
"Et sur ce terrain, Blackfoot était une bête. Il était littéralement le Led Zeppelin du Hard-Blues sudiste."
BLACKFOOT : « Live In Atlanta » live 1981
Avec un ami, nous regardions sur un site des vidéos des vieux clips. Lors de ces soirées, nous nous remémorons les années 80 et 90, et cherchons les clips promotionnels les plus ringards des plus grands groupes. Ainsi, certaines institutions du Rock (toutes ?) se sont souvent fourvoyées dans des films aux scénarii et à la qualité cinématographique d’une confondante nullité, le tout servant bien souvent une musique également proche du trou noir créatif. On peut ainsi citer Deep Purple période 1987-1993, Saxon après 1983, Judas Priest après 1982, et tant d’autres qui se sont ramassés sur ces années MTV promptes aux pires débauches de clichés.
BLACKFOOT : « Live In Atlanta » live 1981
Avec un ami, nous regardions sur un site des vidéos des vieux clips. Lors de ces soirées, nous nous remémorons les années 80 et 90, et cherchons les clips promotionnels les plus ringards des plus grands groupes. Ainsi, certaines institutions du Rock (toutes ?) se sont souvent fourvoyées dans des films aux scénarii et à la qualité cinématographique d’une confondante nullité, le tout servant bien souvent une musique également proche du trou noir créatif. On peut ainsi citer Deep Purple période 1987-1993, Saxon après 1983, Judas Priest après 1982, et tant d’autres qui se sont ramassés sur ces années MTV promptes aux pires débauches de clichés.


A



Alors les valeureux combattants du Hard-Blues, ils n’en reste guère. On est dans le vent de l’époque, genre synthés et permanentes ou New-Wave gothique, ou on est carrément Métal, comme Iron Maiden, Saxon ou les futurs Metallica, Slayer ou Metal Church.

Cette petite soirée finit par me donner envie de faire écouter un petit bijou à mon ami. C’est un live enregistré par une radio américaine d’Atlanta en 1981. Blackfoot est alors en pleine tournée promotionnelle de l’album « Tomcattin’ », paru l’année précédente. Le groupe a définitivement assis son style depuis « Strikes », paru en 1979, c’est-à-dire un Hard-Rock gorgé de Blues et de Soul. Blackfoot fut rattaché au mouvement sudiste, ce qu’il revendiqua pour deux raisons : la première est qu’ils sont de Jacksonville comme Lynyrd Skynyrd et que Ricky Medlocke en fut le batteur en 1970. La seconde est qu’en 1979, seuls les groupes sudistes continuaient à perpétuer ce mélange de Rock dur et de Blues, à l’instar des Outlaws, de Molly Hatchet, Point Blank ou Doc Holliday. Mais Blackfoot était le plus redoutable.


Ce live en est la preuve éclatante. Bien sûr, il y eut le live officiel, ce « Highway Song Live » enregistré à l’Hammersmith Odeon à Londres. Pourtant, bien qu’excellent, il lui manque les tripes ce celui-ci.

Surtout, il est capté par une radio FM locale, ce qui décuple encore son impact live, et donc, galvanise les boys qui donnent tout.

Atlanta, c’est la Géorgie, le pays de James Brown. Blackfoot vient faire démonstration de sa puissance en terre Soul.

La pression ne redescend pas avec « Every Man Should Know (Queenie) ». Cette hard-song sortie de “Marauder” déboule derrière un petit boogie improvisé. Les riffs sont implacables, Blackfoot est dangereux.

Il ne s’agissait pourtant que d’une brève accalmie avant un nouveau déluge sonique magistrale. D’abord, il y a le heavy et poisseux « Fox Chase », imbriquant sa rythmique lourde avant de voir galoper de grands chevaux sauvages sur « Too Hard To Handle ». Ce dernier est un titre stylé « good booze and bad wimmen », machiste et fier. Pourtant, ce titre reste pour moi l’un des plus implacables que Blackfoot ait produit.

« Train Train » suit ce torrent de colère. J’adore cette chanson, entre Blues et boogie. Vrai road-song, elle fait définitivement partie des classiques du genre. La particularité ici est que Shorty Medlocke, le grand-père de Ricky, qui assure l’introduction du titre en studio, vient ici jouer en live. Moment émouvant donc, qui n’altère en rien la puissance de l’interprétation. Ricky Medlocke fait étalage de ses talents de slide-guitariste, chose aujourd’hui rare dans Lynyrd Skynyrd.

« Highway Song », longue pièce héroïque typique du genre sudiste, vient clore de superbe manière ce superbe concert. Hargrett et Medlocke se répondent à l’infini sur une rythmique brûlante, galopant que des pur-sangs.
Le public d’Atlanta a droit à un petit rappel hurlant : « Rattlesnake Rocker », qui laisse le silence encore empli d’électricité.
A l’écoute de ce live décisif, Blackfoot ne pouvait que réussir. Il se battra encore un an de plus. Il en sera autrement à partir de 1983, le management la pression sur le groupe afin qu’il décroche un vrai hit. Et à l’époque de Genesis, Bon Jovi et Motley Crue, cela ne pouvait donner qu’une compromission sans âme. Blackfoot se dissolvera dans l’amertume. Et pour les vrais fans qui savent, ils restent ces concerts fabuleux qui rendent tout le blues-rock et le rock sudiste actuel bien pâle et aseptisé.

Et parce que je suis bon avec vous, voici Blackfoot interprétant "Train Train" en concert en 1981 :
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