lundi 6 avril 2009

NEKTAR

"On navigue alors entre les grandes épopées électriques, et les arpèges en percolation cristalline. "
NEKTAR « Sunday Night At The London Roundhouse » 1974

Il y a de ces jours où l’on a le vague à l’âme. Je vous en ai déjà parlé précédemment, et vous avez conseillé un bon coup de Heavy-Blues.
Mais il y a aussi des jours où l’on a envie de s’enfuir, de s’évader. On rêve d’odyssées spatiales palpitantes, où tout simplement à la bande son idéale pur accompagner le mouvements des arbres dans le vent d’automne. Lorsque les nuages noirs lézardent un ciel orange-rouge de début de soirée. Lorsque le vent froid saisi les épaules et fait remonter le col. Et où l’on est bien, à ne penser à rien d’autre qu’à tout cela.
La bande-son, ce pourrait être du Rock Progressif. Un bon Pink Floyd ? Bande de burnes. Franchement, vous me décevez. Non, le Rock progressif est tout de même largement dominé par les experts en démonstration instrumentale : ELP, King Crimson, Yes… Tous se sentent obligé de massacrer leurs mélodies et les ambiances dégagées pour se faire une petite branlette de virtuose. Lénifiant.
Pink Floyd ? Certes, ils ont toujours axé la musiques sur les ambiances. Mais j’ai un problème avec les groupes que tout le monde aime. Ca me gonfle. Trop branché, trop bobo.
C’est un soir d’hiver limougeot, et sur le tard, que j’ai découvert Nektar. Je me décidai d’acheter ce live, après avoir été intriguée par un bout de reprise de « King Of Twilight » par Iron Maiden.
J’appréhendai néanmoins, car l’on est parfois déçu par les versions originales. Souvent les groupes de metal apportent justement leur touche de fer lourd à des titres qui ne les sont pas à l’origine.
Dés « King Of Twilight », on est fixé. Contrairement à l’analyse des « spécialistes » du Rock Progressif, qui décrivent Nektar comme un groupe pompier et wagnérien, on est plutôt dans le terrain du heavy-rock. D’ailleurs, dans le genre pompier, ELP ou Yes ont fait bien pire. La voix de Roye Albrighton est certes très déclamatoire, mais se marie à merveille avec cette musique cosmique.
Non, Nektar est heavy. Ca c’est sûr. Les guitares de Albrighton dominent largement. Les claviers de Allan Freeman, proches de Caravan, sont doux et planants. On est loin des Hammond sursaturés de Keith Emerson et Jon Lord.
Mais il faut bien cela pour maintenir un semblant de calme, entre les guitares d’Albrighton, et la rythmique folle de Ron Howden (batterie) et Derek Moore (basse) particulièrement lourde et percutante.
La musique de Nektar, ce sont de longs morceaux passionnants, riches en improvisations basées sur les ambiances. Le groupe reste soudé du début jusqu’à la fin. On navigue alors entre les grandes épopées électriques, et les arpèges en percolation cristalline. Tantôt jazzy, tantôt blues, tantôt heavy, la guitare assure le spectacle. Les claviers dessinent les décors intergalactiques. La basse et la batterie n’ont plus qu’à imprimer le rythme.
« A Day In The Life Of A Preacher » en est un magnifique exemple, enchaîné par le céleste et minérale « Summer Breeze ».
En écoutant Nektar, on se promène dans les recoins de son inconscient. On retrouve des souvenirs d’enfance, des paysages. On ressent parfois ces blessures intérieures qui remontent en soi sur un arpège, avant de se carboniser dans les airs lorsque Albrighton relance la charge électrique.
Et tout cela sans temps mort, maintenant la magie dans l’air tout au long du concert, avant que l’ultime larsen ne s’éteigne sur un dernier coup de médiator. Et c’est là que je me suis vraiment dit que le Rock Progressif pouvait être à la fois technique et passionnant. Depuis je reviens toujours à ce live, parce que des groupes comme Nektar ont besoin de la scène pour donner toute la dimension à leur musique.

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