jeudi 21 février 2008

PETER GREEN'S FLEETWOOD MAC

PETER GREEN’S FLEETWOOD MAC « Live In Boston »

Avant de devenir le groupe de rock californien cocaïné de la fin des années 70, Fleetwood Mac fut un monument du Blues progressif anglais. Emmené par un guitariste hanté, Peter Green, le Mac joua, entre 1967 et 1970, le blues anglais le plus excitant du British Blues Boom.
Il faut dire que Green n’est dés le départ pas le genre de garçon à s’enfermer dans un genre. Dés son passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall (en remplacement de Clapton), il laisse déjà paraître une étrange dualité entre son amour pour le blues de Chicago, et celui pour des musiques plus progressives.
Fleetwood Mac, à l’origine, c’est John MacVie à la basse, Mick Fleetwood à la batterie, et un nain surdoué de la slide trouvé sur un marché aux puces, Jeremy Spencer.
Le groupe sort deux albums de blues anglais d’une grande qualité, « Fleetwood Mac » en 1967 et « Mr Wonderful » en 1968. Pourtant, on sent déjà le cadre du blues trop étroit. Green se défoule sur les simples avec des chansons magiques comme « Black Magic Woman » ou « Albatross ».
D’ailleurs, la set-list des concerts est rarement composé de titres des albums. « Only You », « Sandy Mary », « Jumping At Shadows », “Like It This Way”…. On constatedeux facettes distincts du groupe : celle en concert, et celle en studio. On constate surtout que la scène est le moyen pour Fleetwood Mac de donner la pleine mesure de son talent, immense.
En 1968, les problèmes se profilent. Green commence à étouffer. Ne supportant plus que les regards soient fixés sur lui, il embauche un troisième guitariste : Danny Kirwan. Il laisse également le chant libre à Spencer sur « Mr Wonderful », qui l’enlumine de sa slide magique.
Mais Green est un songwriter, et rapidement, il trouve en Kirwan un alter-ego en matière de rock progressif. Les deux garçons vouent une grande admiration pour les combos psyché de la West-Coast californienne, Grateful Dead et Quicksilver Messenger Service notamment.
Le disque « Then Play On », qui paraît en 1969, rompt avec le British-Blues Boom, et laisse également Spencer dans un coin, ce dernier ne jouant pas une seule note.
On se réjouit alors de la fulgurante progression du Mac, mais c’est également la folie intérieure de Green qui progresse. Rongé par les drogues, et une personnalité fragile, il commence alors à traduire dans sa musique des impressions de plus en plus inquiétantes.
Les concerts montrent alors un groupe varié, qui laisse la part belle à ses guitaristes : les blues à la Elmore James pour Spencer, les morceaux plus californiens pour Kirwan, et les titres heavy-blues sombres pour Green.
Ce « Live In Boston » sortit en trois volumes, est en fait la réunion des enregistrements de trois concerts à la Boston Tea Party les 5, 6, et 7 février 1970, destinés à sortir un live qui ne vit jamais le jour, à cause du départ de Green. Quand on sait qu’il quitta le groupe en juin 1970, cela vous laisse une idée de l’état d’esprit. Le son y est en tout cas impeccable, l'enregistrement étant réalisé par Glyn Johns, futur collaborateur des Who et de Led Zeppelin
Et cet enregistrement est une pépite, parce qu’il permet de découvrir un gang soudé, incroyablement riche musicalement, capable de passer du blues le plus pur à des improvisations instrumentales d’une beauté solaire.
Mais c’est lorsque Peter Green charge sa Les Paul que le blues du Mac devient hanté comme le Crossroads de Robert Johnson. Que ce soit sur « Oh Well », « Rattlesnake Shake » (qui s’étend ici sur 25 minutes), ou le menaçant « Green Manalishi », Green décoche des soli à glacer le sang. La guitare pleure, hulule, gémit, appelle à l’aide. On est au-delà du blues. Là où les bluesmen tentaient d’exprimer leurs sentiments par la guitare, Green exprime sa folie, ses hallucinations démoniaques.
Chaque note fait frissonner. On sent le groupe basculer littéralement du côté d’un rock complexe, torturé, laissant pratiquement obsolète et anecdotique les autres titres blues de facture plus classique.
Fleetwood Mac période blues ne survivra pas à cette névrose générale. Green quitte le groupe, le décapitant. Spencer rejoindra une secte en 1971, et Kirwan partira en 1972, en pleine crise de nerfs. Le Mac s’orientera alors vers un rock américain de plus en plus fm.
Pour ce qui est de Green, il sortira un magistral album solo en 1970, véritable délire psychotique : « The End Of The Game ». Il disparaîtra de la circulation, puis reviendra à deux reprises avec un blues beaucoup calme et conventionnel. Il faut dire que son écriture a sans aucun doute été grandement émoussé par la folie et les quantités industrielles de médicaments qu’il dût ingurgiter.
Il reste cet enregistrement, tragique mais magnifique, témoin d’un talent inouï, disparu trop vite, et sous-exploité.
Histoire de vous faire une petite idée, voici deux extraits vidéos : le premier, c'est "Rattlesnake Shake" de l'album "Then Play On". ce titre était l'occasion pour Green et Kirwan de se lancer dans des jams de plus de 20 minutes. Là, c'est une version courte au... "Playboy Club", une émisson de télé américaine, en 1970. Pour l'anecdote, c'est Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui présente le groupe : http://www.youtube.com/watch?v=JsVmsPv6_Ic
Le second extrait est issu d'un "Top Of The Pops" de 1971. Peter Green est parti en 1970, et a publié un disque solo, "The End Of The Game", la même année. En 1971, il vivote encore dans la musique, complètement paumé, mais toujours aussi doué. Voici "Heavy Heart" :http://www.youtube.com/watch?v=aFSU7dinG0M&feature=related

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cet article me rapelle que le peu que je connais de lui, j'adore! Me fait presque pensais à Devendra Banhart que j'adore, en espérant qu'il ne tombe pas lui aussi,dans la folie...