dimanche 6 avril 2008

BLACK SABBATH 1978

BLACK SABBATH « Never Say Die » 1978

“Il y a des jours où il vaut mieux rester coucher”. C’est sans aucun doute ce que dut se dire Tony Iommi en se grattant la tête, là, dans le studio, à Toronto, en 1978. Il faut dire que cette année restera gravée comme une des plus difficiles de l’existence de Black Sabbath.
Imaginez un peu : le quatuor formé de Bill Ward à la batterie, de Geezer Butler à la basse, Tony Iommi à la guitare, et Ozzy Osbourne au chant tourne depuis maintenant dix ans sans répit. Ajoutez à cela un album par an, et vous obtenez le lessivage complet des quatre musiciens.
En phase aigue d’essorage fin 1977, Ozzy quitte le groupe. Les musiciens, noyés dans des problèmes d’alcool et de came démentiels, perdent les pédales et se chamaillent. Iommi et Butler ont progressivement pris le contrôle du groupe. Iommi impose en 1976 un album ambitieux, très produit, emmenant Black Sabbath dans des territoires progressifs extrêmement audacieux. Le problème, c’est que les chansons étaient parfois faibles à la vue des albums précédents. « Technical Ecstasy » fut un four commercial, élément qui renforça Ozzy dans la certitude que le groupe se devait de revenir à un son plus rock, celui des débuts. Mais ce dernier étant incapable d’aller au bout de ses idées, préférant avaler LSD et whisky-coca, Iommi garde le contrôle, soutenu par Ward et Butler.
Ozzy épuisé, quitte donc une première fois Black Sabbath en novembre 1977. Temporairement remplacé par l’ancien Savoy Brown Dave Walker, le combo commence à composer un nouveau disque. L’ambiance, plus décontractée, permet à Iommi et Butler d’écrire librement. Une première émission de télévision, à la BBC, début 1978, révèle un nouveau titre : « Junior’s Eyes ». la chanson, à l’étrange intro de basse, installe une ambiance métallique et lointaine, faite de wah-wah et de chant grave, blues. Puis au refrain, le riff éclate, puissant, audacieux.
Assez inhabituel, le morceau interpelle. En mars 1978, Black Sabbath réserve un studio à Toronto. Entre-temps, Ozzy se manifeste. Il désire revenir au sein du groupe. Walker est donc remercié, et voici Ozzy de retour. Mais les choses ne se passent pas dans le plus grand calme. Le chanteur refuse d’enregistrer les paroles initiales, et le Sab doit réécrire les paroles complètes en moins de 48h.
Et donc, moins de 48 h plus tard, voilà nos quatre briscards en studio, dopés à mort pour tenir le choc, tenant à peine sur leurs instruments. Alors, oui, Tony se demande bien ce qu’il fait là, dans cette débâcle.
Pourtant, il en sortira un très grand disque, dénigré par les fans et le groupe lui-même. Pourtant, quelle erreur. Si « Technical Ecstasy » s’était montré faible au niveau des compositions, avec « Never Say Die », Black Sabbath a réussi son ambitieux disque progressif.
Le groupe reste néanmoins heavy-metal, le premier titre éponyme vient le rappeler, dernier tube avec Ozzy aux USA. La chanson, percutante, et efficace ouvre parfaitement les hostilités.
Mais dés « Johnny Blade », on comprend que le Sab veut aller plus loin. Le synthé de l’intro a un peu vieilli, lorsque la guitare rugit, le titre se met en place. D’ailleurs se sera le cas tout le long de ce disque. Car ici Iommi y est brillant du début jusqu’à la fin : ses soli, ses riffs sont d’une très grande originalité, inspirés, subtils.
L’autre grand de cet album, c’est Bill Ward. Si le batteur n’a jamais vraiment brillé dans les classements de batteurs par sa technique, mais plus par sa personnalité et son style lourd. Ici, il est simplement brillant. Breaks fins, roulements de toms, de double grosses caisses, et contrepoints finauds font de cet enregistrement la preuve que Ward est un immense musicien. C’est particulièrement vrai sur le titre « Shock Wave ». Titre démoniaque, attaquant dans un déluge de feu, avant de se terminer dans une apothéose mélodique et électrique démentielle.
D’ailleurs, c’est bien la mélodie et l’électricité qui dominent. Il y a notamment sur ce disque la somptueuse ballade « Air Dance ». Oscillant entre riff rageur et mélodie aérienne, avec un solo jazzy du plus bel effet, cette superbe chanson est un sommet du disque. Il y a également l’héroïque et bandé « Over To You ».
Et puis il y a cet instrumental cuivré, « Breakout », génial d’audace et d’inventivité, sur lequel Butler jettera pourtant son fiel trente ans plus tard. Enfin, il y a « Swingin The Chain », un boogie-blues chanté par Ward, qui finit également dans les cuivres furieux. La voix du batteur, fragile et à peine juste, rend ce titre prolétaire et crasseux à souhait.
D’ailleurs, puisque l’on parle de boogie, l’ombre de Walker règne constamment sur ce disque. L’homme a dû en effet apporter son savoir-faire de chez Savoy Brown et Fleetwood Mac en matière de blues-rock. Il fut à mon avis une source d’inspiration pour Iommi, au point mort à l’époque.
Qu’importe, la tournée qui suit est un triomphe, mais Ozzy refait des siennes : il loupe plusieurs concerts, et ses frasques fatiguent les autres, déjà bien carbonisés. Pour couronner le tout, le groupe doit faire face à la concurrence rude de Van Halen en première partie, alors débutant.Finalement, Black Sabbath achève sa tournée fêtant les dix ans du groupe. Afin d’apaiser les esprits, Iommi propose à Osbourne de co-produire le prochain album. Complètement à la ramasse, Ozzy ne répondra jamais. Il est viré en septembre 1979 pour être remplacé par Ronnie James Dio. La suite donnera raison à Iommi, et Ozzy se vengera en solo. Pourtant, malgré tout, l’âme du sabbat noir restera son guitariste et son bassiste.
Pour commencer, voici un extrait live de 1978 de la chanson "Dirty Women" de l'album 'Technical Ecstasy", histoire de vous donner une idée du Black Sabbath progressif. http://www.youtube.com/watch?v=x5Ly70JJVv4
Et pour la bonne bouche, voici "Never Say Die" à ce même concert :
http://www.youtube.com/watch?v=SXAoNi4TXsg&feature=related
tous droits réservés

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je ne suis pas un fan inconditionnel de black sabbath mais j'apprecie beaucoup la periode avec ronnie james dio !!!