Pour la reprise, voici donc :
RIOT « Narita » 1979
Durant mes jeunes années, j’ai dû aller travailler en région parisienne, vers Evry pour être exact. Je bossais pour un syndicat des eaux, et ce boulot me permettait de naviguer à travers les différentes agglomérations avant de rejoindre le soir mon riant studio dans le quartier des Pyramides. Immenses barres de béton grisâtres, j’étais cerné par, d’un côté les CRS, et de l’autre, une population à la dérive, sombrant dans le quotidien et l’ennui, ce que je ne tardai pas à faire moi-même.
En effet, que faire dans cet enfer de béton, où toutes les activités, que ce soit sportives ou culturelles, sont concentrées dans le centre-ville alors que vous en êtes à l’écart ? Pas grand-chose, à part vous faire chier sur un banc et boire des bières.
Le son qui illustrait cette misère sociale était déjà le rap, mais de mon côté, je découvris Riot. Putain de nom, déjà, et putain de groupe aussi. Issu de la banlieue new-yorkaise, ce quatuor délivra trois très bons disques avant de sombrer dans le métal facile dans les années 80.
En fait, il ne faut pas chercher ni d’originalité chez ces garçons, pas plus que chez Teaze par exemple. Riot, c’est du heavy-rock baston, sans concession, jouer à fond la caisse. C’est de la musique de mec, tête baissée, la guitare en avant. La batterie de Peter Bitelli tamponne sévère, et les guitares de Mark Reale et Rick Speranza hurlent des riffs sauvages et brutaux qui frise le heavy-metal. Les soli ne sont que des prétextes à des envolées lyriques gavées d’octane. Ça sent la gomme brûlée.
« Narita » est leur deuxième album, et peut-être pas le meilleur des trois premiers, à savoir « Rock-City » en 1977, et « Fire Down Under » en 1981, plus celui-ci au milieu. Mais force est de constater que ce fut celui qui me marqua le plus à cette époque, et je l’écoute toujours avec un immense plaisir.
Il y a là-dedans, je crois, toute l’ambiguité de ma vision de la musique par rapport à la société. Si j’ai toujours bien ressenti le message proposé par les différentes communautés musicales, que ce soit le hip-hop, la techno, ou le métal, par rapport au contexte social, j’ai toujours fait bande à part. Ou plutôt bande-son à part. pour moi, le rap n’était pas la musique appropriée à cet immense foutoir d’état. Pour moi, la révolte devait passer par l’électricité, par le rock’n’roll, un peu à l’instar de la scène rock du Havre, Little Bob Story et les Dogs en tête. Riot concentrait toutes ces pulsions physiques : colère, frustration sexuelle, injustice, abandon … et les crachait en un venin noir et sauvage.
Alors je me passais Riot dans la bagnole, les immeubles lugubres, les friches industrielles et les périphériques défilant dans la vitre. Chaque jolie fille dans la rue était une proie en puissance, inconsciente du danger qu’elle courait. Riot m’avait donné cette assurance, cette force, cette arrogance qui me donnait des ailes pour continuer à vivre dans ce merdier.
Alors bien sûr, quand la cassette se terminait, et que RTL reprenait ces droits, tout cela s’évanouissait, mais pendant quarante minutes, j’étais le roi de la route. Et quand on a dix-huit ans, cela n’a pas de prix. tous droits réservés
2 commentaires:
j aime bien ce groupe et le nom est evocateur, c'est bestial et c' est pour cela qu'on aime ce combo.Sinon j' espere que tes vacances se sont bien passees mais maintenant c'est a mon tour d'y etre et toute la misere du monde sera derriere moi, vive les vacances!!!a+
Hi,
"Fire down under" est une put... d'incontournable tuerie, mais tu m'as donné envie de me frotter à son prédecesseur.
Juste une petite précision : c'est Rick Ventura le second guitariste et Guy Speranza (RIP) le shouter.
@+
Oyax.
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