"Thorogood n’a plus qu’à attiser les braises du feu sacré du Blues, et c’est Paris qui s’enflamme."
GEORGES THOROGOOD AND THE DESTROYERS : “Le Palace 1979” Live 1979
En 1979 à Paris, il y a des punks bidons plein les rues. La presse s’enorgueillit des Stinky Toys, ou de Metal Urbain, mais en fait tout le monde s’en fout. Le vrai truc du moment, c’est Telephone.
Quatre jeunes gens sympathiques, bien rock’n’roll, mais pas trop destroy. Bref, des jeunes gens de leur génération. C’est ce qui fit leur succès, et l’échec total du punk pur typé anglais, trop branlette mode que réellement courant musical.
Non, ce qui marche en France en 1979, c’est Status Quo, Ganafoul, Little Bob Story, Starshooter, Bijou et Telephone. Bref que des groupes dont les deux pieds sont dans le blues et le rock’n’roll américain et anglais. Celui d’Elmore James, de Chuck Berry, mais aussi des Rolling Stones. Bref, des nazes pour les Punks, les vrais. Manquerait plus qu’ils aiment Led Zeppelin en 1979, tiens.
Vous voulez que je vous dise ? Les Punks sont des cons. Oui, parce qu’à force de vouloir marcher droit dans leurs bottes, ils y sont restés, dans leurs bottes. Parce que même les groupes dits assimilés Punk sont tellement ouverts que finalement, l’extrémisme pousse encore une fois à la connerie. Joy Division et les Talking Heads flirtent avec le rock progressif de King Crimson, XTC avec les Kinks, les Sex Pistols et les Damned avec Motorhead et Thin Lizzy. Il reste bien les Stranglers… Quoi ? Le pianiste a joué dans un groupe de rock progressif en 1974 ? Argh ! Oui, le mouvement Punk de 1977 permit de revenir à des horizons plus simples, ceux de la bonne chanson de trois minutes, mais franchement, il faut écouter Television et ses titres de six minutes…. Bon …. Hein….
Et puis tiens, écoutez voir un live de UFO et Black Sabbath à la même époque pour voir…Et puis AC/DC, Rose Tattoo ou les Angels, on est pas loin de l’os du rock’n’roll quand même. Et puis ce disque de PIL, le groupe de Johnny Rotten, avec Steve Vai, en 1987, c’est pas du heavy-metal ? Mmmhhh ???
Tout cela est donc un ramassis de conneries intersidérales comparé à cela. Parce que bon, aux USA, quelques alcooliques notoires tentent de continuer à préserver l’héritage du Blues et sa puissance.
Georges Thorogood est un bon gars du Middle West américain, fan de base-ball. Sauf que voilà, en 1977, il joue du Blues et Rock’N’Roll sur une vieille Gibson. Et que le son qui en sort transpire les racines noires-américaines. Sauf que voilà, on est en 1979, et bon, c’est ringard.
Pourtant, n’y a-t-il pas plus retour aux sources que le Rock’N’Roll ? Surtout joué en trio guitare-basse-batterie. Thorogood n’est pas le meilleur des virtuoses, un Gallagher ou Trower planent sur d’autres sphères. Mais voilà, il a le feeling et le son.
Attention, je ne parle pas ici du Georges Thorogood de « Back To The Bone » en 1982. Non, là on est en 1979. La différence est énorme. Car si « Back … » fut son plus grand succès commercial, et apparaît régulièrement sur divers compilations rock bon marché, il avait à l’époque ajouté un sax, et le son avait plongé dans les années 80.
Les deux premiers disques de Thorogood en 1977 et 1978 sont impeccables car ils ont ces tripes de concert, que l’on retrouve sur cet enregistrement.
Thorogood débarque en France, et ses deux premiers disques ont eu de l’écho. Parce qu’aux USA, l’homme est déjà bien établi dans le circuit. En effet, même si le pays voit triompher une nouvelle génération de heavy-rockers comme Kiss, Aerosmith, Blue Oyster Cult, UFO, ou Van Halen, parallèlement, d’autres décident de reprendre les traces d’un Johnny Winter, et d’électrifier le blues. Voire de l’électrocuter. Ce sera le cas de Ted Nugent, Pat Travers, et notre homme.
Mais il est à la fois le plus puriste, et le plus percutant, et ce avec peu de moyens. C’est ce que va découvrir Paris ce soir, au Palace. Au grand dam des Punks, les français redécouvrent les joies du vrai Blues-Rock à l’américaine.
Ils peuvent ainsi vérifier que Johnny Hallyday est un tocard, et que Little Bob Story et Ganafoul ont un petit quelque chose de l’authenticité de cette musique-là. Ce qui les rend encore plus crédibles.
Les Punks français, eux, sont justes ridicules, et ne font que confirmer un état de fait : ils ne savent juste pas jouer. Terrifiant. Il a fallu qu’un amerloque venu de nulle part vienne leur dire, et leur démontrer. Car la salle, dés le deuxième morceau, est au bord de l’émeute, en transe.
Car Thorogood et ses Destroyers mettent du cœur à l’ouvrage, dégainant sans honte classiques du Blues et du Rock’N’Roll millésimé 50’s. Le tout à grands coups d’envolées de manches, de riffs asserrés et de slide râpeuse. Georges est à l’aise sur tous ces territoires, alternant tous ces atouts avec une facilité déconcertante. Et puis l’homme est sympathique, balbutiant un français hésitant et un peu éthylique : « Les filles devant sont très jolies ». C’est la folie, le Palace surchauffe. Thorogood demande dés le second morceau ce que veut l’audience : « Have you some special request ? ».
Alors il y aura ces rock Chuck Berryiens que sont « I Wasn’t Me », « House Of Blue Light », et « No Particular Place To Go ». Il y a aussi les boogies Bo Diddleyiens que sont « Ride On Josephine » et « Who Do You Love ». Enfin, il y a le Blues âpre, celui d’Elmore James, avec « The Sky Is Crying ». Il y a aussi le fougueux et ravageur « Madison Blues », soit six minutes et trente seconde de combustion électrique à base de bottleneck brûlante. La combustion se poursuit avec la reprise moite d’une chanson du seul génie de la Country américaine, Hank Williams. Ca s’appelle « Move It On Over », et le père Hank ne pouvait rêver meilleur pont entre sa musique blanche, et le Country-Blues noir.
Tout cela se finit sur l’archi-usé « Johnny B Goode » de Chuck Berry, mais l’ambiance est telle que c’est le public qui chante le refrain. Thorogood n’a plus qu’à attiser les braises du feu sacré du Blues, et c’est Paris qui s’enflamme.
Après cette tournée, Thorogood enrichira sa musique d’un saxophone, donc, et de compositions toujours très blues et rock, mais avec ce je ne sais quoi de Stray Cats à la mode qui lui ôtera cette irrésistible authenticité.
Alors oui, Georges est toujours une bête de scène, mais il manque quelque chose. Comme ancré dans les clichés, il lui manque ce feu qu’il alluma lui-même à Paris un jour de 1979. A l’époque il était une sorte de Rory Gallagher américain, d’une simplicité et d’une modestie rare, à l’aise et totalement exceptionnel sur scène. Et cela n’est pas là une mince comparaison.
Quatre jeunes gens sympathiques, bien rock’n’roll, mais pas trop destroy. Bref, des jeunes gens de leur génération. C’est ce qui fit leur succès, et l’échec total du punk pur typé anglais, trop branlette mode que réellement courant musical.
Non, ce qui marche en France en 1979, c’est Status Quo, Ganafoul, Little Bob Story, Starshooter, Bijou et Telephone. Bref que des groupes dont les deux pieds sont dans le blues et le rock’n’roll américain et anglais. Celui d’Elmore James, de Chuck Berry, mais aussi des Rolling Stones. Bref, des nazes pour les Punks, les vrais. Manquerait plus qu’ils aiment Led Zeppelin en 1979, tiens.
Vous voulez que je vous dise ? Les Punks sont des cons. Oui, parce qu’à force de vouloir marcher droit dans leurs bottes, ils y sont restés, dans leurs bottes. Parce que même les groupes dits assimilés Punk sont tellement ouverts que finalement, l’extrémisme pousse encore une fois à la connerie. Joy Division et les Talking Heads flirtent avec le rock progressif de King Crimson, XTC avec les Kinks, les Sex Pistols et les Damned avec Motorhead et Thin Lizzy. Il reste bien les Stranglers… Quoi ? Le pianiste a joué dans un groupe de rock progressif en 1974 ? Argh ! Oui, le mouvement Punk de 1977 permit de revenir à des horizons plus simples, ceux de la bonne chanson de trois minutes, mais franchement, il faut écouter Television et ses titres de six minutes…. Bon …. Hein….
Et puis tiens, écoutez voir un live de UFO et Black Sabbath à la même époque pour voir…Et puis AC/DC, Rose Tattoo ou les Angels, on est pas loin de l’os du rock’n’roll quand même. Et puis ce disque de PIL, le groupe de Johnny Rotten, avec Steve Vai, en 1987, c’est pas du heavy-metal ? Mmmhhh ???
Tout cela est donc un ramassis de conneries intersidérales comparé à cela. Parce que bon, aux USA, quelques alcooliques notoires tentent de continuer à préserver l’héritage du Blues et sa puissance.
Georges Thorogood est un bon gars du Middle West américain, fan de base-ball. Sauf que voilà, en 1977, il joue du Blues et Rock’N’Roll sur une vieille Gibson. Et que le son qui en sort transpire les racines noires-américaines. Sauf que voilà, on est en 1979, et bon, c’est ringard.
Pourtant, n’y a-t-il pas plus retour aux sources que le Rock’N’Roll ? Surtout joué en trio guitare-basse-batterie. Thorogood n’est pas le meilleur des virtuoses, un Gallagher ou Trower planent sur d’autres sphères. Mais voilà, il a le feeling et le son.
Attention, je ne parle pas ici du Georges Thorogood de « Back To The Bone » en 1982. Non, là on est en 1979. La différence est énorme. Car si « Back … » fut son plus grand succès commercial, et apparaît régulièrement sur divers compilations rock bon marché, il avait à l’époque ajouté un sax, et le son avait plongé dans les années 80.
Les deux premiers disques de Thorogood en 1977 et 1978 sont impeccables car ils ont ces tripes de concert, que l’on retrouve sur cet enregistrement.
Thorogood débarque en France, et ses deux premiers disques ont eu de l’écho. Parce qu’aux USA, l’homme est déjà bien établi dans le circuit. En effet, même si le pays voit triompher une nouvelle génération de heavy-rockers comme Kiss, Aerosmith, Blue Oyster Cult, UFO, ou Van Halen, parallèlement, d’autres décident de reprendre les traces d’un Johnny Winter, et d’électrifier le blues. Voire de l’électrocuter. Ce sera le cas de Ted Nugent, Pat Travers, et notre homme.
Mais il est à la fois le plus puriste, et le plus percutant, et ce avec peu de moyens. C’est ce que va découvrir Paris ce soir, au Palace. Au grand dam des Punks, les français redécouvrent les joies du vrai Blues-Rock à l’américaine.
Ils peuvent ainsi vérifier que Johnny Hallyday est un tocard, et que Little Bob Story et Ganafoul ont un petit quelque chose de l’authenticité de cette musique-là. Ce qui les rend encore plus crédibles.
Les Punks français, eux, sont justes ridicules, et ne font que confirmer un état de fait : ils ne savent juste pas jouer. Terrifiant. Il a fallu qu’un amerloque venu de nulle part vienne leur dire, et leur démontrer. Car la salle, dés le deuxième morceau, est au bord de l’émeute, en transe.
Car Thorogood et ses Destroyers mettent du cœur à l’ouvrage, dégainant sans honte classiques du Blues et du Rock’N’Roll millésimé 50’s. Le tout à grands coups d’envolées de manches, de riffs asserrés et de slide râpeuse. Georges est à l’aise sur tous ces territoires, alternant tous ces atouts avec une facilité déconcertante. Et puis l’homme est sympathique, balbutiant un français hésitant et un peu éthylique : « Les filles devant sont très jolies ». C’est la folie, le Palace surchauffe. Thorogood demande dés le second morceau ce que veut l’audience : « Have you some special request ? ».
Alors il y aura ces rock Chuck Berryiens que sont « I Wasn’t Me », « House Of Blue Light », et « No Particular Place To Go ». Il y a aussi les boogies Bo Diddleyiens que sont « Ride On Josephine » et « Who Do You Love ». Enfin, il y a le Blues âpre, celui d’Elmore James, avec « The Sky Is Crying ». Il y a aussi le fougueux et ravageur « Madison Blues », soit six minutes et trente seconde de combustion électrique à base de bottleneck brûlante. La combustion se poursuit avec la reprise moite d’une chanson du seul génie de la Country américaine, Hank Williams. Ca s’appelle « Move It On Over », et le père Hank ne pouvait rêver meilleur pont entre sa musique blanche, et le Country-Blues noir.
Tout cela se finit sur l’archi-usé « Johnny B Goode » de Chuck Berry, mais l’ambiance est telle que c’est le public qui chante le refrain. Thorogood n’a plus qu’à attiser les braises du feu sacré du Blues, et c’est Paris qui s’enflamme.
Après cette tournée, Thorogood enrichira sa musique d’un saxophone, donc, et de compositions toujours très blues et rock, mais avec ce je ne sais quoi de Stray Cats à la mode qui lui ôtera cette irrésistible authenticité.
Alors oui, Georges est toujours une bête de scène, mais il manque quelque chose. Comme ancré dans les clichés, il lui manque ce feu qu’il alluma lui-même à Paris un jour de 1979. A l’époque il était une sorte de Rory Gallagher américain, d’une simplicité et d’une modestie rare, à l’aise et totalement exceptionnel sur scène. Et cela n’est pas là une mince comparaison.
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4 commentaires:
http://boskafe.blogspot.com/2009/06/george-thorogood-and-destroyers.html
"The Badest" à L'écoute chez moi!!!
à ciao!
" ...Vous voulez que je vous dise ? Les Punks sont des cons. Oui, parce qu’à force de vouloir marcher droit dans leurs bottes, ils y sont restés, dans leurs bottes. Parce que même les groupes dits assimilés Punk sont tellement ouverts que finalement, l’extrémisme pousse encore une fois à la connerie..."
Je ne comprends pas ta dernière phrase ...
Les punks étaient drôles , iconoclastes, VIVANTS : ils ont ramené dans le rock l'URGENCE !
Faut-il mutiplier ton âge par deux ou penser que tu n'as pas vécu cette époque ?
All punk must rock , all rock must punk !
Ne t'énerve pas mon cher Midnight Rambler !
Ce que je critique, ce sont les chroniqueurs Punks genre Eudeline qui prône la droitesse du mouvement, alors qu'ils n'en ont jamais fait parti, et que finalement, on crache sur les groupes d'avant, notamment et progressif, et que finalement les connexions étaient importantes. il ne faut pas sortir la phrase de son contexte, il faut rajouter les lignes d'après. Je suis provocateur, ne sois pas agressif. Et sache aussi que le mouvement n'a pas été à l'abri de quelques erreurs, notamment du fait du discours politique qu'y s'y ait greffé.
A+
Bad To the Bone, pas Back....Merci
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