Je
me suis demandé quelques temps si je devais évoquer les récents décès de Lemmy
Kilmister et David Bowie dans ces pages. Je n’aime pas les nécrologies, je
n’aime pas non plus le torrent d’empathie post-mortem qui se déverse sur les
corps encore chauds de ces merveilleux artistes. Tout le monde devient fan, et
avec la paranoïa actuelle, on en est à voir sur les réseaux sociaux des appels
à écouter du Bowie ou du Motorhead comme si ils avaient été assassinés dans des
attentats. Il est en tout cas certain que si Motorhead avait vendu autant de
disques que les messages émus prétendent en avoir écouté, chaque album aurait
été multi-platinés depuis longtemps. Il est en tout cas fort probable que la
vente d’une compilation post-mortem devrait rapporter pas mal d’argent, du
moins peut-on le supposer.
Une chose est par contre
évidente : il y eut le club des 27, le club des 33, et maintenant il y a
celui des 69. On ne pouvait pas le savoir jusqu’à ce que certains musiciens
atteignent cet âge presque canonique pour la profession, mais il semble que ce
soit désormais une nouvelle échéance du rocker. Et si les 27 et les 33
mourraient étouffés dans leur vomi, les 69 meurent d’un sale cancer. La mort de
Lemmy comme de Bowie n’est guère une surprise. Voilà deux musiciens, qui comme
beaucoup de leurs contemporains, ont bu des hectolitres d’alcool, ont consommé
des mètre-cubes de drogues en tous genres. Il y avait bien eu les rockeurs et bluesmen des
années 50 avant eux, certes : Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Bo Diddley,
John Lee Hooker… qui purent voir le jour de leurs quatre-vingt printemps après
des vies pourtant mouvementées. Mais ils semblaient que ces hommes étaient
taillés dans un bois différent. Beaucoup de musiciens anglais des années 60-70
rêvaient d’atteindre cet âge canonique. Et pourtant, il semble qu’ils meurent davantage
comme les jazzmen : Miles Davis, John Coltrane, Charles Mingus... Lemmy
avaient des problèmes de santé depuis trois ans environ. Et juste avant, il
évoquait déjà la chance qu’il avait d’être encore en vie. Sa santé a fini par
se dégrader au point d’être emporté en deux petits jours. Il n’aura au moins
pas eu le temps d’agoniser trop
longtemps, et aura pu enregistrer un dernier disque et fait quelques
concerts quelques mois seulement avant de disparaître. David Bowie était lui
malade depuis un an et demi. La rumeur traînait, sans être ni infirmée, ni
confirmée. On parlait de cancer du foie, ce qui n’était guère étonnant vu son
hygiène de vie durant les années 70. D’ailleurs, il semble que l’album The Next Day devait en fait être le
dernier, et puis finalement il aura eu suffisamment de répit pour en publier un
dernier, Blackstar, trois jours avant
sa mort.
Plus généralement, on assiste à la
fin d’une génération. Ce n’est plus qu’une question de temps pour voir
disparaître les Keith Richards, Ozzy Osbourne, Eric Clapton ou Pete Townshend.
Tous ont plus ou moins abusé, et s’éteindront des conséquences plus ou moins
directes de ces excès. Ils auront bien vécu, incarné la folie, la liberté et
une forme d’anti-conformisme. Et nous laisserons pas mal d’excellente musique.
Leurs disparitions n’a rien à voir avec les évènements tragiques actuelles,
elles ne font qu’ajouter à la tristesse ambiante.
Par contre, c’est bien la fin d’un
monde qui est en train de se jouer en ce moment. Si les musiciens des années 70
disparaissent peu à peu à cause de leur âge et de leur santé, ils ne sont
toujours pas réellement remplacés à la hauteur de leurs immenses talents. Cela
s’ajoute à la disparition de repères culturels contestataires datant de cette
même époque de liberté d’expression dont nous pensions l’héritage intouchable.
Il y eut d’abord Charlie Hebdo assassiné par une bande de fachistes religieux,
puis récupéré par tous les conformistes centre-droite. Bref, ils ont été tués
deux fois. S’ajoutent les victimes du concert du Bataclan en novembre. Les
concerts de Rock restaient un moyen de se retrouver, de boire un verre, et de
dire merde à cette société ultra-libérale et conformiste, au moins le temps
d’une soirée. Ils ont aujourd’hui été durement atteints, et cet espace de
liberté est lui aussi menacé par les cons. Enfin, on peut ajouter la peine de
prison ferme pour les syndicalistes de Goodyear qui osèrent coincer les
responsables de l’usine parce que ceux-ci venaient de leur annoncer que tous
allaient se faire virer, une fois encore parce que ça rapporte plus aux
actionnaires de faire fabriquer par des petits enfants chinois. Et ce sous un
gouvernement socialiste qui n’en a désormais plus que le nom, entre le coup de
force de la Loi Macron et l’état d’urgence qui n’a pour l’instant visé que des
militants écologistes.
Les disparitions de Lemmy comme de
Bowie ne sont bien sûr pas les conséquences de tout ce climat liberticide et
d’oppression, mais elles participent à
cette sensation de fin d’un monde où il était encore possible d’envoyer chier
le système et de faire entendre une vraie opposition d’idée et d’expression. Il
faudra donc passer outre les pleurnicheries condescendantes et l’hypocrisie
pour qu’enfin une génération de 18 à 40 ans arrête de penser que les hommes
politiques actuels, l’argent roi et les réseaux sociaux sont la solution à tous
nos problèmes.
"Il se met en danger."
JIMI HENDRIX : Freedom Atlanta Pop Festival
2015
Le
soleil de juillet écrase de chaleur la plaine de Byron, mille trois cent âmes.
La poussière s’envole dans le vent torride, balayant les herbes sauvages séchées
par l’été de Georgie. La Chevrolet Camaro fond sur le bitume, ronronnant de
tout son V8. Elle et ses occupants prennent une route sur la droite avant de se
garer dans un grand champ jaunie, aux côtés de milliers d’autres voitures. Une
procession de jeunes gens prend la direction du petit vallon au bout du chemin
de terre. De la musique résonne au loin, brouillonne. Ils vont tous là-bas,
trois cent mille américains, des états environnants, pour écouter de la
musique. C’est le Festival Pop d’Atlanta, en plein cœur de la terre natale de
James Brown. C’est aussi le théâtre de toute la névrose de la société
américaine. Etat du Sud, profondément ségrégationniste, gangréné par le
Ku-Klux-Klan, il voit une scène musicale Rock propre se développer sur les
racines noires du Blues. C’est ce que l’on appellera plus tard le
Southern-Rock, et dont le grand maître est le Allman Brothers Band. Bande de
chevelus anti-Vietnam, formation multiraciale, il développe de longues
improvisations à base de Soul, de Blues, et du Rock’N’Roll pionnier. Les jams
sont bien moins acides que celles de Grateful Dead. Ces hommes aiment l’herbe,
mais surtout le bourbon et la moto.
La jeunesse ne veut plus de la
Guerre du Vietnam, ni de cette société tournée vers la peur de l’autre, la
religion, et le monde contraint de l’entreprise. Ils veulent créer, vivre,
bouger, faire l’amour, et ne pas avoir comme unique objectif dans la vie un
job, un pavillon de banlieue, une grosse berline familiale, deux gosses et un
chien. Les kids veulent de la couleur, de la vitesse, de la musique, et plus
que tout, de la communion. Les beaux rêves se sont pourtant envolés pour la
plupart à la fin de l’année précédente. Altamont, le concert gratuit des Stones
en réponse à Woodstock : un fiasco total, qui se solde par un jeune noir
assassiné, et des bagarres sur fond de Hell’s Angels défoncés et de mauvais
acide. Les belles illusions d’une lutte sans violence sont parties avec la brume
du petit matin de décembre en Californie. L’année 1970 voit la garde civile
tuer quatre gamins à l’Université de l’Ohio et l’armée américaine redoubler ses
bombardements au napalm sur le Vietcong. La musique se fait Hard’N’Heavy, avec
le triomphe en terre US de Led Zeppelin, puis de Black Sabbath. Le Rock
psychédélique de San Francisco s’embourbe dans la dope : le Grateful Dead
ou Janis Joplin se débattent avec l’alcool, les drogues dures et un rythme de
tournée infernal. Jim Morrison est désormais barbu et bouffi, les Doors virent
Blues-Rock.Jimi Hendrix a bien compris tout cela, et opère une mutation de sa musique depuis la fin de l’année précédente. Il a monté un projet de Black Music avec le Band Of Gypsys dont le disque live caracole dans les classements internationaux. Les nouveaux morceaux ont délaissé le Hard-Blues psychédélique de l’Experience pour une musique plus ample, moins ouvertement agressive, laissant libre cours à l’improvisation, et se teintant de Funk et de Jazz. Les soli d’Hendrix sont audacieux, souples, aventuriers, soutenus par une rythmique carrée, plus classique, mais véloce, qui ne cherche plus le contrepoint à la guitare mais à la soutenir. Subtil, racé, le Heavy-Rock de Jimi veut désormais défricher de nouveaux horizons, ne cherchant pas la course à l’armement face au Hard-Rock anglais. Le guitariste est au-delà. Il veut travailler avec Miles Davis, écoute John Coltrane, jamme avec Carlos Santana et Johnny Winter. Il aime James Brown, Curtis Mayfield et Sly Stone. Son Rock intersidéral s’enrichit, et Jimi retranscrit tout cela finement dans ses chorus et ses nouvelles chansons.
Cela
fait presque deux ans qu’il n’a pas publié de disque en studio, depuis Electric Ladyland. Band Of Gypsys est certes doté de nouvelles compositions, mais c’est
avant tout un disque live. Peu onéreux en termes d’enregistrement, il a avant
tout comme finalité de se débarrasser d’un vieux contrat douteux à moindre
frais. Mais c’est un homme heureux : son studio personnel, Electric Lady
Studios, est terminé, et il est sur le point de terminer un nouveau double LP,
dénommé First Rays Of The New Rising Sun,
à paraître d’ici à la fin de l’année. Jimi distille déjà ses nouvelles
compositions sur scène depuis plusieurs mois au milieu des grands classiques
incontournables de ses premiers albums.
Il
va monter sur la scène du Atlanta Pop Festival le 4 juillet 1970, le soir de la
fête nationale, avec son nouveau trio. Cet aéropage est en fait l’alliage de
l’Experience et du Band Of Gypsys. Hendrix a conservé son bon vieux batteur
Mitch Mitchell. Buddy Miles l’a remplacé au sein des Gypsys, mais ce dernier,
également leader de son propre groupe, a voulu imposer ses compositions en se
prenant pour l’égal du guitariste, qui l’a plutôt mal pris. Son jeu de
batterie, certes très carré, l’était un peu trop pour Jimi, qui désirait
conserver un homme habile derrière les tambours. Néanmoins, Mitchell a levé le
pied sur la force de frappe et les roulements de caisses à tout va, jouant plus
en sobriété, et se rapprochant de Ginger Baker de Cream. Billy Cox remplace
Noel Redding à la basse suite à la dissolution de l’Experience en mars 1969.
Hendrix ne pouvait plus supporter ce dernier, et surtout son jeu de guitariste
frustré. De plus en plus régulièrement sur scène, les deux hommes tombaient à
côté musicalement, Redding jouant un solo derrière Hendrix comme le faisait
Jack Bruce derrière Eric Clapton dans Cream. Mais cela commençait à
sérieusement agacer le guitariste qui désirait conserver la maîtrise de sa
musique et des improvisations. L’Experience n’était pas le groupe de trois
entités à égalité, mais bien la formation au service d’Hendrix, ce que Redding
eut tendance à oublier. Et même si il fit tous les efforts nécessaires pour
rester aux côtés du guitariste, notamment en remaniant son jeu sur les derniers
concerts de l’Experience au Royal Albert Hall de Londres, la rupture était
consommée. Billy Cox était un copain d’armée de Jimi, un garçon au tempérament
aussi calme et posé que son jeu de basse. Le duo Mitchell-Cox fonctionna à
merveille, et Hendrix avait enfin la section rythmique prompte à le soutenir
efficacement dans son travail musical. Comme à son habitude, ce dernier ne
cessa de jouer en permanence. La tournée américaine de l’été devait être suivie
d’une série de dates en Europe, parmi lesquelles celle du Festival de l’Ile de
Wight fin août, puis en septembre, c’était le retour en studio pour finir le
nouveau disque, et pourquoi pas, une première session avec Miles Davis. Les
deux hommes ont hâte de travailler ensemble, et le projet a déjà été repoussé
par deux fois, question d’emplois du temps.
C’est
une belle scène, plutôt vaste. Le son est bon, les musiciens sont en forme. Il
fait chaud, et le public a hâte de retrouver la fraîcheur du soir, après deux
jours d’un soleil de plomb. Mitch Mitchell s’installe derrière son nouveau kit
de batterie double grosse caisse, Et Billy Cox pose sa basse Fender Precision
sur ses épaules revêtues d’une chemise aux couleurs du drapeau américain. Jimi
Hendrix porte un bandeau de soie dans ses cheveux courts coiffé en afro. Il
porte une tunique aux longues manches aux couleurs vives. Il teste le son de sa
Stratocaster Fender blanche, fidèle guitare déjà utilisée sur la scène de
Woodstock. Il prend le temps de présenter ses musiciens, puis entame
« Fire ». Le son est de la guitare est une sorte de vague électrique
mouvante sous ses doigts, qui sera parfois qualifié à tort de boueux. Hendrix
ne fait plus dans le son ultrasonique, mais dans une matière à la fois très
Rock aussi facile à travailler au gré du feeling. Il reste bien quelques
gimmicks scéniques pour faire plaisir au public, comme jouer avec les dents,
mais cela se raréfie. Hendrix est désormais plus statique, concentré, les yeux
mi-clos la plupart du temps. Jimi Hendrix pèse chaque note. Il ne joue plus
avec le larsen, il cherche la ligne mélodique, injecte du Funk, du Jazz, et
même du Flamenco. Tout cela se mêle habilement dans un torrent de notes
concises. Sur ce concert, seuls trois morceaux sur seize font plus de cinq
minutes.
« Fire »
vite expédié, le guitariste a hâte de jouer un nouveau morceau du futur
album : « Lover Man ». C’est du Rock teinté de Soul, au thème et
au solo habiles. Plus encore qu’avec « Fire », la vraie nature de
cette prestation se fait jour : le son est assez laid-back, moins
agressive que les précédentes années. Le jeu du trio est en équilibre instable,
un peu brinquebalant, toujours à la limite du pain. Même si l’on est loin du
set erratique du Festival de l’Ile de Wight, on y distingue ce qui en fera sa
nature : des phases de brio absolu alternant avec quelques faussetés de la
batterie ou de la guitare. Oui, le grand Jimi Hendrix est clairement en
difficulté par moments. Jusqu’à cet enregistrement, le cas de l’Ile de Wight
semblait être un cas isolé, s’expliquant par la mauvaise santé d’Hendrix et des
problèmes techniques sur scène. Mais sans atteindre les difficultés du set
anglais, le guitariste semble parfois sur le fil du rasoir. « Spanish
Castle Magic » apporte quelques explications à cela : le trio prend
des risques. Il se met en danger. La set-list reste d’un classicisme absolu,
hormis une poignée de nouveaux morceaux. Tous les classiques attendus sont
là : « Foxey Lady », « Fire », « Purple
Haze », « Red House »…. Et comme Miles Davis avec son nouveau
quintet au milieu des années 60, Jimi Hendrix et son nouveau trio interprète
ses plus fameux morceaux afin de ne pas froisser son public, en bon
professionnel du spectacle qu’il est devenu. Néanmoins, il remodèle
progressivement son répertoire. La batterie de Mitch Mitchell est désormais
dotée d’une double grosse-caisse qu’il utilise depuis seulement quelques mois.
Son fulgurant jeu de pied droit a laissé
la place à des roulements souples encore un peu maladroits, mais qui
s’inspirent de plus en plus du Jazz, et en particulier de Billy Cobham et de
son ancien concurrent, Ginger Baker. Hendrix fait de même dans ses chorus.
Explorant les notes, triturant le son, les lignes mélodiques, à l’instar de
Larry Coryell et de John MacLaughlin, il dénude sa guitare de ses effets
électro-acoustiques, ne conservant qu’un peu de wah-wah. Et il fouille, il
cherche, au plus profond du Blues, de la Soul, du Hard-Bop, de John Coltrane,
de Miles Davis. Et parfois, c’est l’embardée, il va trop loin, trop fort, se
perd. Mais toujours, il rebondit, fermement maintenu, lui et Mitchell, à la
ligne de basse stable de Billy Cox qui tient l’ensemble. « Hear My Train A
Comin’ » est une parfaite réussite de cette expérimentation sonique. Le
trio est au sommet de son art, s’envolant loin, très loin dans la stratosphère
d’un Heavy-Blues se teintant de Jazz Fusion. « Message To Love », qui
suit en a par ailleurs la structure. Jimi Hendrix prend des risques, et on le
sent, lui et ses musiciens sont encore mal à l’aise sur l’improvisation de ce
thème plus expérimental.
L’interprétation
de « All Along The Watchtower » est au départ plus que
laborieuse : problème de son de la batterie, mauvais départ sur la
tonalité du chant… C’est aussi sur ce morceau que le Jimi Hendrix Band se
prendra les pieds dans le tapis à Wight un mois plus tard, comme une sorte de
curieux hasard. Il faut aussi admettre que ce morceau fut particulièrement
travaillé sur sa version studio, celle de Electric
Ladyland, et que tous les effets sonores et superpositions de couches de
guitares sont complexes à reproduire sur scène, seul. Là encore, c’est une
version laid-back, comme une balade énergique qu’est appréhendé le morceau. Là
aussi, Hendrix prend des risques sur le solo, n’hésitant pas à aller
trifouiller du côté du Jazz-Fusion plutôt que de jouer avec les pédales
d’effets. Comme à Wight, c’est aussi « Freedom » qui lui permet de
rebondir. Ce Funk-Rock efficace réinjecte de l’énergie au set qui va voir le
trio dégainer une série de vieilles scies scéniques. « Foxey Lady »,
« Purple Haze », « Hey Joe », « Voodoo Chile » et
« Stone Free » s’enchaînent sans temps mort. L’électricité furieuse
se met à nouveau à couler à gros bouillons dans la Fender Stratocaster de Jimi.
Moins audacieuses dans leurs interprétations que les morceaux précédents, on y
retrouve tout ce qui fit l’immense talent du guitariste. Cette fois l’audace
transparaît sous forme de petites touches : un accord Soul, un petit
chorus à la fin du couplet ou du refrain, le final du solo légèrement revu.
« Voodoo Chile » prend tout de même des atours plus Funk dans son tempo,
moins ouvertement Hard et Vaudou. « Stone Free » semblerait presque
sorti du répertoire des Temptations par son groove insolent.
A
minuit, pour la fête de l’Indépendance, Jimi nous refait le coup de la reprise
de l’hymne américain comme à Woodstock, mais dans une approche nettement moins
ouvertement agressive. Un feu d’artifice explose dans le ciel : Jimi
Hendrix est la vedette de la fête de l’Indépendance au Festival d’Atlanta, un
sacré symbole historique pour le pays. Est-ce cela qui a ragaillardi notre
héros ? Il interprète une version fulgurante de « Straight
Ahead », un nouveau morceau. Son jeu est vif, ingénieux, précis. Poussé
par son fidèle batteur Mitch Mitchell et son vieux pote d’armée Billy Cox à la
basse, Jimi Hendrix se transcende. Et c’est sur cet ultime coup d’éclat que le
concert se termine sous les applaudissements nourris. Le guitariste est à un
tournant artistique, parfois timide, parfois effrayé de laisser son ancien
répertoire, si sécurisant. Mais l’homme est visiblement heureux lorsqu’il explore,
interprétant ses nouvelles compositions, plus élaborées. Il ne pourra
malheureusement pas aller beaucoup plus loin, décédant seulement deux mois plus
tard, le corps éreinté. Cet enregistrement dévoile sous un nouvel éclairage la
dernière phase de la vie créative de Jimi Hendrix, et laisse la porte ouverte à
toutes les spéculations.
tous droits réservés
8 commentaires:
Superbe papier, côté pile comme côté face. Tu m'as filé envie d'écouter ce Hendrix à Atlanta et c'est déjà beaucoup. J'ai un peu de mal depuis quelques années avec Hendrix, j'en attends toujours mieux et au final je le trouve toujours un peu le cul entre deux chaises. Les morceaux heavy finissent régulièrement par s'égarer en chemin et les morceaux funky ne le sont jamais assez. Le Band Of Gypsys promettait beaucoup en partie grâce à Buddy Miles que je trouve bien plus consistant que Mitch Mitchell, hélas ça n'a été qu'un feu de paille. Du coup sur la fin, avec cette formation hybride, j'ai l'impression que Hendrix assure des engagements avant de s'octroyer un nouveau départ, que j'imagine avec une formation entièrement remaniée.
Spéculation, comme tu dis fort justement.
Il est bien certain que si tu attends une musique concise et bien structurée, il faudra un peu repassé. Néanmoins, il l'est davantage qu'avant le Band Of Gypsys. Ces tentatives d'expérimentation restent modestes, le répertoire restant très classique. Mais plusieurs nouveaux morceaux sont affichés, et Hendrix commence à jouer et à chanter différemment. Il est bien évident que si tu écoutes ça d'une oreille un peu distraite, cela ne va pas forcément te sauter au visage. Mais cela laissait augurer une musique plus ambitieuse, qu'il n'enregistrera pas.
Personnellement, j'aime beaucoup Hendrix, et surtout ses concerts. Il y a toujours une improvisation, un chorus, une interprétation nouvelle. En cela, ça me rappelle beaucoup le Jazz. Mais évidemment, pour l'amateur de vraies chansons, cela paraît forcément un peu brouillon.
Et tu remarqueras aussi que je suis à fond dans Journey en ce moment ah ah
Putain et voila que Glenn Frey est mort !!! Ça m'en fout un méchant coup, Eagles je les écoute (et les aime profondément) depuis mon enfance. Mon grand frère avait le Greatest Hits, je me suis fait l'oreille avec. Faut que ça se calme maintenant cette série noire, c'est plus possible.
Et Hendrix donc. Je l'ai beaucoup écouté, j'ai eu une sacrée période guitar-hero (j'étais hardos)))) et il est incontournable. J'ai aimé ses impros, sa folie. Par générosité j'en ai même fait profiter les voisins.))))
Avec le temps, je suis devenu plus enclin à écouter Santana. Je pense qu'ils auraient eu un parcours assez similaire, l'influence du Jazz et tout ça.
Ce Live à Atlanta, je ne l'écouterai sans doute pas tous les jours mais c'est avec plaisir que je vais me dégommer les oreilles un bon coup.
J'ai vu le décès de Glenn Frey ce matin. Et Dale Griffin, le batteur de Mott the Hoople, est mort hier également. C'est une malédiction, c'est pas possible autrement.
Ouais on vit un cauchemar. Putain, je croyais que le Rock'n'Roll c'était un truc qui allait nous faire marrer toute notre vie. C'est raté.
Bon, et Journey alors ? Tu les as reçu ?
Ouaip. Les trois premiers albums sans Perry sont très bons. J'avais un très bon souvenir de "Next", que j'avais revendu sûrement pour racheter un truc plus Heavy. Mais franchement, c'est de la super musique.
Pour la période Steve Perry, j'ai déjà écouté "Infinity". Je ne le connaissais absolument pas, il est très bon. Il m'a fortement rappelé UFO période "Lights Out", avec cette grosse guitare aux chorus très mélodiques et le piano derrière. Le tout est saupoudré de Led Zeppelin période "Physical Graffiti", en particulier pour la voix de Perry. J'ai également jeté une oreille à "Escape". "Don't Stop Believin'" est imparable. Il y a aussi quelques bons riffs, mais aussi une ou deux mièvreries dont je suis moins amateur. Je vais continuer à découvrir tout cela, mais je ne regrette pas mon achat.
Et le Rock'N'roll nous fera bien marrer toute notre vie. Il y a encore des trucs bien, mais il faut chercher. Ils sont souvent tournés vers le son vintage.
En fait, ce qui me chagrine vraiment, c'est que la génération des gamins d'aujourd'hui doit vraiment se faire chier avec toute sa musique Mainstream de merde ah ah.
Pour reprendre une lecture évoquant le live d'Humble Pie, le Rock de cette époque foutait les jetons aux parents, et fait chier vos enfants.
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