mardi 18 mars 2008

GANAFOUL

GANAFOUL : « Crossroads »


Lorsque la scène Rock française de la fin des années 70 explose, les yeux des critiques se fixent sur les groupes les plus charismatiques, les plus punks, et les plus populaires : Little Bob Story, Dogs, Starshooter, Téléphone, ou encore Bijou.

Trois villes furent les noyaux du Rock français : Le Havre, avec Little Bob et les Dogs, Paris avec Téléphone et Bijou, et Lyon avec Starshooter, , et bien sûr Ganafoul.

Issu de l’agglomération industrielle de Givors, le trio se forme en 1974 autour de Jack Bon et Yves Rotacher respectivement à la guitare et à la batterie. Le d’abord quatuor égrène les guitaristes et bassistes locaux, avant de se fixer sur Jean-Yves Astier.
Rotacher quitte le groupe après le premier album « Saturday Night », et est remplacé par Bernard Antoine. Au cours de 5 albums fumants, Ganafoul développe un Blues-Rock sans prétention, efficace et boogie, chanté en anglais, que le trio appellera « Sidérock », comme « Rock de la Sidérurgie », en rapport avec Givors. Il devient peu à peu le groupe des prolos, le pendant français du Rory Gallagher Band de par sa simplicité, et son approche sans fard.
Mais pas assez tendance, et ce malgré des ventes plus qu’honorables et des tournées sans fin, Ganafoul finit par éclater après le départ d’Astier et un cinquième album en français très moyen. Ce devait bien être vers 1983.

Depuis, chacun vaqua à ses occupations, jusqu’à un soir de 1998, au Transbordeur de Lyon. Avec quelques kilos de plus, et des cheveux en moins, les trois quadras remontent sur scène histoire de refaire tourner le moteur.

Et ce soir-là, le moteur va tourner à plein régime : le Blues-Rock de Ganafoul reste intact, et la voix désormais légèrement voilée de Bon rend le tout plus qu’authentique. Car c’est bien ce que l’on trouve sur ce disque : un best-of du trio (« Saturday Night », « Low Down Inside », « King Size Killer »), plus quelques reprises de Blues (« I’m A King Bee », « Crossroads »), le tout balancé avec une fougue intacte, et un feeling extrêmement rare de nos jours. En fait, Ganafoul reste le meilleur groupe de Blues-Rock de France, parce que le plus inspiré, parce que Givors, le Canal et les usines ont forgé sa personnalité.

Mais il y a aussi ces trois musiciens exceptionnels, dont la réunion fait littéralement des étincelles :la batterie souple et lourde d’Antoine, la basse chaude et épaisse d’Astier, et le guitare chaude, tantôt funky, tantôt Blues, tantôt Hard de Bon. Il faut entendre l’enchaînement « King Size Killer » et « Saturday Night » pour comprendre que les trois sont aussi là pour en découdre : soli acérés, riffs de guitare Blues frisant la ligne rouge du Hard, soli d’harmonica d’Astier, rythmique béton, on est tout simplement dans la musique des tripes.

C’est bien simple, le trio fait preuve d’une cohésion telle que l’on se demande s’ils se sont séparés un jour. En fait, il faut se rendre compte à quel point l’Histoire est passé à côté de quelque chose de grand. Et parce qu’ils ont préféré le Rock aux paillettes, Ganafoul restera ce groupe de l’ombre, celui que les médias ne voleront jamais à son public, celui des usines.

tous droits réservés

3 commentaires:

KitnamorKen a dit…

Ah, GANAFOUL, c'était pour moi le plus grand groupe de Rock français. J'adore surtout "Route 77" et le génial "Full speed ahead" !

Anonyme a dit…

Merci monsieur Electric Buffalo, pour tout ce que tu mets en avant avec style...

Merci pour Ganafoul, quel groupe, desepérement oublié!

Merci simplement!

Iro22
www.destination-rock.com

Unknown a dit…

que de souvenirs .