lundi 26 mai 2008

BLODWYN PIG

BLODWYN PIG « Ahead Rings Out » 1969

Putain, en ce moment j’ai un de ces bourdons. Je sais pas, ça doit être le temps, ou cette merde de crève qui veut pas me lâcher, mais toujours est-il que j’ai un bourdon mortel. Tout me fait chier, tout m’ennuie à une vitesse sidérante, et rien ne me motive, du boulot en passant par ma vie privée. Je dors mal, je suis tout le temps crevé. Ca m’arrive des fois. Et le pire, c’est que je suis atterré devant tant de médiocrité psychique. Même éveillé, j’ai l’impression d’être devant une falaise d’Etretat, la tronche dans la pluie sous un ciel gris, et qu’il n’y a qu’un pas à faire et….
C’est donc dans cet état d’esprit fort joyeux que je dégaine souvent quelques pépites bluesy crasseuses, histoire d’enfoncer un peu le clou. Retentit donc du Humble Pie, genre « Live With Me », »Walk On Gilded Splinters », « I Wonder », du Led Zeppelin avec « Tea For One », ou encore « Warning » ou “Lonely Is The Word” de Black Sabbath.
Mais là, j’ai décidé de dégainer une vieille scie : Blodwyn Pig. Je le sors pas souvent, mais là, ça me réjouis réellement. Ce quatuor fut fondé par le premier guitariste de Jethro Tull, Mick Abrahams. Il tint tête à Ian Anderson le temps d'un magnifiquealbum encore très blues : « Time Was » en 1968 . Puis, voyant le flûtiste sur un pied prendre le contrôle despotique de la formation, il fuit pour monter son propre combo de blues-rock progressif.
Ce disque est une merveille de jazz-blues rock comme il y en avait à l’époque aux côtés de Savoy Brown ou Colosseum. On retrouve aux côtés d’Abrahams à la guitare et au chant quelques excellents musiciens anglais : Ron Berg à la batterie, Andy Pyle à la basse, et Jack Lancaster aux cuivres. Car contrairement à de nombreux groupes de blues progressif de l’époque genre Chicken Shack, Savoy Brown, Spooky Tooth, Jeff Beck Group ou Led Zeppelin, Blodwyn Pig ne pousse pas les amplis à fond. Il sert certes d’écrin à la guitare d’Abrahams, mais la musique reste profondément originale, notamment grâce aux cuivres, qui apportent cette touche jazz-rythm’n’blues déjà présente chez Colosseum. L’ensemble sonne donc blues, mais avec ce je ne sais quoi de revigorant, d’enjouer, de magique, qui vous transporte, vous apaise. On se laisse aller à taper du pied, à vibrer avec le saxophone, à serrer les dents sur les chorus de guitare ou sur la voix chaude d’Abrahams.
« Ahead Rings Out », premier album de Blodwyn Pig, est certes excellent, bourré de magnifiques chansons et d’improvisations musicales brillantes, mais le fait est là : totalement hors-course face au rock hippie et au hard naissant, le groupe se retrouve à la ramasse, isolé et has-been dés le premier disque.
Car le blues-boom anglais se meurt, et le public se tourne désormais vers les grandes stars, à la recherche de concept-albums et de déclarations fracassantes. Or Abrahams et son groupe ne font pas partie de cette catégorie-là. Un second disque verra le jour en 1970, et Blodwyn Pig ira tourner aux USA, en vain. Viré de sa maison de disques, le groupe survit encore un an, avant que Abrahams fonde le Mick Abrahams Band dans la même veine. Sans succès. L’homme stoppa sa carrière vers 1974. Il joue encore son blues en amateur, avec les copains de l’époque, et sort de temps à autre un disque dans l’anonymat le plus complet. Et finalement, je me dis que Abrahams doit aussi avoir le bourdon. En tout cas, à l’écoute de ce disque, on ne peut qu’y voir une injustice incroyable. Et putain, ça me fout le bourdon.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Trés bon groupe que celui ci, je ne peux que conseiller aux puristes d'écouter à fond les gamelles le titre "SEE MY WAY", gorgé de guitares et de saxo déchainé. Dans la même veine DE HARD ROCK JAZZY je mettrais le groupe TEMPEST emmené par Jon Hiseman et mick CLARKE ex-COLLOSEUM, et Allan Holdsworth. plus de saxo ici mais du violon pour deux albums vraiment excellents