dimanche 19 octobre 2008

GINGER BAKER'S AIRFORCE

"De magnifiques fleurs multicolores sortent bientôt du béton gris londonien."
GINGER BAKER’S AIRFORCE « Ginger Baker’s Airforce »1970

Il semble que les grandes légendes du rock aient bien du mal à se relever du succès planétaire qui les touchèrent à la fin des années 60. Pour ce qui est de Jimi Hendrix, le problème se résolut assez rapidement, puisque sa carrière météorique se termina entre quatre planches. Pour ce qui est de Mitch Mitchell et Noel Redding, elle finit dans d’obscurs combos avant la disparition complète.
Pour ce qui est du grand concurrent Cream, à la carrière également météorique, l’après Cream fut difficile. En ce qui concerne Clapton, sa carrière est archi-connue. Pour ses deux comparses, Jack Bruce et Ginger Baker, lce fut le retour vers des territoires jazz et blues plus proches de leurs aspirations de départ.
Ginger Baker, puisque c’est lui qui nous intéresse aujourd’hui, fonda Blind Faith avec Steve Winwood de Traffic, Rick Grech de Family, et …. Eric Clapton de Cream. Le groupe sortit un excellent disque et assura une tournée, mais les tensions furent telles que le quatuor se disloqua fin 1969.
Baker, lassé des supergroupes et des contraintes inhérentes aux égos, fonda son propre orchestre. Et le mot orchestre est approprié. Le but pour lui, c’est de jouer ce qui lui plaît, comme il l’entend. Il fonde donc son Ginger Baker’s Airforce. Le batteur réunit autour de lui guitare-basse-claviers et cuivres. Sauf que rapidement, cela tourne au…. Supergroupe. En effet, Baker embauche ses amis, et du coup, l’on voit arriver Denny Laine à la guitare, Ric Grech à la basse, Steve Winwood aux claviers, Graham Bond et Chris Wood aux saxophones, bref que du beau linge.
Le groupe répète et organise deux concerts : le premier a lieu à Birmingham, au Town Hall le 12 janvier 1970. Le second show a lieu à Londres au Royal Albert Hall. Baker décide de l’enregistrer afin de capter l’énergie brut de son nouveau groupe, et de le publier en guise de premier album.
Le résultat est ce disque. Ce qui frappe avant tout, c’est l’aspect rugueux et un peu bordélique de l’ensemble. Il faut dire qu’à dix sur scène, avec à peine un mois de répétition, on peut s’attendre à quelques pains. Mais les musiciens présents ici sont tellement bons que tout se met en place rapidement.
La set-list s’organise autour de titres de Blind Faith (« Do What You Like »), Cream (« Toad »), Osibisa (« Aiko Biaye »), de blues réarrangé (« Early In The Morning ») et de chansons originales (“Dada Man”, « Doin’ It”, « Don’t Care »). Et malgré une set-list disparate, l’ensemble est cohérent. Imprégné de blues, de jazz, et de musique africaine dont Baker est devenu friand grâce à la découverte du groupe nigérian Osibisa, la musique du Airforce est une odyssée.
Dés l’énorme « Dada Man », on est propulsé dans une spirale hallucinante. A pleine vitesse, l’Airforce délivre une jam de heavy-jazz blues. Les soli d’orgue Hammond et de guitare volent au-dessus d’un tapis de cuivres lourds et menaçants tenant l’auditeur en haleine. Autre grande réussite, la reprise de « Early In The Morning » chantée par Steve Winwood. La mélodie blues se transpose dans la jungle africaine, moite et ombragée.
De magnifiques fleurs multicolores sortent bientôt du béton gris londonien. Le jazz-blues anglais fricote avec les percussions du grand continent noir. Par ailleurs il faut citer également la présence du percussionniste soudanais Reebop Kwaaku Baah, futur membre de Traffic.
Ce disque n’est bien sûr pas exempt de quelques imperfections. Outre l’aspect bordélique déjà cité, il y a également quelques longueurs, en particulier les solos de batterie de Baker, curieusement pas très inspiré. On sent l’Airforce manquant parfois de souffle sur la longueur. Mais il faut dire que maintenir une jam cohérente à dix n’est guère évident. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat reste excitant. Cela n’empêche pas l’Airforce de laisser le public pantois, encore grisé par les paysages traversé, la jam finale de « Doin’ It » encore dans les oreilles.
Car ce sont également tous ces défauts qui font de cet album un disque attachant, une expérience à part. En toute décontraction, dans des territoires nouveaux à l’époque, le rock anglais prend des risques.
Par la suite, Baker poussera sa logique world en enregistrant avec Fela Ransome Kuti, et en s’installant au Nigeria. Puis en 1974, il reviendra au hard-rock avec Baker-Gurvitz Army. Mais l’Afrique et ses rythmes resteront la bouffée d’air dont avait besoin Baker après Cream, et dont les premiers assauts eurent lieu sur ce premier album d’Airforce.
tous droits réservés

1 commentaire:

Anonyme a dit…

encore un groupe inconnu pour moi mais ou vas tu trouver tout ca !!!
ah la culture musicale ca ne s'invente pas !!! et la je parle de la vraie culture et non la soupe qu'on essaye de nous vendre a la teloche !!! a+rebeltrain