A l’heure où Ten Years After est reparti sur la route sans son guitariste fétiche, Alvin Lee, il est temps de revenir en arrière. Le groupe reste une légende, mais essentiellement pour les ados qui virent le film « Woodstock », et ceux qui les virent en concert entre 1969 et 1974. Car Ten Years After, c’est l’archétype du groupe-esbrouffe, et Alvin Lee, celui du guitar-hero stérile. Avec ses soli à la vitesse de l’éclair, et les morceaux de dix minutes, Lee, à l’heure du Rock des années 2000, fait bien rire.
Oui, le guitariste fatigua bon nombre de fans de rock, et se fatigua d’ailleurs lui-même. On cite pourtant toujours Woodstock comme une référence, et effectivement c’en est une. Parce que ce concert mythique fit de Ten Years After une star, et de Lee le leader du groupe. Et de voir ce dernier égréner le même solo sur tous les morceaux. Et de voir le groupe aligner les tournées US durant quatre ans sans s’arrêter.
Alors, lorsque l’on évoque ce live de 1973, les fans de bon goût frissonne. Souvent considéré comme un concert peu inspiré, où le groupe joue en roue libre, et assure les gimmicks sans enthousiasme, ce live est pourtant très bon.
Oui, comme beaucoup de jeunes fans, qui se laissa berner par la vitesse d’exécution plutôt que par l’inspiration, ce disque est très bon. Oui, Ten Years After est lessivé, et cela s’entend.
Ce live est sombre, aussi triste que cette ville de Frankfurt, en Allemagne, où le groupe s’arrêta lors de sa tournée européenne en 1973. Pourtant, Ten Years After joue détendu. Alvin Lee joue sans se presser, tranquillement, au gré du feeling. Et délivre des versions de « One Of These Days », ou « Good Morning Little Schoolgirl » presque mid-tempo, mais incroyablement lourdes et blues. La section rythmique de Ric Lee et Leo Lyons est d’une sobriété incroyable, épaisse et carrée. Le premier disque se clôt sur une version de « Help Me » particulièrement brumeuse et soul. Lee tire des notes d’une tristesse infinie, qui font de ce blues un très grand moment d’émotion pure.
Le second disque apporte quelques petites improvisations d’une minute qu’affectionne le guitariste entre les morceaux. Il y a également une version géniale de « I Can’t Keep From Cryin’ Sometimes » entrecoupée de « Extension On One Chord », improvisation laissant libre court à l’imagination de Lee. Et de le voir se lancer sur une sorte de solo tribal sur les cordes graves qui rappelle le « One Nation Army » de White Stripes.
Et puis, il y a bien sûr « I’m Going Home », mais ici dans une version compacte, avec des soli beaucoup plus clairs et concis que la version de Woodstock.
Et quand enfin, le concert se termine sur une version plombée de « Choo Choo Mama », on a l’impression que quelque chose a changé dans Ten Years After. Il y a bien sûr les tensions au sein du groupe dues aux tournées incessantes. Mais il y a aussi les envies de Lee. Désireux de changer de registre, et de ne plus porter un groupe à bout de bras, il se lance dans une carrière solo.
Le premier résultat, ce sera le live « In Flight » en 1974, énorme machine de rock soul suante, puis le split de Ten Years After en 1975. Lee se lancera dans une carrière solo plus ou moins réussie, qui ne fera qu’enfoncer le guitariste dans l’anonymat, la faute au décalage de sa musique avec les temps modernes.
Pourtant, l’homme avait de bien belles choses à proposer, et quand il sait s’en donner la peine, il y a un sacré feeling. tous droits réservés
6 commentaires:
critique un peu sévère tout de même!
le parcours du TYA comporte au final assez peu de passages à vide et j'y classerai à titre personnel ce live ainsi que le dernier enregistrement du groupe "positive vibrations"
trois enregistrements majeurs:"undead" dans sa version remastérisée et complètée de l'intégralité de ce merveilleux concert avec la première et meilleure version de going home!
ensuite le 'live au fillmore" avec un groupe en pleine maturité.Ecoutez alvin sur spoonful ou il atteind des sommets de virtuosité!
enfin ce qui restera pour moi leur disque majeur "rock roll music to the world" véritable petit chef d'oeuvre de rock blues.
Alvin retrouvera au début des années 80 une certaine inspiration et surtout une énergie incroyable sur scène dont notamment une tournée avec mick taylor assez jouissive!cette période n'est malheureusement ponctuée d'aucun live officiel et il faut aller chercher du côté de quelques "bootlegs" pour la découvrir.
quelques bons albums officiels dont "in flight" "let it rock" "détroit diesel" "zoom" et "1994"
suite du commentaire:
c'est vrai qu'à sa sortie "recorded live a déçu pas mal de fans.seuls trois titres s'en sortent avec brio: slow blues in c,help me et i'cant keep from cyin.
La sortie tardive de l'excellent live au filmore a permis de comprendre la force de ce groupe à l'aube des années 70.
Il manque sans doute dans la discographie du groupe un grand live pour la période 72/73.
Quelques vidéos du concert de 75 au filmore montrent curieusement un groupe, qui ,sous la houlette d'un alvin revigoré délivre de très bonnes versions de one of these days,sweet little sixteen,choo choo moma...
il en ira de même par la suite avec la carrière solo d'alvin et la parution tardive d'un live "in vienna" en 1994 honorable mais loin des concerts incroyables qu'il a délivré entre 1980 et 1987 avec notamment l'excellent fuzzy samuels à la basse et le percutant alan young à la batterie.
pendant cette période alvin délivrait un mix de morceaux du TYA et de titres comme détroit diesel,hey joe,slow down...avec un sommet lors de la tournée avec mick taylor ou lee laiise souvent les solos majeurs à ce guitariste surdoué et aujourd(hui bien oublié.
Yan le Coadou
fan de la première heure j'écoute aujourd'hui surtout des bootlegs d'alvin.Le guitariste tourne moins fréquemment mais vaut vraiment le détour.J'aie eu la chance de le voire sur scène en 81,92,94 et 96.
Un passage récent salué par la critique à l'olympia et quelques festivals cet été dont avoine blues,patrimonio et guitares en scène à genève: les bandes disponibles de ce concert sont excellentes avec un alvin au jeu très décontracté et qui visiblement se fait plaisir avec la complicité de pete pritchard à la basse et richard newman aux drums.Le show est constitué d'un mix de vieux standars du TYA comme "love like man" "hear me calling" "rock roll music to the world" "slow blues in c" avec une vraie fraîcheur et l'éternel "going home" devient un pot pourri "boogie blues"ou lee fait étalage de toute sa science des six cordes pour le plus frand ravissement du public.
Quelques bons rocks classiques issus de "1994" et "in tenessee" qui prennent encore plus de force sur scène.
Un bon "my baby left me" d'elvis à l'instar de ses excellentes reprise de "in flight"
S'il passe un jour dans votre région allez y car l'homme est vraiment resté un grand showman très charismatique et respectueux de son public! yan le Coadou
Allez voir mon blog, il y a la Story du groupe et quelques live à récuperer.
Je pense un peu comme Budgie. Dès 73, TYA est moribond et cela s'entend sur le Live. A l'époque quand je l'ai acheté j'avais été super déçu.
Par contre écoutez le Live Fillmore 71 : celui là a de la pêche à revendre....
http://hearthemcalling2.blogspot.com/
Je me suis finalement décidé à racheter cet album lors de sa réédition en 2013, et je dois l'avouer sans regrets.Les producteurs auraient pu faire le choix du best off ou de la publication d'un concert intégral du groupe.Ils ont préféré gardé la structure du vynile d'origine et d'insérer entre les deux galettes ,des titres absents de la première édition, faute de place sans doute.Curieusement ils ont choisi une deuxième et superbe version de 'help me" enregistrée à Paris, très différente de celle d'Amsterdam.Un excellent "standing at the station" de bonnes versions de "swett little sixteen" et de "i woke up this morning".Deux longues "jams" et un inédit "time is flying" qui à mon avis montre les limites du groupe et une réelle difficulté à évoluer.En bref, mon plaisir aurait été total si en lieu et place de des ces deux jams et de cet inédit, les producteurs avaient choisi d'y insérer quelques grands absents comme "rock roll music to the world" "spoonfull" "love like a man".Le groupe joue parfaitement,en toute décontraction,la rytmique très présente diffuse un son épais,alvin lee est beaucoup plus sobre que sur le live du fillmore 71.
Les producteurs sont sans doute très malins puisqu'ils ont également réussi à me faire racheter "Positive vibrations", sans doute attiré par le CD bonus, qui comme par hasard contient quelques uns des titres absents de la réédition de "recorded live" avec un superbe "i'm going home" enregistré à Paris.Là aussi sans regrets car au fond,les années passant,je trouve cet album assez plaisant à écouter.
Il existe un album un peu oublié dans la discographie de TYA. "live at reading" enregistré lors de l'édition 1983 de ce festival est pourtant très bon.Alvin mène ses trois compères à cent à l'heure à l'instar de ses concerts en trio avec tom compton et fuzzy samuels.seuls titres absents de la setlist: help me (disponible par ailleurs mais de plus faible qualité d'enregistrement) et choo choo moma.Une bonne version de 'suzie q" très éloignée de celle de CCR avec un excellent chick churchill au synté.
Enregistrer un commentaire