mercredi 15 octobre 2008

TIM BUCKLEY

TIM BUCKLEY « Live At The Troubadour 1969 »

J’ai découvert Tim grâce à son fils. Non pas que j’ai été un fan transis de Jeff Buckley, bien que sa musique fut un des sommets des années 90. Non, en fait, j’ai découvert Tim en l’apercevant dans un reportage sur son fils. On y voit l’homme chanté une poignée de secondes. Je n’ai ouï que quelques notes, mais je suis resté sans voix.
Le second choc aura lieu quelques semaines plus tard. Pourquoi n’avais-je déjà pas acheté un disque de l’homme, je n’en sais rien. Peut-être fus-je trop absorbé par la recherche de l’éjaculation métallique ultime. Toujours est-il que c’est dans la rediffusion de la série des Monkees que je revis Tim Buckley. Seul, avec sa douze-cordes, il interprétait « Song To A Siren ». J’en eus presque les larmes aux yeux tellement c’était beau, titanesque de poésie et de mélancolie.
Le premier disque acheté fut ce live. Tim Buckley est devenu un artiste-culte, qui comme la plupart des artistes-cultes, bénéficie d’une discographie post-mortem plutôt conséquente.
Pourtant ce live est une pépite. En 1969, Buckley a déjà quatre albums au compteur, et sa musique a pris depuis « Happy Sad » un contour jazz-rock très net. Les titres s’allongent, et laissent libre cours à l’improvisation électro-acoustique des musiciens, et notamment Lee Underwood, le guitariste attitré de Buckley durant sa carrière. Je dis bien électro-acoustique, car Tim décida de mélanger électricité des guitares, et percussions africaines folles.
Ce live au club Troubadour de Los Angeles en septembre 1969 est la parfaite synthèse de cette musique obsédante, envoûté par la voix hallucinante de Buckley. Car si Jeff avait une voix magnifique, c’est qu’elle était héritée de son père. Mais celle de Tim volait encore plus haut, plus fort.
La musique prend ici une ampleur géniale. Dés « Strange Feelin’ », on plonge dans un jazz cool empli d’un groove fabuleux, moelleux à souhait. Les notes électriques de Underwood volent au-dessus de la mêlée, magiques. Suit un instrumental presque free-jazz, « Venice Mating Call », où le piano électrique finit par ramener la rythmique au sol. On oscille finalement dans ce jazz-rock moite et légèrement funky sur la plupart des titres, brillants par leurs mélodies magiques. De« I Don’t Need It To Rain » à « Nobody’s Walkin’ » en passant par les titres plus intimistes comme « I Had A Talk With My Woman » ou le poignant « Chase The Blues Away», on navigue doucement entre sensation de liberté infinie et infinie amertume.
Mais le sommet reste incontestablement « Gypsy Woman ». Cette longue pièce presque vaudou, incantatoire, voit sa rythmique s’emballer. Les percussions résonnent dans la salle comme au fond de la jungle épaisse. Underwood égraine des notes serrées, puissantes, sur lesquelles Buckely emballe sa voix. Le chant se perche dans les cieux, rageur, en sueur, possédé par cette Gypsy Woman envoûtante. On plane de longues minutes durant, possédé par les modulations ensorcelantes de la voix de Buckley qui fait contre-point à la guitare.
Par la suite, Buckley ira encore plus loin dans son exploration jazz, possédé par cet esprit nomade, avec autant de bonheur artistique, mais toujours pas au niveau commercial. C’est le début de la fin pour lui, s’enfonçant dans la déprime et la drogue.
Il tentera une veine commerciale en 1973 en se tournant vers la soul. Le résultat fut presque concluant, si ce n’est que les superbes mélodies, et la magie de l’homme sombra dans la poussière d’ange, et une tristesse profonde et noire comme le jais. Il meurt finalement en 1975, laissant derrière lui un fils qui comme lui, mourra jeune et naviguera sur les limbes de la mélancolie.

tous droits réservés

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Looks like you are an expert in this field, you really got some great points there, thanks.

- Robson