THE FROST « Live At The Grande Ballroom » 1969
The Frost a toujours été le parent pauvre de la scène de Detroit de la fin des années 60, considéré par les amateurs de décibels comme un groupe pop.
Il faut dire que la concurrence était rude : MC5, Stooges, Amboy Dukes, Bob Seger System, Mitch Ryder…
Il s’agit pourtant d’une grave erreur, et surtout, d’une vision totalement étriquée de cette scène. D’abord, parce que les groupes de Detroit ne furent pas que des sidérurgistes proto-punks. Il paraît réducteur de résumer la musique locale à tous cela. D’abord parce que la soul et le blues sont deux éléments décisifs dans la naissance du Rock de Detroit.
D’abord parce que la ville est le siège du label Motown. Les Bob Seger, Mitch Ryder, Rob Tyner ont tous biberonné avec ce son. L’expression de la musique noire au sein du Detroit Sound est manifeste, et se traduit sous plusieurs formes, plus ou moins violentes. L’essentiel du high-energy rock’n’roll est avant tout de traduire la puissance de la musique noire sous une forme blanche, propre au public blanc.
Tous, des Stooges aux Amboy Dukes, ont cherché à traduire cela. The Frost en fit partie. Sauf que le quatuor intégra des éléments soul plus commerciaux que chez les autres, plus proches de James Brown et John Lee Hooker.
Le groupe inclua ainsi les fameux chœurs des groupes vocaux que sont les Temptations, Isley Brothers, ou Parliament, voire les Beatles, également présents dans les mélodies.
Cela n’empêche pas que Frost fut une fantastique machine à Heavy-Blues. Et ce live en est la preuve flagrante. Originellement, cet enregistrement devait servir de base à la réalisation du second album du groupe, « Rock’N’Roll Music », paru en 1969.
Conscient que le studio avait bridé l’énergie, et que le premier album ne retranscrivait pas avec exactitude la puissance scénique du combo, on décida fort logiquement d’intégrer des extraits de concert.
Je me souviens m’être procuré « Rock’N’Roll Music » avant ce live paru en 2003. j’avais effectivement trouvé les titres studio un peu plats.
Lorsque j’ai vu ce live, j'ai compris qu’il s’agissait de l’enregistrement complet du concert à la Grande Ballroom. D’ailleurs le speaker annonce d’entrée : « bienvenue à l’enregistrement du second album de Frost ».
Bon, passé ces considérations, qu’est-ce que Frost ? C’est comme je le disais, une énorme machine à Heavy-Blues, avec des teintes psyché et soul.
C’est d’abord une guitare, celle de Dick Wagner, futur Lou Reed Band et Alice Cooper. C’est un son précis, fluide, clair et toujours chantant. C’est une sorte de Buck Dharma avant l’heure. C’est aussi une grosse basse ronflante, celle de Gordy Garris, et une batterie à la Keith Moon, celle de Bob Rigg.
C’est enfin trois voix qui s’unissent à merveille : celle de Don Hartman, la chanteur-guitariste, et celles de Wagner et Garris.
Frost, ce sont enfin des compositions épiques trempées dans le blues, la soul et le rock psyché. C’est un peu le commencement de ce heavy-rock héroïque, les guitares en érection vers le ciel.
Sauf qu’il y a une âme dans cette musique, celle qui anima le rock rageur de Detroit. Il n’y a pas d’esbrouffe ici. On vit le riff, on plane sur un nuage d’électricité et de mélodies, porté par les soli de Wagner, la grosse basse de Garris, et les cymbales de Rigg.
Le lyrisme est poussé à son paroxysme sur le magnifique blues « Donny’s Blues », « 1500 Miles (Through The Eye Of A Beatle) » ou le magnifique medley « Take My Hand/Mystery Man ».
Le final est lui orgasmique, avec l’intro de la reprise soul « We Gotta Get Out Of This Place » (avant Blue Oyster Cult, tiens, tiens !), sur laquelle Hartman et Wagner se livrent un duel dantesque de guitares. Seul petit bémol à ce titre, le solo de batterie un peu trop long, et sur lequel se termine le disque.
Autre bémol : il semble que le concert ne soit pas complet, puisqu’un titre figurant sur « Rock’N’Roll Music »,et non des moindres, « Help Me Baby », manque à l’appel.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Il est grand temps de réhabiliter The Frost dans l’histoire du Rock.
Il est grand temps que les « spécialistes » arrêtent de classer résumer l’histoire du rock à quelques groupes, et quelques formules simplistes du genre « Detroit berceau du punk » ; Tout cela serait trop réducteur, et surtout, passe sous silence des groupes d’une qualité incroyable au prix du soi-disant bon goût et du snobisme.
The Frost a toujours été le parent pauvre de la scène de Detroit de la fin des années 60, considéré par les amateurs de décibels comme un groupe pop.
Il faut dire que la concurrence était rude : MC5, Stooges, Amboy Dukes, Bob Seger System, Mitch Ryder…
Il s’agit pourtant d’une grave erreur, et surtout, d’une vision totalement étriquée de cette scène. D’abord, parce que les groupes de Detroit ne furent pas que des sidérurgistes proto-punks. Il paraît réducteur de résumer la musique locale à tous cela. D’abord parce que la soul et le blues sont deux éléments décisifs dans la naissance du Rock de Detroit.
D’abord parce que la ville est le siège du label Motown. Les Bob Seger, Mitch Ryder, Rob Tyner ont tous biberonné avec ce son. L’expression de la musique noire au sein du Detroit Sound est manifeste, et se traduit sous plusieurs formes, plus ou moins violentes. L’essentiel du high-energy rock’n’roll est avant tout de traduire la puissance de la musique noire sous une forme blanche, propre au public blanc.
Tous, des Stooges aux Amboy Dukes, ont cherché à traduire cela. The Frost en fit partie. Sauf que le quatuor intégra des éléments soul plus commerciaux que chez les autres, plus proches de James Brown et John Lee Hooker.
Le groupe inclua ainsi les fameux chœurs des groupes vocaux que sont les Temptations, Isley Brothers, ou Parliament, voire les Beatles, également présents dans les mélodies.
Cela n’empêche pas que Frost fut une fantastique machine à Heavy-Blues. Et ce live en est la preuve flagrante. Originellement, cet enregistrement devait servir de base à la réalisation du second album du groupe, « Rock’N’Roll Music », paru en 1969.
Conscient que le studio avait bridé l’énergie, et que le premier album ne retranscrivait pas avec exactitude la puissance scénique du combo, on décida fort logiquement d’intégrer des extraits de concert.
Je me souviens m’être procuré « Rock’N’Roll Music » avant ce live paru en 2003. j’avais effectivement trouvé les titres studio un peu plats.
Lorsque j’ai vu ce live, j'ai compris qu’il s’agissait de l’enregistrement complet du concert à la Grande Ballroom. D’ailleurs le speaker annonce d’entrée : « bienvenue à l’enregistrement du second album de Frost ».
Bon, passé ces considérations, qu’est-ce que Frost ? C’est comme je le disais, une énorme machine à Heavy-Blues, avec des teintes psyché et soul.
C’est d’abord une guitare, celle de Dick Wagner, futur Lou Reed Band et Alice Cooper. C’est un son précis, fluide, clair et toujours chantant. C’est une sorte de Buck Dharma avant l’heure. C’est aussi une grosse basse ronflante, celle de Gordy Garris, et une batterie à la Keith Moon, celle de Bob Rigg.
C’est enfin trois voix qui s’unissent à merveille : celle de Don Hartman, la chanteur-guitariste, et celles de Wagner et Garris.
Frost, ce sont enfin des compositions épiques trempées dans le blues, la soul et le rock psyché. C’est un peu le commencement de ce heavy-rock héroïque, les guitares en érection vers le ciel.
Sauf qu’il y a une âme dans cette musique, celle qui anima le rock rageur de Detroit. Il n’y a pas d’esbrouffe ici. On vit le riff, on plane sur un nuage d’électricité et de mélodies, porté par les soli de Wagner, la grosse basse de Garris, et les cymbales de Rigg.
Le lyrisme est poussé à son paroxysme sur le magnifique blues « Donny’s Blues », « 1500 Miles (Through The Eye Of A Beatle) » ou le magnifique medley « Take My Hand/Mystery Man ».
Le final est lui orgasmique, avec l’intro de la reprise soul « We Gotta Get Out Of This Place » (avant Blue Oyster Cult, tiens, tiens !), sur laquelle Hartman et Wagner se livrent un duel dantesque de guitares. Seul petit bémol à ce titre, le solo de batterie un peu trop long, et sur lequel se termine le disque.
Autre bémol : il semble que le concert ne soit pas complet, puisqu’un titre figurant sur « Rock’N’Roll Music »,et non des moindres, « Help Me Baby », manque à l’appel.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Il est grand temps de réhabiliter The Frost dans l’histoire du Rock.
Il est grand temps que les « spécialistes » arrêtent de classer résumer l’histoire du rock à quelques groupes, et quelques formules simplistes du genre « Detroit berceau du punk » ; Tout cela serait trop réducteur, et surtout, passe sous silence des groupes d’une qualité incroyable au prix du soi-disant bon goût et du snobisme.
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