lundi 19 octobre 2015

STATUS QUO LIVE 1977

"Ils viennent d’atteindre un pinacle dans leur carrière, et savent qu’ils sont à un tournant."

STATUS QUO : Quo Live ! 1977
            J’avais sympathisé au lycée avec un type nommé Vincent. On s’entendait bien. Il était doté d’un humour décapant, teinté de cynisme noir, particulièrement rare parmi la trentaine de gamins de quinze ans qui composait la classe. Tout comme moi, il sélectionnait soigneusement ses amis, et regardait avec un certain détachement l’effervescence adolescente qui se jouait tout autour de nous. Sans doute étions-nous frustrés aussi, mais force est de constater que de ne pas faire partie de la masse nous convenait plutôt bien. Je partageais mes goûts musicaux avec plusieurs copains, c’est d’ailleurs ce qui nous rapprochait tous. J’étais l’aventurier du son, celui qui partait à la découverte de groupes inconnus. Je voulais écouter de la bonne musique d’une part, et fuir le conformisme ambiant qui me révulsait. Alors moi, le grand fan de Led Zeppelin et des Who, je partis à la recherche du monde merveilleux de la Heavy Music des années 70. Ce n’est donc pas un hasard si je croisai le chemin de Status Quo. J’achetai une compilation nommé 12 Golden Bars de 1980, et doté de la plupart des grands morceaux du quartet anglais de la décennie précédente. J’adorais ce disque, ce son Boogie et rude, et ces mélodies imparables. Ils n’étaient pas des virtuoses, mais ils étaient concis et diablement efficaces. J’aimais aussi leur côté prolétaire, jeans et baskets, qui les rendaient simples et attachants, loin du star-system de leur époque. J’avais récupéré beaucoup de leurs albums en vinyle, que j’écoutai avec un immense plaisir. Les pochettes des albums, simples et sans chichis, couplées aux articles de vieux numéros de Rock’N’Folk de l’époque que je trouvai dans les brocantes, acheva de me faire une très haute opinion de Status Quo. La morgue dont la presse faisait parfois preuve à leur égard était assez déconcertante, considérés par celle-ci comme une bande de rustauds se contentant d’enregistrer toujours le même disque depuis dix ans, et de tourner sans arrêt pour faire du cash. On était évidemment bien loin de l’esprit artiste de David Bowie ou des Sparks. Ce que l’on savait moins, c’est leur impact immense sur le Rock britannique, que l’on commence seulement à cerner. Status Quo est une institution en Grande-Bretagne, ce qui entraine forcément des railleries diverses à leur encontre, liées aux artistes installés dans le paysage depuis des décennies et ayant reçu tous les honneurs. Mais une réévaluation de leur musique est toujours à faire, Rock de prolos qualifié de working-class music non sans un certain dédain.
            Vincent, malgré son look très classique, était un grand fan de Queen. Il adorait la guitare de Brian May et la voix de Freddie Mercury. Il aimait ce groupe avec un second degré certain, conscient du côté kitsch-gay du chanteur et des clips vidéo des années 80. Avec lui, nous parlions parfois musique, mais moins qu’avec mes autres amis. Il ne se sentait pas assez à l’aise sur le sujet, et nous discutions souvent de bien d’autres choses, en particulier de bagnoles et de cinéma d’action des années 70 genre Mad Max dont nous étions tous les deux friands. Alors en pleine phase Status Quo, totalement enthousiaste à propos du quartet anglais, je lui en parlai. Mais seul le morceau radio « In The Army Now » lui évoquait quelque chose, et la conversation s’arrêta là. Jusqu’à ce qu’en début de cours d’Histoire à huit heure du matin, il me sortit de son sac une cassette qu’il me tendit. Il m’expliqua alors que le nom de Status Quo lui avait mis la puce à l’oreille, et il se souvint que son père avait cette cassette parmi ses albums. Il s’agissait du Quo Live ! de 1977. L’exemplaire semblait visiblement d’époque. Son père l’écoutait donc plus jeune, mais n’avait plus jeté une oreille dessus depuis sa jeunesse, qui fut donc, comme beaucoup de garçons de l’époque en France, bercée par le vigoureux Boogie de Status Quo. Ma joie était immense. Moi qui adorait tous leurs albums studio des années 70, je me retrouvais avec un enregistrement du groupe en concert en Grande-Bretagne de la fin de 1976. L’album existait déjà en disque compact dans les années 90, mais il n’était disponible qu’en import à un prix prohibitif. Je passai le reste de la journée sur un petit nuage, impatient de jeter une oreille sur cette bande en direct. Je courus presque sur le retour, montai les escaliers quatre à quatre, fermai la porte de ma chambre, et glissai enfin la précieuse cassette dans ma chaîne hifi.
            Dés les premières notes de « Junior’s Wailing », je sus que j’avais entre les mains un immense disque live. La playlist était simplement parfaite, doté de la quasi-totalité des morceaux que j’appréciais le plus sur les disques en studio. J’écoutai les quatre-vingt dix minutes de l’album d’une traite, me le repassant encore et encore. L’électricité, l’énergie, la puissance des versions proposées étaient à la hauteur de leur réputation de groupe de scène. Il fut l’un de mes grands orgasmes musicaux d’adolescent. Status Quo synthétisait toute la force du vrai Rock à l’état pur : de bonnes chansons à base de Boogie, aux riffs ravageurs, joués avec une force totale, implacable. On sent le plaisir du groupe à partager sa musique avec le public, en pleine communion. On ressent aussi combien les quatre musiciens font preuve de second degré,  jouant sans la moindre once d’arrogance. Ils interprètent leurs chansons pour faire plaisir à leur public et s’amuser, rien d’autres. No bullshit dirait-on. Et c’est ce que j’ai toujours aimé chez eux. Ils ont le bon état d’esprit, ne sont pas des Dieux, ils sont identiques à ceux assis dans la salle, malgré les millions de disques vendus en Europe. Malheureusement, les Etats-Unis ne goûteront guère à Status Quo. Leur Boogie est trop Hard pour le continent américain, savourant davantage le son FM des Eagles, Boston ou Fleetwood Mac. Les quatre étaient aussi trop english dans leur façon d’être, pas assez flash, comme Kiss. Et puis ils avaient tous la trentaine, des femmes et des gosses, et ne voulaient pas partir trois mois sur les routes US loin de leurs proches, même si ils n’étaient pas des saints en termes de vie en tournée. Alors ils devinrent une institution toute britannique, et vendirent quelques camions de disques en Allemagne et en France notamment.
Et c’est bien sur leur bonne vieille île qu’ils enregistrèrent ces bandes, sur trois soirs à l’Apollo de Glasgow du 27 au 29 octobre 1976. Ils viennent d’atteindre un pinacle dans leur carrière, et savent qu’ils sont à un tournant. Depuis 1972 et l’album Piledriver, tout ce que sort Status Quo se transforme en or et se classe en tête des charts. Deux morceaux vont particulièrement faire un tabac : « Caroline » en 1973, et « Down Down » en 1975. La tournée 1976 suit la publication de l’album Blue For You, qui comme tous les disques, s’installe en tête des charts. Status Quo est même sollicité par les jeans Levi’s pour leur publicité. La tournée est triomphale, les salles sont complètes en quelques heures à travers le pays, et le Quo sent qu’il a suffisamment de matériel pour proposer un disque en concert solide. Ils portent leur choix sur l’Apollo de Glasgow, en Ecosse, et il n’est pas anodin. L’acoustique de la salle est d’excellente qualité, et la ville est un des grands fiefs ouvriers de Grande-Bretagne. Le public a la réputation d’y être bouillant de générosité, ce qui sera parfait un vrai bon disque live. Le principal problème va être en fait de choisir les meilleurs prises des meilleurs morceaux sur les trois concerts captés.
            Présenté au public par une introduction extatique de l’ancien chanteur de Savoy Brown Jackie Lynton, Status Quo foule les planches de l’Apollo et attaque son set par « Junior’s Wailing ». Ce titre est le seul dont ils ne sont pas les auteurs, et remontent à la reprise en mains de leur carrière vers le Boogie en 1970. Il s’agit d’un morceau de Steamhammer, formation mythique de Heavy-Blues du début des années 70. C’est le bassiste Alan Lancaster qui se charge du chant, comme des trois morceaux suivants d’ailleurs. Les Status Quo se partagent le micro, entre le guitariste lead Francis Rossi et l’homme à la six-cordes rythmique Rick Parfitt. John Coghlan complète la formation en tenant la batterie.
            Le riff Blues dévalant comme un train à plein régime soulève peu à peu le public, poussé par les coups de grosse caisse. Rossi décoche son chorus introductif, puis la machine se met en route. Elle ne s’arrêtera pas avant une heure et trente minutes de spectacle. Dés le second morceau, Status Quo n’hésite pas à jouer un morceau du nouvel album : « Backwater ». Un riff implacable, rude, sans surprise aucune mais d’une efficacité diabolique, reprend le rythme infernal. Lancaster poursuit le chant, de sa voix rocailleuse, plus assurée et à la tessiture plus large que celles de ses deux compères guitaristes. Rossi et Parfitt faisaient un complexe avec leurs chants, et c’est Lancaster qui encouragea les deux musiciens à chanter leurs compositions personnelles afin de se partager le micro équitablement. Judicieuse idée qui maintint la sérénité au sein du quatuor durant presque quinze ans avant une séparation dans l’amertume en 1984 entre d’un côté Lancaster et de l’autre Parfitt et Rossi. Coughlan, lui, avait quitté le groupe en 1982, épuisé par les années de route.
            « Just Take Me » s’enchaîne à « Backwater » sur un rythme tribal de caisses et de cowbell, extrait de Quo, de 1974. C’est une Hard song rapide, percutante, qui les voit toucher du doigt un côté Funk dans leur musique sans relâcher la pression du riff. Le chorus de Rossi est gorgé de feeling. L’homme conserve une technique rudimentaire si on le compare à ses contemporains que sont Ritchie Blackmore ou Jimmy Page. Il joue sur une bonne vieille Fender Telecaster, à peine saturée, et son jeu va davantage chercher dans la ligne mélodique et le bend en droite lignée du Blues anglais de la fin des années 60. L’influence de Savoy Brown et Steamhammer est prégnante dans son approche de la guitare. L’histoire de Status Quo est plutôt savoureuse de ce point de vue-là. En effet, Status Quo débuta comme un quintet Pop à l’anglaise, très psychédélique. Ils ont à peine vingt ans en 1968, et signe plusieurs tubes dans les classements anglais, dont « Pictures Of Matchstick Men ». Et puis en 1969, c’est la dégringolade. Les disques ne se vendent plus, la Grande-Bretagne écoute Led Zeppelin, les Rolling Stones et King Crimson. Les groupes du British Blues Boom doivent s’adapter ou disparaître. Fleetwood Mac va évoluer vers un Blues Progressif louchant vers le Rock psychédélique de San Francisco. Savoy Brown opte pour le Boogie et s’installe commercialement aux USA. Status Quo ne fait pas encore dans le Hard-Blues, mais va s’y orienter, parce qu’ils aiment ça. Leur pianiste Roy Lynes s’en va après la sortie du superbe album Ma Kelly’s Greasy Spoon en 1970. Pour autant, le succès n’est pas encore revenu, et à vingt-deux ans, les Status Quo sont déjà des losers, persona non grata du show business anglais. Ils doivent tout reprendre à zéro, et peinent à trouver des concerts. Ils acceptent de jouer partout où l’on veut d’eux, et en 1976, cette stratégie n’a toujours pas changé. Satisfaits d’avoir retrouvé enfin la reconnaissance du public avec Piledriver en 1972, mais conscients que ce succès peut être fragile, ils ne lâcheront plus la bride et leur public, dont ils ont adopté le look de prolos : jeans, baskets et tee-shirts. Rossi se permet un gilet de gentleman pour le côté décalé, et parfois des platform boots pour la pose sur les photos de promotion. Mais les gars n’aiment rien de mieux que leurs tennis pour arpenter la scène comme des gosses heureux de vivre.
            « Is There A Better Way » est un nouvel extrait du nouveau disque, qui s’intègre parfaitement au répertoire déjà classique du Quo. Il précède le morceau du renouveau de Status Quo en 1970 : « In My Chair ». Ce Blues mid-tempo a permis d’imposer le nouveau registre du groupe au grand public en atteignant des scores honorables dans les charts anglais pour la première fois depuis un an et demi, une éternité à l’époque. L’année fut déterminante pour le Rock en général : soit les groupes s’adaptait aux nouvelles sonorités Heavy ou Progressives, soit c’était la fin. Status Quo prit un peu la tangente, adaptant le son Blues anglais de la fin des années 60, lui injectant de la mélodie Pop et de la hargne Hard, tout en lui conservant une certaine authenticité et une certaine rusticité. C’est dans cette voie que revint le Rock anglais en 1975 avec le Pub-Rock, mais Status Quo était déjà une institution dans le genre que l’on aimait guère célébrer.
            L’enchaînement de « Little Lady » et « Most Of The Time » existait déjà sur l’album original On The Level de 1975. Mais il est à ce point bon que le groupe l’a conservé tel quel. Je dois avouer qu’à partir de ce moment précis, on passe de l’excellent Status Quo à une forme de quintessence musicale qui ne s’interrompra qu’une fois ce double album définitivement clos, et les amplificateurs éteints. L’album On The Level fut pour moi une vraie révélation au même titre que Piledriver. Le Quo y aligne une série de chansons prodigieuses, aux mélodies imparables. « Little Lady » et « Most Of The Time » en font parties. La première est une chanson Hard-Rock Blues au riff ravageur, envoyé sur un rythme infernal. La seconde est un magnifique Blues mélodique, à l’intensité magique, où Francis Rossi fait la preuve de son immense talent de soliste inspiré. C’est sur ce genre de chorus que les racines du quatuor sont totalement évidentes, et absolument non feintes. Status Quo était crédible en groupe de Blues, et l’on eut tort de ne voir en eux qu’une bande de bourrins répétitifs. Cette même critique toucha également AC/DC, mais elle fut moins tenace que pour le Quo. L’enchaînement magique est suivi d’une merveille de chanson : « Rain ». Morceau lourd et mélancolique, c’est une première. En effet, Status Quo n’est jamais vraiment malheureux : il y a toujours du second degré, ou cette fougue qui vous incite à aller de l’avant. Même lorsque le groupe parle de galère ou d’amour perdu, il n’est jamais déprimé. « Rain » est une chanson désenchantée, amère. Le riff est fort, instantané. Rick Parfitt, l’auteur du morceau, chante qu’il ne pourra plus rien faire sans être suivi par cette maudite pluie, métaphore à peine voilée du chagrin. C’est une Hard Song énergique, qui tente de se redonner du baume au cœur, mais qui n’y arrive jamais vraiment, comme désabusée face à la fatalité. Il semble que Parfitt ait mis un pied à terre le temps de ce morceau intense. Cet extrait de l’album Blue For You voit Status Quo sortir un peu de son sentier battu du Boogie pour un Hard-Rock plus fin, rappelant UFO à la même époque.
            Puis le Quo attaque son tour de force : « Forty-Five Hundred Times ». Tour de force car il s’agit d’une pièce de musique que l’on pourrait qualifier de Progressive dans sa construction, mais pas du tout dans son approche. Il s’agit de pur Hard-Rock Boogie de bout en bout, mais c’est un enchaînement de plusieurs riffs et mélodies évoluant comme une histoire qui n’est pas sans rappeler A Quick One While He’s Away des Who, une succession de plusieurs thèmes très Rock pour une seule narration. Cette audace, datant initialement de 1973 sur l’album Hello, passe superbement bien le cap de la scène. Tout est parfaitement en place durant plus de seize minutes. Ce morceau m’a toujours fasciné par son audace alors que Status Quo avait la réputation de n’en avoir justement aucune. On pourrait pourtant trouver des prémices de ce morceau avec « Is It Really Me/ Gotta Go Home » sur Ma Kelly’s Greasy Spoon. Constitué de deux parties de Hard-Blues psychédélique de presque dix minutes, il montrait combien les musiciens ne manquaient pas d’ambition même avec une musique à l’apparence très simple.
            Le second disque débute par le redoutable « Roll Over Lay Down ». Le riff noir est décuplé de puissance. C’est une machine à broyer les os, même AC/DC ne faisait pas encore aussi Hard à l’époque. Ces derniers prendront le relais avec Let There Be Rock en 1977, alors que le Quo lèvera justement un peu le pied avec Rockin’ All Over The World. Pour l’heure, il n’en est absolument pas question. Cette version surpasse tout ce que le quatuor a enregistré jusque-là. Tout y est : le riff rageur, le tempo d’enfer, le chorus, le ralentissement en milieu, puis l’accélération avant l’explosion finale, joute magistrale de guitares rythmique et solo. Rossi se transcende encore, poussé par un trio Parfitt-Lancaster-Coghlan diabolique de précision. Cette superbe pièce de Blues-Rock épique s’enchaîne sur la grande merveille Boogie de l’album Piledriver : « Big Fat Mama ». Version accélérée, possédée, le Quo donne tout, met ses tripes sur la table. Il y a même quelques pains tellement les quatre musiciens sont extatiques, mais franchement, l’énergie est tellement communicative, qu’il est impossible de résister à cette tornade d’électricité. J’ai usé jusqu’à la corde cet enchaînement infernal « Roll Over Lay Down » / « Big Fat Mama », rembobinant la vieille cassette d’époque jusqu’à plus soif. Jamais je n’avais autant jubilé sur du Rock depuis ma découverte des deux premiers albums de Led Zeppelin. J’y trouvai la même excitation, la même furie, le même enthousiasme, la même cohésion. Certes, Status Quo n’était pas du même niveau instrumental que le groupe de Jimmy Page. Ils n’avaient pas non plus la même ambition dans l’écriture, mais le résultat était pour moi tout aussi jouissif.
            J’en avais presque oublié la suite, tout aussi dantesque : « Don’t Waste My Time », vif et sans fioriture, balancé avec cette morgue toute britannique, et toujours sur un tempo d’enfer. Ils vont poursuivre avec le redoutable « Roadhouse Blues ». Bob Young vient souffler dans l’harmonica, et les guitares se tendent vers le ciel. Nouvelle locomotive lancée à pleine vapeur, les quatre croisent le fer, trempés de sueur pour un Boogie furibard. On pourrait même dire qu’ils se laissent parfois surpasser par l’énergie qu’ils ont eux-mêmes crées, se plantant par ci par là, sans grande gravité, reprenant toujours le dessus sans rien lâcher. C’est un combat d’une intensité rare, une pile électrique débordant de Watts. L’Apollo chante en chœur derrière ses héros, les soutenant sans cesse, relançant la machine. Status Quo jouent avec eux, répondant à son public, en collusion totale avec SON groupe. Ils sont les forçats du Boogie, dit-on. Rossi incendie ses cordes de chorus échevelés, Parfitt d’accords implacables. Le Quo s’amuse à jouer quelques riffs connus au milieu comme « Shakin’ All Over » de Johnny Kidd ou une bonne vieille gigue irlandaise. Puis le thème repart et dans une incandescence de cymbales, le concert se termine.
            Parfitt rallume les braises en soufflant le riff de « Caroline », immense tube de l’année 1973. Rossi rigole sur le refrain d’une plaisanterie de Parfitt ou Lancaster. Ils ne sont décidemment pas sérieux et s’amusent bien comme des gamins. John Coghlan bénéficie de son moment à lui avec un petit solo de batterie qui permet à ses compères d’aller boire une bière avant de rattaquer avec « Bye-Bye Johnny », un petit Chuck Berry des familles, le père du Boogie-Blues. Envoyé à nouveau sur un tempo d’enfer, pied au plancher, Status Quo fait chanter le public en chœur, ricoche, rebondit, redémarre à toute blinde, increvable quatuor qui termine en beauté son gig magique.
             Le timing fut parfait. Le double live parut début 1977, et amorce donc une nouvelle période de Status Quo. Il clôt une phase purement Hard pour une musique plus produite et plus Pop, moins mordante, bien que conservant son fond Blues-Boogie. La formation perdra son âme au départ d’Alan Lancaster en 1984, après une première tournée d’adieu et un concert d’ouverture au Live Aid en 1985 imposé par le Prince Charles lui-même, fan du groupe. Quo Live ! restera classé 14 semaines dans le haut des classements britanniques, et imposera définitivement Status Quo comme un grand groupe de scène, pour ceux qui en doutaient encore.


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