vendredi 20 décembre 2019

La New Wave Of British Heavy-Metal (NWOBHM) Part 2


"Un autre pionnier du mouvement et l'un des plus sous-estimés est sans doute Witchfynde."



Au sein des pionniers électriques, il convient d’abord d’évoquer un premier groupe que l’on évoque parfois comme étant un groupe de la NWOBHM à part entière, bien que les dates ne collent guère : Dirty Tricks. Ce quatuor fondé en 1974 sort son premier disque en 1975, et développe un Heavy-Metal zeppelinien de première catégorie, qui va se durcir jusqu’à l’ultime effort, Hit And Run en 1977. Ce troisième album voit les tempi s’accélérer, et se rapproche de Judas Priest à la même époque. L’autre argument plaidant pour les qualifier à ce nouveau Heavy-Metal est le fait que plusieurs de ses musiciens rejoindront des groupes de la NWOBHM : le bassiste Terry Horbury dans Vardis, le batteur Andy Bierne dans Grand Prix, et le guitariste Johnny Fraser-Binnie dans Rogue Male. Les quatre musiciens resteront très liés et formeront dans les années 2000 l’un des meilleurs tribute-band de Grande-Bretagne à Led Zeppelin : Stairway To Zeppelin.


Un autre pionnier du mouvement et l'un des plus sous-estimés est sans doute Witchfynde. Véritable vétéran, on retrouve des traces d'enregistrements discographiques en 1975, les bandes ayant été récemment publiées. Mais ce n'est qu'à partir de 1979 que Witchfynde devient une machine à broyer de l'os. Le son de guitare de Montalo se fait plus tranchant, plus lugubre, s'éloignant du psychédélisme rampant d'un Tony Iommi de Black Sabbath. C'est un château hanté que nous fait visiter Witchfynde au cours de ses quatre premiers albums entre 1980 et 1984. Give'Em Hell, le premier, est assurément un sacré obus au gaz moutarde, asphyxiant l'auditeur imprudent par son atmosphère lourde.


Puisque j’évoquais Dirty Tricks et son bassiste Terry Horbury, parlons de son second groupe : Vardis. Trio fondé par l’extravagant guitariste-chanteur Steve Zodiac, sorte de sosie musculeux de Johnny Winter, Vardis pratique un Hard-Blues ultravitaminé, sorte de Status Quo sous amphétamines. Le premier album de 1980 est un disque live : 100 MPH. C’est un excellent LP, puissant et efficace. Vardis publiera trois autres albums studio avant de disparaître dans l’indifférence générale. Depuis Steve Zodiac a réanimé son trio.


Diamond Head est formé fin 1976 par le guitariste Brian Tatler et le chanteur Sean Harris. Dès 1977, les deux musiciens stabilise leur formation et composent leurs propres morceaux. Il publie en 1980 un premier album dantesque, auto-produit, le White Album, qui fera date en étant repris par Metallica à raison de six titres sur sept. Les simples sont autant d'ajouts indispensables, véritables comètes émises par un Led Zeppelin possédé, sous speed : « It's Electric », « The Prince », « Helpless », « Streets Of Gold »… Par la suite, le quatuor va évoluer vers un Hard-Rock plus fin mais toujours doté de beaucoup de personnalité.


Samson, quartet précurseur fondé par le guitariste Paul Samson, publie son premier disque dès 1979. Mais c'est avec l'arrivée du chanteur Bruce Dickinson, surnommé ridiculement Bruce Bruce, que Samson va être propulsé dans la stratosphère avec l'album Head On. Et contrairement aux mauvaises langues, Samson survivra au départ de Dickinson avec l'arrivée du massif chanteur Nicky Moore et d'un batteur moins spectaculaire mais plus carré : Pete Jupp. Ce dernier remplaçait le volubile Barry Thunderstick Purkis, le batteur cagoulé des débuts. L'album de 1982, Before The Storm est un brûlot de Heavy-Blues puissant qui possède la fureur et le sens de la mélodie de Slide It In de Whitesnake.


Tygers Of Pan-Tang fait son apparition sur la scène dès 1978, et est un authentique pionnier de la NWOBHM aux côtés de Samson et Iron Maiden. Il va publier son premier album, Wild Cat, dès 1980 sur la major MCA, qui tente de contrer EMI avec Iron Maiden. Ce premier album est rugeux à souhait, notamment grâce aux riffs bluesy de Robb Weir et à la voix râpeuse de Jess Cox. Le quatuor devient quintet avec l'arrivée du prodige de la guitare John Sykes, puis par le remplacement au chant de Cox par Jon Deverill. Les Tygers Of Pan-Tang se mutent en véritable machine de guerre, avec deux disques impeccables en 1981, Spellbound puis le plus massif Crazy Nights. Les Tygers sont alors un alliage entre Iron Maiden et Thin Lizzy, une musique enflammée et précise, qui fait des ravages sur scène, comme le prouvera le Live At Nottingham Rock City. Le groupe est malheureusement trahi par Sykes qui se sauve rejoindre Thin Lizzy. Ils prennent alors une tournure largement plus mélodique, et la formation finit par s'autodétruire après plusieurs soubresauts de piètre qualité.


1980 voit aussi quelques comètes merveilleuses et rares : d'abord Angel Witch, influence majeure de Megadeth, qui délivre un Heavy-Metal précis et scintillant comme la lame d'un rasoir. Le premier disque éponyme est une pure réussite, mais le succès commercial n'est pas là, et le trio finira par se séparer avant de revenir régulièrement au cours des trente prochaines années sans atteindre le même niveau.


Ce début de NWOBHM donne naissance à plusieurs outsiders de tout premier niveau que l’Histoire a malheureusement oublié. Le premier que je tenais à évoquer est Gaskin. Trio fondé par le guitariste chanteur Paul Gaskin, il équarit un Heavy-Metal fusionnant Black Sabbath, Led Zeppelin et Motorhead. Le chant de Paul Gaskin est assez surprenant, doux et vaporeux, contrebalançant avec la puissance de sa musique. Deux excellents albums, End Of The World en 1980 et le sous-estimé No Way Out en 1981, sont publiés avant que Gaskin ne disparaisse corps et âme. Gaskin reforme sporadiquement son groupe depuis 2000, sans grand succès.


Le second est Sledgehammer. Ce trio fondé par le guitariste-chanteur Mike Cooke va publier l'authentique premier méfait NWOBHM avec le morceau éponyme « Sledgehammer » dès 1979. Metallica les ressortira de l'oubli sur sa compilation hommage au mouvement en 1990. Comme pour beaucoup de formations, Sledgehammer survit avec ses concerts et ses simples auto-produits. Autre pépite oubliée : « Fantasia ». C'est un authentique miracle électrique, obsédant. On retrouvera le trio avec son premier et unique album, le très sous-estimé Blood On Their Hands en 1983. Le son est moins sauvage que sur les simples, mais les compositions conservent toute l'ambiance malsaine, et ses riffs de Fender Stratocaster acides et entêtants.


Enfin, comment ne pas évoquer le destin maudit de Trespass. Auparavant nommé Illusion et formé en 1976, ces fabuleux guerriers du Heavy-Metal mélodique trouveront la lumière dès 1979 avec le simple auto-produit « One Of These Days », vanté par Metallica. Il semble connaître la lumière en étant la vedette, comme Iron Maiden sur le premier volume, du second volume compilation Metal For Muthas. Mais il n'y aura pas de second miracle. Trespass sera condamné à errer, cherchant à percer en vain. Trespass compose, enregistre, et publie parfois quelques simples, sans réel succès. L'ensemble de cette matière composera les compilations The Works puis une anthologie chez Sanctuary, devenue introuvable et très recherchée. Le guitariste leader Mark Sutcliffe formera Mendes Prey sans plus de succès, puis le noyau dur de Trespass, les frères Sutcliffe, Mark à la guitare-chant et Paul à la batterie, et le guitariste Dave Crawte, forment le très commercial et Glam-Metal Blue Blud, sans grand prestige. Depuis, Trespass est revenu à la vie, et a publié son premier album composé de morceaux des années 1979-1981, et capté en 2015. Les morceaux, joués et peaufinés depuis trente ans, sont interprétés sans fioritures et avec un brio ahurissant, faisant de cet album un disque indispensable.


(à suivre)




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