lundi 23 mars 2009

JAMES DEWAR

"Le soir où James Dewar est mort, j’ai pleuré. "

Le Blues n’est pas qu’une musique, c’est aussi une sensation. Celle d’une grande solitude, d’un abandon total. Le Blues, c’est le son des souffrances de la communauté noire américaine chrétienne. C’est aussi celui du désespoir des jeunes Blancs.

J’ai le Blues. Je l’ai en moi parce que je crois que je sais ce que c’est que le Blues des Blancs. Parce que pour moi, le Blues noir ne m’a pas toujours parlé de manière directe. Si j’ai un profond respect pour les humbles Anciens du Mississippi et de Chicago, le Blues Blanc m’a toujours beaucoup plus parlé.

Parce que nous partageons davantage les mêmes souffrances, parce que l’électricité a transfiguré une musique d’abord noire et sombre comme les jours de pluie, je préfère le Blues Blanc. J’aime pourtant énormément Howlin’ Wolf, John Lee Hooker (le seul qui me fait chialer) ou Muddy Waters, mais, comment vous dire, nous ne partageons pas le même monde. Ou plus vraiment.
Je suis un petit rurbain de 1979, ils sont issues de vénérables familles d’ouvriers agricoles du début du 20ème siècle. Ils ont souffert énormément, de la faim, de la misère, du racisme, et du mépris d’une musique jugée païenne (leur plus grand atout). Je n’ai pas connu tout ça.

Mais l’Esprit du Blues m’a touché. Parce que j’ai souffert de galères de la vie, parce que nous ne sommes que des hommes, je les comprend.

Le soir où James Dewar est mort, j’ai pleuré. Oui, la mort de cet illustre inconnu du grand public m’a arraché des larmes. Parce que sa musique me fit, et me fait toujours le même effet.

James est un brave gars. Un petit Blanc Ecossais. Il est né en 1942, il a une vingtaine d’années dans les années soixante. Il aime le Rythm’N’Blues et le Rock’N’Roll Américain comme tous les gamins de son époque. Il en joue dans de petits groupes locaux, où il tient la basse, parce que guitariste, c’est très demandé, et il n’est pas très doué. Alors il gratouille une basse, James.

En 1968, il finit dans un groupe de Blues-Rock du nom de Stone The Crows. Un bon petit groupe, ma foi, avec notamment Maggie Bell, la Janis Joplin Anglaise, qui chanta notamment sur « The Battle Of Evermore » de Led Zeppelin sur le 4 (celui de « Stairway To Heaven »).

James y joue de la basse, le groupe marche pas mal, et il enregistre trois albums splendides avec eux.
Et puis un soir, un certain Robin Trower, guitariste de Procol Harum lui propose de jammer avec lui. Le père Trower est en train de monter son groupe post-Procol Harum. Il en a marre des tournées galères, et de devoir fermer sa gueule lorsqu’il a envie de jouer genre Hendrix ou Cream.

Le groupe en question s’appellera Jude. Il y a, outre James et Robin, Clive Bunker (batteur de Jethro Tull sur « Aqualung »), et Frankie Miller, fabuleux chanteur de Soul-Blues-Folk anglais, dont les albums sont hautement recommandables.

Jude n’enregistre rien, et James joue toujours de la basse, point. Un soir, Frankie se tire, et Clive disparaît dans la nature. James et Robin sont là,seuls, dans le local de répétition, dans le South End, à Londres. Il pleut. Les deux ont bien bu, et Robin triture sa Stratocaster Fender. Il joue un vieux Blues de BB King. James se met alors à chanter. Et puis….
Robin a la chair de poule, il râcle le sapin de sa guitare, et c’est bon tout ça. James a une voix en or. Pas besoin de chercher de chanteur. Il était sous le nez de Robin depuis presque un an.

Reg Isidore complète le groupe à la batterie, un batteur noir au groove soyeux, et les répétitions commencent. Les chansons sont toutes signées Trower/Dewar. James écrit la plupart des textes, tous empreints de ce sentiment d’abandon et de spleen vertigineux. De ce brave garçon sans histoire sort la plus déchirante transcription d’amour perdu et d’âme vide de sens.
La voix de James est profonde et rauque, lyrique et simple comme le bonhomme. Un enregistrement a cappella vous arrache des sanglots des yeux. Mais avec la guitare de Robin…. Là…

Le premier album s’ouvre sur « I Can’t Wait Much Longer ». La guitare étire un long riff overdosé, la batterie, claque vicieusement, et James chante le texte comme une supplique à celle.. à cette chienne qui ne comprend rien…Merde tiens ! Après cette galère, il y a « Daydream », afin de chanter le bonheur tant recherché. En fait, sur ce disque, il est bien question de Blues, mais celui des petits Blancs Occidentaux. La guitare est la synthèse du Blues Noir, et des influences modernes fondamentales : Hendrix et Cream.

Et la voix de James survole le tout avec aisance et classe. James chante sur la guitare de Trower de manière si naturelle… Les paroles évoquent un thème approfondie par la Strato de Robin. A tel point que la voix et la guitare se mêlent sans cesse.

Il y aura pas moins de cinq albums absolument indispensables de cette union : « Twice Removed From Yesterday », « Bridge Of Sighs », « For Earth Below », « Live » et « Long Misty Days ». Sur tous ces albums, il n’y a absolument rien à jeter. Même la reprise de « Sailing » chantée originellement par Rod Stewart est un pur bonheur.

En 1977, Trower décide alors de faire de James LE chanteur à part entière. Il laisse donc tomber la basse à Rusty Allen, un ancien de Sly And The Family Stone, tout comme Bill Lordan, le batteur depuis 1975.

Deux albums très funky, mais pas très réussis, en sorte. Et puis, Robin veut revenir au Blues-Rock brut. « Victims Of The Fury » sort en 1980, et revient au line-up d’origine. L’album est d’une qualité rare, et est enregistré en quelques jours, en live.

Et puis, James est viré. Jack Bruce prend sa place en tant que chanteur-bassiste le temps de deux albums excellents en 1981 et 1982.
Puis il revient le temps de l’album et de la tournée « Back It Up » en 1983. le disque est très Funk-Blues, très 80’s. La vérité restera dans l’ombre, brutale : Dewar est malade, d’une dégénérescence lente de ses muscles et de son système nerveux.

Puis James disparaît. Sa voix s’éteint dans l’Oubli. Il meurt le 16 mai 2002 d’une erreur médicale. C’est aussi la fin de longues années de souffrance, lui qui sut si bien la chanter.
Ses mots, sa voix, se taisent pour toujours. Et retentit alors une des plus belles chansons du Robin Trower Band : « We’Re Long Time Crossing Bridge Of Sighs ». tous droits réservés

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cet hommage à James Dewar. C'est grace à lui que Robin Trower développe son blues-rock si personnel au groove unique, puisé à la source du blues et de la soul.James Dewar a été l'alter ego indispensable à l’élaboration de la musique de Trower.Au feeling du guitariste répondait le feeling immense du chanteur et bassiste. Element tellement indissociable de la musique du guitariste qu’il m' est difficile d’imaginer et d’entendre l’un sans l’autre car James Dewar était LA VOIX de Robin Trower. Pour ma part, je ne peux pas écouter la musique de Trower sans Dewar et c'est aussi pour ça que les albums avec Bruce sont décevants et n'apportent rien.
Encore merci.
Alex6

Olivier a dit…

Putain d'erreur médicale!

Anonyme a dit…

Une radio américaine en ligne que j'écoute en bossant.D'abord la gratte qui me scotche,son gras,rythme lourd; whaou j'arrête mon taff pour écouter et puis la voix arrive,les poils se dressent;qui chante aussi bien, je reconnais pas.
La fin approche, vite regarder,qui c est?
Robin Trower,connait pas.
Vite Youtube
Super il y a des videos
Ok le guitariste ex-Procol-Harum je situe mais le chanteur c est qui ? Jimmy Dewar
Ce renseigné et tomber sur ton blog
Merci de ta biographie
30 ans a écouter du blues ,du hard rock etc et prendre encore une claque c'est bon