"Un
autre pionnier du mouvement et l'un
des plus sous-estimés est sans doute Witchfynde."
Au
sein des pionniers
électriques, il convient
d’abord d’évoquer un premier groupe que l’on évoque parfois
comme étant un groupe de la NWOBHM à part entière, bien que les
dates ne collent guère : Dirty Tricks. Ce quatuor fondé en
1974 sort son premier disque en 1975, et développe un Heavy-Metal
zeppelinien de première catégorie, qui va se durcir jusqu’à
l’ultime effort, Hit And Run
en 1977. Ce
troisième album voit les tempi s’accélérer, et se rapproche de
Judas Priest à la même époque. L’autre argument plaidant pour
les qualifier à ce nouveau Heavy-Metal est le fait que plusieurs de
ses musiciens rejoindront des groupes de la NWOBHM : le bassiste
Terry Horbury dans Vardis, le batteur Andy Bierne dans Grand Prix, et
le guitariste Johnny Fraser-Binnie dans Rogue Male. Les quatre
musiciens resteront très liés et formeront dans les années 2000
l’un des meilleurs tribute-band de Grande-Bretagne à Led
Zeppelin : Stairway To Zeppelin.
Un
autre pionnier du mouvement et l'un
des plus sous-estimés est sans doute Witchfynde. Véritable vétéran,
on retrouve des traces d'enregistrements discographiques
en 1975, les bandes ayant été récemment publiées. Mais ce n'est
qu'à partir de 1979 que Witchfynde devient une machine à broyer de
l'os. Le son de guitare de Montalo se fait plus tranchant, plus
lugubre, s'éloignant du psychédélisme rampant d'un Tony Iommi de
Black Sabbath. C'est un château hanté que nous fait visiter
Witchfynde au cours de ses quatre premiers albums entre 1980 et 1984.
Give'Em Hell, le
premier, est assurément un sacré obus au gaz moutarde, asphyxiant
l'auditeur imprudent par son atmosphère lourde.
Puisque
j’évoquais Dirty Tricks et son bassiste Terry Horbury, parlons de
son second groupe : Vardis. Trio fondé par l’extravagant
guitariste-chanteur Steve Zodiac, sorte de sosie musculeux de Johnny
Winter, Vardis pratique un Hard-Blues ultravitaminé, sorte de Status
Quo sous amphétamines. Le premier album de 1980 est un disque live :
100 MPH. C’est un
excellent LP, puissant et efficace. Vardis publiera trois autres
albums studio avant de disparaître dans l’indifférence générale.
Depuis Steve Zodiac a réanimé son trio.
Diamond
Head est formé fin 1976 par
le guitariste Brian Tatler et le chanteur Sean Harris. Dès 1977, les
deux musiciens stabilise leur formation et composent leurs propres
morceaux. Il publie en 1980
un premier album dantesque, auto-produit, le White Album, qui fera
date en étant repris par
Metallica à raison de six titres sur sept. Les simples sont autant
d'ajouts indispensables, véritables comètes émises par un Led
Zeppelin possédé, sous speed : « It's Electric »,
« The Prince », « Helpless », « Streets
Of Gold »… Par la
suite, le quatuor va évoluer vers un Hard-Rock plus fin mais
toujours doté de beaucoup de personnalité.
Samson,
quartet précurseur fondé par le guitariste Paul Samson, publie son
premier disque dès 1979. Mais c'est avec l'arrivée du chanteur
Bruce Dickinson, surnommé ridiculement Bruce Bruce, que Samson va
être propulsé dans la stratosphère avec l'album Head On.
Et contrairement aux mauvaises langues, Samson survivra au départ de
Dickinson avec l'arrivée du massif chanteur Nicky
Moore et d'un batteur moins spectaculaire mais plus carré :
Pete Jupp. Ce dernier remplaçait le volubile Barry Thunderstick
Purkis, le batteur cagoulé des débuts. L'album de 1982, Before
The Storm est un brûlot de
Heavy-Blues puissant qui possède la fureur et
le sens de la mélodie de
Slide It In de
Whitesnake.
Tygers
Of Pan-Tang fait son apparition sur la scène dès 1978, et est un
authentique pionnier de la NWOBHM aux côtés de Samson et Iron
Maiden. Il va publier son premier album, Wild Cat,
dès 1980 sur la major MCA, qui tente de contrer EMI avec Iron
Maiden. Ce premier album est rugeux à souhait, notamment grâce aux
riffs bluesy de Robb Weir et à la voix râpeuse de Jess Cox. Le
quatuor devient quintet avec l'arrivée du prodige de la guitare John
Sykes, puis par le remplacement au chant de Cox par Jon Deverill. Les
Tygers Of Pan-Tang se mutent en véritable machine de guerre, avec
deux disques impeccables en 1981, Spellbound
puis le plus massif Crazy Nights.
Les Tygers sont alors un alliage entre Iron Maiden et Thin Lizzy, une
musique enflammée et précise, qui fait des ravages sur scène,
comme le prouvera le Live At Nottingham Rock City.
Le groupe est malheureusement trahi par Sykes qui se sauve rejoindre
Thin Lizzy. Ils prennent alors une tournure largement plus mélodique,
et la formation finit par s'autodétruire après plusieurs
soubresauts de piètre qualité.
1980
voit aussi quelques comètes merveilleuses et rares : d'abord
Angel Witch, influence majeure de Megadeth, qui délivre un
Heavy-Metal précis et scintillant comme la lame d'un rasoir. Le
premier disque éponyme est une pure réussite, mais le succès
commercial n'est pas là, et le trio finira par se séparer avant de
revenir régulièrement au cours des trente prochaines années sans
atteindre le même niveau.
Ce début de NWOBHM donne
naissance à plusieurs outsiders de tout premier niveau que
l’Histoire a malheureusement oublié. Le premier que je tenais à
évoquer est Gaskin. Trio fondé par le guitariste chanteur Paul
Gaskin, il équarit un Heavy-Metal fusionnant Black Sabbath, Led
Zeppelin et Motorhead. Le chant de Paul Gaskin est assez surprenant,
doux et vaporeux, contrebalançant avec la puissance de sa musique.
Deux excellents albums, End Of The World
en 1980 et le sous-estimé No Way Out
en 1981, sont publiés avant que Gaskin ne disparaisse corps et âme.
Gaskin reforme sporadiquement son groupe depuis 2000, sans grand
succès.
Le
second est Sledgehammer. Ce
trio fondé par le guitariste-chanteur Mike Cooke va publier
l'authentique premier méfait NWOBHM avec le morceau éponyme
« Sledgehammer » dès 1979. Metallica les ressortira de
l'oubli sur sa compilation hommage au mouvement en 1990. Comme pour
beaucoup de formations, Sledgehammer survit avec ses concerts et ses
simples auto-produits.
Autre pépite oubliée : « Fantasia ». C'est un
authentique miracle électrique, obsédant. On retrouvera le trio
avec son premier et unique album, le très sous-estimé Blood
On Their Hands en 1983. Le son
est moins sauvage que sur les simples, mais les compositions
conservent toute l'ambiance malsaine, et ses riffs de Fender
Stratocaster acides et entêtants.
Enfin,
comment ne pas évoquer le destin maudit de
Trespass. Auparavant nommé
Illusion et formé en 1976, ces
fabuleux guerriers du Heavy-Metal mélodique trouveront la lumière
dès 1979 avec le simple auto-produit « One Of These Days »,
vanté par Metallica. Il semble connaître la lumière en étant la
vedette, comme Iron Maiden sur le premier volume, du second volume
compilation Metal For Muthas.
Mais il n'y aura pas de second miracle. Trespass sera condamné à
errer, cherchant à percer en vain. Trespass compose, enregistre, et
publie parfois quelques simples, sans réel succès. L'ensemble de
cette matière composera les compilations The Works
puis une anthologie chez Sanctuary, devenue introuvable et très
recherchée. Le guitariste leader Mark Sutcliffe formera Mendes Prey
sans plus de succès, puis le noyau dur de Trespass, les frères
Sutcliffe, Mark à la
guitare-chant et Paul à la batterie,
et le guitariste Dave Crawte, forment le très commercial et
Glam-Metal Blue Blud, sans grand prestige. Depuis,
Trespass est revenu à la vie, et a publié son premier album composé
de morceaux des années 1979-1981, et capté en 2015. Les
morceaux, joués et peaufinés depuis trente ans, sont interprétés
sans fioritures et avec un brio ahurissant, faisant de cet album un
disque indispensable.
(à suivre)
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