"Tout est là. " John Lee Hooker : « Alternative Boogie : Early Studio Recordings, 1948-1952 »
C’est là que tout a commencé. La poussière vole dans les rues sales de Clarksdale, Mississippi. Berceau du blues moderne, quelques ouvriers noirs des plantations locales jouent de la guitare, et cette musique venue du fond des âges, mélange de réminiscences africaines et de chants religieux, le gospel. Ils s’appellent Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Sonny Boy Williamson, Bukka White ou encore John Lee Hooker.
Ce dernier restera sans aucun doute dans l’histoire non pour ses duos avec Eric Clapton et Carlos Santana, mais pour avoir inventé un blues tribal et incantatoire, respirant autant les lointaines terres des ancêtres que la crasse des grandes villes industrielles. Ce rythme, ce sera le boogie, terreau de base à des centaines de groupes blancs des années 60 et 70, des Rolling Stones à Status Quo.
Le seul souci dans la pléthorique discographie du bonhomme, c’est de s’y retrouver. On peut aisément mettre la main sur les derniers disques, pas mauvais, mais on est loin de la spontanéité des premiers enregistrements.
Capitol, dans sa série Blues Collection, a fait paraître un triple album du nom de « Alternative Boogie : Early Studio Recordings, 1948-1952 », regroupant, comme son nom l’indique, les premiers enregistrements de John Lee.
Tout est là. Seul à la guitare, tapant le rythme du pied, rugissant de sa voix grave des histoires de la vie quotidienne plaquées sur des accords lourds, Hooker pose ici l’archétype du Blues du Mississippi.
En boogie rapide, il décoiffe, en blues lent, il arrache le cœur. L’un des plus beaux est sans doute ce « Turnin’ Gray Blues », poisseux et sombre. John Lee supplie, hulule.
Il y a tant d’exemples ici, tant de pépites… C’est un voyage dans la misère, dans la condition humaine. Comme une fleur qui éclot sur un tas d’ordures. De la fange émergea l’un des plus sons du 20ème siècle.
On est loin de tout cela de nos jours. Les plus pauvres ne travaillent pas et rapinent ou dealent. Les classes moyennes triment et pestent contre les plus pauvres et les plus riches. Mais aucun ne chante. Ou mal. Aucun n’est capable de faire ressortir en chansons la douleur de tous les jours. La violence verbale, la haine et la culture de masse ont eu raison de la poésie et de la créativité.
Le blues aujourd’hui a subi le même sort que le jazz : une musique pour bourgeois et festivals snobinards. Les artistes ressassent le Old Deep South, alors que les histoires de Muddy, Bukka ou John Lee n’ont jamais été aussi actuelles, que ce soit à Detroit, Londres ou Berlin.
Il est urgent de revenir à tout cela, à ces blues séminaux, et les considérer non comme un document historique, mais comme un retour aux sources, pour comprendre, et retrouver l’esprit original du Rock. Ou tout simplement pour s’extasier encore sur ces merveilles musicales.
Ce dernier restera sans aucun doute dans l’histoire non pour ses duos avec Eric Clapton et Carlos Santana, mais pour avoir inventé un blues tribal et incantatoire, respirant autant les lointaines terres des ancêtres que la crasse des grandes villes industrielles. Ce rythme, ce sera le boogie, terreau de base à des centaines de groupes blancs des années 60 et 70, des Rolling Stones à Status Quo.
Le seul souci dans la pléthorique discographie du bonhomme, c’est de s’y retrouver. On peut aisément mettre la main sur les derniers disques, pas mauvais, mais on est loin de la spontanéité des premiers enregistrements.Capitol, dans sa série Blues Collection, a fait paraître un triple album du nom de « Alternative Boogie : Early Studio Recordings, 1948-1952 », regroupant, comme son nom l’indique, les premiers enregistrements de John Lee.
Tout est là. Seul à la guitare, tapant le rythme du pied, rugissant de sa voix grave des histoires de la vie quotidienne plaquées sur des accords lourds, Hooker pose ici l’archétype du Blues du Mississippi.
En boogie rapide, il décoiffe, en blues lent, il arrache le cœur. L’un des plus beaux est sans doute ce « Turnin’ Gray Blues », poisseux et sombre. John Lee supplie, hulule.Il y a tant d’exemples ici, tant de pépites… C’est un voyage dans la misère, dans la condition humaine. Comme une fleur qui éclot sur un tas d’ordures. De la fange émergea l’un des plus sons du 20ème siècle.
On est loin de tout cela de nos jours. Les plus pauvres ne travaillent pas et rapinent ou dealent. Les classes moyennes triment et pestent contre les plus pauvres et les plus riches. Mais aucun ne chante. Ou mal. Aucun n’est capable de faire ressortir en chansons la douleur de tous les jours. La violence verbale, la haine et la culture de masse ont eu raison de la poésie et de la créativité.
Le blues aujourd’hui a subi le même sort que le jazz : une musique pour bourgeois et festivals snobinards. Les artistes ressassent le Old Deep South, alors que les histoires de Muddy, Bukka ou John Lee n’ont jamais été aussi actuelles, que ce soit à Detroit, Londres ou Berlin.Il est urgent de revenir à tout cela, à ces blues séminaux, et les considérer non comme un document historique, mais comme un retour aux sources, pour comprendre, et retrouver l’esprit original du Rock. Ou tout simplement pour s’extasier encore sur ces merveilles musicales.
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DEEP PURPLE « Perfect Strangers » 1984
Bien sûr, on crie à l’événement, même si la moitié du groupe est mort (circa les Who ou Rose Tattoo), parce que le rock n’a jamais été aussi bon qu’à cette époque-là, et parce que même vieilli et en effectif réduit, les musiciens des 70s ont toujours cette incroyable flamme en eux. Cela n’empêche bien sûr pas les naufrages, surtout quand il s’agit de rentrer en studio.
Encore une fois, Deep Purple fut précurseur dans le genre, et ce dés 1984. Au cours des années 80, une première vague de reformations eut lieu, souvent pitoyable, car les groupes n’étaient pas encore légendaires et les musiciens fatigués, ils étaient juste has-been. La reformation de Deep Purple fut pourtant longtemps espérée, et ce depuis la disparition officielle du groupe en juillet 1976.
Individuellement, les musiciens restèrent sur le devant de l’affiche : Ritchie Blackmore cartonnait avec son Rainbow, rejoint par Roger Glover dés 1979. Ian Gillan fonda son propre groupe, Gillan, qui régna en Grande-Bretagne, avant de rejoindre Black Sabbath en 1983. Ian Paice et Jon Lord se retrouvèrent dans le groupe d’un autre ancien Deep Purple, le Whitesnake de David Coverdale, qui lui aussi, s’imposait dans les charts britanniques.
Bref, les garçons n’avaient guère de soucis à se faire, si ce n’est l’incroyable pression constante des fans. Pourtant, un événement déclencha tout. Un soir de réveillon du premier de l’an 1981,alors que Ian Gillan reconduit ses amis à la porte d’entrée, il aperçoit une voiture tournant au-dehors, et une grande silhouette noire devant le petit portail d’entrée. Gillan reconnaît rapidement le chapeau haut-de-forme d’un illustre ennemi : Ritchie Blackmore. Les deux hommes se sont en effet violemment affrontés lors du split du Mark II de Deep Purple, la célèbre formation qui accoucha de « In Rock » et de « Machine Head ». Gillan fut poussé vers la sortie par un Blackmore devenu égocentrique et omnipotent. Depuis, les deux musiciens ne se sont plus adressés la parole.
Et ce soir, Ritchie est devant la porte. Gillan le salut et l’invite à entrer. Blackmore fait un signe à son chauffeur : tout va bien, il n’aura pas à s’enfuir en courant. Les deux hommes vont passer le reste de la nuit à discuter du bon vieux temps. Mais le guitariste a une proposition à faire à Gillan : Graham Bonnet, l’actuel chanteur de Rainbow, gonfle l’homme en noir.
Il veut que Ian devienne le nouveau frontman de Rainbow. Celui-ci refuse, mais les retrouvailles sont lancées. Blackmore viendra même jouer « Smoke On The Water » en rappel d’un concert de Gillan, le groupe, au Rainbow Theater (private joke ?) de Londres.
Toujours est-il qu’il faudra attendre avril 1984 pour que le Mark II, le line-up dit classique, se retrouve enfin. Les cinq hommes sont un peu mal à l’aise après tout ce temps, mais les esprits sont apaisés. Ils ont tous quarante balais, et une carrière commune et solo hors du commun. Alors lorsque les cinq se remettent à composer, les chansons viennent facilement, et la magie opère à nouveau.
Comme cinq vieux briscards, ils retrouvent l’envie de s’amuser. Il faut dire qu’ils se sentent un peu cons : les premières répétitions sur les vieux titres sont catastrophiques. Aucun des cinq ne se souvient des riffs de « Highway Star » ou de « Space Truckin’ ». Alors le groupe envoie un roadie acheter les albums de Deep Purple, afin que les musiciens puissent réapprendre leurs propres titres !
Malgré la New-Wave et le Punk, Deep Purple reste le même. Gillan, Blckmore, Lord, Paice et Glover semblent se ficher éperdument du temps qui passe, et Deep Purple joue donc son hard-rock lourd et classieux comme avant. Sauf que les musiciens ont vieilli, et leurs expériences solos ont permis à l’écriture d’évoluer. Ce qui fait que le Deep Purple cru 1984 a évolué aussi.
La musique de « Perfect Strangers » est excellente, et a bien vieilli, contrairement à de nombreuses productions 80s. Certains titres sont d’ailleurs devenus des classiques, à commencer par « Knockin’g At Your Back Door » et « Perfect Strangers ». Le chant de Gillan a un grain un peu rauque pas désagréable, et la guitare de Blackmore a gagné en technique et en subtilité. La rythmique de Paice et Glover se fait plus discrète et efficace. Lord lui, tente de mettre un peu de synthé, mais il est surtout là pour apporter une couleur classique à l’ensemble.
l faut redécouvrir le lyrisme somptueux de « Perfect Strangers » et sa mélodie un peu orientale. Il faut s’époumoner sur les refrains irrésistibles de « Knocking At Your Back Door » ou « Meanstreak ». Il faut enfin mettre un genou à terre et jouer de la hair-guitar sur les soli de Blackmore, incandescents, et largement plus inspirés que sur les derniers Rainbow.
La suite sera malheureusement le pain quotidien des grands groupes qui se reforment. Deep Purple explosa déjà à cause des egos tous démesurés de ses musiciens. Les personnalités s’exprimèrent à nouveau lors de la tournée mondiale de « House Of Blue Light » en 1987, ce qui conduisit au départ de Gillan en 1989. Il faut dire que le disque, le second de cette reformation, est largement moins bon que « Perfect Strangers ». Une fois de plus, l’état de grâce du Mark II ne dura que deux petites années.
Deep Purple connut de nombreux soubresauts plus ou moins glorieux, avant le départ de Blackmore définitif en 1993 qui permit à Purple de respirer à nouveau musicalement. Et à la réécoute, ce disque fait parti des grands classiques de Deep Purple, et en fait aussi un exemple à suivre en matière de reformation réussie.
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THIN LIZZY « Renegades On Tour » Live 1981
Phil le fait depuis 1970, mais son rôle de leader s’est imposé lorsque son premier guitariste, Eric Bell, s’est sauvé du fait de l’échec commercial et de la pression de la maison de disque du trio Thin Lizzy. Seul resta, et pour toujours, le fidèle et brillant Brian Downey à la batterie.
Lynott faillit lui aussi jeté l’éponge, lorsque son copain Gary Moore partit en 1974 après avoir succédé à Bell quelques mois. La formule magique se dessine alors un soir de cette même année. Il croise deux copains guitaristes. L’un est écossais, l’autre californien. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont doués. Ils s’appellent Brian Robertson et Scott Gorham. Ils seront la recette magique du succès Thin Lizzy. Les guitares en harmonie crées par Wishbone Ash prennent ici une nouvelle dimension. Elles sont le ressort dramatique musical des textes puissants, romancés et poétiques de Lynott.
Tout va bien, si ce n’est que le groupe carbure à tous ce qui se fait comme alcools et drogues. Il faut dire que le quartet joue partout, chaque soir, pendant des années. Il enchaîne les albums magnifiques durant cinq ans. Pourtant, aucun n’a réellement la hargne de la scène. C’est là que les chansons de Lynott prennent leur dimension magique.
Car la musique de Thin Lizzy est héroïque. Elle contribuera beaucoup à la vraie valeur du Hard-Rock de la fin des années 70 et du début des années 80. Si Led Zeppelin imprima une dimension épique à son Heavy-Blues, Thin Lizzy y injecta une dynamique et une puissance émotionnelle incomparable.
Le point culminant sera le live « Live And Dangerous » paru en 1978. Il est la parfait synthèse du quatuor de l’époque, et est le parfait résumé des meilleurs chansons de Lynott. Le groupe y est magique.
Avec le départ forcé de Robertson, la magie se brise. Gary Moore revient en renfort le temps d’un disque puissant, « Black Rose » en 1979. Le son de Thin Lizzy devient à la fois plus viril et plus commercial, mais surtout moins blues. A cela une raison. La frustration du groupe est en fait immense. Suite à une hépatite contractée par Lynott, Thin Lizzy annule une tournée américaine décisive. Celle qui aurait suivi le carton du simple « The Boys Are Back In Town ». De ce fait, et ce malgré tous les efforts possibles, le groupe échoue aux USA, et finit en 1981 à se cantonner à un succès fort honorable en Europe. Il remplit les salles, vend des disques, mais reste un éternel second couteau.
Il semble que cette position de perdant magnifique sied à merveille à Lynott, dont le mythe renforcé par la New Wave Of British Heavy-Metal fait de lui un héros du Rock.
En 1981, Thin Lizzy est composé de Phil Lynott à la basse et au chant, l’inamovible et brillant Brian Downey à la batterie (Dieu, que cet homme joue bien), Scott Gorham à la guitare, et Snowy White à la guitare. Ce dernier est considéré par les fans comme trop tendre, du fait de son passé comme musicien de scène au sein de Pink Floyd sur la tournée « The Wall ».
« Chinatown » en 1980 et « Renegades » en 1981 sont pourtant deux disques denses et carrés, sans fioriture, gorgés de Rock’n’Roll. Comme leurs prédécesseurs, ils gagnent en ampleur sur scène. Ce live est celui de la tournée « Renegades », en 1981. Lynott est dans la merde, entre drogues, divorce, et carrière en demi-teinte (pour la maison de disque).
Sa voix est voilée. Il y a ici une odeur de cendres. Il y est pourtant brillant. Car Lynott défend ses chansons comme personne. Thin Lizzy est ce soir-là froid et carré, à la hauteur de ce « Angel Of Death » effrayant, dont la dimension prophétique à toute son ampleur ici.
Curieusement, c’est bien le tendre Snowy White qui se montre le plus incisive. Ces soli, incertains mais magiques sont assurément ceux d’un magicien de la guitare. Oui, cet homme est totalement acharismatique . Ces chemises à carreaux et ses tennis font bien pauvres comparés aux spandex de son successeur John Sykes. Mais son attitude simple proche de Rory Gallagher le rend éminemment sympathique.
Thin Lizzy fait désormais la part belle aux titres post-1977, ne faisant d’incursion dans ce passé finalement douloureux qu’avec parcimonie. Le groupe a en effet changé, incluant désormais un clavier à part entière, Darren Wharton.
Thin Lizzy se métallise, se durcit. Thin Lizzy n’a plus seulement la rage. Il a les boules. La musique du groupe est celle des usines de Sheffield et de Birmingham, de cette odeur âcre d’usine qui noircit inexorablement le paysage.
Il faut en effet avoir un sacré potentiel pour introniser son concert avec trois nouveaux titres. Pourtant, le décor est planté. Avec « Angel Of Death », Thin Lizzy est à la fois carrément dans le Heavy-Metal des années 80, et le messie noir de la colère des jeunes de l’époque, entre fermetures d’usines et guerre Iran-Irak.
Phil décoche alors « Don’T Believe A Word », une de ses plus belles chansons. Mais ici, elle est d’abord interprété dans une version slow-blues, presque fantomatique. Les paroles ne prennent que plus de dimension dramatique. Puis, une coda électrique clôt le titre dans un déluge de soli emplis d’émotion et de boogie vénéneux, qui ne font que renforcer encore la douleur romantique de la mélodie.
Bien sûr, il y a aussi quelques vieilles scies toujours aussi coupantes, comme « Jailbreak » ou « Are You Ready », mais le Thin Lizzy conquérant de « Live And Dangerous » en 1978 n’est plus. Il est en 1981 le témoin amer de la fin des années 70, et ses espoirs déchus. La révolte se meurt dans les synthétiseurs. Le Heavy-Metal maintiendra la pression encore quelques années, avant que la mégalomanie et le film « Spinal Tap » enterre définitivement le genre dans le ridicule de ses excès.
Thin Lizzy est pourtant hors du coup. Il suffit d’écouter le venin implacable de « Chinatown », « Killer On The Loose » ou « The Pressure Will Blow ». Le hard-rock du quintet est serré, précis, coupant. Même l’archi-joué « The Boys Are Back In Town » fait encore illusion, joué avec fougue et lyrisme.
Pourtant, le ver est dans le fruit. Phil Lynott a beau chanté « I’ve Got To Give It Up…. That Stuff”, il est trop tard, Sarah, sa femme, et une partie de ses idéaux se sont enfuis. Et finalement, cette version « Don’t Believe A Word » est encore plus amère. A bien y repenser, on sent les larmes montées. Phil savait. Il ne survivrait pas à la mince Elizabeth. La seule femme qu’il ait vraiment aimé.

Le résultat sera cet unique album paru en 1970, avant la séparation du groupe l’année suivante. On peut pas faire plus court comme historique.
Et puis il y a aussi le charme de cet album rare, celui d’être un initié avec son trésor. Des centaines de groupes ont sorti un unique album, voué à l’échec avant d’être sorti. Et il y a le plaisir de l’amateur, celui de redécouvrir une époque, un passé, riche en petites pépites, certes pas toujours innovantes, ni très bien enregistrées, mais que l’on écoute avec un immense plaisir. Parce que l’on se dit que les années 70 furent une époque folle, où tout fut permis, à en croire l’inépuisable vivier de groupes et d’albums de cette époque. Certes, la patine du temps ajoute beaucoup au plaisir de l’écoute. Mais force est de constater que les années 2000 ne propose rien de comparable, même dans l’underground. Sans doute y avait-il davantage d’espaces musicaux à défricher. Où est-ce la folie, et la liberté d’esprit qui permirent d’aller aussi loin.
Parce que Heslop développe des soli d’une grande qualité, que la rythmique grasse et la basse sourde de Capelle et Carlier évoque ce boogie irrésistible qui fait taper du pied, de John Lee Hooker à Status Quo. Et puis il y a ce côté pouilleux, prolo de l’interprétation et de la production qui rendent le Blues de Burning Plague totalement crédible. Parce qu’en écoutant « Life Is Nonsense » ou « Will I Find Somebody », on aperçoit les petites maisons de briques rouges, et la fumée noire des hauts fourneaux de la plaine belge. Parce que quand on écoute « A38 » ou « Night Travellin’ Man », on prend la Ford Capri, et on trace sur l’autoroute entre Bruges et Bruxelles, surmonté de ce ciel gris quasi-permanent. Enfin, parce que quand on écoute « Hairy Sea », on aperçoit la Mer du Nord racler les lourds galets, et que tout cela, c’est le quotidien de quatre blancs-becs belges qui tentent de s’échapper un peu. Et que c’est finalement un peu notre quotidien à tous.
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Les survivants de l’île voisine s’adaptèrent aux nouvelles règles de la société bestiale, au sens propre du terme. Ils reprirent en quelque sorte possession de leur île dont ils avaient été forcés de partir. La petite communauté semblait leur plaire.
Sans doute suite aux combats voisins, un navire américain aborda un jour, à l’aube, sur la plage, prenant d’assaut le petit village.

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