Préambule : Merci, chers lecteurs d'être bien présent. Merci notamment à Iro et aux autres pour vos commentaires, qui me font chaud au coeur. Je m'excuse de ne pas vous avoir répondu, par manque de temps. J'aimerais au passage savoir si la publication de la nouvelle "L'Ile de Tom" vous a plu, car je n'ai eu aucun retour. Soyez franc, si vous trouvez cela bien ou alors complètement inintéressant.
Une silhouette mince et longiligne se dessine sur le plancher de l’Hammersmith Odeon de Londres. Dans ses mains, une grande basse Ibanez, qu’elle tient haute sur son corps, presque comme une femme. Elle a l’aplomb, le charisme des grands rois du Heavy-Metal. Pourtant, une coupe afro surmonte ce corps. Il est métisse, mais il est un mythe. Phil Lynott conduit ce soir Thin Lizzy.
Phil le fait depuis 1970, mais son rôle de leader s’est imposé lorsque son premier guitariste, Eric Bell, s’est sauvé du fait de l’échec commercial et de la pression de la maison de disque du trio Thin Lizzy. Seul resta, et pour toujours, le fidèle et brillant Brian Downey à la batterie.
Lynott faillit lui aussi jeté l’éponge, lorsque son copain Gary Moore partit en 1974 après avoir succédé à Bell quelques mois. La formule magique se dessine alors un soir de cette même année. Il croise deux copains guitaristes. L’un est écossais, l’autre californien. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont doués. Ils s’appellent Brian Robertson et Scott Gorham. Ils seront la recette magique du succès Thin Lizzy. Les guitares en harmonie crées par Wishbone Ash prennent ici une nouvelle dimension. Elles sont le ressort dramatique musical des textes puissants, romancés et poétiques de Lynott.
Tout va bien, si ce n’est que le groupe carbure à tous ce qui se fait comme alcools et drogues. Il faut dire que le quartet joue partout, chaque soir, pendant des années. Il enchaîne les albums magnifiques durant cinq ans. Pourtant, aucun n’a réellement la hargne de la scène. C’est là que les chansons de Lynott prennent leur dimension magique.
Car la musique de Thin Lizzy est héroïque. Elle contribuera beaucoup à la vraie valeur du Hard-Rock de la fin des années 70 et du début des années 80. Si Led Zeppelin imprima une dimension épique à son Heavy-Blues, Thin Lizzy y injecta une dynamique et une puissance émotionnelle incomparable.
Le point culminant sera le live « Live And Dangerous » paru en 1978. Il est la parfait synthèse du quatuor de l’époque, et est le parfait résumé des meilleurs chansons de Lynott. Le groupe y est magique.
Avec le départ forcé de Robertson, la magie se brise. Gary Moore revient en renfort le temps d’un disque puissant, « Black Rose » en 1979. Le son de Thin Lizzy devient à la fois plus viril et plus commercial, mais surtout moins blues. A cela une raison. La frustration du groupe est en fait immense. Suite à une hépatite contractée par Lynott, Thin Lizzy annule une tournée américaine décisive. Celle qui aurait suivi le carton du simple « The Boys Are Back In Town ». De ce fait, et ce malgré tous les efforts possibles, le groupe échoue aux USA, et finit en 1981 à se cantonner à un succès fort honorable en Europe. Il remplit les salles, vend des disques, mais reste un éternel second couteau.
Il semble que cette position de perdant magnifique sied à merveille à Lynott, dont le mythe renforcé par la New Wave Of British Heavy-Metal fait de lui un héros du Rock.
En 1981, Thin Lizzy est composé de Phil Lynott à la basse et au chant, l’inamovible et brillant Brian Downey à la batterie (Dieu, que cet homme joue bien), Scott Gorham à la guitare, et Snowy White à la guitare. Ce dernier est considéré par les fans comme trop tendre, du fait de son passé comme musicien de scène au sein de Pink Floyd sur la tournée « The Wall ».
« Chinatown » en 1980 et « Renegades » en 1981 sont pourtant deux disques denses et carrés, sans fioriture, gorgés de Rock’n’Roll. Comme leurs prédécesseurs, ils gagnent en ampleur sur scène. Ce live est celui de la tournée « Renegades », en 1981. Lynott est dans la merde, entre drogues, divorce, et carrière en demi-teinte (pour la maison de disque).
Sa voix est voilée. Il y a ici une odeur de cendres. Il y est pourtant brillant. Car Lynott défend ses chansons comme personne. Thin Lizzy est ce soir-là froid et carré, à la hauteur de ce « Angel Of Death » effrayant, dont la dimension prophétique à toute son ampleur ici.
Curieusement, c’est bien le tendre Snowy White qui se montre le plus incisive. Ces soli, incertains mais magiques sont assurément ceux d’un magicien de la guitare. Oui, cet homme est totalement acharismatique . Ces chemises à carreaux et ses tennis font bien pauvres comparés aux spandex de son successeur John Sykes. Mais son attitude simple proche de Rory Gallagher le rend éminemment sympathique.
Thin Lizzy fait désormais la part belle aux titres post-1977, ne faisant d’incursion dans ce passé finalement douloureux qu’avec parcimonie. Le groupe a en effet changé, incluant désormais un clavier à part entière, Darren Wharton.
Thin Lizzy se métallise, se durcit. Thin Lizzy n’a plus seulement la rage. Il a les boules. La musique du groupe est celle des usines de Sheffield et de Birmingham, de cette odeur âcre d’usine qui noircit inexorablement le paysage.
Il faut en effet avoir un sacré potentiel pour introniser son concert avec trois nouveaux titres. Pourtant, le décor est planté. Avec « Angel Of Death », Thin Lizzy est à la fois carrément dans le Heavy-Metal des années 80, et le messie noir de la colère des jeunes de l’époque, entre fermetures d’usines et guerre Iran-Irak.
Ce début de décennie sent la merde, et dans un ultime sursaut d’orgueil, elle plaque la NWOBHM, auxquelles elle raccroche de glorieux anciens comme Judas Priest, Motorhead, UFO, Budgie, et bien sûr Thin Lizzy.
Phil décoche alors « Don’T Believe A Word », une de ses plus belles chansons. Mais ici, elle est d’abord interprété dans une version slow-blues, presque fantomatique. Les paroles ne prennent que plus de dimension dramatique. Puis, une coda électrique clôt le titre dans un déluge de soli emplis d’émotion et de boogie vénéneux, qui ne font que renforcer encore la douleur romantique de la mélodie.
Bien sûr, il y a aussi quelques vieilles scies toujours aussi coupantes, comme « Jailbreak » ou « Are You Ready », mais le Thin Lizzy conquérant de « Live And Dangerous » en 1978 n’est plus. Il est en 1981 le témoin amer de la fin des années 70, et ses espoirs déchus. La révolte se meurt dans les synthétiseurs. Le Heavy-Metal maintiendra la pression encore quelques années, avant que la mégalomanie et le film « Spinal Tap » enterre définitivement le genre dans le ridicule de ses excès.
Thin Lizzy est pourtant hors du coup. Il suffit d’écouter le venin implacable de « Chinatown », « Killer On The Loose » ou « The Pressure Will Blow ». Le hard-rock du quintet est serré, précis, coupant. Même l’archi-joué « The Boys Are Back In Town » fait encore illusion, joué avec fougue et lyrisme.
Pourtant, le ver est dans le fruit. Phil Lynott a beau chanté « I’ve Got To Give It Up…. That Stuff”, il est trop tard, Sarah, sa femme, et une partie de ses idéaux se sont enfuis. Et finalement, cette version « Don’t Believe A Word » est encore plus amère. A bien y repenser, on sent les larmes montées. Phil savait. Il ne survivrait pas à la mince Elizabeth. La seule femme qu’il ait vraiment aimé.
"Il semble que cette position de perdant magnifique sied à merveille à Lynott, dont le mythe renforcé par la New Wave Of British Heavy-Metal fait de lui un héros du Rock."
THIN LIZZY « Renegades On Tour » Live 1981Une silhouette mince et longiligne se dessine sur le plancher de l’Hammersmith Odeon de Londres. Dans ses mains, une grande basse Ibanez, qu’elle tient haute sur son corps, presque comme une femme. Elle a l’aplomb, le charisme des grands rois du Heavy-Metal. Pourtant, une coupe afro surmonte ce corps. Il est métisse, mais il est un mythe. Phil Lynott conduit ce soir Thin Lizzy.
Phil le fait depuis 1970, mais son rôle de leader s’est imposé lorsque son premier guitariste, Eric Bell, s’est sauvé du fait de l’échec commercial et de la pression de la maison de disque du trio Thin Lizzy. Seul resta, et pour toujours, le fidèle et brillant Brian Downey à la batterie.
Lynott faillit lui aussi jeté l’éponge, lorsque son copain Gary Moore partit en 1974 après avoir succédé à Bell quelques mois. La formule magique se dessine alors un soir de cette même année. Il croise deux copains guitaristes. L’un est écossais, l’autre californien. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont doués. Ils s’appellent Brian Robertson et Scott Gorham. Ils seront la recette magique du succès Thin Lizzy. Les guitares en harmonie crées par Wishbone Ash prennent ici une nouvelle dimension. Elles sont le ressort dramatique musical des textes puissants, romancés et poétiques de Lynott.
Tout va bien, si ce n’est que le groupe carbure à tous ce qui se fait comme alcools et drogues. Il faut dire que le quartet joue partout, chaque soir, pendant des années. Il enchaîne les albums magnifiques durant cinq ans. Pourtant, aucun n’a réellement la hargne de la scène. C’est là que les chansons de Lynott prennent leur dimension magique.
Car la musique de Thin Lizzy est héroïque. Elle contribuera beaucoup à la vraie valeur du Hard-Rock de la fin des années 70 et du début des années 80. Si Led Zeppelin imprima une dimension épique à son Heavy-Blues, Thin Lizzy y injecta une dynamique et une puissance émotionnelle incomparable.
Le point culminant sera le live « Live And Dangerous » paru en 1978. Il est la parfait synthèse du quatuor de l’époque, et est le parfait résumé des meilleurs chansons de Lynott. Le groupe y est magique.
Avec le départ forcé de Robertson, la magie se brise. Gary Moore revient en renfort le temps d’un disque puissant, « Black Rose » en 1979. Le son de Thin Lizzy devient à la fois plus viril et plus commercial, mais surtout moins blues. A cela une raison. La frustration du groupe est en fait immense. Suite à une hépatite contractée par Lynott, Thin Lizzy annule une tournée américaine décisive. Celle qui aurait suivi le carton du simple « The Boys Are Back In Town ». De ce fait, et ce malgré tous les efforts possibles, le groupe échoue aux USA, et finit en 1981 à se cantonner à un succès fort honorable en Europe. Il remplit les salles, vend des disques, mais reste un éternel second couteau.
Il semble que cette position de perdant magnifique sied à merveille à Lynott, dont le mythe renforcé par la New Wave Of British Heavy-Metal fait de lui un héros du Rock.
En 1981, Thin Lizzy est composé de Phil Lynott à la basse et au chant, l’inamovible et brillant Brian Downey à la batterie (Dieu, que cet homme joue bien), Scott Gorham à la guitare, et Snowy White à la guitare. Ce dernier est considéré par les fans comme trop tendre, du fait de son passé comme musicien de scène au sein de Pink Floyd sur la tournée « The Wall ».
« Chinatown » en 1980 et « Renegades » en 1981 sont pourtant deux disques denses et carrés, sans fioriture, gorgés de Rock’n’Roll. Comme leurs prédécesseurs, ils gagnent en ampleur sur scène. Ce live est celui de la tournée « Renegades », en 1981. Lynott est dans la merde, entre drogues, divorce, et carrière en demi-teinte (pour la maison de disque).
Sa voix est voilée. Il y a ici une odeur de cendres. Il y est pourtant brillant. Car Lynott défend ses chansons comme personne. Thin Lizzy est ce soir-là froid et carré, à la hauteur de ce « Angel Of Death » effrayant, dont la dimension prophétique à toute son ampleur ici.
Curieusement, c’est bien le tendre Snowy White qui se montre le plus incisive. Ces soli, incertains mais magiques sont assurément ceux d’un magicien de la guitare. Oui, cet homme est totalement acharismatique . Ces chemises à carreaux et ses tennis font bien pauvres comparés aux spandex de son successeur John Sykes. Mais son attitude simple proche de Rory Gallagher le rend éminemment sympathique.
Thin Lizzy fait désormais la part belle aux titres post-1977, ne faisant d’incursion dans ce passé finalement douloureux qu’avec parcimonie. Le groupe a en effet changé, incluant désormais un clavier à part entière, Darren Wharton.
Thin Lizzy se métallise, se durcit. Thin Lizzy n’a plus seulement la rage. Il a les boules. La musique du groupe est celle des usines de Sheffield et de Birmingham, de cette odeur âcre d’usine qui noircit inexorablement le paysage.
Il faut en effet avoir un sacré potentiel pour introniser son concert avec trois nouveaux titres. Pourtant, le décor est planté. Avec « Angel Of Death », Thin Lizzy est à la fois carrément dans le Heavy-Metal des années 80, et le messie noir de la colère des jeunes de l’époque, entre fermetures d’usines et guerre Iran-Irak.
Ce début de décennie sent la merde, et dans un ultime sursaut d’orgueil, elle plaque la NWOBHM, auxquelles elle raccroche de glorieux anciens comme Judas Priest, Motorhead, UFO, Budgie, et bien sûr Thin Lizzy.
Phil décoche alors « Don’T Believe A Word », une de ses plus belles chansons. Mais ici, elle est d’abord interprété dans une version slow-blues, presque fantomatique. Les paroles ne prennent que plus de dimension dramatique. Puis, une coda électrique clôt le titre dans un déluge de soli emplis d’émotion et de boogie vénéneux, qui ne font que renforcer encore la douleur romantique de la mélodie.
Bien sûr, il y a aussi quelques vieilles scies toujours aussi coupantes, comme « Jailbreak » ou « Are You Ready », mais le Thin Lizzy conquérant de « Live And Dangerous » en 1978 n’est plus. Il est en 1981 le témoin amer de la fin des années 70, et ses espoirs déchus. La révolte se meurt dans les synthétiseurs. Le Heavy-Metal maintiendra la pression encore quelques années, avant que la mégalomanie et le film « Spinal Tap » enterre définitivement le genre dans le ridicule de ses excès.
Thin Lizzy est pourtant hors du coup. Il suffit d’écouter le venin implacable de « Chinatown », « Killer On The Loose » ou « The Pressure Will Blow ». Le hard-rock du quintet est serré, précis, coupant. Même l’archi-joué « The Boys Are Back In Town » fait encore illusion, joué avec fougue et lyrisme.
Pourtant, le ver est dans le fruit. Phil Lynott a beau chanté « I’ve Got To Give It Up…. That Stuff”, il est trop tard, Sarah, sa femme, et une partie de ses idéaux se sont enfuis. Et finalement, cette version « Don’t Believe A Word » est encore plus amère. A bien y repenser, on sent les larmes montées. Phil savait. Il ne survivrait pas à la mince Elizabeth. La seule femme qu’il ait vraiment aimé.
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4 commentaires:
moi je n ai que le live and dangerous de thin lizzy et c' est du tres bon !!!
Bravo pour cet hommage et les remarques pertinentes sur Snowy White. Ayant vu Thin Lizzy en 81, je confirme que le groupe assurait avec panache !
Chinatown et Renegade sont des disques brillants (je me souviens dans Rock & Folk de Renegade disque du mois ! ) et cette période des années 80 est loin d’être le déclin annoncé et mérite d’être réévaluée .
Alex06
Merci mes chers amis pour vos commentaires.
Cher Anonyme, il est bien vrai que la période 80s de Thin Lizzy est souvent critiquée, pointant du doigt que le départ de Robertson fut irrémédiable. Il s'agit là d'une lourde d'erreur. Si la vie de Phil Lynott fut de plus en plus en berne, sa plume ne s'ait pas émoussée, bien au contraire. La discographie de Thin Lizzy est exemplaire, car proche du sans faute. il faudrait juste que quelques bootlegs géniaux soient officialisés; C'est le cas du UK Tour 75, et ce sera le cas du Live At The Tower de 1977, une des bases du "Live And Dangerous" de 1978, qui sera publié officiellement début 2009.
Chers lecteurs, à bientôt.
je suis tombé par hazard sur ton blog ce matin parceque je cherche des tablatures de lizzy de l'album chinatown que je ne trouve pas evidemment! ;)
Merci pour ton blog!
J'adore ce groupe mais je suis trop jeune pour les avoir vus sur scène, mais j'ai grandis avec leur musique grâce à mon grand frère. Et depuis j'ai toujours réver de jouer comme robertson...en vain :)
fab
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