mardi 22 juillet 2008

GRAND FUNK RAILROAD

GRAND FUNK RAILROAD « E Pluribus Funk » 1972
Grand Funk Railroad est un avatar américain. Pur montage d’un producteur malin, terry knight, Grand Funk va développer une formule musicale à son paroxysme. Prenez un power-trio type Cream (qui vient de casser sa pipe en novembre 1968), prenez l’énergie contestataire de la scène de Detroit (dont est également originaire Knight et Grand Funk), et pulvérisez tout cela à grands coups d’amplis surchauffés type course à l’armement, vous obtenez le groupe le plus populaire aux States en 1970-1971.
Car ce que veut avant tout le public américain en cette période de Vietnam post-désillusion hippie, c’est s’abrutir à grandes lampées de sirop de codéine sur fond d’apocalypse heavy. C’est l’âge d’or de Led Zeppelin, Black Sabbath, Deep Purple, Grand Funk Railroad, Cactus, Humble Pie et autres bombardiers soniques.
Grand Funk est le plus extrêmes dans sa démarche : jouant à la limite de la douleur auditive un heavy-blues overdosé, le groupe axe sa prestation scénique sur le défoulement. Un batteur survolté tapant comme une brute (Don Brewer), un bassiste (Mel Schacher) dont le son hautement trafiqué donne l’impression que les tweeters vont vous sauter à la gueule, et un guitariste (Mark Farner) beau gosse à la voix puissante et au jeu tout en esbroufe.
En 1972, Grand Funk a déjà sorti quatre albums studio et un live en deux ans. Or, si ces disques sont de très bonne facture, aucun ne peut prétendre au titre de chef d’œuvre. En fait, le vrai souci c’est qu’aucun n’est impeccable de bout en bout. Seul le live, gavé de l’énergie de la scène, réussi ce pari, car formant un best-of de ces disques.
Aussi, lorsqu’il faut retourner en studio, il s’agit de faire mieux que le dit live. Boosté, mais aussi lessivé, par un rythme de tournées sans relâche, le groupe se lance dans l’écriture. Il en sort ceci. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit là d’un vrai classique. Car sur « E Pluribus Funk », tout est bon. De l’excellent boogie « Footstompin’ Music » au désespéré « Loneliness », en passant par les monstrueuses bombes à fragmentation que sont « Upsetter », « Save The Land », « No Lies » ou le terrible proto heavy-funk « I Come Tumblin’ » et son pont basse-batterie à raser un immeuble de vingt étage, Grand Funk est animé de cette rage, et de la puissance de la scène qui lui manquait en studio. Pour la première fois aussi, farner prend position sur le Vietnam dans « People, Let’s Stop The War » et « Save The Land ». Le trio, qui se voulait un entertainer avant tout, devient concerné par les problèmes de la société. Cela ne lui arrivera plus par la suite.
Soli overdrivé de guitare grasse en fusion, rythmique à sa place (ici pas de pseudo-duel à la Cream), le groupe fait preuve d’une vraie unité. Du trio de bourrins originel, on entrevoit alors des jours meilleurs au niveau de la considération artistique.
Mais cela ne durera pas. Dernier album de l’ère Terry Knight, Grand Funk Railroad se sépare de son manager historique (certes escroc, mais sacrément rusé), et se renomme Grand Funk. Vont s’en suivre des disques beaucoup plus calmes avec l’ajout d’un clavier, jusqu’en 1976. Pendant ce temps-là, Farner plonge dans une religiosité qui transpirera dans tous ses textes devenus ineptes. Le groupe connaîtra un succès toujours important aux USA, mais l’intérêt musical sera bien moindre.
Aujourd’hui, Farner tourne en solo dans les gigantesques réunions chrétiennes, tandis que Schacher et Brewer maintiennent un Grand Funk grotesque, genre american band de beaufs amateurs de coca-hamburgers dans un pliant.
Alors souvenons-nous mes Frères qu’avant cette déconfiture, Grand Funk fut un des artisans du heavy wall of sound du Heavy-Metal mondial. Et que tout cela n’était pas très chrétien.
tous droits réservés

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Damu pa kmu to?.. Nano ni klase blog man?

Anonyme a dit…

j' adore ce groupe style psyche rock surtout leur live. du grand art. a+ rebeltrain