dimanche 30 décembre 2007

HUMBLE PIE : Story Part II

Steve Marriott prend alors les commandes, et lance le Pie sur la route du Heavy-Blues gras. « Humble Pie » paraît en 1970, et se métamorphose en génial classique Heavy-Blues : le fabuleux « Live With me », le rageur « I’m Ready » de Willie Dixon… Tout ici sent la sueur et la rage. Si le son mélodique des disques précédents est encore là, le son se durcit. Marriott commence à rugir comme un loup pris au piège, l’électricité supplante la mélodie. Ce disque se veut la remise à niveau vers Led Zeppelin. Et ce disque est incontestablement réussi.

Pourtant, rien de concret ne surgit. Les ventes sont moyennes, et même si la tournée raccroche encore un certain nombre de fans, Humble Pie ne répond pas aux promesses mirifiques que Dee Anthony a fait à A&M.

Anthony décide alors de laisser le champ libre à Steve Marriott, la place de leader. Un certain déséquilibre se dessine alors entre Marriott et Frampton, et qui ne va aller qu’en s’accentuant.
Le son se durcit encore sur le disque suivant, « Rock On ». Les chansons sont dominées par les riffs ultra-heavy de Marriott, et sa voix surpuissante. Ses influences Blues et Soul dominent également. La rythmique soutient alors plus que jamais ce son lourd. Pour Frampton, c’est le début d’une certaine frustration musicale. Lui qui voulait orienter le Pie vers le Jazz, voilà le groupe parti vers le Heavy-Blues et la Musique Noire.
Il suffit d’écouter « Sour Grain », « Stone Cold Fever », « Big George », ou la reprise de Muddy Waters, « Rolling Stone » pour comprendre que le Hard-Rock naissant a pris ses marques. Mais les titres restent d’une qualité immense, pleine d’intensité Blues : « Rolling Stone », mais aussi le superbe « Strange Days » démontrent combien Marriott est le moteur d’une sensibilité à fleur de peau.

En pleine possession de ses moyens, le groupe repart en tournée en compagnie de Grand Funk Railroad. Plus que jamais, l’objectif d’Anthony est le marché US. Et le Pie éclate soir après soir le géant Grand Funk à coups de riffs plombés et d’improvisations sauvages.

« Rock On » se classe alors dans le Top 40 américain, et c’est le début de l’ascension dévastatrice du Pie. Led Zeppelin commence alors à s’en méfier, les refusant en première partie.
Qu’importe, le Pie joue alors en tête d’affiche fin 1971 aux USA, et publie dans la foulée le génialissime « Performance-Rockin’ The Fillmore » en Octobre 1971. Ce somptueux Live est la fabuleuse démonstration de la puissance de feu du Pie sur scène, enregistré au Fillmore East de New York. Il devient le premier double disque d’or du groupe.

Entre-temps, Frampton est parti, laissant le groupe sans guitariste soliste. En novembre 1971, Clem Clempson, ancien membre de Colosseum, est embauché. Une tournée US est planifiée, ainsi que quelques dates en Grande-Bretagne, afin de faire découvrir aux fans le nouveau guitariste. Plus que jamais, le son est violent, et Marriott est le leader absolu.

La perte de Peter Frampton aurait pu passer pour la fin du groupe, mais c’était sans compter sans l’incroyable énergie de Steve Marriott ; Affamé de Heavy-Blues et de Musique Noire, celui-ci injecte une nouvelle dose de hargne, laissant libre cours à sa démesure scénique.

Plus rien ne peut retenir le groupe, et son énergie incroyable, et Humble Pie devient tout simplement le meilleur groupe de Heavy-Blues des années 70. C’est très simple : en 1972, le Pie est IMBATTABLE. Et le disque suivant, « Smokin’ », est le grand chef d’œuvre du groupe. Tout sur ce disque est somptueux, magique. Le son est gras, Blues, lourd. Les chansons sont simplement superbes : alternant Soul et Blues Lourd, rien ne résiste à ce quatuor fou. « Hot’N’Nasty » est un Funk rugueux, rageur, gavé de d’orgue, et bourré de cette basse épaisse qu’est celle de Ridley. La suite est une violent Heavy-Blues du nom de « The Fixer », qui colle l’auditeur au siège. Il est alors temps de passer à une superbe ballade Blues-Soul acoustique appelée « You’re So Good For me », avec les Blackberries, un trio de chanteuses noires, aux chœurs. Tout cela est beau à pleurer, mais lorsque retentit les premiers riffs de « C’Mon Everybody », la reprise d’Eddy Cochran version ultra-lourde, on comprend que la messe est loin d’être dite. Le chant est rageur, la guitare, grasse et saturée, et les solos, gavés de wah-wah. La rythmique gronde comme un ogre, poussant dans leurs derniers retranchements Marriott et Clempson.
Une petite pose Country-Blues avec « Old Time Feelin’ », et voilà le Heavy Rythm’N’Blues de « 30 Days In A Hole », avec les Blackberries (Venetta Fields, Clydie King et Billie Barnum), trio de chanteuses noires, aux chœurs. S’enchaînent alors « Roadrunner », dans une version Blues incroyable de feeling et de décontraction.

Puis, le Blues pur reprend ses droits, avec le somptueux et déchirant « I’m Wonder ». Marriott hulule à la Lune, pendant que Clempson déchire le ciel de chorus de guitare wah-wah.
Et dans une explosion d’électricité, « Sweet Peace And Time » clôt ce véritable joyau, laissant l’auditeur hagard et sans voix devant un tel brûlot.

Le disque se classe à la sixième place des Charts américains, ce qui permet au Pie de tourner en tête d’affiche dans tout le pays. Mais bien que se concentrant désormais sur le marché américain, le groupe tourne également en Grande-Bretagne, où quelques concerts sont enregistrés, notamment celui du Green’s Playhouse de Glasgow.

Mais à peine rentrer de cette monstrueuse tournée mondiale, qui passe également par le Japon, l’Allemagne, et la Scandinavie, le Pie doit penser à un nouvel album.
Gonflé à bloc par ce monstrueux succès, et aidé en cela par la cocaïne, le groupe enregistre de nouvelles chansons. Les Blackberries font désormais partie intégrante de Humble Pie, y compris sur scène.
A ce stade de l’histoire, Humble Pie est intouchable dans son domaine, le Heavy Rythm’N’Blues. Jimmy Page, de Led Zeppelin, avouera même durant les années 80 que si le Zep s’est envolé vers une musique plus variée et plus travaillée, s’était aussi pour ne pas avoir à lutter face au Pie. D’autant plus que Page et Robert Plant, le chanteur du Zep, admirent secrètement Steve Marriott, sa voix, son talent de compositeur, et son attitude de prolo indécrottable.

Et pour la bonne bouche, voici deux extraits live : un des Small Faces en 1966 au Beat Club (émission allemande), et une version de "I Don't Need No Doctor" de 1972 sur la tournée US :
http://fr.youtube.com/watch?v=3Os2mjIgt0c
Humble Pie au sommet, on comprend que Led Zeppelin ait chaud aux miches !

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bien que j'adore Humble Pie, y'a quelque chose qui leur manque face à Led Zeppelin, ce sont les riffs facilement mémorables. A part "I don't need no doctor", y'en a pas beaucoup qui sont passés à la postérité, comme Whole Lotta Love, Heartbreaker, Communication Breakdown... le genre de riff qu'on reconnait dès la première note.

Sinon, niveau virtuosité, y'a pas à dire les deux groupes se valent (bien que dans des styles différents), et j'ai une préférence pour Humble Pie quand il s'agit de faire des ballades folk (avec Town & Country qui en regorge!)