"Le résultat est ce disque, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est violent."
SAVOY BROWN « Savage Return » 1978
Déjà chroniqué dans ces pages, Savoy Brown est plus, disons connu, pour avoir fait partie du British Blues Boom de la fin des années 60 aux côtés du Fleetwood Mac de Peter Green, John Mayall’s Bluesbreakers avec Eric Clapton, Yardbirds, Chicken Shack et consorts. Considéré comme un groupe mineur du genre, il ne connut qu’un succès d’estime avant de connaître un semblant de gloire aux USA aux débuts des années 60. Le groupe laissa de côté son blues pour un boogie-rock plus énergique et heavy qui fit le bonheur des stades US.
Dirigé de main de fer par Kim Simmonds, il connut de multiples changements de line-ups, changements qui s’accélérèrent dans les années 70 après le départ des trois-quarts du groupe pour former Foghat. Pour le reste, et au niveau historique, Savoy Brown marqua peu, toujours très loin des albums à sensations, des frasques backstages, et du maquillage glam.
Lorsque vaillamment le groupe arrive au milieu des années 70, il est formé de Tom Farnell à la batterie, Ian Ellis à la basse et au chant, de Paul Raymond (ex-Chicken Shack, futur UFO, et seul membre stable depuis 1970), et de l’ioxydable Kim Simmonds à la guitare. En 1976, ce line-up sort « Skin’N’Bone », un honnête disque de heavy-boogie dans la lignée des autres. Savoy Brown a alors entamé une sorte de série de dissolution-reformation depuis 1974, et tous les ans, Kim Simmonds relance un line-up sur les routes avec album à la clé. La tournée « Skin’N’Bone » est un succès, mais voit le départ de Paul Raymond pour UFO, alors en pleine ascension US.
Kim Simmonds dissout à nouveau Savoy Brown, puis réunit Ellis et Farnell autour de lui. Le désormais trio est en fait déstabilisé, car Raymond était une force créatrice primordiale qui tint le groupe des années durant. Parti, Savoy Brown se retrouve sans réel moteur. De plus, le punk est passé par là, et déjà que Savoy Brown n’était plus grand chose avant, il est en-dessous de tout en 1978.
Simmonds s’adjoint les services d’un jeune producteur débutant, un certain Robert John « Mutt » Lange, futur producteur de AC/DC et de Def Leppard.
Le résultat est ce disque, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est violent. On est en effet bien loin du boogie et du blues, on est carrément dans le heavy-metal. Sauf que l’ensemble ne choque pas. En effet, du blues, Simmonds a gardé le feeling, et l’à propos de la note magique.
Tout n’est que riffs épais et lourds. La rythmique est dynamique, mais surtout moderne. Le traitement de la batterie de Lange sera son atout caractéristique : le son est clair et cristallin, mais en même temps dense et métallique. La basse de Ellis est profonde, et rappelle les grands quatre-cordistes de la fin des années 60, Jack Casady, Jack Bruce et Felix Pappalardi en tête. Ca sent en fait le AC/DC à venir, Aerosmith 70’s, et le bon Ted Nugent. Ca sent aussi le heavy-rock à venir d’ici quelques années avec la NWOBHM, mais cela, personne ne le sait encore.
Les chansons sont bonnes, et résolument loin du boogie. La voix de Ellis, gouailleuse et roublarde, ajoute au côté urbain et bravache de la musique. Cette pluie d’acier carbonique commence par « The First Night » et « Baby Don’t You Do It, Do It », deux épaisses tranches de heavy-rock bien grasses. Mais le blues n’est pas totalement absent. Il est toujours là, tapis dans l’ombre. D’abord dans les chorus de Simmonds, lancinant, mélancolique et suintant le juke-joint, mais aussi dans ces titres lents en forme de procession, comme « Walk Before Run », et surtout le superbe « Double Lover » et ses arpèges déchirants. Le solo final est tout simplement superbe, et ce titre reste l’un de mes préférés du Brown.
Le disque s’achève comme cela, dans une traînée de cendres et de poudre, et après la tournée, le Brown se dissout à nouveau. C’est aussi la fin de l’ère DECCA/DERAM, et le début d’une période sombre. Simmonds reformera le groupe avec de jeunes chiens fous en 1981, mais le disque qui en résulte, « Week-End Warriors », est largement trop métal pour être honnête. Simmonds est dépassé par les évènements, et se perdra un peu. Il n’a en tout cas jamais vraiment retrouvé sa verve, et ce disque est sans doute le dernier bon de Savoy Brown.
Dirigé de main de fer par Kim Simmonds, il connut de multiples changements de line-ups, changements qui s’accélérèrent dans les années 70 après le départ des trois-quarts du groupe pour former Foghat. Pour le reste, et au niveau historique, Savoy Brown marqua peu, toujours très loin des albums à sensations, des frasques backstages, et du maquillage glam.
Lorsque vaillamment le groupe arrive au milieu des années 70, il est formé de Tom Farnell à la batterie, Ian Ellis à la basse et au chant, de Paul Raymond (ex-Chicken Shack, futur UFO, et seul membre stable depuis 1970), et de l’ioxydable Kim Simmonds à la guitare. En 1976, ce line-up sort « Skin’N’Bone », un honnête disque de heavy-boogie dans la lignée des autres. Savoy Brown a alors entamé une sorte de série de dissolution-reformation depuis 1974, et tous les ans, Kim Simmonds relance un line-up sur les routes avec album à la clé. La tournée « Skin’N’Bone » est un succès, mais voit le départ de Paul Raymond pour UFO, alors en pleine ascension US.
Kim Simmonds dissout à nouveau Savoy Brown, puis réunit Ellis et Farnell autour de lui. Le désormais trio est en fait déstabilisé, car Raymond était une force créatrice primordiale qui tint le groupe des années durant. Parti, Savoy Brown se retrouve sans réel moteur. De plus, le punk est passé par là, et déjà que Savoy Brown n’était plus grand chose avant, il est en-dessous de tout en 1978.
Simmonds s’adjoint les services d’un jeune producteur débutant, un certain Robert John « Mutt » Lange, futur producteur de AC/DC et de Def Leppard.
Le résultat est ce disque, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est violent. On est en effet bien loin du boogie et du blues, on est carrément dans le heavy-metal. Sauf que l’ensemble ne choque pas. En effet, du blues, Simmonds a gardé le feeling, et l’à propos de la note magique.
Tout n’est que riffs épais et lourds. La rythmique est dynamique, mais surtout moderne. Le traitement de la batterie de Lange sera son atout caractéristique : le son est clair et cristallin, mais en même temps dense et métallique. La basse de Ellis est profonde, et rappelle les grands quatre-cordistes de la fin des années 60, Jack Casady, Jack Bruce et Felix Pappalardi en tête. Ca sent en fait le AC/DC à venir, Aerosmith 70’s, et le bon Ted Nugent. Ca sent aussi le heavy-rock à venir d’ici quelques années avec la NWOBHM, mais cela, personne ne le sait encore.
Les chansons sont bonnes, et résolument loin du boogie. La voix de Ellis, gouailleuse et roublarde, ajoute au côté urbain et bravache de la musique. Cette pluie d’acier carbonique commence par « The First Night » et « Baby Don’t You Do It, Do It », deux épaisses tranches de heavy-rock bien grasses. Mais le blues n’est pas totalement absent. Il est toujours là, tapis dans l’ombre. D’abord dans les chorus de Simmonds, lancinant, mélancolique et suintant le juke-joint, mais aussi dans ces titres lents en forme de procession, comme « Walk Before Run », et surtout le superbe « Double Lover » et ses arpèges déchirants. Le solo final est tout simplement superbe, et ce titre reste l’un de mes préférés du Brown.
Le disque s’achève comme cela, dans une traînée de cendres et de poudre, et après la tournée, le Brown se dissout à nouveau. C’est aussi la fin de l’ère DECCA/DERAM, et le début d’une période sombre. Simmonds reformera le groupe avec de jeunes chiens fous en 1981, mais le disque qui en résulte, « Week-End Warriors », est largement trop métal pour être honnête. Simmonds est dépassé par les évènements, et se perdra un peu. Il n’a en tout cas jamais vraiment retrouvé sa verve, et ce disque est sans doute le dernier bon de Savoy Brown.
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