les chœurs à la fin qui reprennent le titre). Il y a également cette version live de « Keep A Knockin’ », bordélique à souhait, où Ian Hunter démarre un medley rock’n’roll, et tente de motiver le public, avant de finir le titre sur cette phrase : « Okey, it’s a disaster, allright, we gonna finish it ».
La suite, ce sera bien sûr le sauvetage par Bowie, la chanson « All The Young Dudes », leur premier tube, et les tournées US. Le groupe, malgré les paillettes, restera lui-même. C’est avec le départ de Ralphs en 1973 pour Bad Company que Mott perdra un peu de son âme, malgré tout le talent de son remplaçant, Ariel Bender. Il faudra attendre le départ de Hunter en 1975 pour que Mott The Hoople ne soit plus.
Il reste la légende, et cette musique géniale, ces chansons, cet immense bordel, ces kilomètres de rigolades, de bastons et de bouteilles vides qui feront de Mott The Hoople un groupe attachant et humble.
Bon, je vais être clair dés le départ, je ne vous parlerai pas de la période post-Bowie. Pas que ça m’intéresse pas, bien au contraire, mais le Mott The Hoople de la période Island reste de loin le plus intéressant.
C’est en effet à cette époque que le groupe va manger son pain noir, et en même temps délivrer un heavy-rock d’une crasse et d’une classe incomparable. Je me souviens avoir découvert ce combo sur une émission de radio. Je n’ai entendu que la fin du titre, et le présentateur mâchonner « c’était Rock’n’Roll Queen de Mate Ze Pipole ». Bref, j’ai compris le titre, mais absolument pas le nom du groupe. Ce qui est fort embêtant quand on veut retrouver un disque.
Il me faudra un an pour finalement découvrir une petite compile avec le fameux « Rock’N’Roll Queen » (version single, sans le fameux solo qui m’avait fait bander à la radio), et bien d’autres pépites. Je découvris alors un groupe marginal à ce que j’écoutais à l’époque.
En effet, si Led Zeppelin, les Who, ou Deep Purple délivrait des chansons extrêmement bien construites, avec une interprétation sans faille, et des concerts d’une rare intensité, Mott The Hoople était le prototype du combo bancal. Les chansons étaient simples et sans fioriture, l’interprétation parfois approximative, et les concerts souvent bordéliques. Ce qui me frappa en premier lieu, c’était la voix de Ian Hunter. Moi qui étais habitué aux hurleurs virtuoses, les Ian Gillan, Robert Plant, Roger Daltrey, je me retrouvais avec un chanteur limite juste.
Pourtant j’adorai. J’adorai ce groupe tout de suite, ces superbes chansons tantôt heavy lourd et crade, et ces ballades dylaniennes électriques. Peu à peu, je m’attachai à Ian Hunter, Mick Ralphs à la guitare, Verden Allen aux claviers, Overend Watts à la basse et Dale « Buffin » Griffin à la batterie ( ah ! ce jeu de batterie ! il reste un objet de fascination pour moi).
Formé fin 1968 sur les cendres d’un combo de Rythm’N’Blues anglais, le Doc Thomas Group, Mott The Hoople fut le jouet d’un producteur frappadingue du nom de Guy Stevens. C’est lui qui trouva le nom, le chanteur Ian Hunter et ses lunettes fumées, et les encouragea à jouer fort. C’était l’époque des premiers Led Zeppelin, de Spooky Tooth, des premiers Humble Pie, de tout ce heavy-rock blues qui commençait à défoncer les gencives des hippies de la Côte Ouest.
Mott The Hoople galéra pourtant. En 1971, ses trois premiers albums (en deux ans !) sont des fours commerciaux, et malgré un rythme de tournée hallucinant, le quintet ne décroche pas la timbale.
Il découvre néanmoins de nouveaux sons, le Buffalo Springfield, Neil Young et Crosby Stills And Nash, et bien sûr, les copains Mountain.
Stevens, persuadé que Mott n’est pas encore allé assez loin, pousse ses poulains dans leurs derniers retranchements. Ils lui rendent bien, puisque les engueulades avec le producteur sont monnaie courante, jusqu’à en venir aux poings.
Les cinq musiciens jettent leurs dernières forces dans un album de la dernière chance, qu’ils veulent l’égal du heavy de l’époque, de Free à Black Sabbath en passant par Zeppelin.
« Brain Capers » sort donc en 1972, et c’est effectivement un obus. Le groupe s’est focalisé sur son agressivité, et en ressort des titres narquois et sombres : le lugubre « The Moon Upstairs », le cynique « Death May Be Your Santa Claus », le magique et hanté « The Journey », ou encore le fantomatique « Darkness Darkness ». Il n’y a rien à jeter sur ce disque, c’est du lourd, du compact.
En cela, Ralphs s’y connaît. Le son de sa guitare est épais et gras, doublé par l’orgue Hammond rugueux de Allen. La voix de Hunter, violente, survole cette coulée de lave urbaine avec un brio et une expressivité qui feront sa marque de fabrique.
Pourtant, le groupe avait déjà atteint des sommets avant, et c’est pour cela que j’ai rajouté la compile « Rock’N’Roll Queen ». Parce que dessus, il y a le titre « Rock’N’Roll Queen », superbe brûlot rock, entraîné par un riff que tout guitariste rêve de trouver un jour. Il y a aussi l’hommage aux Stones « Walkin’ With A Mountain », enregistré alors que les Stones répètent « Jumpin’ Jack Flash » dans le studio d’à côté (d’où les chœurs à la fin qui reprennent le titre). Il y a également cette version live de « Keep A Knockin’ », bordélique à souhait, où Ian Hunter démarre un medley rock’n’roll, et tente de motiver le public, avant de finir le titre sur cette phrase : « Okey, it’s a disaster, allright, we gonna finish it ».
La suite, ce sera bien sûr le sauvetage par Bowie, la chanson « All The Young Dudes », leur premier tube, et les tournées US. Le groupe, malgré les paillettes, restera lui-même. C’est avec le départ de Ralphs en 1973 pour Bad Company que Mott perdra un peu de son âme, malgré tout le talent de son remplaçant, Ariel Bender. Il faudra attendre le départ de Hunter en 1975 pour que Mott The Hoople ne soit plus.
Il reste la légende, et cette musique géniale, ces chansons, cet immense bordel, ces kilomètres de rigolades, de bastons et de bouteilles vides qui feront de Mott The Hoople un groupe attachant et humble.
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1 commentaire:
Vraiment un Super Groupe, injustement sous estimé par la presse ....
Je regrette d'avoir raté la reformation de 2009 pour ces 2 uniques concerts !!!
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