"L’incantation diabolique résonne encore au loin, se dissipant dans les cendres encore fumantes de l’autel. "
THE GUN CLUB : « Fire Of Love » 1981
Allergique aux titres de plus de trois minutes, le Punk a souvent rejeté le Blues. Assimilé à ces longues jams de guitare de 10 minutes, aux rythmes lents et lourdaux, fruit des clichés véhiculés par les dinosaures du Rock des années 70, de Led Zeppelin aux Rolling Stones, Eric Clapton, et en fait la plupart des musiciens issus du British Blues Boom de la fin des années 60.
Alors le Punk-Rock, symbole d’urgence et de révolte, reflet de la colère des jeunes blancs des banlieues-dortoirs, préfère les riffs de guitare simples et plombés aux prétendues lamentations de ces vieux noirs dans leurs champs de coton.
C’était se méprendre sur le Blues, et l’étendue de sa richesse musicale. Et un seul groupe le comprit : The Gun Club.
Influencé par les groupes Punk New-Yorkais, Television et Talking Heads en premiers, mais aussi par le Blues tribal de Screaming Jay Hawkins et Doctor John, ainsi que par Robert Johnson, la musique de Gun Club se révélera être l’une des plus intéressantes mixtures musicales du début des années 80.
Comprenant que le Blues contient également des chansons de trois minutes, des riffs simples, et des textes sombres reflet d’une misère somme toute universelle et intemporelle, Jeffrey Lee Pierce, le leader du groupe, laisse tomber la distorsion, et déchire ses chansons de grands coups de bottleneck.
Dés « Sex Beat », au rythme sauvage comme une messe Vaudou, Jeffrey Lee Pierce et Ward Dotson décochent des riffs garages. La voix de Pierce déclame un texte vicieux mélangeant sexe et magie noire.
Puis, possédés par le Malin, les quatre jouent « Preachin’ Blues » de Robert Johnson sur un rythme effréné. Le bottleneck râpe les cordes et laisse jaillir une coulée acide sur le plancher.
« Promise Me » rappelle les premiers albums du Velvet Underground, mais toujours avec cette slide traînante qui sent la poussière. « She’s Like Heroin To Me » et « For The Love Of Ivy » sont davantage Rockabilly, et ramènent à Gene Vincent ou Eddy Cochran.
« Fire Spirit » est un titre plus Punk, presque gothique à l’instar de Joy Division, et est le terreau évident de Noir Desir.
« Ghost Of The Highway » revient à un rythme plus Chicago-Blues, alors que « Jack On Fire » ressemble à un bon vieux boogie genre « Roadhouse Blues » des Doors, avec ce quelque chose de spectral, de fantomatique.
« Black Train » se fait plus Country, comme si Buddy Holly était revenu d’entre les Morts pour nous en jouer une dernière, perdu entre deux mondes.
« Cool Drink Of Water » est un bon vieux Blues traîté au sang de poulet Vaudou, hanté et malsain. Cette chanson de Tommy Johnson, à l’origine appelée « Ask For Water, Give Me Gasoline », rappelle ici un bayou moite et grouillant.
Enfin « Goodbye Johnny » rappelle à la fois Television et Dr John, avec son rythme tribal et sa mélodie chaotique appuyée à grands coups de bottleneck et de riffs rageurs.
Et le puis le feu de la cérémonie secrète s’éteint. L’incantation diabolique résonne encore au loin, se dissipant dans les cendres encore fumantes de l’autel. Quatre ombres disparaissent dans la nuit, leurs silhouettes se dessinant dans la lumière de la Lune, au-dessus de la colline. Gun Club tentera par d’autres incantations plus gothiques de converser avec les Morts, jusqu’à ce que Pierce les rejoigne vraiment en 1991. Reste ce disque superbe, véritable relecture Punk du Blues rural.
THE GUN CLUB : « Fire Of Love » 1981
Allergique aux titres de plus de trois minutes, le Punk a souvent rejeté le Blues. Assimilé à ces longues jams de guitare de 10 minutes, aux rythmes lents et lourdaux, fruit des clichés véhiculés par les dinosaures du Rock des années 70, de Led Zeppelin aux Rolling Stones, Eric Clapton, et en fait la plupart des musiciens issus du British Blues Boom de la fin des années 60.
Alors le Punk-Rock, symbole d’urgence et de révolte, reflet de la colère des jeunes blancs des banlieues-dortoirs, préfère les riffs de guitare simples et plombés aux prétendues lamentations de ces vieux noirs dans leurs champs de coton.
C’était se méprendre sur le Blues, et l’étendue de sa richesse musicale. Et un seul groupe le comprit : The Gun Club.
Influencé par les groupes Punk New-Yorkais, Television et Talking Heads en premiers, mais aussi par le Blues tribal de Screaming Jay Hawkins et Doctor John, ainsi que par Robert Johnson, la musique de Gun Club se révélera être l’une des plus intéressantes mixtures musicales du début des années 80.
Comprenant que le Blues contient également des chansons de trois minutes, des riffs simples, et des textes sombres reflet d’une misère somme toute universelle et intemporelle, Jeffrey Lee Pierce, le leader du groupe, laisse tomber la distorsion, et déchire ses chansons de grands coups de bottleneck.
Dés « Sex Beat », au rythme sauvage comme une messe Vaudou, Jeffrey Lee Pierce et Ward Dotson décochent des riffs garages. La voix de Pierce déclame un texte vicieux mélangeant sexe et magie noire.
Puis, possédés par le Malin, les quatre jouent « Preachin’ Blues » de Robert Johnson sur un rythme effréné. Le bottleneck râpe les cordes et laisse jaillir une coulée acide sur le plancher.
« Promise Me » rappelle les premiers albums du Velvet Underground, mais toujours avec cette slide traînante qui sent la poussière. « She’s Like Heroin To Me » et « For The Love Of Ivy » sont davantage Rockabilly, et ramènent à Gene Vincent ou Eddy Cochran.
« Fire Spirit » est un titre plus Punk, presque gothique à l’instar de Joy Division, et est le terreau évident de Noir Desir.
« Ghost Of The Highway » revient à un rythme plus Chicago-Blues, alors que « Jack On Fire » ressemble à un bon vieux boogie genre « Roadhouse Blues » des Doors, avec ce quelque chose de spectral, de fantomatique.
« Black Train » se fait plus Country, comme si Buddy Holly était revenu d’entre les Morts pour nous en jouer une dernière, perdu entre deux mondes.
« Cool Drink Of Water » est un bon vieux Blues traîté au sang de poulet Vaudou, hanté et malsain. Cette chanson de Tommy Johnson, à l’origine appelée « Ask For Water, Give Me Gasoline », rappelle ici un bayou moite et grouillant.
Enfin « Goodbye Johnny » rappelle à la fois Television et Dr John, avec son rythme tribal et sa mélodie chaotique appuyée à grands coups de bottleneck et de riffs rageurs.
Et le puis le feu de la cérémonie secrète s’éteint. L’incantation diabolique résonne encore au loin, se dissipant dans les cendres encore fumantes de l’autel. Quatre ombres disparaissent dans la nuit, leurs silhouettes se dessinant dans la lumière de la Lune, au-dessus de la colline. Gun Club tentera par d’autres incantations plus gothiques de converser avec les Morts, jusqu’à ce que Pierce les rejoigne vraiment en 1991. Reste ce disque superbe, véritable relecture Punk du Blues rural.
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