A la question « Joe Walsh a-t-il toujours été mauvais ? », je répondrai assurément non. Je ne dis pas ça pour les Eagles, et sa participation aux glorieuses années cocaïne du groupe lors de la sortie de « Hotel California », en 1976. Je ne dis pas cela non plus pour ces loufoqueries dont le plus bel exemple fut sa candidature aux présidentielles américaines de 1980.
Non, Joe Walsh est un personnage digne d’intérêt. Il y a fort longtemps, certes. Si on veut du vrai rock’n’roll de sa part, disons qu’il faut remonter au James Gang. Cela nous renvoie à, disons, 1969-1970. Pas tout jeune, ça.
Mais quelle musique. Le James Gang est un trio composé de Joe Walsh à la guitare et au chant, de Jim Fox à la batterie et de Dale Peters à la basse. Formé sur les cendres de la British Invasion et du British Blues Boom, le groupe attache une importance particulière au blues et au rythm’n’blues. Pas évident aux USA à la fin des années 60, entre le Vietnam et les hippies. Les premiers concerts cassent pourtant la baraque, et le premier album éponyme de 1969, globalement bon (un peu bousillé par les fameuses loufoqueries de Walsh), permet au groupe de tourner avec Fleetwood Mac, et notamment à la Boston Tea Party, dont les enregistrements ont été chroniqués ici (superbe jam avec Peter Green, Eric Clapton et Walsh).
Le trio se lance aussitôt dans l’enregistrement d’un second disque. Beaucoup plus abouti, « Rides Again » est avant tout un brûlot électrique mêlant heavy-blues à l’anglaise, et un son funky lourd. Le mélange est explosif. Clairement défini dés le premier titre « Funk #49 » (le 48 est sur le premier album), ce mélange funky-heavy fait irrésistiblement taper du pied. Un court instrumental électrique fait la jonction avec le heavy « Woman », sur laquelle la voix nasillarde de Walsh fait des merveilles. La basse lourde pose les bases, avant que la batterie de Fox, au jeu enluminée de subtiles interventions de toms, viennent taper le rythme plombé.
Mais pour le plomb, il faut attendre le chef d’œuvre du disque : « The Bomber ». Evoquant le délire d’un pilote de bombardier au Vietnam, le morceau se partage en trois parties. Commencé par un riff lourd et rageur, le titre se met à planer sur des glissades de blottleneck avant de s’écraser sur le « riff » du Bolero de Ravel, version martiale. Le final permet un redécollage électrique magistral. Tout ici est brillant, des soli de Walsh, à la rythmique de Peters et Fox, tour à tour puissante et légère, presque jazzy.
Après une telle pièce, le Gang part sur des territoires acoustiques enluminés d’orgue Hammond. Tout commence avec le magnifique « Tend My Garden ». « There I Go Again » se veut plus country, quand « Thanks » se veut plus soul. Le disque se clôt sur le celtique et très zeppelinien « Ashes, The Rain, And I ». Chanson superbe, émouvante, elle semble clore la vie du pilote de bombardier sur un tapis de cendres, sous la pluie. De discrets arrangements de violons viennent appuyer le côté dramatique du titre, et qui n’est pas sans rappeler « Upon A Golden Horse » sur l’album « Walking Into Clarksdale » de Page et Plant en … 1998. La mélodie au violon a également été piquée par Fatboy Slim, pour info.
Le groupe produira un troisième album en 1971, « Thirds », très réussi également, avant que Walsh parte pour une carrière solo très réussi avant son intégration dans les Eagles (So What » en 1974), puis progressivement, le son se fera plus FM commercial. Il semble que Walsh, à soixante balais, se soit rendu compte que le blues et l’électricité lui faisaient du bien, puisqu’il a reformé le James Gang l’année dernière. Décidément, il semble que pas mal de héros rock arrivent à l’âge de raison. A moins que ce soit la peur de vieillir.
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2 commentaires:
joe walsh... it's survivaaaaal in the cityyyy
L'album a des côtés vachement kitsch sur certaines ballades, assez gnan-gnan, un peu comme le hard FM des 80s... heureusement le James Gang se rattrappe avec ces p****** de brulots heavy !^^
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