mercredi 10 décembre 2008

ZZ TOP

"Ce disque est sans aucun doute le plus proche de l’os du blues. "
ZZ TOP « 1st Album » 1970

Le Texas Blues est un peu comme le Chicago Blues : une institution. Pourtant ce n’est pas exactement grâce aux vénérables anciens du genre que Billy Gibbons revint à cette musique.
Guitariste-chanteur d’un quatuor psyché-garage, les Moving Sidewalks, il assure la première partie du Jimi Hendrix Experience en 1968. Hendrix, très impressionné par le jeun fluide et précis de Gibbons, lui offre une magnifique Stratocaster rose. Le jeune Billy pencera dés lors vers le blues psyché, celui de Jimi.
Il faut dire que les Moving Sidewalks ne sont pas exactement un très bon groupe, notamment au niveau des compos. Et puis, Gibbons a désormais en tête le projet de fonder son propre power-trio.
Il se lie d’amitié avec deux membres d’American Blues, le batteur Frank Beard, et la bassiste Dusty Hill. Les trois partagent l’amour commun du blues et du boogie, et c’est ainsi que dés février 1970, le jeune trio entre en studio pour réaliser son premier disque.
En compagnie de Bill Ham, leur producteur attitré, ils enregistrent un disque étonnant. Pas vraiment au niveau style, car on a affaire à du bon vieux blues-rock burné, qui sent bon le bourbon et le piment mexicain. Non, ce qui percute ici, c’est le son incroyablement clair et cristallin. Là où les anglais privilégient un son boueux proche des enregistrements de John Lee Hooker et Howlin’ Wolf, ZZ Top oriente son heavy-blues vers un son moderne et hard, et coupant comme une lame.
Et c’est d’ailleurs cette alliance de modernité dans l’interprétation, et de musique ancienne qui fera le succès du groupe, 15 ans plus tard. En attendant, ZZ Top ne donne pas dans le clownesque. Les trois, pas encore barbus, déroulent un blues redoutable de précision. Ce qui frappe, c’est le jeu de Gibbons. Incroyablement lent, précis, privilégiant la note qui tue plutôt que la démonstration gratuite. Calé sur une rythmique en béton armé, Gibbons peut enfiler les chorus brillants avec une classe rarement entendu.
Ce disque est sans aucun doute le plus proche de l’os du blues. Les deux disques suivants également me direz-vous. Oui, mais celui-ci est le premier, une déclaration de guerre, une révélation. Car ZZ Top, au milieu du hard anglais et des sons californiens, accouche du hard sudiste en un album, celui de Lynyrd Skynyrd, Blackfoot, et tous les autres. Sauf qu’il ya ici une authenticité délicieuse, loin des clichés sudistes.
Ces trois-là développe un blues redoutable, magique, menaçant, puissant, flirtant avec un hard-rock au son plus proche d’Aerosmith et d’AC/ DC que de Deep Purple et Led Zeppelin. C’est-à-dire avec presque dix ans d’avance.
Et c’est vraiment avec ce disque que je me sens transporté dans les paysages du Texas, sans avoir la désagréable sensation de me sentir dans la peau d’un redneck. Il faut écouter le redoutable blues « Brown Sugar », les heavy et mordants « Squank » ou « Backdoor Love Affair », ou le magnifique et slidé « Old Man ». Il faut s’imprégner de la voix rauque et nasillarde de Gibbons, ses riffs épais et plein de feeling qui font de cet album un grand disque, un très grand disque. Celui de la poussière texane. tous droits réservés

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