"Il me fallut tomber sur cet album pour revoir définitivement mon jugement. "
THE OUTLAWS : « Bring It Back Alive » 1978
J’aime le Blues, la Soul, le Rock heavy, et le côté cradingue de toute cette musique. Mais je m’aime pas trop le Rock Sudiste. J’ai toujours eu du mal. Question d’image, de réputation. Par exemple, je n’ai jamais trouvé Lynyrd Skynyrd génial. J’ai toujours préféré les outsiders, les Blackfoot, Point Blank ou ZZ Top.
Et puis il y avait tout ce cirque sudiste, cow-boy, Harley-Davidson, redneck quoi. Cela gâcha souvent mon appréciation de cette musique, car j’aime retrouver dans la musique une attitude qui soit digne du Rock rebelle , libre et ambitieux. Alors j’ai toujours préféré les Who, Led Zeppelin ou Deep Purple.
Et puis ces histoires de trois guitaristes, je trouvais cela ridicule au possible. D’abord parce que si l’on prend le cas de Skynyrd, je ne les trouvais pas bien méchant au niveau sonique. Alors ils pouvaient bien picoler, baiser et se bastonner comme des taureaux en rut, cela ne changeait guère mon avis sur la question. Je trouvais un Ritchie Blackmore mille fois plus dangereux et menaçant que ces blaireaux à Stetson.
Il me fallut tomber sur cet album pour revoir définitivement mon jugement. Pour moi, The Outlaws est le plus grand groupe de Rock dit sudiste, si cela a vraiment un sens. Ils sont en tout cas les dignes héritiers des Allman Brothers, qui surent extirper du riche patrimoine musical du Sud des USA le meilleur de la Soul, du Blues et du Rock’n’Roll. Le tout fusionner avec une bonne dose de psychédélisme et de heavy-rock. Les Outlaws aussi ont trois guitares, mais eux savent s’en servir.
A vrai dire, ce que j’aime dans ce type de musique, c’est les superbes enluminures de guitares qui vous font traverser les USA sauvages à fond dans une Chevrolet Camaro. Les Outlaws sont des orfèvres pour cela.
Tout commence en 1972. Le groupe fut fondé à Tampa en Floride par le guitariste chanteur Hughie Thomasson. Il s’agissait alors d’un quintet de country-rock. Il est rejoint par Henry Paul et Billy Jones aux guitares et chant, Frank O’Keefe à la basse et Monte Yoho à la batterie. Le premier album, paru en 1975, obtiendra un disque d’or en 1977. En attendant, le quintet joue en première partie des plus grands, de Skynyrd à ZZ Top en passant par 38 Special, Aerosmith ou Ted Nugent.
A ce stade, le groupe est dans la lignée de Lynyrd Skynyrd : un groupe à trois guitares, grosses tignasses, moustaches et stetson. Le son des guitares est plutôt laid-back blues, comme le Allman Brothers Band, et Skynyrd du coup, et puis il y a ces mélodies très américaines, entre country et soul. Pourtant, les Outlaws ont deux atouts majeurs : un talent d’écriture supérieur et un don pour l’improvisation électrique et concise redoutable.
Et c’est toute cette saveur que l’on retrouve sur ce live enregistré sur la tournée américaine « Hurry Sundown » de 1977. D’abord, il y a dés la première note une cohésion incroyable. Les guitares sont précises, plutôt claires, mais tranchantes. On se laisse d’entrée bercer par le simplissime mais vicieux « Stick Around For Rock’N’Roll ». Ce qui frappe, c’est la limpidité des mélodies. Loin, très loin des canons du Hard-Rock auxquels ils n’appartiennent assurément pas, ils savent trouver l’accroche magique, le petit déclic qui vous fait taper du pied et chantonner la ligne mélodique. Et puis il y a ces entrelacs de guitares brûlantes, il y a cette folie contenue, cette harmonie, cet amour de la musique. Ils se rapprochent alors d’un Wishbone Ash, et les similitudes sont nombreuses : la fraîcheur de la voix, des chansons, la cohésion, et ces guitares pas prétentieuses pour un sou, mais au combien émotionnelles. Et on les retrouve sur tous les titres, de « Lover Boy » à « Freeborn Man », en passant par le superbe et humaniste « Prisoner ».
Et puis évidemment, il y a ces hésitations entre morceaux courts et concis et longues improvisations épiques. 1969 est loin, aussi la cohésion a gagné du terrain. Mais lorsque l’on termine son album live par une version de presque 21 minutes de « Green Grass And High Tides », on a pas oublié d’où l’on vient. Et le fait est que les Outlaws sont brillants sur les deux aspects. C’est ce que je trouve absolument magnifique sur ce disque fier et généreux.
Le plus bel exemple, c’est cette superbe version de « Song For You ». Lorsque j’étais gamin, mon premier émoi amoureux s’appelait Heather Thomas. Elle était la jolie blonde aux côtés de Colt Seavers dans « L’Homme Qui Tombe A Pic ». Je me souviens de son bikini, de son petit short rose, de ses jeans trop moulés/moulants, et de ses yeux bleus magnifiques. Je me souviens de groupes country pourris qui faisaient la bande son lorsque Colt Seavers se payait une petite bière peinard dans un bar. Et je me disais, que, si Heather avait été là, elle aurait peut-être lâché une larme sur « Song For You ». Et puis devant le talent des Outlaws. J’aurais tenu la Stratocaster de Thomasson, mais j’avais cinq ans. J’ai longtemps cherché dans la ru une fille aussi jolie, aussi semblable que Heather Thomas dans les rues de Lons-Le-Saunier, dans le Jura. Mais je n’ai jamais trouvé.
Aujourd’hui, il est mort, Heather Thomas s’est fait refaire de tous les bouts, a eu les jambes broyées dans un accident de voiture, et moi j’ai trente ans. Putain j’ai les boules. « Cold And Lonesome » ?
tous droits réservésJ’aime le Blues, la Soul, le Rock heavy, et le côté cradingue de toute cette musique. Mais je m’aime pas trop le Rock Sudiste. J’ai toujours eu du mal. Question d’image, de réputation. Par exemple, je n’ai jamais trouvé Lynyrd Skynyrd génial. J’ai toujours préféré les outsiders, les Blackfoot, Point Blank ou ZZ Top.
Et puis il y avait tout ce cirque sudiste, cow-boy, Harley-Davidson, redneck quoi. Cela gâcha souvent mon appréciation de cette musique, car j’aime retrouver dans la musique une attitude qui soit digne du Rock rebelle , libre et ambitieux. Alors j’ai toujours préféré les Who, Led Zeppelin ou Deep Purple.
Et puis ces histoires de trois guitaristes, je trouvais cela ridicule au possible. D’abord parce que si l’on prend le cas de Skynyrd, je ne les trouvais pas bien méchant au niveau sonique. Alors ils pouvaient bien picoler, baiser et se bastonner comme des taureaux en rut, cela ne changeait guère mon avis sur la question. Je trouvais un Ritchie Blackmore mille fois plus dangereux et menaçant que ces blaireaux à Stetson.
Il me fallut tomber sur cet album pour revoir définitivement mon jugement. Pour moi, The Outlaws est le plus grand groupe de Rock dit sudiste, si cela a vraiment un sens. Ils sont en tout cas les dignes héritiers des Allman Brothers, qui surent extirper du riche patrimoine musical du Sud des USA le meilleur de la Soul, du Blues et du Rock’n’Roll. Le tout fusionner avec une bonne dose de psychédélisme et de heavy-rock. Les Outlaws aussi ont trois guitares, mais eux savent s’en servir.
A vrai dire, ce que j’aime dans ce type de musique, c’est les superbes enluminures de guitares qui vous font traverser les USA sauvages à fond dans une Chevrolet Camaro. Les Outlaws sont des orfèvres pour cela.
Tout commence en 1972. Le groupe fut fondé à Tampa en Floride par le guitariste chanteur Hughie Thomasson. Il s’agissait alors d’un quintet de country-rock. Il est rejoint par Henry Paul et Billy Jones aux guitares et chant, Frank O’Keefe à la basse et Monte Yoho à la batterie. Le premier album, paru en 1975, obtiendra un disque d’or en 1977. En attendant, le quintet joue en première partie des plus grands, de Skynyrd à ZZ Top en passant par 38 Special, Aerosmith ou Ted Nugent.
A ce stade, le groupe est dans la lignée de Lynyrd Skynyrd : un groupe à trois guitares, grosses tignasses, moustaches et stetson. Le son des guitares est plutôt laid-back blues, comme le Allman Brothers Band, et Skynyrd du coup, et puis il y a ces mélodies très américaines, entre country et soul. Pourtant, les Outlaws ont deux atouts majeurs : un talent d’écriture supérieur et un don pour l’improvisation électrique et concise redoutable.
Et c’est toute cette saveur que l’on retrouve sur ce live enregistré sur la tournée américaine « Hurry Sundown » de 1977. D’abord, il y a dés la première note une cohésion incroyable. Les guitares sont précises, plutôt claires, mais tranchantes. On se laisse d’entrée bercer par le simplissime mais vicieux « Stick Around For Rock’N’Roll ». Ce qui frappe, c’est la limpidité des mélodies. Loin, très loin des canons du Hard-Rock auxquels ils n’appartiennent assurément pas, ils savent trouver l’accroche magique, le petit déclic qui vous fait taper du pied et chantonner la ligne mélodique. Et puis il y a ces entrelacs de guitares brûlantes, il y a cette folie contenue, cette harmonie, cet amour de la musique. Ils se rapprochent alors d’un Wishbone Ash, et les similitudes sont nombreuses : la fraîcheur de la voix, des chansons, la cohésion, et ces guitares pas prétentieuses pour un sou, mais au combien émotionnelles. Et on les retrouve sur tous les titres, de « Lover Boy » à « Freeborn Man », en passant par le superbe et humaniste « Prisoner ».
Et puis évidemment, il y a ces hésitations entre morceaux courts et concis et longues improvisations épiques. 1969 est loin, aussi la cohésion a gagné du terrain. Mais lorsque l’on termine son album live par une version de presque 21 minutes de « Green Grass And High Tides », on a pas oublié d’où l’on vient. Et le fait est que les Outlaws sont brillants sur les deux aspects. C’est ce que je trouve absolument magnifique sur ce disque fier et généreux.
Le plus bel exemple, c’est cette superbe version de « Song For You ». Lorsque j’étais gamin, mon premier émoi amoureux s’appelait Heather Thomas. Elle était la jolie blonde aux côtés de Colt Seavers dans « L’Homme Qui Tombe A Pic ». Je me souviens de son bikini, de son petit short rose, de ses jeans trop moulés/moulants, et de ses yeux bleus magnifiques. Je me souviens de groupes country pourris qui faisaient la bande son lorsque Colt Seavers se payait une petite bière peinard dans un bar. Et je me disais, que, si Heather avait été là, elle aurait peut-être lâché une larme sur « Song For You ». Et puis devant le talent des Outlaws. J’aurais tenu la Stratocaster de Thomasson, mais j’avais cinq ans. J’ai longtemps cherché dans la ru une fille aussi jolie, aussi semblable que Heather Thomas dans les rues de Lons-Le-Saunier, dans le Jura. Mais je n’ai jamais trouvé.
Aujourd’hui, il est mort, Heather Thomas s’est fait refaire de tous les bouts, a eu les jambes broyées dans un accident de voiture, et moi j’ai trente ans. Putain j’ai les boules. « Cold And Lonesome » ?
5 commentaires:
:)
j adore ce groupe, et oui ces guitaristes ne sont pas des brankes, pour moi ce live est l' album des outlaws qu' il faut absolument posseder pour tout fan de rock sudiste comme moi qui se respecte !!! rip hughie !!!a+
Merci à toi cher Anonyme pour ton commentaire très complet.
A+
Bravo, comme toujours, pour cet article sur les Outlaws mais je vous trouve bien sévère avec Lynyrd Skynyrd qu'on a le droit de ne pas aimer, il va de soi.On passe souvent à côté de certains groupes pour de mauvaises raisons. Donnez leur une seconde chance car la violence sourde chez Lynyrd est bien réelle et la tension de certains titres, même les ballades, me fait davantage vibrer que les solos de Blackmore !
Amicalement blues
Alex6
Oui, merci pour cet article.
Il est à noter que su Skynyrd c'était forgé au fil des tournées une solide réputation de poivrots alcoolos bagarros (certaines anecdotes de la fin des années 70 n'étaient pas tristes), Outlaws est toujours resté "sage". Un peu à l'image de leurs voix d'anges.
Ce groupe et toujours resté dans l'ombre de Skynyrd. Et pourtant... les duels et harmonies de guitare entre la strat de Thomasson et la les paul de Jones c'était tout simplement extraordinaire ! Stetsons ou pas.
Des morceaux comme "green grass and high tides" (1er album) et "stick around for rock'n'roll" (lady in waiting) font parti de l'histoire de rock, au même titre qu'un certain free bird.
p.s. Plein de bonnes choses sur ce blog, je me régale ! Merci !
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