lundi 17 novembre 2008

DIO

"Et de cette mixture puissante ressort un esprit Rock sans complexe, qui fait irrésistiblement froncer des sourcils et faire le signe des cornes avec la main."
DIO « Holy Diver » 1983

La vraie question est : la musique du groupe Dio est-elle digne de figurer aux côtés de Led Zeppelin, Deep Purple et autres Who ? Je vous répondrai oui. Car au-delà de son image d’Epinal, Dio est bien un immense chanteur.
Malgré ses textes à base de donjons et dragons, et ses costumes médiévaux, Ronnie a l’une des plus belles voix du Rock. Pourtant le garçon attendit son heure de gloire.
Sa voix rageuse commença à faire des étincelles au sein de combos rythm’n’blues à la fin des années 50. Il fonde son premier groupe, Ronnie Dio And The Prophets. C’est à cette occasion que Ronnie Padovana devient Ronnie Dio, ce qui veut dire Ronnie Dieu, pas moins. Le surnom vient de sa mystique grand-mère italienne qui était bien la seule à admirer la voix de son petit-fils, qui l’est toujours d’ailleurs, petit.
C’est au sein du groupe Elf qu’il commence sa vraie carrière dans le hard-rock. Ronnie n’est déjà plus très jeune, puisqu’il a trente ans lorsque sort le premier album de Elf en 1972. A ses côtés, on trouve également le guitariste David Feinstein, qui fondera The Rods en 1979, et qui est le cousin de Ronnie, d’ailleurs.
C’est au sein de Elf que Ritchie Blackmore remarque Dio. Le groupe assure alors la première partie de Deep Purple aux USA. Les deux hommes se trouvent alors des goûts communs pour la bibine et la musique médiévale. Les deux compères fondent bientôt Rainbow. Dio restera au sein du groupe jusqu’en 1978, date à laquelle il est viré par un Blackmore devenu un peu trop égocentrique. Mais ce sont surtout les options musicales qui ne collent pas. Ronnie aime le hard-rock mélodique, aux forts relents celtiques et sombres, théâtre parfait à ses textes moyen-âgeux. Blackmore veut aller vers un Rock plus FM.
Quand Tony Iommi le contacte pour lui proposer la place de chanteur de Black Sabbath, Ronnie signe des deux mains. D’une part parce que le Sab connaît toujours une immense popularité aux USA, contrairement à Rainbow qui peine encore à s’y imposer. Ce recrutement réarme le Sabbat Noir. Le groupe, régénéré, enregistre deux albums et un live magistraux, qui réimpose le groupe en tête du heavy mondial. Dio s’y sent bien, mais quand on est dans une institution comme Black Sabbath, avec des monstres sacrés comme Geezer Butler et Tony Iommi, il est parfois difficile de s’imposer.
Dio, plutôt caractériel, quitte donc Black Sabbath début 1983, et fonde son propre groupe. Seulement voilà, à 41 ans, et alors que la scène heavy-metal est en train d’imposer les Iron Maiden, Def Leppard, et autres Metallica, il va devoir jouer des coudes.
Malin, Ronnie débauche le batteur du Sab, Vinny Appice. Il retrouve également Jimmy Bain, l’ancien bassiste de Rainbow. Maintenant armé d’une rythmique en béton, il doit trouver la fine lame qui lui permettra d’être dans le coup musicalement. Un petit jeune ferait l’affaire, mais lequel ?
Dans la vaste constellation de la New Wave Of British Heavy-Metal (NWOBHM) dont sont issus Maiden ou Def Leppard, des dizaines de groupes fourmillent dans les clubs. L’un d’eux, Sweet Savage, fait parler de lui pour sa musique brillante, alliage sauvage de Thin Lizzy et de Judas Priest. Pourtant, aucune maison de disques n’a signé le combo, et depuis trois ans, Sweet Savage rame. Alors, lorsque le grand Ronnie James Dio propose à Vivian Campbell d’intégrer son groupe, le jeune homme signe des deux mains.
Et c’est ainsi que le quatuor enregistre en février 1983 un brûlot du nom de « Holy Diver ». Dio a parfaitement intégré la leçon musicale de Black Sabbath, car sa musique s’axe sur un heavy-metal lourd et plombé. Sauf que Campbell apporte une dynamique, et un jeu de guitare virtuose qui rafraîchit le tout. Bref la musique de Dio, le groupe, s’inscrit parfaitement dans l’univers heavy du moment, mais avec une maîtrise instrumentale digne des musiciens confirmés.
La musique de Dio n’est pas révolutionnaire, mais sa qualité mélodique, la dynamique des rythmiques, et bien sur la voix de Dio, font de cet album un grand disque de heavy-metal, qui a très bien vieilli. Et l’on s’amuse encore à l’écoute des « Stand Up And Shout », du lyrisme de « Caught In The Middle », du menaçant « Straight To The Heart », ou des épiques “Holy Diver” ou “Rainbow In The Dark”.
Et de cette puissante mixture ressort un esprit Rock sans complexe, qui fait irrésistiblement froncer les sourcils et faire le signe des cornes avec la main. La suite sera moins réussie, un clavier et un certain égocentrisme tuant dans l’œuf ce bel esprit.
Et de ce dire que finalement, qui est encore capable de sortir un tel disque aujourd’hui ?
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