MONTROSE « Montrose » 1973
Led Zeppelin écume les USA depuis maintenant deux mois, et ce juste après une tournée française avortée. Deep Purple vit ses derniers mois avec Ian Gillan au chant et Roger Glover à la basse. Quant à Black Sabbath, il hurle via Ozzy Osbourne, son chanteur qu’ils sont en train de se « Killing Yourself To Live », soit l’aveu d’une consommation de drogues qui est en train de démolir les musiciens, la faute à un rythme tournées-albums infernal depuis trois ans.
Le hard-rock est maître du monde, et seuls les mammouths du rock progressif font encore la nique dans les stades : les ELP, Yes, et autres Genesis remplissent les salles et font preuve d’un déluge d’effets pyrotechniques et de soli aussi longs que virtuoses.
Dans ce marasme sonore, une rebellion se forme. Les New York Dolls, Flamin’ Groovies, Stooges jouent les troubles-fêtes.
Et puis il y a ça. Ronnie Montrose est un musicien de studio qui accompagna pêle-mêle Edgar Winter, Boz Scaggs, Waylon Jennings et des pelletés d’artistes des studios Muscle Shoals. Ronnie est donc le genre doué, et capable de jouer tout et n’importe quoi. C’est ce qui commence d’ailleurs à le gonfler.
Ce qu’il aime, le père Montrose, c’est le heavy. Le problème, c’est que son style ne se rapproche d’aucun groupe du moment. Non, Ronnie, c’est pas le genre à taper des soli de dix minutes. Il a une sorte de vision musicale, un truc un peu à part, une espèce de fusion rock improbable faite de petits éléments musicaux glanés un peu partout.
La petite équipe se forme autour de Ronnie. Deux copains de studio, Denny Carmassi et Bill Church, prennent respectivement la batterie et la basse. Puis les trois tombent sur un chanteur plutôt doué qui écument les circuits de LA depuis quelques années, sans espoir. Il s’appelle Sammy Hagar, il chante bien, et gratouille un peu de guitare.
Le groupe, qui se nomme fort originalement Montrose, se met à composer. Et part aussitôt en studio, avec Ted Templeman à la console, un autre pote à Ronnie.
Et il sort des studios Warner un son hallucinant. La Gibson Les Paul de Ronnie Montrose dégueule un son overboosté, lourd, et électrique totalement hors de propos à l’époque. On est loin du son gras et bluesy de Led Zeppelin.
Les riffs sont percutants, les chansons courtes et massives, avec une rythmique plombée, surmontée par la voix chaude et rauque de Hagar. Ce que vient d’accoucher Montrose, c’est ni plus ni moins que le son heavy des années 80, en 1973. celui de Van Halen, notamment (que Hagar rejoindra et que Templeman produira, marrant non ?).
Les chansons sont une impeccable synthèse de heavy-metal sans concession, comme un Black Sabbath sous amphet’, mais avec dans les compositions des touches de jazz, de blues, de rock sudiste, voire de country. Bref, tout ce qu’a joué Ronnie durant des années.
Et en trente minutes à peine, Montrose définit de nouveaux standards heavy-metal, et prouve surtout qu’il n’est pas nécessaire de jouer des heures pour prouver sa virtuosité. Car ce qui frappe chez Ronnie Montrose, c’est la concision de l’interprétation : pas de gras, la note juste, tout le temps.
Et ce qui est extraordinaire, c’est que ces chansons, de « Rock The Nations » à « Make It Last », n’ont absolument pas vieilli. Et c’est sans doute cette avance qui fera l’échec commercial de ce disque, et du suivant, tout aussi bon (« Paper Money » en 1974). Pour couronner le tout, Hagar et Montrose se brouillent, Ronnie ne supportant pas que le blond chanteur joue de la guitare sur scène.
Et la critique décida l’arrêt de mort de ce quatuor génial et novateur après le départ du chanteur. Pourtant, Montrose, le groupe, survivra, et partira en quintet avec l’arrivée d’un clavier. Et même de proposer deux autres très bons disques : « Warner Bros Presents » en 1975, et « Jump On It » en 1976. Ronnie alternera ensuite carrière solo, et le groupe Gamma, qui proposa sa vision du heavy du début des années 80.
Led Zeppelin écume les USA depuis maintenant deux mois, et ce juste après une tournée française avortée. Deep Purple vit ses derniers mois avec Ian Gillan au chant et Roger Glover à la basse. Quant à Black Sabbath, il hurle via Ozzy Osbourne, son chanteur qu’ils sont en train de se « Killing Yourself To Live », soit l’aveu d’une consommation de drogues qui est en train de démolir les musiciens, la faute à un rythme tournées-albums infernal depuis trois ans.
Le hard-rock est maître du monde, et seuls les mammouths du rock progressif font encore la nique dans les stades : les ELP, Yes, et autres Genesis remplissent les salles et font preuve d’un déluge d’effets pyrotechniques et de soli aussi longs que virtuoses.
Dans ce marasme sonore, une rebellion se forme. Les New York Dolls, Flamin’ Groovies, Stooges jouent les troubles-fêtes.
Et puis il y a ça. Ronnie Montrose est un musicien de studio qui accompagna pêle-mêle Edgar Winter, Boz Scaggs, Waylon Jennings et des pelletés d’artistes des studios Muscle Shoals. Ronnie est donc le genre doué, et capable de jouer tout et n’importe quoi. C’est ce qui commence d’ailleurs à le gonfler.
Ce qu’il aime, le père Montrose, c’est le heavy. Le problème, c’est que son style ne se rapproche d’aucun groupe du moment. Non, Ronnie, c’est pas le genre à taper des soli de dix minutes. Il a une sorte de vision musicale, un truc un peu à part, une espèce de fusion rock improbable faite de petits éléments musicaux glanés un peu partout.
La petite équipe se forme autour de Ronnie. Deux copains de studio, Denny Carmassi et Bill Church, prennent respectivement la batterie et la basse. Puis les trois tombent sur un chanteur plutôt doué qui écument les circuits de LA depuis quelques années, sans espoir. Il s’appelle Sammy Hagar, il chante bien, et gratouille un peu de guitare.
Le groupe, qui se nomme fort originalement Montrose, se met à composer. Et part aussitôt en studio, avec Ted Templeman à la console, un autre pote à Ronnie.
Et il sort des studios Warner un son hallucinant. La Gibson Les Paul de Ronnie Montrose dégueule un son overboosté, lourd, et électrique totalement hors de propos à l’époque. On est loin du son gras et bluesy de Led Zeppelin.
Les riffs sont percutants, les chansons courtes et massives, avec une rythmique plombée, surmontée par la voix chaude et rauque de Hagar. Ce que vient d’accoucher Montrose, c’est ni plus ni moins que le son heavy des années 80, en 1973. celui de Van Halen, notamment (que Hagar rejoindra et que Templeman produira, marrant non ?).
Les chansons sont une impeccable synthèse de heavy-metal sans concession, comme un Black Sabbath sous amphet’, mais avec dans les compositions des touches de jazz, de blues, de rock sudiste, voire de country. Bref, tout ce qu’a joué Ronnie durant des années.
Et en trente minutes à peine, Montrose définit de nouveaux standards heavy-metal, et prouve surtout qu’il n’est pas nécessaire de jouer des heures pour prouver sa virtuosité. Car ce qui frappe chez Ronnie Montrose, c’est la concision de l’interprétation : pas de gras, la note juste, tout le temps.
Et ce qui est extraordinaire, c’est que ces chansons, de « Rock The Nations » à « Make It Last », n’ont absolument pas vieilli. Et c’est sans doute cette avance qui fera l’échec commercial de ce disque, et du suivant, tout aussi bon (« Paper Money » en 1974). Pour couronner le tout, Hagar et Montrose se brouillent, Ronnie ne supportant pas que le blond chanteur joue de la guitare sur scène.
Et la critique décida l’arrêt de mort de ce quatuor génial et novateur après le départ du chanteur. Pourtant, Montrose, le groupe, survivra, et partira en quintet avec l’arrivée d’un clavier. Et même de proposer deux autres très bons disques : « Warner Bros Presents » en 1975, et « Jump On It » en 1976. Ronnie alternera ensuite carrière solo, et le groupe Gamma, qui proposa sa vision du heavy du début des années 80.
Trente-trois ans après, on se dit que si ce brûlot était sorti en 1980, il aurait cartonné. Ou non. Mais ça, finalement, on s’en fout. Il reste de cette galette une odeur de poudre incroyablement vive. Comme si l’énergie et l’inventivité de Montrose n’avait pas encore délivré toute sa magie.
Et pour vous faire une petite idée de ce fantastique quatuor, voici un extrait du Old Grey Whistle Test, l'émission de musique de la BBC dans les années 70. Voici donc Montrose interprétant "Bad Motor Scooter" de ce premier disque, c'est début 1974 : http://www.youtube.com/watch?v=tk52nGxF-jc .
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1 commentaire:
ronnie montrose un guitariste a decouvrir pour ceux qui ne le connaisse pas encore.Long live rock n roll
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