lundi 12 janvier 2009

BURNING PLAGUE

"Et puis il y a ce côté pouilleux, prolo de l’interprétation et de la production qui rendent le Blues de Burning Plague totalement crédible."

BURNING PLAGUE « Burning Plague» 1970

Le blues-rock reste un genre marginal, et ce malgré les quelques belles vedettes qui firent du genre un art majeur : Led Zeppelin, Rory Gallagher, Status Quo, entres autres… D’ailleurs, on ne reste pas un joueur de blues-rock, on commence dans le bouillon, puis on évolue vers des genres plus larges : progressif pour Led Zep ou Jethro Tull, Pop pour le Quo, et hard pour Rory.
Mais alors quand on joue du blues-rock et qu’on vient de Belgique, là il faut s’accrocher.
Burning Plague est un modeste groupe belge fondé en 1969. Fasciné par le British Blues-Boom, Michael Heslop à la guitare et au chant, Roger Carlier à la basse, Alex Capelle à la guitare, et Willy Strassen à la batterie unissent leurs forces.
Le résultat sera cet unique album paru en 1970, avant la séparation du groupe l’année suivante. On peut pas faire plus court comme historique.
Reste la musique. Ce disque est une pépite de heavy-blues magistrale. Il est bien évident à l’écoute que Burning Plague ne pouvait pas cartonner : un son roots, un blues poisseux, des morceaux flirtant les 5 à 6 minutes, et de gros relents de sueur.
Blues gras mais aride, urbain, violent, sans retour, la musique du Plague est un ovni. En fait, je trouve que cet album se rapproche le plus du blues urbain noir américain des années 50-60.
Mais il y a ce côté bruit blanc, cet hargne toute européenne qui évacue le côté Soul pour y injecter une frustration toute adolescente.
Et puis il y a aussi le charme de cet album rare, celui d’être un initié avec son trésor. Des centaines de groupes ont sorti un unique album, voué à l’échec avant d’être sorti. Et il y a le plaisir de l’amateur, celui de redécouvrir une époque, un passé, riche en petites pépites, certes pas toujours innovantes, ni très bien enregistrées, mais que l’on écoute avec un immense plaisir. Parce que l’on se dit que les années 70 furent une époque folle, où tout fut permis, à en croire l’inépuisable vivier de groupes et d’albums de cette époque. Certes, la patine du temps ajoute beaucoup au plaisir de l’écoute. Mais force est de constater que les années 2000 ne propose rien de comparable, même dans l’underground. Sans doute y avait-il davantage d’espaces musicaux à défricher. Où est-ce la folie, et la liberté d’esprit qui permirent d’aller aussi loin.
Pourtant, à l’écoute de « Burning Plague », on est loin du délire psyché 70’s. Le Blues existe déjà depuis longtemps déjà… Alors pourquoi ce disque est-il magique ?
Parce que Heslop développe des soli d’une grande qualité, que la rythmique grasse et la basse sourde de Capelle et Carlier évoque ce boogie irrésistible qui fait taper du pied, de John Lee Hooker à Status Quo. Et puis il y a ce côté pouilleux, prolo de l’interprétation et de la production qui rendent le Blues de Burning Plague totalement crédible. Parce qu’en écoutant « Life Is Nonsense » ou « Will I Find Somebody », on aperçoit les petites maisons de briques rouges, et la fumée noire des hauts fourneaux de la plaine belge. Parce que quand on écoute « A38 » ou « Night Travellin’ Man », on prend la Ford Capri, et on trace sur l’autoroute entre Bruges et Bruxelles, surmonté de ce ciel gris quasi-permanent. Enfin, parce que quand on écoute « Hairy Sea », on aperçoit la Mer du Nord racler les lourds galets, et que tout cela, c’est le quotidien de quatre blancs-becs belges qui tentent de s’échapper un peu. Et que c’est finalement un peu notre quotidien à tous.

tous droits réservés

2 commentaires:

Clément Balazuc a dit…

Merci pour ce commentaire authentique que je trouve si vrai en écoutant ce disque génial.

zolli2000 a dit…

Parce que Heslop développe des soli d’une grande qualité. ????, vouv voulez sans doute dire Alex Capelle, pour les avoire vu souvent.ET peut être dire que le batteure n'était pas n'importe qui. Rare mais a certain moment le soliste solo Alex retournais seul sur scene pour des solo long et quelques fois enigmatique,( il avait en generale dans ces moment une belle crise d'hasme que son aparition sur scene, seul avec le batteure ou le bassiste, rendait une détende parfaite . Ils se soignait en quelque sorte.
Voila certain fait