mardi 25 décembre 2007

GOLDEN EARRING 1970

GOLDEN EARRING "Golden Earring" aka "The Wall Of Dolls" 1970

Revenons en 1970. Golden Earring est déjà depuis quelques années une vedette aux Pays-Bas, grâce à quelques albums très Pop type Beatles-Merseybeat. Mais avec le virage psychédélique amorcé en 1968 avec l’arrivée de Barry Hay au chant, le guitariste Georges Kooymans et le bassiste Rinus Gerritsen peinent à renouveler les hits des années passées.
Le virage définitif vers le rock progressif s’établit avec l’album « on The Double » en 1969, et « Eight Miles High » en 1970, qui voit le groupe explorer ses titres sur de longues minutes. L’arrivée du batteur Cesar Zuiderwijk, ex-Living Blues, scelle l’union de ces quatre musiciens, toujours ensemble aujourd’hui, en plus d’installer à cette place un batteur stable.
Elle permet aussi à Golden Earring de passer la vitesse supérieure. Affinant son rock progressif en l’alourdissant, et en l’épurant de ses clichés psychés planants. On obtient ainsi le premier très grand disque du groupe (attention, les trois précédents sont déjà très bons !), sobrement appelé « Golden Earring ».
Cet album est excellent à plus d’un titre : parce qu’il est le premier à réaliser cette subtile mixture de rock progressif, de heavy-metal, et de folk qui sera la marque de fabrique de Golden Earring.
On débute pourtant sagement avec « Yellow And Blue », un de ces titres folky chers à Kooymans. Puis vient « The Loner » (pas celui de Neil Young ), et on entre dans le vif du sujet : riff lourd, batterie cassée et basse grasse. La voix de Hay survole cet épais tapis sonique de superbe manière. On ne dira jamais combien Barry Hay est un fantastique chanteur, à la texture de voix riche, un peu voilée, magnifique des aigus aux graves. La mélodie s’installe à nouveau avec « This Is The Time Of The Year », avant que la lave électrique de Kooymans, Gerritsen et Zuiderwijk reprennent le pas. Et puis vient le refrain, un peu psyché, lancinant, avant que les arpèges de guitare radoucissent l’atmosphère.
La plupart des titres se construisent en fait sur une architecture de riffs en apparence très simples, sur lequel Kooymans glissent quelques chorus inspirés de la technique de Pete Townshend des Who, qui consistent à faire un solo en faisant déraper le riff vers des nuances mélodiques.
Golden Earring retrouve un semblant de calme avec le frais et marin « Big tree, Blue Sea ». Puis, on se retrouve dans une espèce de trip électrique mid-tempo, lourd, empli d’écho, un peu angoissant, comme un mauvais acide. « Walls Of Dolls » est un titre hallucinant, très simple, mais enjolivé par touche : l’écho de la guitare, de la voix, le piano électrique comme une seconde guitare. Et puis il y a ces chorus de guitare lumineux, comme des cris dans la nuit. Peu à peu, les riffs se transforment en éclairs déchirant le ciel, et lorsque le titre s’éteint, on en redemande.
« Back Home » est le tube du disque. Premier numéro un de Golden Earring en Hollande depuis quatre ans, c’est un superbe titre hard-rock, avec un riff énergique, mais toujours enrichi d’une touche progressive, c’est-à-dire la flûte de Hay.
Après un tel déluge sonore, le quatuor revient au folk acoustique avec « See See ». Mon avis reste fort subjectif, mais j’aime bien ce genre de titres, qui me rappelle certains titres « calmes » de Budgie ou Black Sabbath.
L’orgie heavy reprend avec « I’m Going To Send My Pigeons To The Sky » (uh ?), titre hautement farfelu qui n’est pas sans rappeler les délires lyriques de Budgie, avec leurs “You’re the Biggest Thing Since Powder Milk” et autres “Nudes Desintegrated Parachutist Woman”. Pour le musique, l’orage revient : guitare en étendard, batterie à la pointe du roulement de toms, et basse tonnante. Le groupe développe en pont central une petite jam jouissive, très progressive, mais totalement en phase avec le thème central. Là encore, rien à voir avec les délires nombrilistes des pontes du genre, Yes et compagnie. La basse fait des merveilles, sans jamais ennuyer, et l’on se rend compte que Gerritsen a de l’avance sur la liberté d’utilisation de cet instrument d’abord rythmique.
Le disque se clôt « As Long As The Wind Blows », très électrique, proche de « Back Home » dans l’esprit, hard-rock song efficace qui ferme avec brio quarante petites minutes de musique magique.
Bien sûr, Golden Earring sortira d’autres disques de ce niveau, mais laissera un peu tomber le côté heavy épais, un peu Black Sabbath, pour un son hard-rock plus rutilant et chromé qui donnera le méga-tube « Radar Love » en 1973. Le quatuor tournera sans relâche jusqu’à aujourd’hui, y compris en Europe et aux States, mais n’arrivera jamais vraiment à s’imposer, à quelques hits près, comme « Radar Love » ou « Twilight Zone » en 1982. Mais force est de constater que le groupe est toujours en pleine forme.
Ils sont d’ailleurs un peu leur Johnny Hallyday à eux. Sauf que bon… ben voilà quoi….

Et pour vous faire une idée, voici le clip champêtre de "Back Home" en 1970 : http://www.youtube.com/watch?v=b_2iQdIxB9U

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