vendredi 7 novembre 2008

JOY DIVISION

"Joy Division, c’est la synthèse de la Grande-Bretagne qui se réveille avec la gueule de bois après les années de folie 60’s et 70’s ..."

JOY DIVISION « LIVE AT LES BAINS-DOUCHES 18 DECEMBER 1979 »

C’est un jour pluvieux et froid. Le vent s’engouffre dans les petites ruelles de briques de Manchester. Les passants marchent, glacials et mécaniques, sur les avenues, courant après ces tracas quotidiens qui nous pourrissent continuellement la vie.
C’est ce genre d’ambiance qui fait naître en chacun de nous cette mélancolie infinie. Beaucoup de choses passent dans nos têtes : les rêves de soleil, l’envie de quitter son travail pour partir loin à l’aventure, voire le suicide.
C’est sûrement ce qui a dû traverser l’esprit de Ian Curtis ce triste jour de mai 1980, lorsqu’il décida de se pendre, laissant derrière lui une femme, une fille, et un modeste mais riche héritage musical.
Joy Division, c’est la synthèse de la Grande-Bretagne qui se réveille avec la gueule de bois après les années de folie 60’s et 70’s : le Punk, les mines et les usines de métallurgie qui ferment l’une après l’autre, Margaret Thatcher.
Joy Division, c’est de la poésie au milieu du désespoir et du froid des années 80 naissantes.
A l’origine, c’est surtout un petit groupe Punk sans intérêt fondé en 1977 par Bernard Albrecht à la guitare et Peter Hook à la basse. Rejoint par Stephen Morris à la batterie au cours de l’année, puis par Ian Curtis, le quatuor joue d’abord un punk-rock relativement classique et peu imaginatif.
C’est l’univers de Curtis qui va influencer Hook et Albrecht à faire évoluer la musique. Ian apporte alors son univers poétique, ainsi que plusieurs influences musicales comme Brian Eno, King Crimson, et Roxy Music.
La musique de Joy Division plonge alors dans une musique toujours électrique, mais aux mélodies uniques, froides et sombres, qui annoncent la New-Wave. Les textes de Ian Curtis s’orientent déjà avec les thèmes récurrents de l’amour perdu et de la Mort. Sa voix mute également : passant de la gouaille de petite frappe adolescente, elle devient celle d’un Frank Sinatra sous amphèt’.
J’aurais pu choisir un des deux albums studio, déjà fortement réputés, mais non. Non car contrairement à beaucoup de fans qui adulent la production froide et clinique de Martin Hannett, je trouve au contraire que ce dernier a émasculé la musique de Joy Division. Il lui a en fait ôté toute la puissance, toute la colère qui hantait les concerts de la division de la joie.
Le seul souci, c’est que si beaucoup de live existent, peu ont un son de qualité. C’est le cas de celui aux Bains Douches, enregistré par France Inter.
C’est avec cet enregistrement que j’ai découvert Joy Division. J’avais justement souvenir de l’album « Unknown Pleasures », qui m’avait fort justement laissé de marbre. J’avais trouvé la musique trop linéaire, et grotesque.
Et puis donc, il y eut ce live. Dés le premier titre, « Disorder », on est saisi à la gorge par l’électricité, et la profonde mélancolie de la guitare d’Albrecht. Mélancolie qui se mue tantôt en rage, tantôt en détresse avec la voix de Curtis. On est touché par la beauté vénéneuse de ces accords électriques, frisant parfois le hard-rock. Mais on en est pourtant loin, tout comme du Punk, car les quatre musiciens sont d’un niveau bien supérieur à la moyenne. C’est progressivement que l’on découvre le son réellement original de Joy Division, le caractère unique de sa musique. Et surtout l’on comprend l’influence du groupe sur ceux des vingt ans à venir, même avec seulement deux albums.
Les grands moments sont nombreux : « Day Of The Lords », « These Days », « A Mean To An End »…tous chargés de cette violence sonique, ce mal-être vicieux qui carbonise l’âme de Curtis.Il ne restera, après le passage de Joy Division, qu’une traînée de cendres, grise et inerte comme ce monde moderne qui nous consume tous.
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