BLACK SABBATH : The Dio Years 1979-1983
A la fin des années 70, Black Sabbath est un groupe mort. Pas vraiment musicalement, je considère « Never Say Die » de 1978 comme une réussite ambitieuse. Mais force est de constater que dix ans de route couplées à une consommation de drogues de toutes sortes à carboniser les musiciens, à commencer par Ozzy Osbourne.
L’homme, devenu totalement ingérable, par rapport à ses collègues, déjà bien atteints, part une première fois en 1977, revient pour une tournée anniversaire des dix ans du groupe qui tourne à la catastrophe.
Les quatre musiciens, épuisés, ont bien du mal à assurer face à leurs premières parties consécutives : Van Halen et AC/DC. De plus Ozzy multiplie les oublis, les frasques (on le retrouvera ivre au milieu d’un highway, avant que la police ne le récupère, et qu’il n’urine sur la voiture des forces de l'ordre).
Black Sabbath fait fausse route. Ozzy prêche un retour au rock’n’roll et aux origines du groupe, Tony Iommi, le leader et guitariste, ne voit pas les choses de la même manière. Iommi voudrait certes revenir à une formule plus efficace, mais il veut que son Sabbath s’affirme comme un grand groupe de heavy-metal moderne. Pas question de jouer les Status Quo. Non, il lorgne vers les horizons de Judas Priest et de Rainbow.
Justement, Rainbow. Iommi admire Ronnie James Dio, et sa voix collerait bien sur ce heavy-metal épique dont il rêve.
Pendant ce temps-là, la tournée s’achève, et après quelques concerts ratés et de nouvelles disputes, Ozzy est viré du Sabbath. La presse ne donne pas alors cher de la peau du groupe. Osbourne devient la victime du tyrannique Tony Iommi, et le premier n’hésite pas à surenchérir sur le fait qu’il voulait du vrai rock’n’roll, et que son ex-camarade ne jurait que par le rock progressif pompier. Ozzy formera bientôt son Blizzard Of Ozz avec entre autres Randy Rhoads à la guitare. Il connaîtra ainsi le succès, et ce avant le retour de Black Sabbath, autre bon point. De plus, Rhoads, jeune virtuose, apporte un son metal nouveau, à l’instar de Van Halen, ce qui rafraîchit grandement la musique et l’image d’Osbourne.
C’est fort logiquement que Black Sabbath embauche Ronnie James Dio, fraîchement débarqué de Rainbow, et qui signe des deux mains. Dio va alors apporter non seulement un sang nouveau, mais aussi une incroyable capacité à composer des paroles parfaitement adaptées à la musique de Iommi et Butler.
En 1980 sort « Heaven And Hell ». Le disque était attendu avec un sourire narquois. Pensez donc : trois cocaïnomanes arrogants qui se lient avec un chanteur tout aussi vieux et dont le seul fait d’arme est d’avoir jouer avec un autre groupe de vieux briscards : Rainbow. Pas de quoi attendre du nouveau.
La claque est radicale. « Heaven And Hell » est un disque puissant, moderne, incroyablement bien composé, et sur lequel il y a bien peu à redire. Dés « Neon Knights », la guitare de Iommi prend à la gorge. La voix de Dio, brillante, est plus agressive et virtuose que celle de Ozzy, et apporte un aspect lyrique qui manquait jusque là au Sab. On a souvent considéré le groupe comme inférieur à ses concurrents Led Zeppelin et Deep Purple, techniquement parlant.
Mais force est de constater que lorsque le Zeppelin agonise et Deep Purple n’est plus depuis longtemps, Black Sabbath propose une musique redoutable, sans renier ses origines.
« Heaven And Hell » est une superbe galette de heavy-metal, des puissants « Die Young », « Wishing Well » ou « Lady Evil » aux lourds et épiques « Heaven And Hell », « Children Of The Sea » ou le magnifique « Lonely Is The Word ». Butler fait ronfler sa basse, Ward ressert son jeu de batterie, et Iommi se lance dans des chorus techniquement brillants et risqués.
Ce disque permet au Sab de se refaire une santé commerciale aux USA et en Grande-Bretagne, et la tournée qui suit, en compagnie de Blue Oyster Cult, est un immense succès. Le quatuor, en pleine forme, carbonise tout sur son passage.
Il décide alors de battre le fer, et ce afin de ne rien céder à Ozzy. Dans l’intervalle, Bill Ward quitte Black Sabbath, épuisé par des années de tournées, de drogues et d’alcoolisme.
Il est remplacé par le petit frère de Carmine Appice, Vinnie Appice. Mais avec le départ de Ward, c’est la frappe rock’n’roll un peu frustre du Sab qui s’en va. Appice, très bon technicien, n’aura pas cette fougue. Son jeu, plus fin, manquera de ce feeling de l’autodidacte passionné.
Cela n’empêche pas l’album suivant, « Mob Rules », paru en 1981, d’être une autre réussite. Mais à l’instar du départ de Ward, « Mob Rules » se fait plus épique et travaillé. Les longs morceaux lyriques sont mis en valeur avec « The Sign Of The Southern Cross » et « Falling Off The Edge Of The World ». Il y a bien évidemment des brûlots heavy instantanés comme « Voodoo », « Slipping Away » ou « Turn Up The Night ».
Encore bien classé dans les charts, le groupe repart sur les routes. La tournée « Mob Rules » fait le relevé des compteurs dans toutes les grandes salles du monde.
Pourtant, des tensions apparaissent entre Dio et Iommi. Les deux hommes, aux caractères affirmés, commencent à se chamailler sur la direction à prendre. Dio voudrait affirmer ses idées, pendant que Iommi insinue de plus en plus souvent que Dio n’est qu’un guest de luxe au sein du groupe.
Les choses s’enveniment définitivement lors du mixage du live « Live Evil » en 1982. Dio mixe le disque le jour, mettant en avant son chant, avant que Iommi reviennent le soir et efface le travail du chanteur en mettant en avant la guitare et la basse. Dio s’en va en janvier 1983, juste après la sortie du disque. Alors que « Live Evil » est acclamé comme l’un des meilleurs lives de tous les temps dans la presse, laissant le live « Speak Of The Devil » d’Osbourne, fait de reprises du Sab, exsangue, le Sab version Dio n’est plus.
Dio retiendra néanmoins la leçon, car son heavy-metal épique est fortement imprégné de son passage au sein de Black Sabbath.
Le groupe continuera avec Ian Gillan, l’ancien Deep Purple, le temps d’un album moyen, puis ce sera la valse des musiciens pendant dix ans.
La mouture Dio-Butler-Iommi-Appice se reformera en 1992 pour « Deshumanizer », le meilleur disque de Black Sabbath depuis longtemps, mais les tensions sont encore vives, et la tournée s’achève encore dans la discorde.
Depuis, Black Sabbath version Ozzy s’est reformé en 1997. Un live énorme est paru (« Reunion »), mais l’on attend toujours le disque studio.
Il semble que cette attente fut trop longue pour Iommi et Butler, qui ont décidé de reformer le Sab de l’époque « Mob Rules », avec Dio et Appice. Ward était à l’origine prévu, mais pour d’obscures histoires de vrai-faux Black Sabbath ( « je ne veux pas trahir Ozzy », « le seul vrai sab, c’est avec Ozzy », gna-gna-gna…), il a décliné l’offre. Il s'est en effet avéré que le groupe, lors des soundchecks de la Ozzfest, et durant lesquels Ozzy n'était jamais là, se permettait de jammer sur les titres de la période Dio.
Le quatuor s’appellera Heaven And Hell, et non Black Sabbath, également pour des histoires de possibles embrouilles avec la famille Osbourne, bien que Iommi est les droits exclusif sur le nom. Mais cela permet en outre d'éviter de jouer les classiques de Black Sabbath période Ozzy, ce qui était le cas aux débuts des années 80.
La tournée fut tellement réussie, qu'une seconde est prévue, et un nouvel album est en route pour 2009. On espère qu'il sera bien évidemment à la hauteur des attentes, énormes, des fans. Dommage néanmoins que le groupe ne s'appelle pas Black Sabbath, car celui comprenant Ozzy semble bien mort, ou condamné aux sempiternelles tournées de la Ozzfest. Mais restez connecter à Heaven And Hell, le nouvel album arrive !
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jeudi 16 avril 2009
BLACK SABBATH : THE DIO YEARS 1979-1983
" En 1980 sort « Heaven And Hell ». Le disque était attendu avec un sourire narquois. "
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2 commentaires:
Moi je suis pas fan de cette période : je préfère nettement celle avec Ozzy. (les gouts, les couleurs...)
En revanche, j'adore la pochette de "Born again" : la plus réussie de l'histoire de la musique toute période confondue : Julien, peux-tu nous raconter l'histoire de cette pochette stp, cela me fait mourir de rire à chaque fois !
a+
JP
en ce qui me concerne j adore la periode black sabbath avec ronnie james dio quel front man ce petit bonhomme et quelle voix !!!!
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