"Bref, ZZ Top allaient donc se produire sans fioriture. "
ZZ TOP “Cheap Sunglasses” Live 1980 (et non 1979. Quant à la photo, elle date de la tournée suivante. Décidément, ces pirates….)
Cela doit être une erreur. Un terrible malentendu. Si vous ne connaissez ZZ Top que par leurs clips 80’s à base de filles et de hot-rods, si n’avez entendu que « Gimme All Your Lovin’ » au mieux et « Rough Boy » au pire, vous ne connaissez pas ZZ Top.
Si par contre votre oreille traîne sur des stations dites rock, il est possible que vous ayiez ouï « La Grange », et là, c’est déjà bien mieux.
Entre les premiers titres cités, et ce dernier, il y a dix d’écart. Et pour ce qui est de ZZ Top, les meilleurs années sont définitivement celles entre 1970 et 1982, avec tout de même un petit bémol pour le tout début des années 80.Cela doit être une erreur. Un terrible malentendu. Si vous ne connaissez ZZ Top que par leurs clips 80’s à base de filles et de hot-rods, si n’avez entendu que « Gimme All Your Lovin’ » au mieux et « Rough Boy » au pire, vous ne connaissez pas ZZ Top.
Si par contre votre oreille traîne sur des stations dites rock, il est possible que vous ayiez ouï « La Grange », et là, c’est déjà bien mieux.
Vous l’aurez compris, le virage commercial pris par le trio texan lui a coûté sa crédibilité musicale, gagnant des fans FM, mais perdant progressivement sa base qu’il mit si longtemps à gagner à coups de concerts féroces.
Seulement voilà, cette période 1970-1982 n’est représentée que par un demi-live, la première face de « Fandango ! » en 1976. Et elle est bien maigre. D’autant plus maigre que Bill Ham et le groupe eurent la malheureuse idée de remixer tous leurs premiers albums au goût de leurs standards 80’s, c’est-à-dire avec un son FM. Les rééditions CD sont donc dotés de cette production, et pas celle d’origine, celle des vinyls, bien plus grasse et blues.
Aussi, vous comprendrez toute la difficulté de bien comprendre le trio texan, qui semble avoir mis un point d’honneur à gommer tout ce qui fit toute sa saveur d’antan.
Seulement voilà, ZZ Top est un sacré groupe. Il sut distiller sur scène un talent inouï, reconnu même par Jimi Hendrix, qui offrit une Stratocaster Rose à Gibbons, le considérant comme le meilleur guitariste de la planète. C’était en 1969, au tout début du trio. Depuis, il a écumé tout ce que le Texas compte de rades enfumées, de bars pourris à chicas chaudes du réchaud, et autres universités et facs.
Les trois gagnèrent une formidable concision, qui s’acheva par cinq formidables opus entre 1970 et 1976. Ils furent consacrés rois du Texas, et commencèrent à mettre les USA à genoux. Pourtant, c’est à ce moment-là qu’ils se retirèrent trois ans durant, histoire de… ne rien faire, au grand dam de leur producteur. Quand ils se retrouvèrent, Dusty Hill le bassiste et Billy Gibbons le guitariste s’étaient laissés pousser la barbe, et gardèrent cette image de barbouses Tex-Averiens. Seul le batteur, Frank Beard, ne se la laissa pas pousser, la beard. Le retour fut salutaire, avec le démoniaque « Deguello », en 1979, leur meilleur disque. Et ce qui suivit fut leur meilleure tournée.
Elle s’étendit entre 1979 et 1980. Pour la première fois, le trio décida de fouler les terres européennes. Mais pour frapper un grand coup, il leur fallait un évènement de poids. Ils jetèrent leur dévolu sur LE concert de l’époque : le live au Rockpalast. Cette émission allemande était une série de concerts filmés à la Grugahalle de Essen, et retransmis par satellite dans toute l’Europe.
ZZ Top y fit donc sa première apparition européenne le 20 avril 1980. Il fallut pourtant ajouter une difficulté supplémentaire et de taille. Le trio avait en effet pris l’habitude, depuis la tournée « Tejas » en 1976 de jouer sur des scènes immenses. Il pouvait ainsi apposer son décor de scène, soit d’immenses vues du Texas, avec du sable du Texas, des serpents et différents animaux du Texas, ainsi que des rochers et des cactus du Texas. Sauf que les salles européennes étaient bien trop petites, et que les coûts de transports étaient vertigineux, voire totalement interdits en ce qui concerne les animaux.
Bref, ZZ Top allaient donc se produire sans fioriture. Juste trois musiciens, leurs instruments et leurs amplis. Et pour ce premier concert européen, la prestation est titanesque. ZZ Top décape les oreilles d’un public plus habitué aux ruades du Heavy-Metal anglais. Car le groupe n’est pas hard-rock ou heavy-metal, il est blues et boogie. Le son, terriblement puissant, est gorgé de feeling. Tout sent à la fois la maîtrise et le plaisir de jouer. Car ZZ Top sur scène, c’est aussi un show, trois personnages croquignolesques qui jouent et s’amusent comme des gamins, tout en délivrant une musique d’une précision et d’une puissance émotionnelle à des années lumières du rock de l’époque.
Totalement hirsute face au Punk, à la New Wave, au Heavy-Metal et au FM naissant, les trois reviennent aux fondamentaux, dont ils ne démordent pas depuis 1970, date à laquelle ils jurèrent déjà d’y revenir et d’y rester. Aux fondamentaux.
Et leur musique, l’est, fondamentale, trois trentenaires impressionnants, laissant sur le tapis la jeunesse blême pour parler de filles chaudes, de bagnoles, de cuites, tout cela traiter avec un humour ravageur. Leur jeu de scène est d’une drôlerie féroce, Dusty Hill et Billy Gibbons assurant la plupart du temps les gestes simultanément, pour le plus grand plaisir du public.
La set-list est à elle-seule un chef d’œuvre, réunissant une synthèse impeccable de leurs meilleurs albums, plus deux titres à venir sur « El Loco » en 1981, premier disque dérangeant, et qui ici, ont encore leurs testicules. Imaginez quand même un peu : « Cheap Sunglasses », « Fool For Your Stocking », « La Grange », « Tush », « I’m Bad I’m Nationwide », « Jesus Just Left Chicago »…. Tout est là, retranscrit avec une énergie démoniaque. Billy Gibbons, finaud, délivre des soli et des riffs d’une fluidité déconcertante, y compris au bottleneck. La basse de Dusty Hill, très en avant, remplace quasiment la guitare rythmique des albums, rappelant que Lemmy Kilminster dut entendre le trio avant de mettre sa technique au point. Frank Beard, lui, reste fidèle à lui-même, discret derrière son énorme kit argenté, mais écrase ses baguettes sur ses peaux comme un forcené, atomisant en quelques friselis de cymbales ce que des centaines d’apprentis batteurs tentent vainement d’obtenir avec des millions de roulements de toms.
J’aurais pu choisir également le live au Passaïc Theatre enregistré par la radio KBFH le 31 août 1980. Il est vrai, le son est encore meilleur, mais la set-list est hélas incomplète. Ici, 22 titres vous attendent, et ce concert est historique. L’Amérique a de nouveau débarqué en Allemagne, mais les bombardiers avaient cette fois le ventre rempli de plaisir.
Et parce que tout cela a été filmé, en voici l'introduction magistrale :http://fr.youtube.com/watch?v=iXJaxBycNLU
Et pour la touche humoristique, voici "Cheap Sunglasses" : http://fr.youtube.com/watch?v=9_YMq8b28wM
tous droits réservés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire