samedi 5 septembre 2009

WITCHFINDER GENERAL

"Ce côté prolo satanique mêlé à cet humour potache me plut immédiatement, autant que la musique. "

WITCHFINDER GENERAL “Death Penalty” 1982

Bordel ! Je me souviens de cette pochette ! Ah ! Ah ! Du haut de mes 17 ans, je ris à la vue de cette pochette montrant 4 couillons vêtus en grand siècle et égorgeant une jeune et jolie blonde dans un cimetière.
A la vue de ce disque, je catégorisai aussitôt parmi les plus grotesques albums de black-metal des années 90. Pourtant, ma puberté me poussa à contempler cette pochette longtemps, et surtout la magnifique blonde à moitié dénudée.
Je ne pus alors me résigner à ne pas me renseigner auprès de mon disquaire favori, qui m’annonça que ce disque datait du début des années 80, que c’était du heavy-metal anglais, et qu’il était fort recherché.
Je lui demandai donc une écoute, et je restai pantois devant cette musique, et devant ma bêtise d’ado boutonneux. Witchfinder General, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, était la synthèse parfait du heavy-metal type Black Sabbath, de la NWOBHM et de l’imagerie satanique et cuir noir.
Ce côté prolo satanique mêlé à cet humour potache me plut immédiatement, autant que la musique. J’écoutai cette galette longuement, religieusement, saisi à la gorge par cette vague sonique et crépitante.
Je restai longtemps fixé sur le premier titre, « Invisible Hate », son intro acoustique, puis cette déferlante de guitare grasse, soutenu par une rythmique de plomb, précise et caverneuse. Il faudrait citer les 7 titres de ce disque, alternant tempos lourds, et mid-tempos démoniaques.
Fondé par le guitariste Phil Cope et le chanteur Zeeb Parkes en 1979 en Ecosse, le quatuor, qui changea de batteur et de bassiste à chaque disque, décida d’allier la musique de Black Sabbath à une agressivité héritée du punk et des nouveaux combos de heavy que sont Judas Priest et Motorhead.
Mais c’est surtout l’image qui joue beaucoup. Witchfinder General joue la provoc’ délibérée d’entrée. Là où le Sabbath s’est presque excusé d’avoir joué avec les symboles religieux, Witchfinder General la joue sataniste, films d’horreur et gonzesses à poil.
Deux simples paraissent avant ce disque : « Burning A Sinner » en 1981 et « Soviet Invasion » en 1982.
Le seul hic, qui coulera le groupe, ce sera les concerts. Witchfinder General ne tournera que très peu, la faute à une maison de disque riquiqui, mais aussi à une certaine fainéantise des musiciens, qui n’auront pas le courage d’aller au bout de leur démarche. Il y aura néanmoins un deuxième album, très bon également, et un live sortit récemment, preuve que le groupe avait sans doute compris trop tard tout l’enjeu de la scène.
Reste que « Death Penalty » est un gouffre émotionnel, alternant entre la colère du heavy-metal le plus sombre et la mélancolie adolescente la plus écorchée. Il y a aussi ce côté bancal, live, brut, qui fait définitivement de Witchfinder General un groupe de puceaux frustrés, et le cauchemar des minettes de lycée.
Ce disque resta longtemps un de mes jardins secrets, celui que personne n’aime et que personne ne comprend. A part moi, comme un secret entre cette entité démoniaque et mon âme torturée de kid solitaire.
Mais encore aujourd’hui, « Death Penalty » me parle, parce qu’il est la drogue que l’on prend pour oublier les frustrations quotidiennes.

tous droits réservés

Aucun commentaire: