lundi 18 janvier 2016

JIMI HENDRIX ATLANTA 1970

Je me suis demandé quelques temps si je devais évoquer les récents décès de Lemmy Kilmister et David Bowie dans ces pages. Je n’aime pas les nécrologies, je n’aime pas non plus le torrent d’empathie post-mortem qui se déverse sur les corps encore chauds de ces merveilleux artistes. Tout le monde devient fan, et avec la paranoïa actuelle, on en est à voir sur les réseaux sociaux des appels à écouter du Bowie ou du Motorhead comme si ils avaient été assassinés dans des attentats. Il est en tout cas certain que si Motorhead avait vendu autant de disques que les messages émus prétendent en avoir écouté, chaque album aurait été multi-platinés depuis longtemps. Il est en tout cas fort probable que la vente d’une compilation post-mortem devrait rapporter pas mal d’argent, du moins peut-on le supposer.
            Une chose est par contre évidente : il y eut le club des 27, le club des 33, et maintenant il y a celui des 69. On ne pouvait pas le savoir jusqu’à ce que certains musiciens atteignent cet âge presque canonique pour la profession, mais il semble que ce soit désormais une nouvelle échéance du rocker. Et si les 27 et les 33 mourraient étouffés dans leur vomi, les 69 meurent d’un sale cancer. La mort de Lemmy comme de Bowie n’est guère une surprise. Voilà deux musiciens, qui comme beaucoup de leurs contemporains, ont bu des hectolitres d’alcool, ont consommé des mètre-cubes de drogues en tous genres. Il y avait bien eu les rockeurs et bluesmen des années 50 avant eux, certes : Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Bo Diddley, John Lee Hooker… qui purent voir le jour de leurs quatre-vingt printemps après des vies pourtant mouvementées. Mais ils semblaient que ces hommes étaient taillés dans un bois différent. Beaucoup de musiciens anglais des années 60-70 rêvaient d’atteindre cet âge canonique. Et pourtant, il semble qu’ils meurent davantage comme les jazzmen : Miles Davis, John Coltrane, Charles Mingus... Lemmy avaient des problèmes de santé depuis trois ans environ. Et juste avant, il évoquait déjà la chance qu’il avait d’être encore en vie. Sa santé a fini par se dégrader au point d’être emporté en deux petits jours. Il n’aura au moins pas eu le temps d’agoniser trop  longtemps, et aura pu enregistrer un dernier disque et fait quelques concerts quelques mois seulement avant de disparaître. David Bowie était lui malade depuis un an et demi. La rumeur traînait, sans être ni infirmée, ni confirmée. On parlait de cancer du foie, ce qui n’était guère étonnant vu son hygiène de vie durant les années 70. D’ailleurs, il semble que l’album The Next Day devait en fait être le dernier, et puis finalement il aura eu suffisamment de répit pour en publier un dernier, Blackstar, trois jours avant sa mort.
            Plus généralement, on assiste à la fin d’une génération. Ce n’est plus qu’une question de temps pour voir disparaître les Keith Richards, Ozzy Osbourne, Eric Clapton ou Pete Townshend. Tous ont plus ou moins abusé, et s’éteindront des conséquences plus ou moins directes de ces excès. Ils auront bien vécu, incarné la folie, la liberté et une forme d’anti-conformisme. Et nous laisserons pas mal d’excellente musique. Leurs disparitions n’a rien à voir avec les évènements tragiques actuelles, elles ne font qu’ajouter à la tristesse ambiante.
            Par contre, c’est bien la fin d’un monde qui est en train de se jouer en ce moment. Si les musiciens des années 70 disparaissent peu à peu à cause de leur âge et de leur santé, ils ne sont toujours pas réellement remplacés à la hauteur de leurs immenses talents. Cela s’ajoute à la disparition de repères culturels contestataires datant de cette même époque de liberté d’expression dont nous pensions l’héritage intouchable. Il y eut d’abord Charlie Hebdo assassiné par une bande de fachistes religieux, puis récupéré par tous les conformistes centre-droite. Bref, ils ont été tués deux fois. S’ajoutent les victimes du concert du Bataclan en novembre. Les concerts de Rock restaient un moyen de se retrouver, de boire un verre, et de dire merde à cette société ultra-libérale et conformiste, au moins le temps d’une soirée. Ils ont aujourd’hui été durement atteints, et cet espace de liberté est lui aussi menacé par les cons. Enfin, on peut ajouter la peine de prison ferme pour les syndicalistes de Goodyear qui osèrent coincer les responsables de l’usine parce que ceux-ci venaient de leur annoncer que tous allaient se faire virer, une fois encore parce que ça rapporte plus aux actionnaires de faire fabriquer par des petits enfants chinois. Et ce sous un gouvernement socialiste qui n’en a désormais plus que le nom, entre le coup de force de la Loi Macron et l’état d’urgence qui n’a pour l’instant visé que des militants écologistes.
            Les disparitions de Lemmy comme de Bowie ne sont bien sûr pas les conséquences de tout ce climat liberticide et d’oppression, mais elles participent  à cette sensation de fin d’un monde où il était encore possible d’envoyer chier le système et de faire entendre une vraie opposition d’idée et d’expression. Il faudra donc passer outre les pleurnicheries condescendantes et l’hypocrisie pour qu’enfin une génération de 18 à 40 ans arrête de penser que les hommes politiques actuels, l’argent roi et les réseaux sociaux sont la solution à tous nos problèmes.


"Il se met en danger." 

JIMI HENDRIX : Freedom Atlanta Pop Festival 2015

            Le soleil de juillet écrase de chaleur la plaine de Byron, mille trois cent âmes. La poussière s’envole dans le vent torride, balayant les herbes sauvages séchées par l’été de Georgie. La Chevrolet Camaro fond sur le bitume, ronronnant de tout son V8. Elle et ses occupants prennent une route sur la droite avant de se garer dans un grand champ jaunie, aux côtés de milliers d’autres voitures. Une procession de jeunes gens prend la direction du petit vallon au bout du chemin de terre. De la musique résonne au loin, brouillonne. Ils vont tous là-bas, trois cent mille américains, des états environnants, pour écouter de la musique. C’est le Festival Pop d’Atlanta, en plein cœur de la terre natale de James Brown. C’est aussi le théâtre de toute la névrose de la société américaine. Etat du Sud, profondément ségrégationniste, gangréné par le Ku-Klux-Klan, il voit une scène musicale Rock propre se développer sur les racines noires du Blues. C’est ce que l’on appellera plus tard le Southern-Rock, et dont le grand maître est le Allman Brothers Band. Bande de chevelus anti-Vietnam, formation multiraciale, il développe de longues improvisations à base de Soul, de Blues, et du Rock’N’Roll pionnier. Les jams sont bien moins acides que celles de Grateful Dead. Ces hommes aiment l’herbe, mais surtout le bourbon et la moto.
            La jeunesse ne veut plus de la Guerre du Vietnam, ni de cette société tournée vers la peur de l’autre, la religion, et le monde contraint de  l’entreprise. Ils veulent créer, vivre, bouger, faire l’amour, et ne pas avoir comme unique objectif dans la vie un job, un pavillon de banlieue, une grosse berline familiale, deux gosses et un chien. Les kids veulent de la couleur, de la vitesse, de la musique, et plus que tout, de la communion. Les beaux rêves se sont pourtant envolés pour la plupart à la fin de l’année précédente. Altamont, le concert gratuit des Stones en réponse à Woodstock : un fiasco total, qui se solde par un jeune noir assassiné, et des bagarres sur fond de Hell’s Angels défoncés et de mauvais acide. Les belles illusions d’une lutte sans violence sont parties avec la brume du petit matin de décembre en Californie. L’année 1970 voit la garde civile tuer quatre gamins à l’Université de l’Ohio et l’armée américaine redoubler ses bombardements au napalm sur le Vietcong. La musique se fait Hard’N’Heavy, avec le triomphe en terre US de Led Zeppelin, puis de Black Sabbath. Le Rock psychédélique de San Francisco s’embourbe dans la dope : le Grateful Dead ou Janis Joplin se débattent avec l’alcool, les drogues dures et un rythme de tournée infernal. Jim Morrison est désormais barbu et bouffi, les Doors virent Blues-Rock.
            Jimi Hendrix a bien compris tout cela, et opère une mutation de sa musique depuis la fin de l’année précédente. Il a monté un projet de Black Music avec le Band Of Gypsys dont le disque live caracole dans les classements internationaux. Les nouveaux morceaux ont délaissé le Hard-Blues psychédélique de l’Experience pour une musique plus ample, moins ouvertement agressive, laissant libre cours à l’improvisation, et se teintant de Funk et de Jazz. Les soli d’Hendrix sont audacieux, souples, aventuriers, soutenus par une rythmique carrée, plus classique, mais véloce, qui ne cherche plus le contrepoint à la guitare mais à la soutenir. Subtil, racé, le Heavy-Rock de Jimi veut désormais défricher de nouveaux horizons, ne cherchant pas la course à l’armement face au Hard-Rock anglais. Le guitariste est au-delà. Il veut travailler avec Miles Davis, écoute John Coltrane, jamme avec Carlos Santana et Johnny Winter. Il aime James Brown, Curtis Mayfield et Sly Stone. Son Rock intersidéral s’enrichit, et Jimi retranscrit tout cela finement dans ses chorus et ses nouvelles chansons. 

Cela fait presque deux ans qu’il n’a pas publié de disque en studio, depuis Electric Ladyland. Band Of Gypsys est certes doté de nouvelles compositions, mais c’est avant tout un disque live. Peu onéreux en termes d’enregistrement, il a avant tout comme finalité de se débarrasser d’un vieux contrat douteux à moindre frais. Mais c’est un homme heureux : son studio personnel, Electric Lady Studios, est terminé, et il est sur le point de terminer un nouveau double LP, dénommé First Rays Of The New Rising Sun, à paraître d’ici à la fin de l’année. Jimi distille déjà ses nouvelles compositions sur scène depuis plusieurs mois au milieu des grands classiques incontournables de ses premiers albums.

Il va monter sur la scène du Atlanta Pop Festival le 4 juillet 1970, le soir de la fête nationale, avec son nouveau trio. Cet aéropage est en fait l’alliage de l’Experience et du Band Of Gypsys. Hendrix a conservé son bon vieux batteur Mitch Mitchell. Buddy Miles l’a remplacé au sein des Gypsys, mais ce dernier, également leader de son propre groupe, a voulu imposer ses compositions en se prenant pour l’égal du guitariste, qui l’a plutôt mal pris. Son jeu de batterie, certes très carré, l’était un peu trop pour Jimi, qui désirait conserver un homme habile derrière les tambours. Néanmoins, Mitchell a levé le pied sur la force de frappe et les roulements de caisses à tout va, jouant plus en sobriété, et se rapprochant de Ginger Baker de Cream. Billy Cox remplace Noel Redding à la basse suite à la dissolution de l’Experience en mars 1969. Hendrix ne pouvait plus supporter ce dernier, et surtout son jeu de guitariste frustré. De plus en plus régulièrement sur scène, les deux hommes tombaient à côté musicalement, Redding jouant un solo derrière Hendrix comme le faisait Jack Bruce derrière Eric Clapton dans Cream. Mais cela commençait à sérieusement agacer le guitariste qui désirait conserver la maîtrise de sa musique et des improvisations. L’Experience n’était pas le groupe de trois entités à égalité, mais bien la formation au service d’Hendrix, ce que Redding eut tendance à oublier. Et même si il fit tous les efforts nécessaires pour rester aux côtés du guitariste, notamment en remaniant son jeu sur les derniers concerts de l’Experience au Royal Albert Hall de Londres, la rupture était consommée. Billy Cox était un copain d’armée de Jimi, un garçon au tempérament aussi calme et posé que son jeu de basse. Le duo Mitchell-Cox fonctionna à merveille, et Hendrix avait enfin la section rythmique prompte à le soutenir efficacement dans son travail musical. Comme à son habitude, ce dernier ne cessa de jouer en permanence. La tournée américaine de l’été devait être suivie d’une série de dates en Europe, parmi lesquelles celle du Festival de l’Ile de Wight fin août, puis en septembre, c’était le retour en studio pour finir le nouveau disque, et pourquoi pas, une première session avec Miles Davis. Les deux hommes ont hâte de travailler ensemble, et le projet a déjà été repoussé par deux fois, question d’emplois du temps.

C’est une belle scène, plutôt vaste. Le son est bon, les musiciens sont en forme. Il fait chaud, et le public a hâte de retrouver la fraîcheur du soir, après deux jours d’un soleil de plomb. Mitch Mitchell s’installe derrière son nouveau kit de batterie double grosse caisse, Et Billy Cox pose sa basse Fender Precision sur ses épaules revêtues d’une chemise aux couleurs du drapeau américain. Jimi Hendrix porte un bandeau de soie dans ses cheveux courts coiffé en afro. Il porte une tunique aux longues manches aux couleurs vives. Il teste le son de sa Stratocaster Fender blanche, fidèle guitare déjà utilisée sur la scène de Woodstock. Il prend le temps de présenter ses musiciens, puis entame « Fire ». Le son est de la guitare est une sorte de vague électrique mouvante sous ses doigts, qui sera parfois qualifié à tort de boueux. Hendrix ne fait plus dans le son ultrasonique, mais dans une matière à la fois très Rock aussi facile à travailler au gré du feeling. Il reste bien quelques gimmicks scéniques pour faire plaisir au public, comme jouer avec les dents, mais cela se raréfie. Hendrix est désormais plus statique, concentré, les yeux mi-clos la plupart du temps. Jimi Hendrix pèse chaque note. Il ne joue plus avec le larsen, il cherche la ligne mélodique, injecte du Funk, du Jazz, et même du Flamenco. Tout cela se mêle habilement dans un torrent de notes concises. Sur ce concert, seuls trois morceaux sur seize font plus de cinq minutes.

« Fire » vite expédié, le guitariste a hâte de jouer un nouveau morceau du futur album : « Lover Man ». C’est du Rock teinté de Soul, au thème et au solo habiles. Plus encore qu’avec « Fire », la vraie nature de cette prestation se fait jour : le son est assez laid-back, moins agressive que les précédentes années. Le jeu du trio est en équilibre instable, un peu brinquebalant, toujours à la limite du pain. Même si l’on est loin du set erratique du Festival de l’Ile de Wight, on y distingue ce qui en fera sa nature : des phases de brio absolu alternant avec quelques faussetés de la batterie ou de la guitare. Oui, le grand Jimi Hendrix est clairement en difficulté par moments. Jusqu’à cet enregistrement, le cas de l’Ile de Wight semblait être un cas isolé, s’expliquant par la mauvaise santé d’Hendrix et des problèmes techniques sur scène. Mais sans atteindre les difficultés du set anglais, le guitariste semble parfois sur le fil du rasoir. « Spanish Castle Magic » apporte quelques explications à cela : le trio prend des risques. Il se met en danger. La set-list reste d’un classicisme absolu, hormis une poignée de nouveaux morceaux. Tous les classiques attendus sont là : « Foxey Lady », « Fire », « Purple Haze », « Red House »…. Et comme Miles Davis avec son nouveau quintet au milieu des années 60, Jimi Hendrix et son nouveau trio interprète ses plus fameux morceaux afin de ne pas froisser son public, en bon professionnel du spectacle qu’il est devenu. Néanmoins, il remodèle progressivement son répertoire. La batterie de Mitch Mitchell est désormais dotée d’une double grosse-caisse qu’il utilise depuis seulement quelques mois. Son  fulgurant jeu de pied droit a laissé la place à des roulements souples encore un peu maladroits, mais qui s’inspirent de plus en plus du Jazz, et en particulier de Billy Cobham et de son ancien concurrent, Ginger Baker. Hendrix fait de même dans ses chorus. Explorant les notes, triturant le son, les lignes mélodiques, à l’instar de Larry Coryell et de John MacLaughlin, il dénude sa guitare de ses effets électro-acoustiques, ne conservant qu’un peu de wah-wah. Et il fouille, il cherche, au plus profond du Blues, de la Soul, du Hard-Bop, de John Coltrane, de Miles Davis. Et parfois, c’est l’embardée, il va trop loin, trop fort, se perd. Mais toujours, il rebondit, fermement maintenu, lui et Mitchell, à la ligne de basse stable de Billy Cox qui tient l’ensemble. « Hear My Train A Comin’ » est une parfaite réussite de cette expérimentation sonique. Le trio est au sommet de son art, s’envolant loin, très loin dans la stratosphère d’un Heavy-Blues se teintant de Jazz Fusion. « Message To Love », qui suit en a par ailleurs la structure. Jimi Hendrix prend des risques, et on le sent, lui et ses musiciens sont encore mal à l’aise sur l’improvisation de ce thème plus expérimental.

L’interprétation de « All Along The Watchtower » est au départ plus que laborieuse : problème de son de la batterie, mauvais départ sur la tonalité du chant… C’est aussi sur ce morceau que le Jimi Hendrix Band se prendra les pieds dans le tapis à Wight un mois plus tard, comme une sorte de curieux hasard. Il faut aussi admettre que ce morceau fut particulièrement travaillé sur sa version studio, celle de Electric Ladyland, et que tous les effets sonores et superpositions de couches de guitares sont complexes à reproduire sur scène, seul. Là encore, c’est une version laid-back, comme une balade énergique qu’est appréhendé le morceau. Là aussi, Hendrix prend des risques sur le solo, n’hésitant pas à aller trifouiller du côté du Jazz-Fusion plutôt que de jouer avec les pédales d’effets. Comme à Wight, c’est aussi « Freedom » qui lui permet de rebondir. Ce Funk-Rock efficace réinjecte de l’énergie au set qui va voir le trio dégainer une série de vieilles scies scéniques. « Foxey Lady », « Purple Haze », « Hey Joe », « Voodoo Chile » et « Stone Free » s’enchaînent sans temps mort. L’électricité furieuse se met à nouveau à couler à gros bouillons dans la Fender Stratocaster de Jimi. Moins audacieuses dans leurs interprétations que les morceaux précédents, on y retrouve tout ce qui fit l’immense talent du guitariste. Cette fois l’audace transparaît sous forme de petites touches : un accord Soul, un petit chorus à la fin du couplet ou du refrain, le final du solo légèrement revu. « Voodoo Chile » prend tout de même des atours plus Funk dans son tempo, moins ouvertement Hard et Vaudou. « Stone Free » semblerait presque sorti du répertoire des Temptations par son groove insolent.
A minuit, pour la fête de l’Indépendance, Jimi nous refait le coup de la reprise de l’hymne américain comme à Woodstock, mais dans une approche nettement moins ouvertement agressive. Un feu d’artifice explose dans le ciel : Jimi Hendrix est la vedette de la fête de l’Indépendance au Festival d’Atlanta, un sacré symbole historique pour le pays. Est-ce cela qui a ragaillardi notre héros ? Il interprète une version fulgurante de « Straight Ahead », un nouveau morceau. Son jeu est vif, ingénieux, précis. Poussé par son fidèle batteur Mitch Mitchell et son vieux pote d’armée Billy Cox à la basse, Jimi Hendrix se transcende. Et c’est sur cet ultime coup d’éclat que le concert se termine sous les applaudissements nourris. Le guitariste est à un tournant artistique, parfois timide, parfois effrayé de laisser son ancien répertoire, si sécurisant. Mais l’homme est visiblement heureux lorsqu’il explore, interprétant ses nouvelles compositions, plus élaborées. Il ne pourra malheureusement pas aller beaucoup plus loin, décédant seulement deux mois plus tard, le corps éreinté. Cet enregistrement dévoile sous un nouvel éclairage la dernière phase de la vie créative de Jimi Hendrix, et laisse la porte ouverte à toutes les spéculations.

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8 commentaires:

RanxZeVox a dit…

Superbe papier, côté pile comme côté face. Tu m'as filé envie d'écouter ce Hendrix à Atlanta et c'est déjà beaucoup. J'ai un peu de mal depuis quelques années avec Hendrix, j'en attends toujours mieux et au final je le trouve toujours un peu le cul entre deux chaises. Les morceaux heavy finissent régulièrement par s'égarer en chemin et les morceaux funky ne le sont jamais assez. Le Band Of Gypsys promettait beaucoup en partie grâce à Buddy Miles que je trouve bien plus consistant que Mitch Mitchell, hélas ça n'a été qu'un feu de paille. Du coup sur la fin, avec cette formation hybride, j'ai l'impression que Hendrix assure des engagements avant de s'octroyer un nouveau départ, que j'imagine avec une formation entièrement remaniée.
Spéculation, comme tu dis fort justement.

Julien Deléglise a dit…

Il est bien certain que si tu attends une musique concise et bien structurée, il faudra un peu repassé. Néanmoins, il l'est davantage qu'avant le Band Of Gypsys. Ces tentatives d'expérimentation restent modestes, le répertoire restant très classique. Mais plusieurs nouveaux morceaux sont affichés, et Hendrix commence à jouer et à chanter différemment. Il est bien évident que si tu écoutes ça d'une oreille un peu distraite, cela ne va pas forcément te sauter au visage. Mais cela laissait augurer une musique plus ambitieuse, qu'il n'enregistrera pas.
Personnellement, j'aime beaucoup Hendrix, et surtout ses concerts. Il y a toujours une improvisation, un chorus, une interprétation nouvelle. En cela, ça me rappelle beaucoup le Jazz. Mais évidemment, pour l'amateur de vraies chansons, cela paraît forcément un peu brouillon.

Julien Deléglise a dit…

Et tu remarqueras aussi que je suis à fond dans Journey en ce moment ah ah

RanxZeVox a dit…

Putain et voila que Glenn Frey est mort !!! Ça m'en fout un méchant coup, Eagles je les écoute (et les aime profondément) depuis mon enfance. Mon grand frère avait le Greatest Hits, je me suis fait l'oreille avec. Faut que ça se calme maintenant cette série noire, c'est plus possible.
Et Hendrix donc. Je l'ai beaucoup écouté, j'ai eu une sacrée période guitar-hero (j'étais hardos)))) et il est incontournable. J'ai aimé ses impros, sa folie. Par générosité j'en ai même fait profiter les voisins.))))
Avec le temps, je suis devenu plus enclin à écouter Santana. Je pense qu'ils auraient eu un parcours assez similaire, l'influence du Jazz et tout ça.
Ce Live à Atlanta, je ne l'écouterai sans doute pas tous les jours mais c'est avec plaisir que je vais me dégommer les oreilles un bon coup.

Julien Deléglise a dit…

J'ai vu le décès de Glenn Frey ce matin. Et Dale Griffin, le batteur de Mott the Hoople, est mort hier également. C'est une malédiction, c'est pas possible autrement.

RanxZeVox a dit…

Ouais on vit un cauchemar. Putain, je croyais que le Rock'n'Roll c'était un truc qui allait nous faire marrer toute notre vie. C'est raté.
Bon, et Journey alors ? Tu les as reçu ?

Julien Deléglise a dit…

Ouaip. Les trois premiers albums sans Perry sont très bons. J'avais un très bon souvenir de "Next", que j'avais revendu sûrement pour racheter un truc plus Heavy. Mais franchement, c'est de la super musique.
Pour la période Steve Perry, j'ai déjà écouté "Infinity". Je ne le connaissais absolument pas, il est très bon. Il m'a fortement rappelé UFO période "Lights Out", avec cette grosse guitare aux chorus très mélodiques et le piano derrière. Le tout est saupoudré de Led Zeppelin période "Physical Graffiti", en particulier pour la voix de Perry. J'ai également jeté une oreille à "Escape". "Don't Stop Believin'" est imparable. Il y a aussi quelques bons riffs, mais aussi une ou deux mièvreries dont je suis moins amateur. Je vais continuer à découvrir tout cela, mais je ne regrette pas mon achat.

Julien Deléglise a dit…

Et le Rock'N'roll nous fera bien marrer toute notre vie. Il y a encore des trucs bien, mais il faut chercher. Ils sont souvent tournés vers le son vintage.
En fait, ce qui me chagrine vraiment, c'est que la génération des gamins d'aujourd'hui doit vraiment se faire chier avec toute sa musique Mainstream de merde ah ah.
Pour reprendre une lecture évoquant le live d'Humble Pie, le Rock de cette époque foutait les jetons aux parents, et fait chier vos enfants.