mardi 30 juillet 2019

VENOM : ASSAULT ! 1984-1987 Part 1

"Je me souviens de l'expérience quasi-mystique que représenta pour moi l'écoute de leur premier album, Welcome To Hell."



VENOM : Assault ! 2017

La canicule a relâché son étreinte, sans doute momentanément. Seuls quelques politiciens aux dents trop longues refusent de voir la réalité, trop occupés à leur arrivisme insatiable, et à leurs connivences. Alors que la population brûle dans le feu de l'enfer d'un soleil trop cru, notre destin est entre les mains de suppôts diaboliques. Les forêts carbonisent dans le feu du ciel. Des hommes, des femmes et des enfants s'éteignent sur un trottoir brûlant ou dans une mer, la Méditerranée, devenue à la fois une poubelle à ciel ouvert et un tombeau. Celle qui fut le symbole de l'échange des cultures est devenue l'immense merdier où meurent les peuples qui fuient la guerre que leurs voisins riches provoquent.
Au coeur de l'été, un petit événement rock'n'rollien a attiré mon attention : Rock'N'Folk, sous la plume de l'éminent Patrick Eudeline, et Gonzaï, via la sagacité de Christian Eudeline, ont tous deux consacrés un article à Venom. BMG a publié un coffret regroupant leurs quatre premiers albums et leur double live, dans un bel emballage luxueux digne des formations les plus respectées. Je n'aurai pas le privilège de bénéficier de l'envoi de la chose, mais cela n'a que peu d'importance. J'ai déjà ces disques et leurs multiples inédits en plusieurs exemplaires. Fanatique de Venom depuis mes quinze ans, ils sont, comme Led Zeppelin, Black Sabbath, Budgie ou Humble Pie, une référence dans mon panthéon personnel.
Je me souviens de l'expérience quasi-mystique que représenta pour moi l'écoute de leur premier album, Welcome To Hell. En exil depuis peu dans le sud-ouest de la France, déraciné de mes amis et de ma terre natale, je suis en rupture. Je ne supporte pas la frime de mes camarades, ce suivisme de la mode, avec leurs fringues Rip Curl et Waikiki, leur scooters, et leurs grandes gueules de hâbleurs. Je suis un garçon timide et discret, qui ne parle que pour dire quelque chose que je juge intéressant. Je suis tombé dans le tourbillon de la superficialité. Je me sens seul, et ne me fais d'amis que parmi quelques gars en marge, plus discrets, et considérés comme des losers de la cour de récréation.
Nous sommes en 1994, et le Black-Metal norvégien est en vogue. C'est le genre Metal extrême du moment : Emperor, Mayhem, Satyricon, Darkthrone, Immortal…. Sont les princes de l'enfer glacé venu de Norvège. Ils sont le contre-point le plus obscur des Guns'N'Roses, Metallica et Def Leppard qui sont les rois du Heavy-Metal de stades. Ils ne font désormais plus peurs. Le Black-Metal devient donc cette force sulfureuse dans une musique de plus en plus installée médiatiquement. C'est d'ailleurs l'omniprésence du Glam-Metal aux Etats-Unis qui provoquera notamment, avec les clips mainstream de Rod Stewart, Elton John, David Bowie…. L'éruption du Grunge de Seattle et du Stoner-Rock californien.
Pour le public Metal, le Black est désormais la musique la plus féroce et la plus intègre de toutes. Toutefois, ces gaillards ont quelques références musicales. Pas vraiment passionné par leur travail, je lis toutefois les noms évoqués : Celtic Frost, Mercyful Fate, et surtout, Venom. Ils sont comme des dieux, ceux par qui tout est arrivé. Et lorsque j'écoutai leur premier album, cela devint évident.
J'en étais alors à considérer que la bonne musique s'était arrêtée vers 1980. J'aimais par exemple AC/DC, mais pas après 1980. Mais lorsque je tombai sur les premiers disques d'Iron Maiden, je finis par revoir mon jugement. J'aimais ce que l'on appelait la NWOBHM (New Wave Of British Heavy-Metal). Il y avait un côté spontané, sans concession, que l'on trouvait aussi dans les deux premiers disques de Led Zeppelin. Lorsque je découvris que Venom faisait partie de cette fameuse NWOBHM, il me semblait que ce trio avait un vrai intérêt.
Et puis, je découvris aussi l'occultisme. Ce fut grâce à Led Zeppelin, et par un hors-série de Rock'N'Folk qui évoqua le mage de Jimmy Page : Aleister Crowley. En pleine rupture adolescente, je m'intéressai à ses écrits, à sa vie, à ce satanisme du Rock. Et puis il y eut Venom. L'univers sataniste du Black-Metal ne me parlait pas. Je trouvais cela grotesque et prétentieux. J'aimais la brutalité des visuels de Venom, et ce côté maladroit, spontané.
La pochette du premier album fut marquante. Elle était simple, artisanale. L'écoute des premiers morceaux fut un bouleversement intérieur. Il n'était plus question de mélodie ou de virtuosité. Venom pratiquait un Heavy-Metal sauvage, imbibé de Judas Priest et de Motorhead, mais avec une précarité technique qui était celle des groupes Punk de 1977. Conrad Lant, alias Cronos, chanteur et bassiste, était technicien de studio chez Neat Records. Il n'avait que dix-sept ans. Il apprit à sa manière, cherchant toujours dans ce qu'il entendait l'agression sonore et la brutalité, y compris dans les disques favoris de son enfance : Sweet, Status Quo, Marc Bolan…. De mon côté, je venais de trouver un groupe sale, agressif et méchant. Il n'était même pas question des jolis arrangements de studio de Emperor. Venom était un groupe violent et brutal. Il était le fruit de la fusion du Punk et du Heavy-Metal. Et c'est cela que j'aimais.
Voir la presse musicale s'enthousiasmer sur Venom me provoqua une curieuse sensation. Je me sentis dépossédé de cette musique qui vibrait en moi. Elle était intouchable, personne ne pouvait la griffer. Mais en quelques lignes, en quelques pages, Venom devint ce groupe à découvrir. Venom était presque acceptable moralement, un jalon du Rock à découvrir, même si l'enthousiasme était frai. Et pour cause. Le Metal faisait chier le Rock depuis trente ans. Toutefois, je ne retrouvai pas vraiment ce qui était pour moi l'esprit de ces trois garnements démoniaques dans ces lignes. En réalité, il faut se plonger dans cette scène musicale anglaise de 1980.

(à suivre)

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