Et n'oubliez jamais, que le meilleur dans la musique est ce qu'elle vous apporte.
Et puisque l'on est dans une période de merde, voici :
"Et de rester frissonnant devant cette musique glacée et sombre, violente et purificatrice, qui réveille les âmes noires des cauchemars d’enfant. Satan, les fantômes, les malédictions pharaoniques… "
MERCYFUL FATE « Melissa » 1983Dans ma quête effrénée d’obscurité musicale, vers 17 ans, je gravis, ou plutôt descendis vers les enfers. Sur mon passage, AC/DC, Iron Maiden, Venom, Black Sabbath, Witchfynde, Angelwitch, puis il y eut Mercyful Fate.
Considéré comme les inventeurs du genre black-metal, on est pourtant encore loin des délires speedo-hystériques des goules à bières brunes. Instigateur d’un heavy-metal sombre et et technique, il reste à jamais la chose de King Diamond, le chanteur-castrat au visage barbouillé (chose qui fit réagir les p’tits gars de Kiss, et surtout leurs avocats).
Fondé au Danemark par les guitaristes Hank Shermann et Michael Denner, le d’abord quatuor se nomme The Brats et joue du punk. Un bon petit album sort en 1980, et délivre une étrange mixture de heavy-metal priestien et de punk. La dissolution des Brats laisse Shermann et Denner libre de fonder leur combo, et c’est avec la rencontre d’un allumé sataniste notoire surnommé King Diamond que le vent tourne.
Le jeune homme, à la voix puissante, est capable de passer d’un chant caverneux aux aigus les plus irritants avec une facilité déconcertante. Son style plaintif et hanté plait aux deux gratteux, qui, désireux de créer une sorte de mélange entre Judas Priest et les structures de Captain Beyond, fond adjoindre avec Diamond un aspect sataniste non négligeable.
Après quelques démos, et un paquet de concerts, Kim Ruzz prend la batterie, et Timi Grabber la basse. Le quintet complet compose rapidement, et un premier maxi appelé « Nuns Have No Fun » (tout un programme) paraît en 1982. Fort du buzz qui se développe, Bernett signe le groupe, et « Melissa » paraît en 1983.
Il y eut beaucoup de polémique autour de Mercyful Fate, d’entrée. Basé sur un heavy-metal complexe, lyrique, sa musique se laisse apprivoiser après plusieurs écoutes. Car les changements de rythmes et d’ambiances nécessitent une immersion totale.Et puis il y a cette voix, que d’aucun ont trouvé irritante, voire insupportable. Il faut dire qu’on n’est pas loin de l’opéra cocaïnée. Mais force est de constater que le heavy-metal de Mercyful Fate aurait été bien plat sans sa goule à moustache. King Diamond en fait des tonnes, joue une sorte de tragédie grecque au micro, vêtu de cuir et bardé de son micro à os.
Et de rester frissonnant devant cette musique glacée et sombre, violente et purificatrice, qui réveille les âmes noires des cauchemars d’enfant. Satan, les fantômes, les malédictions pharaoniques… tout passe à la moulinette des guitares lumineuses et alambiquées de Shermann et Denner.
Et Diamond n’a plus qu’à invoquer les esprits maléfiques pour que Mercyful Fate fasse parler la poudre. Malheureusement, le groupe, sans doute trop en avance, se fait plomber pêle-mêle par la critique, des concerts brillants mais statiques (les festivals en plein air l’été, de jour, pas top pour les fantômes), et l’arrivée du trash-metal tuera dans l’œuf un groupe brillant. Un second disque, « Don’t Break The Oath » enfoncera le clou rouillé et putréfiant du venin du Fate, mais rien n’y fit. Diamond connaîtra la gloire en solo, puis Mercyful Fate se reformera. Et la formation restera culte, à jamais, et occulte, comme la musique qu’il pratiqua sur scène jadis.
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LITTLE BOB STORY « High Time » 1976
Mais comme le déclara Henri Salvador (on ne rit pas) ,lorsqu’il importa le rock’n’roll en France avec Boris Vian : « on ne peut pas chanter la même chose qu’aux USA, car nous n’avons pas de problème économique ou politique (sic). Alors il vaut mieux chanter des choses gaies. » C’est ainsi que la plupart des rockers français chantèrent des conneries.
La vraie révolte débarque en 1975 en Normandie. Les années Giscard imposent Claude François, Joe Dassin et Michel Sardou comme les idoles de la jeunesse. La rigueur économique et l’ennui sont de rigueur. La France est incapable de participer à la folie du rock, sclérosée par un music-business vieillissant et omnipotent. Les groupes de rock anglo-saxons sont des stars (Rolling Stones, Who, Deep Purple, Led Zeppelin), et passent en France avec parcimonie. Les disques sont toujours aussi difficiles à trouver en import. Et le rock anglo-saxon a bien du mal à jouer en France : les grandes salles sont quasi-inexistantes, et ne proposent pas des conditions acoustiques optimales (circa les Abattoirs à Paris et son son de garage). Et puis l’organisation lamentable achève les ambitions de colonisation : Led Zeppelin interrompera sa tournée française en 1973 à cause de problèmes techniques et d’émeutes qui cause la destruction quasi-totale du matériel du groupe. Il ne reste guère que la presse spécialisée, Rock’N’Folk et Best, pour porter le flambeau du rock en France.
La révolte vient donc de Normandie. Du Havre précisément. Proche de la côte, dans un port économique bouillonant où se croisent les bateaux de tous pays, dont la Grande-Bretagne, le rock anglo-saxon est là, tapis dans l’ombre.
Les premiers à dégainer sont les Dogs et Little Bob Story. Prenant le train d’une vague pré-punk appelé Pub-Rock dont les chantres sont Doctor Feelgood et Ducks Deluxe, ces deux groupes, qui chantent en anglais par respect pour les origines du genre, vont faire parler la poudre. Directement inspiré du son britannique, bouillonnant d’énergie, ils composent de vraies chansons personnelles, et mettent le feu aux MJC locales.
Précédé par trois 45 Tours et une tournée britannique, Little Bob Story dégaine son premier album. La pochette, le port du Havre la nuit, est à l’image du contenu : urbain, violent, sec, sans concession. Le groupe n’est alors qu’un quatuor : Robert « Little Bob » Piazza au chant, Guy Georges Grémy à la guitare, Dominique « Barbe Noire » Lelan à la basse, et Dominique « Mino » Quertier à la batterie. Christian Delahaie vient régulièrement consolider les guitares en parfait second.
Le résultat est ce brûlot redoutable qui commence par le puissant « High Time ». La guitare râcle le plancher, et la basse vrombit comme un B52, métallique et lourde. Piazza et sa voix de nain écorché vomit un rock’n’roll rageur. Le groupe va mêler titres originaux et reprises avec un égal bonheur. Ainsi ,on ne sait guère si « It’s All Over Now, Baby Blue », « Lucille » ou « I’m Crying » sont des reprises de Dylan, Little richard et les Animals, ou du Little Bob Story pur jus. Parce que ce jus, justement, c’est celui du rock anglais des années 60, les Who, les Kinks, les Pretty Things, les Stones. Sauf que tout cela est passé dans une moulinette électrique, celle des riffs 50s vintage de Grémy passés dans deux rampes de Marshall. Et l’on se rend compte que « Delices Of My Youth », « So Bad », ou « I Don’t Wanna Be A Loser » sont un retour à la quintessence du rock’n’roll : chansons de trois minutes envoyées à fond les ballons et énergie rebelle.
Tout cela donnera place au Punk en 1976, mais Little Bob Story sont en première ligne. Ils tourneront d’ailleurs beaucoup en Grande-Bretagne, éclatant la concurrence, et forçant l’admiration des Damned et de Motörhead qui en fera une référence pour son rock’n’roll high octane.
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JUDAS PRIEST « Stained Class » 1978
10 ans de galère, mais aussi dix ans de rock’n’roll. Fondé à Birmingham, la ville de l’acier britannique avec Sheffield, le cœur du Priest battit au rythme des emboutisseurs de tôles. Acier en fusion, acier brûlant, puis froid et rigide comme la mort.
Ces dix années de routes furent sans doute la chaîne de production de l’acier musical du Priest. Au départ, le groupe est avant tout la réunion de fans de d’Hendrix et Cream, avec une touche de Dylan (dont le nom Judas Priest est issu d’une de ses chansons).
La fine équipe se complète en 1973 avec l’arrivée de Glenn Tipton, juste avant l’enregistrement du premier album, « Rock’A’Rolla », sur un label foireux. Le style musical oscille entre des tendances heavy-blues, et un rock progressif un peu planant. Pourtant, il y a déjà ce quelque chose de terriblement dramatique, cet emphase maladive des gens au bord de la rupture. Le Priest installe son spleen. Le meilleur titre est assurément « One For The Road », et son riff entêtant et malsain.
Il faudra attendre « Sad Wings Of Destiny », en 1976, pour que Judas Priest se lance dans le heavy-metal. Il faut dire que les copains de Birmingham, Black Sabbath, sont devenus des héros, et que le heavy connaît un succès mondial avec Led Zeppelin, Rainbow, Blue Oyster Cult, et le Sab bien sûr.
Le ton se durcit, Halford devient cet oiseau démoniaque qui éructe ses visions nihilistes du monde. Les textes sont parfois un peu puérils, mais ils sont le parfait reflet de l’état d’esprit des gamins des banlieues industrielles, de Birmingham à Detroit.
« Stained Class » est pour moi le meilleur album du Priest. On est encore assez loin des hymnes métal des années 80. Le groupe fait preuve d’un talent d’écriture assez rare, faisant preuve d’audace, ce qui lui arrivera de moins en moins, une fois la bonne formule trouvée.
Mais Judas Priest est aussi un précurseur. Dés « Exciter » qui annonce rien de moins que le speed-metal, on est dans l’ambiance. Vengeur, agressif, le heavy de Judas Priest est une piqûre de serpent. Mais ici, tout n’est pas encore totalement bourrin. Il reste également ici quelques traces de heavy-blues zeppeliniens, comme sur « White Heat, Red Hot » et ses paroles à double-sens, ou sur la reprise de Spooky Tooth « Better By You, better Than Me ».
l y a aussi et surtout ces pièces épiques, construites autour de riffs heavy en diable. Mais ce qui frappe surtout, c’est le son des guitares. On parle de riffs heavy, mais le son est cristallin, limpide, précis, chirurgical. Ici, pas de gros son lourd, bluesy. Toute la musique du Priest se décompose note à note, avec clarté. C’est peut-être ce qui la rend aussi tranchante.
Toujours est-il qu’écouter « Stained Class », c’est s’assurer un voyage dans les abysses, balloté entre les guitares de Tipton et Downing se répondant par solo interposé. Il y a aussi les « Invader », et bien sûr, le monument « Beyond The Realms Of Death », qui valut au Priest le magnifique procès de Reno en 1986.
Guitares en embuscade, chant presque lyrique, Judas Priest construit ici une symphonie heavy-metal. Par la suite, le groupe se lancera dans les hymnes heavy définitifs, certes efficaces, mais sans ce lyrisme qui brille ici de mille feux.
Le Priest, est alors à la frontière entre deux univers, entre son passé progressif, et sa période metal clouté. Et ce disque en est le diamant noir.
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Entre les premiers titres cités, et ce dernier, il y a dix d’écart. Et pour ce qui est de ZZ Top, les meilleurs années sont définitivement celles entre 1970 et 1982, avec tout de même un petit bémol pour le tout début des années 80.
Vous l’aurez compris, le virage commercial pris par le trio texan lui a coûté sa crédibilité musicale, gagnant des fans FM, mais perdant progressivement sa base qu’il mit si longtemps à gagner à coups de concerts féroces.
Seulement voilà, cette période 1970-1982 n’est représentée que par un demi-live, la première face de « Fandango ! » en 1976. Et elle est bien maigre. D’autant plus maigre que Bill Ham et le groupe eurent la malheureuse idée de remixer tous leurs premiers albums au goût de leurs standards 80’s, c’est-à-dire avec un son FM. Les rééditions CD sont donc dotés de cette production, et pas celle d’origine, celle des vinyls, bien plus grasse et blues.
Seulement voilà, ZZ Top est un sacré groupe. Il sut distiller sur scène un talent inouï, reconnu même par Jimi Hendrix, qui offrit une Stratocaster Rose à Gibbons, le considérant comme le meilleur guitariste de la planète. C’était en 1969, au tout début du trio. Depuis, il a écumé tout ce que le Texas compte de rades enfumées, de bars pourris à chicas chaudes du réchaud, et autres universités et facs.
Pourtant, c’est à ce moment-là qu’ils se retirèrent trois ans durant, histoire de… ne rien faire, au grand dam de leur producteur. Quand ils se retrouvèrent, Dusty Hill le bassiste et Billy Gibbons le guitariste s’étaient laissés pousser la barbe, et gardèrent cette image de barbouses Tex-Averiens. Seul le batteur, Frank Beard, ne se la laissa pas pousser, la beard. Le retour fut salutaire, avec le démoniaque « Deguello », en 1979, leur meilleur disque. Et ce qui suivit fut leur meilleure tournée.
lle s’étendit entre 1979 et 1980. Pour la première fois, le trio décida de fouler les terres européennes. Mais pour frapper un grand coup, il leur fallait un évènement de poids. Ils jetèrent leur dévolu sur LE concert de l’époque : le live au Rockpalast. Cette émission allemande était une série de concerts filmés à la Grugahalle de Essen, et retransmis par satellite dans toute l’Europe.
Le trio avait en effet pris l’habitude, depuis la tournée « Tejas » en 1976 de jouer sur des scènes immenses. Il pouvait ainsi apposer son décor de scène, soit d’immenses vues du Texas, avec du sable du Texas, des serpents et différents animaux du Texas, ainsi que des rochers et des cactus du Texas. Sauf que les salles européennes étaient bien trop petites, et que les coûts de transports étaient vertigineux, voire totalement interdits en ce qui concerne les animaux.
Bref, ZZ Top allaient donc se produire sans fioriture. Juste trois musiciens, leurs instruments et leurs amplis. Et pour ce premier concert européen, la prestation est titanesque. ZZ Top décape les oreilles d’un public plus habitué aux ruades du Heavy-Metal anglais. Car le groupe n’est pas hard-rock ou heavy-metal, il est blues et boogie. Le son, terriblement puissant, est gorgé de feeling. Tout sent à la fois la maîtrise et le plaisir de jouer. Car ZZ Top sur scène, c’est aussi un show, trois personnages croquignolesques qui jouent et s’amusent comme des gamins, tout en délivrant une musique d’une précision et d’une puissance émotionnelle à des années lumières du rock de l’époque.
Totalement hirsute face au Punk, à la New Wave, au Heavy-Metal et au FM naissant, les trois reviennent aux fondamentaux, dont ils ne démordent pas depuis 1970, date à laquelle ils jurèrent déjà d’y revenir et d’y rester. Aux fondamentaux.
La set-list est à elle-seule un chef d’œuvre, réunissant une synthèse impeccable de leurs meilleurs albums, plus deux titres à venir sur « El Loco » en 1981, premier disque dérangeant, et qui ici, ont encore leurs testicules. Imaginez quand même un peu : « Cheap Sunglasses », « Fool For Your Stocking », « La Grange », « Tush », « I’m Bad I’m Nationwide », « Jesus Just Left Chicago »….
Tout est là, retranscrit avec une énergie démoniaque. Billy Gibbons, finaud, délivre des soli et des riffs d’une fluidité déconcertante, y compris au bottleneck. La basse de Dusty Hill, très en avant, remplace quasiment la guitare rythmique des albums, rappelant que Lemmy Kilminster dut entendre le trio avant de mettre sa technique au point. Frank Beard, lui, reste fidèle à lui-même, discret derrière son énorme kit argenté, mais écrase ses baguettes sur ses peaux comme un forcené, atomisant en quelques friselis de cymbales ce que des centaines d’apprentis batteurs tentent vainement d’obtenir avec des millions de roulements de toms.


Des feuilles tombèrent en pluie à leur envol, et ils se précipitèrent en meute vers la grotte de la cascade. Les mâles jouaient leurs rôles de gardiens à merveille, couvrant la fuite des plus faibles vers l’abri.
Ils atteignirent bientôt la grotte, s’entassant les uns sur les autres dans le goulot sombre. Harry s’engouffra dans le tunnel alors que les premières bombes éclataient sur la plage.
Des gémissements, des cris d’affolement retentirent. Il avait l’impression d’être encore une fois avec des hommes : face à la destruction, les êtres vivants réagissent tous pareils.
Le calme revint après un temps qui leur parut si long. Tom n’avait plus de montre, il n’avait plus de notion du temps.
Des incendies éclairaient l’horizon. Ils aperçurent les cadavres désordonnés de soldats japonais et d’océaniens prisonniers. Le massacre avait été total, il ne semblait pas y avoir de survivant.
Tom commença à s’établir définitivement avec ses nouveaux compagnons. La proximité des humains ne lui manqua même pas : les conversations, ne serait-ce qu’avec Calice suffisait largement. Il savait au fond de lui que sa compagne l’avait oublié depuis longtemps comme celles de ses camarades, et il découvrit la jouissance d’une nouvelle vie, celle de la nature. Faire partie intégrante de la faune et de la flore, voilà sa vraie place. Il partagea néanmoins son savoir d’humain en construisant des cabanes : Harry et les mâles les visitèrent avec crainte, comme un territoire inconnu. Ils découvrirent l’abri couvert, celui qui protègent des pluies et du froid.
En somme, l’Arche de Noé s’était échoué quelque part sur une île du Pacifique. Seules les chamailleries entre animaux terrestres et volants (sacré Calice) venaient ponctuer le calme de l’île.