lundi 29 septembre 2008

BECK BOGERT APPICE

"C'est anarchique, en équilibre permanent entre les égos."
BECK, BOGERT, APPICE « Live » 1974

Si le premier super-groupe fut Cream en 1966, il ne fut pas le dernier. En fait, il y en eut quelques-uns, tous pourvus des mêmes défauts, et un en particulier : la mégalomanie. D’abord, parce que les trios, pour la plupart, décidèrent de se nommer par le nom de chaque musiciens qui les composent (Beck Bogert Appice, West Bruce And Laing, Bruce Lordan Trower….). ensuite parce que sur scène, l’ensemble tournait à la démonstration gratuite et aux duels d’égos, et ce dés Cream , d’ailleurs.
BBA ne fut pas en reste, et pour cause, vu les musiciens présents. Pourtant, cela faisait envie. L’histoire remonte à 1970, lorsque Vanilla Fudge se sépare, et que le Jeff Beck Group période Rod Stewart fait de même. Le duo rythmique surdoué Tim Bogert à la basse et Carmine Appice à la batterie s’entend alors avec le prodige cyclothymique Jeff Beck pour fonder un trio qui tue. Initialement, Rod Stewart devait faire partie de l’aventure, mais le père Rod préféra aller boire un coup avec les Faces.
Le projet avorta lorsque Beck s’écrasa la gueule en voiture, le détournant de toute scène pendant plus d’un an (son nez en patate date de cette époque). Pendant ce temps-là, Bogert et Appice passèrent le temps avec Cactus, prodigieux quatuor de hard-blues surnommé le « Led Zeppelin américain ».
Lorsque le second Jeff Beck Group et Cactus furent dissous, les trois hommes se retrouvèrent. En passant, les aspirations du trio avaient légèrement évolué. D’abord heavy-blues, le son se dirigea vers des éléments soul que l’on retrouve déjà sur les deux albums du Jeff Beck Group en 1971 et 1972.
L’album studio de BBA sort en 1973, et obtient un bon succès. Il aurait pu être retentissant si Stevie Wonder, qui avait écrit « Superstition » pour eux, les avait laissé enregistrer la chanson en premier.
Ceci étant, le disque studio, de très bonne facture, et plutôt sobre au niveau démonstration, montrait quelques faiblesses : le manque de puissance, la voix un peu limite de Tim Bogert, et surtout, l’absence de compositeur affirmé dans le trio. Alors quand sort ce live, uniquement disponible au Japon alors que le trio, après une énième engueulade, s’est déjà séparé, on rigole. Surtout à l’époque de Ziggy Stardust.
J’aime ce live, justement à cause de ses nombreux défauts, mais aussi pour les étincelles de génie qui y figurent. Adolescent, les supergroupes me faisaient rêver. Alors, fantasme absolu, Cactus et Jeff Beck Group dans le même bateau, ça devait dégommer. Et ça dégomme sur ce live. C’est anarchique, en équilibre permanent entre les égos. Ca se tabasse, c’est rempli de coups bas entre Beck et Bogert qui se battent pour prendre la place, c’est bête et méchant.
Ca démarre par « Superstition », avec talk-box et cri stupide de Bogert. Puis le titre déboule comme une locomotive en rut, et là, ça fait mal. Le trio est en phase, ça bouscule, chacun suit l’autre avec aplomb. Cette version dantesque surpasse largement la version studio. Tout comme l’ensemble des titres du disque d’ailleurs de « Lose Myself With You », à « Black Cat Moan », en passant par une version apocalyptique de « Going Down », avec une démonstration du brio guitaristique de Beck. Mais surtout, ce qui brille ici, ce sont les titres funky. Très propres en studio, ils gagnent un côté cradingue et un groove inouï. C’est le cas pour « Why Should I Care », qui vous décolle les poils des bras. Quant aux titres plus soul-blues comme « Sweet Sweet Surrender », ils trouvent l’émotion juste, le frisson qui leur manquaient.
Bien sûr, il y a des défauts, comme le solo de batterie long et chiant, le « Beck’s Boogie » rébarbatif, tout comme le solo de basse pénible. En gros, BBA n’a pas évité les écueils du supergroupe, mais les compensent par d’immenses qualités live. Alors évidemment, tout cela n’avait aucun avenir, mais l’expérience fut concluante. En tout cas, elle fut éprouvante et définitive, puisque Beck abandonnera le hard-blues pour le jazz-rock sur « Blow By Blow » en 1975, et que la paire Bogert-Appice se sépare pour dix ans. Il y a donc comme une odeur de cendres chaudes là-dedans, comme si ces trois-là avaient tout donné.
tous droits réservés

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci encore j ignorais l existence de ce live !!! je vais essayer de me le degoter .
ce soir je vais voir trust dans ma belle ville de tours meme si le groupe n'est plus ce qu'il etait !!! a+

Anonyme a dit…

L'album studio a beau être mou du genou, mais ce live est vraiment excellent! Ça fait plaisir d'entendre Jeff Beck se lâcher complètement et faire des solos de dingue un peu dans le même style que Page avec Led Zep, mais avec un touché extra-terrestre!^^
Et puis il est super bien accompagné faut le dire, Bogert et Appice se donnent à fond également (il en fait un peu trop Bogert des fois faut l'avouer^^) mais question puissance de feu, y'a pas à dire, ça crache!