Taylor est né à Natchez dans le Mississippi en 1915. Coureur de jupons invétéré, bagarreur, il sera d’abord l’ami et l’accompagnateur de nombreuses légendes du blues: Elmore James, Muddy Waters, Sonny Boy Williamson. Mal conseillé, mal encadré, il restera un musicien de jukejoints pendant plus de vingt ans.
Durant ces longues années, Taylor fonde progressivement ses mythiques HouseRockers. Brewer Phillips, le second guitariste, joue avec Taylor pour la première fois en 1959 dans une taverne du West Side.
Quant à Ted Harvey, le batteur, il joue avec le Dog pour la première fois en 1955 dans le backing-band d’Elmore James. Les deux hommes se retrouvent aux obsèques de James en 1963. Puis Harvey remplace le batteur des HouseRockers, Levi Warren, officiellement en 1965.
Il n’y aura paradoxalement jamais de bassiste au sein du groupe. Phillips assure en même temps la basse et la rythmique alternativement sur sa guitare, suivant que Taylor soit en rythmique ou en solo.
Le groupe continue à tourner sans réelle perspective jusqu’à ce qu’un certain Bruce Iglauer devienne le manager de Taylor et de son groupe. Nous sommes en 1969.
Iglauer est littéralement scotché par le son du trio : la slide grasse et hululante du Dog, sa voix hargneuse, et la rythmique qui délivre un boogie plus hard et sale que n’importe quel groupe de heavy-rock de l’époque.
Il tente alors de faire signer ses nouveaux protégés sur le label Delmark Records, mais n’y parvient pas.
Convaincu du potentiel du groupe, il investit 2500 dollars pour financer l’enregistrement du premier album. Dans la foulée, il crée un nouveau label afin de sortir le disque : Alligator Records.
Enregistré en deux nuits durant le printemps 1971, le premier album de Hound Dog Taylor et ses HouseRockers est une pierre angulaire du blues électrique. Mû d’une sauvagerie inouïe, il surpasse en terme de boogie primitif et sale celui de John Lee Hooker, le maître en la matière.
Dés She’s Gone, on est pris à la gorge par la voix hargneuse, mordante de Taylor. Gorgé d’électricité la musique des HouseRockers déchire le ciel d’éclairs de slide rugueuse. Taylor joue depuis 1970 sur des guitares japonaises bon marché, ce qui explique ce son saturé, à la limite de la rupture.
Du boogie, il en est question, mais également de blues lent et poisseux, comme sur It Hurts Me Too ou 44Blues, qui résonne comme une supplique. La slide miaule, la rythmique sonne un tocsin maudit avant de se fracasser au sol dans un raout électrique.
Par la suite, l’album se vendra à 9000 exemplaires, ce qui représentera la plus grosse vente blues d’un label indépendant, et le titre Give Me Back My Wig deviendra le titre le plus connu de Hound Dog.
La tournée qui suivra ira jusqu’en Nouvelle-Zélande et en Australie, et permettra au groupe de se faire de nouveaux fans. Il n’est pas impossible que les frères Young d’AC/DC aient vu le bonhomme sur scène à cette époque.
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1 commentaire:
Tombée par hasard sur votre blog, et vous remercie pour cette belle chronique.
Hound Dog Taylor, le digne succéseur d'Elmore James en matière de Boogie Blues... Natural Boogie est et restera l'un des plus grands chefs d'oeuvre de Blues qu'il n'eut été possible de faire.
Merci, je repasserai.
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