mardi 9 octobre 2007

The Pink Fairies


THE PINK FAIRIES “Never Never Land” 1971 et “What A Bunch Of Sweeties” 1972

La révolution, coûte que coûte. En ce début des années 70, le rêve hippie s’est dissipée sous la violence des assauts policiers, mais s’est aussi perdu dans les brumes des drogues dures. Ces dernières ont par ailleurs tué plusieurs héros : Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Al Wilson (de Canned Heat)… et combien d’autres périront par la suite.
La révolution, coûte que coûte. Face au hard-rock et sa débauche de décibels épiques, rien de politiquement incorrect ne se dessine. Les kids, désormais assommés de bière, de mauvais shit et de codéine, se laisse écraser par la rage oppressante de Black Sabbath ou de Deep Purple.
Suite à la tournée européenne de MC5 en 1971 et 1972, l’Europe découvre un rock brutal et contestataire, qui plaît à quelques groupes d’anarchistes à qui il manquait un vrai courant musical pour s’exprimer.
Un des précurseurs, Mick Farren, avait formé les Deviants à la fin des années 60, sur le modèle des Fugs. Ce groupe américain délivre alors un rock brutal et intellectuel, que Farren tente d’adapter en Grande-Bretagne en le mêlant au psychédélisme de l’époque.
Une fine équipe encadre bientôt Farren : Paul Rudolph à la guitare, Duncan Sanderson à la basse, et Russell Hunter à la batterie.
Les Deviants se séparent en 1969, et les trois compères de Farren forment rapidement un combo en compagnie d’un autre allumé notoire : Twink, l’ancien batteur des Pretty Things.
Nommé Pink Fairies en référence au club tenu par Steve Peregrine Took, l’ancien compagnon de route de Marc Bolan dans Tyrannosaurus Rex, le groupe répète d’arrache-pied.
Le but est de créer un rock sur le mode de Detroit, avec quelques relents psychédéliques. Le groupe aboutit à sa mixture finale en 1971 lors de l’enregistrement de « Never Never Land ». Le ton heavy est donné avec le brûlot « Do It », qui voit Rudolph calciné sa Les Paul dans de grandes zébrures de guitare heavy-blues.
En fait, cet album est la balance fragile entre les aspirations psychédéliques de Twink, et le son plus blues lourd de Rudolph. Dans les deux cas, les chansons sont magnifiques : l’aérien et fragile « Heavenly Man » contrebalance avec le heavy et presque Motorhead « Teenage Rebel ». Mais l’on sent que le proto-blues prend le dessu, notamment avec le monumental « Uncle Harry’s Last Freakout », pièce démoniaque de plus de dix minutes, propulsant l’auditeur dans une odyssée électrique alternant les ambiances mais ne relâchant en aucun cas la pression.
Les Pink Fairies écument alors les festivals gratuits, ceux de Wembley, de Phun City ou de Glastonbury Fayre, aux côtés d’utres agités anarchistes, Edgar Broughton Band et Hawkwind entre autres.
Twink se retire au début de l’année 1972 pour former un utopique groupe avec Syd Barrett (l’ancien leader de Pink Floyd) nommé Stars, qui ne jouera que cinq concerts avant que Barret ne rejoigne la cave de sa mère.
Rudolph a alors le champ libre et ne s’en prive pas. « What A Bunch Of Sweeties » est souvent mésestimé, car beaucoup plus blues. Il reste bien sûr cette touche psyché-croquignolesque, comme si les Fairies se moquaient d’eux-mêmes. Ce dés l’intro du dsique, mais aussi sur le countrysant « Pigs Of Uranus ».
Mais le meilleur, se sont ces plages où le talent de guitariste de Rudolph fait des étincelles : « Right On, Fight On », le blues propulsé hard-boogie « Walk Don’t Run », ou le lancinant « I Went Up, I Went Down ». Il y aussi le redoutable boogie « Portobello Shuffle », ou la reprise heavy hilarante de « I Saw Her Standing There » des Beatles.
Sur la version cd, il a été rajouté un « I’m Going Down », une reprise de Don Nix, absolument redoutable, bourrée de feeling, grasse et boueuse à souhait.
Ce magnifique disque permet aux Fairies de décrocher une 49ème place dans les charts britanniques, ce qui annonce au groupe un avenir plutôt radieux ; manque de bol, ces garçons-là ne sont pas du genre pépère, et Rudolph quitte le groupe fin 1972 pour laisser sa place à Larry Wallis. Ce dernier orientera les Fairies vers un son plus rock penchant vers le Punk sur « Pigs Of Oblivion » en 1973.
Rudolph jouera pour Bob Calvert et remplacera Lemmy… à la basse au sein d’Hawkwind en 1975. Depuis, l’homme a disparu.
Il jouera lors du concert de réunion des Pink Fairies à la Roundhouse de Londres en 1975, se permettant d’éclater son successeur à la guitare.
Il reste alors de ce combo génial une poignée d’albums ayant défini un son heavy-grunge, que l’on appellera Stoner, ainsi que les germes d’un mouvement Punk anarchiste qui prit naissance là. Il reste aussi et surtout une musique libre, loin des carcans de l’époque, et qui dégage une envie de jouer et une énergie contagieuse. Un OVNI quoi.
"Never Never Land" 1971


"What A Bunch Of Sweeties" 1972

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Voilà une biographie qui donne envie de se replonger dans la musique des Pink Fairies. Je me permets juste de rajouter, à propos de Twink, qu'il fut aussi le batteur du génial groupe psyché Tomorrow (avec le futur guitariste de Yes, Steve Howe), responsable d'un unique album en 1968. Quant à Rudolph, qui remplaça Lemmy dans Hawkwind, précisons aussi que Larry Wallis (guitariste qui joue sur le dernier album des Fairies) rejoindra lui aussi Lemmy, pour la première mouture de Motörhead (cf le lp "On Parole")...