vendredi 28 novembre 2008

DIRTY TRICKS

"C'est du Heavy-Rock, mais avec un je ne sais quoi de plus intelligent et artistique que la moyenne."
DIRTY TRICKS « Night Man » 1976

Dans la province d’Albion tourne un des innombrables tribute-bands à Led Zeppelin. Sauf que celui-ci est le meilleur, le plus authentique, le plus charismatique. Son nom ? Stairway To Zeppelin. Les musiciens se sont cachés derrière des pseudonymes relatifs aux membres du Zep : Jimmy Beige, Monty Dick…. En fait ils s’appelle John Fraser-Binnie à la guitare, Kenny Stewart au chant, Terry Horbury à la basse, et John Lee à la batterie.
Et ils ne sont pas ensemble depuis peu. Bien au contraire, cela remonte à … 1974. Et ils s’appelaient les Dirty Tricks. Groupe devenu culte dans le cercle des amateurs de Hard-Rock 70’s, ces quatre-là ont produit trois albums impeccables sans réussir à percer dans le monde du rock.
« Night Man » est leur second album, paru en 1976. Le premier, éponyme, sortit en 1975 et est considéré comme leur classique. Il faut y voir là-dedans le fait que ce premier disque enregistré dans des conditions précaires possède un son lourd et brut qui renforce la violence du hard-rock des Dirty tricks. Ayant l’esprit de contradiction, je préfère celui-ci. « Night Man » est également le premier disque à sortir aux USA. Donc, en plus des huit chansons du disque furent ajoutées deux chansons réenregistrées du premier : « Too Much Wine » et « Wait Till Saturday ».
Or, il se trouve que le groupe vient d’être signé par Polydor, et bénéficie donc de moyens largement plus spacieux que pour le premier. Le son est donc bien meilleur, plus étoffé, et « Wait Till Saturday », classique absolu des Tricks, gagne en puissance. Il sera d’ailleurs en rotation active sur les radios de San Antonio qui apportèrent un soutien massif au combo anglais.
Mais surtout, la musique a évolué. Du heavy-rock lourd et sans concession, ils gardent les guitares heavy-blues, la rythmique en béton, et le chant. Et ils ajoutent quelques chœurs, une touche de cuivre, et produisent d’excellentes chansons qui ouvrent leur répertoire vers des horizons plus américains.
Dés « Night Man » et son riff rocailleux à la Rolling Stones, on est dans le bain : c’est du heavy-rock, mais avec un je ne sais quoi de plus intelligent et artistique que la moyenne. Influencés par Led Zeppelin et Bad Company, les Dirty Tricks le sont aussi du blues de Chicago. Et les « Weekend Raver », « Aramgeddon », « Fun Brigade » ou « Play Dirty » sont savoureux de ce mélange subtil, de cet équilibre entre heavy-metal et influences rythm’n’blues.
Et puis que dire d’un disque qui se clôt par le puissant et heavy « Wait Till Saturday », qui enfonce dans une dynamique de fer en fusion l’impact de cet album réellement bon et injustement sous-estimé.

Les Tricks produiront encore un disque, « Hit And Run » en 1977, tout aussi recommandable, mais malgré le buzz US, le groupe ne percera pas et jettera l’éponge en 1978. Déjà précurseur de la New Wave Of British Heavy-Metal, les musiciens en seron tdes acteurs actifs : Horbury rejoindra Vardis, John Lee passera derrière les fûts de Grand Prix, et Fraser-Binnie écumera ses riffs au sein de Rogue Male.
Puis tout ce petit monde se retrouvera, un soir, dans la banlieue londonienne pour former Stairway To Zeppelin, qui est à ce jour le tribute-band le plus populaire de Grande-Bretagne.
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jeudi 20 novembre 2008

DESTROYER

INTRODUCTION BOOTLEGS

D’abord, je tenais à vous remercier, chers lecteurs et lectrices, pour votre fidélité. Ce blog gravit en effet modestement mais fièrement les échelons de la blogosphère, lui permettant ainsi de s’extraire de la masse de bousins inertes qui la compose en grande partie.
Par ce présent message (ou post, pour faire branché, yo), je tenais également à vous présenter une nouvelle rubrique : les étincelles illicites.
Par ce terme au combien poétique et empli de boursouflure littérocrate, il s’agit pour moi de vous présenter ce que les musicologues appellent les bootlegs.
Pour la plupart des amateurs néophytes, le bootleg ou disque pirate n’est que le Graal inconsistant du fan transis, qui insatiable, recherche à compléter la collection sur son groupe préféré de pièces rares. Il a en effet pour image des pochettes d’une laideur incommensurable, et un son proche du pet dans une caverne.
C’est pourtant là un jugement simpliste. En effet, si la plupart des grands groupes disposent d’enregistrements live officiels, ceux-ci sont souvent retouchés en studio, histoire de gommer les pains et autres fausses notes. Ces retouches permettent aussi de rééquilibrer les différents instruments, et de redonner de la puissance à l’enregistrement initial, quitte à parfois rejouer certaines parties en studio.
Le bootleg, lui, propose avant tout un instantané d’un artiste, sans fard, avec toutes les imperfections qu’un concert peut rencontrer. Mais surtout, et c’est particulièrement vrai pour les meilleurs groupes, il offre un aperçu de l’évolution de la musique sur scène, permettant la mutation des morceaux studios en jams parfois brillantes, parfois indigestes. Ainsi, suivre l’évolution de Led Zeppelin par ses bootlegs donne une vraie vision de la qualité, mais aussi des défauts du groupe. C’est ainsi le cas des Rolling Stones, de Deep Purple, Black Sabbath, Jethro Tull, Queen ou des Who. C’est en tous les cas l’apanage des meilleurs, car ce qui rend passionnant un enregistrement en public, c’est la qualité des musiciens, leur cohérence. Ainsi, l’artiste ne peut guère se cacher derrière les artifices auditifs qu’offre le studio. Donc, lorsqu’un groupe est mauvais sur scène, c’est pour de vrai.
Le bootleg offre aussi l’opportunité d’écouter un enregistrement scénique bien meilleur que le disque officiel. Ainsi, même si les Rolling Stones ont déjà fait paraître six live officiels, aucun n’a la qualité des meilleurs bootlegs de la période 1969-1973.
Enfin, me direz-vous, mais le bootleg est odieux : il est le symbole de l’exploitation mercantile du nom d’un artiste connu pour se faire de l’argent sur le dos du dit artiste qui ne touche rien, et sur celui des fans transis. Effectivement, cela s’appliquait pour les formats vinyl et cd. Jimmy Page descendait ainsi dans les bacs des disquaires pour en faire sortir tous les bootlegs de Led Zeppelin en vente. Seulement voilà, le téléchargement est apparu. Les ventes de cd officiels se sont effondrées, alors pensez donc, les bootlegs…. Donc, aujourd’hui, le bootleg est une affaire de fans pour les fans, qui s’échangent ces enregistrements précieux. Alors certes, leur diffusion échappe encore aux droits d’auteur, mais maintenant, personne ne se fait de l’argent. Et puis franchement, pirater des pirates, n’est-ce pas cocasse ? En tous les cas, certains groupes se mettent à publier leurs bootlegs officiels, histoire de ne pas perdre ce petit filon commercial, même à des prix attractifs.
Alors, je vous proposerai régulièrement un bootleg, à la qualité auditive et musicale impeccable. Deux sources sont idéales pour produire un bon bootleg : la table de mixage dit soundboard, et l’enregistrement radio, souvent fait sur la dite soundboard.
Pour la première, il faut savoir que certains groupes enregistraient leurs concerts afin de les réécouter et d’améliorer la set-list ou certaines improvisations. Ces bandes étaient ensuite laisser de côté, car jugées comme sans grande qualité. Certains techniciens ou fans se sont donc empressées de les réunir et de les diffuser pour gagner un peu d’argent. La seconde source est la radio : certaines stations enregistrent en effet des concerts afin de les retransmettre soit en direct soit en différé. C’est le cas de la BBC en Grande-Bretagne, mais aussi et surtout les innombrables stations FM aux USA qui, dans chaque grande ville ou état, enregistraient des concerts. De ce fait, il est parfois possible de suivre une partie d’une même tournée américaine rien qu’avec des soundboards ou enregistrements FM.
Dans tous les cas cette nouvelles rubriques vous offrira ce qu’il y a de meilleur, en terme de qualité auditive et musicale.

Et pour commencer, voici un grand classique du bootleg :

LED ZEPPELIN « Destroyer » Live 1977

"Plant hurle comme un loup en cage... et pousse Page dans ses derniers retranchements."

Ce double live, paru dans les années 90, est devenu au fil du temps un pièce recherchée. Il est paru sur le label américain Swingin’ Pig, auteur de bootlegs de très grande qualité, tant au niveau du son que de la présentation. Ce live n’échappe pas à la règle.
Ensuite, ce live est un témoignage intéressant d’une tournée relativement méconnue du Zep. Réalisée aux USA en pleine vague Punk en Europe, elle sera le théâtre des excès les plus diverses. D’abord, ils seront scéniques, avec une débauche de sono et de stades de plus en plus grands, culminant à Oakland devant plus de 70000 personnes, le tout dans un décor de menhirs en carton pâte qui inspirera Spinal Tap.
Ce sera également une débauche de violence, avec le passage à tabac par Bonham et Grant d’un type ayant soi-disant violenté le fils de Peter Grant. Et puis il y a désormais dans l’entourage du Zep une mafia de tueurs professionnels qui sert de garde-corps. Le tout sur fond d’excès d’alcool et de drogues, en particulier l’héroïne pour Page. Le tout s’achèvera tragiquement avec la mort du fils de Plant, qui annulera la fin de la tournée. Page, totalement perdu dans la dope, ne daignera pas se déplacer pour assister à l’enterrement du fils de ce qui était son meilleur ami. Quelque chose se brisa, et Led Zeppelin ne fut plus jamais comme avant.
La tournée 1977 fut aussi, et pour la seconde fois après celle de 1975, une tournée avec des hauts et des bas, voyant parfois Led Zeppelin mettre un genou à terre. Il y a d’abord la voix de Plant, qui, suite à une opération de polypes aux cordes vocales, perdit totalement son ampleur légendaire. Certes l’homme chantait toujours bien, mais éprouvait les pires difficultés à monter dans les aigus sur les anciens titres pré-1974, ce qui correspondait à la période la plus riche en classiques.
Pour ne rien arranger, Jimmy Page se fit broyer par deux fois les doigts de la main gauche dans des portes de train, ce qui lui brisa les phalanges. Il fut certes bien opéré, mais dut jouer rapidement, adaptant même ses partitions à son handicap (un plâtre d'où dépassait ses doigts) pour poursuivre la tournée. Résultat, la vivacité de sa main gauche s’en ressentit. Ajoutez à cela une consommation galopante de drogue dure et de bourbon, et vous obtenez un musicien qui chie littéralement certains soli légendaires.
Pour couronner le tout, John Paul Jones opte pour une basse huit-cordes expérimentale dont le son sur scène est un désastre, flirtant plus du côté de la corde à linge que de la basse vrombissante et profonde.
Bref, la tournée US 1977 est donc synonyme de hauts et de bas. Ce live, enregistré à Cleveland le 27 avril 1977 fait parti de la première catégorie.
La set-list est brillante, habile mélange entre anciens et nouveaux titres. Mais surtout, les quatre musiciens sont brillants. La basse de Jones sonne bien, Bonham est inspiré. Plant chante superbement bien, insufflant dans les titres une violence et une colère incroyable, plus blues que hard-rock. Jimmy Page, lui, fait encore des pains, mais les contournent à l’aide de petites idées d’improvisation digne d’un Jimi Hendrix à l’Ile de Wight en 1970.
Cela donne notamment un enchaînement « Sick Again » - « Nobody’s Flaut But Mine » - « In My Time Of Dying » hallucinant de rage et de feeling. Plant hurle comme un loup en cage, exécute un superbe solo d’harmonica sur « Nobody’s Fault… », et pousse Page dans ses derniers retranchements. La slide de celui-ci sur « In My Time Of Dying » est râpeuse à souhait, emplissant l’espace d’une atmosphère moite et suffocante. De manière générale, sa Les Paul Gibson est gorgée d’un son blues gras et électrique, insufflant une sorte de vague sonique qu’il n’a qu’à modeler selon sa convenance, en fonction de son inspiration.
La tournée 1977 est l’occasion d’entendre des titres tirés du mésestimé mais génial album « Presence » de 1976.
Et donc, que dire de cette incroyable version de « Achille’s Last Stand », hantée, terrifiante, comme si la fin tragique du groupe grondait déjà dans les veines des musiciens.
Bien sûr, il y a quelques faux pas. Comme cette version de « No Quarter » un peu trop longue ou John Paul Jones suce un peu trop son clavier. Il y a aussi et surtout ce « Since I’ve Been Loving You » ridicule parce que voyant Plant incapable de retrouver sa voix à la Janis Joplin, et Page se perdant dans des gimmicks blues totalement hollywoodiens. Mais bon, il y a cette fantastique version de "Stairway To Heaven", magique, bancale, fragile.
Ces interprétations discutables sont finalement à l’écart face au brio des nouveaux titres, et de ce magnifique intermède acoustique, où le groupe semble reposer un pied sur terre.
Le disque s’achève sur le concert incomplet, car il se clôt sur le solo de batterie de Bonham, « Moby Dick », renommé en 1977 « Over The Top », et introduit par le riff de « Out Of The Tiles ». Le disque se clôt donc dans une sorte de bourbier percussif, qui, si il ne remet en aucun cas en cause le talent de Bonham, ne lui rend guère justice.
Il reste de ce live un goût de cendres, âpre. On sent quatre musiciens déjà consumés jouer encore et encore avec le feu, cherchant dans le marasme de leur succès le brasier du Blues. Le disque porte assurément bien son nom, et provient du surnom de cette tournée par les fans : Led Zeppelin pouvait se révéler à la fois boursoufler et totalement bluffant, d’une violence inouïe, celle de la salve d’un destroyer.

Il reste ainsi un grand disque, impressionnant, laissant pantois, renvoyant à des années lumières la totalité de la production musicale actuelle, tous genres confondus.

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lundi 17 novembre 2008

DIO

"Et de cette mixture puissante ressort un esprit Rock sans complexe, qui fait irrésistiblement froncer des sourcils et faire le signe des cornes avec la main."
DIO « Holy Diver » 1983

La vraie question est : la musique du groupe Dio est-elle digne de figurer aux côtés de Led Zeppelin, Deep Purple et autres Who ? Je vous répondrai oui. Car au-delà de son image d’Epinal, Dio est bien un immense chanteur.
Malgré ses textes à base de donjons et dragons, et ses costumes médiévaux, Ronnie a l’une des plus belles voix du Rock. Pourtant le garçon attendit son heure de gloire.
Sa voix rageuse commença à faire des étincelles au sein de combos rythm’n’blues à la fin des années 50. Il fonde son premier groupe, Ronnie Dio And The Prophets. C’est à cette occasion que Ronnie Padovana devient Ronnie Dio, ce qui veut dire Ronnie Dieu, pas moins. Le surnom vient de sa mystique grand-mère italienne qui était bien la seule à admirer la voix de son petit-fils, qui l’est toujours d’ailleurs, petit.
C’est au sein du groupe Elf qu’il commence sa vraie carrière dans le hard-rock. Ronnie n’est déjà plus très jeune, puisqu’il a trente ans lorsque sort le premier album de Elf en 1972. A ses côtés, on trouve également le guitariste David Feinstein, qui fondera The Rods en 1979, et qui est le cousin de Ronnie, d’ailleurs.
C’est au sein de Elf que Ritchie Blackmore remarque Dio. Le groupe assure alors la première partie de Deep Purple aux USA. Les deux hommes se trouvent alors des goûts communs pour la bibine et la musique médiévale. Les deux compères fondent bientôt Rainbow. Dio restera au sein du groupe jusqu’en 1978, date à laquelle il est viré par un Blackmore devenu un peu trop égocentrique. Mais ce sont surtout les options musicales qui ne collent pas. Ronnie aime le hard-rock mélodique, aux forts relents celtiques et sombres, théâtre parfait à ses textes moyen-âgeux. Blackmore veut aller vers un Rock plus FM.
Quand Tony Iommi le contacte pour lui proposer la place de chanteur de Black Sabbath, Ronnie signe des deux mains. D’une part parce que le Sab connaît toujours une immense popularité aux USA, contrairement à Rainbow qui peine encore à s’y imposer. Ce recrutement réarme le Sabbat Noir. Le groupe, régénéré, enregistre deux albums et un live magistraux, qui réimpose le groupe en tête du heavy mondial. Dio s’y sent bien, mais quand on est dans une institution comme Black Sabbath, avec des monstres sacrés comme Geezer Butler et Tony Iommi, il est parfois difficile de s’imposer.
Dio, plutôt caractériel, quitte donc Black Sabbath début 1983, et fonde son propre groupe. Seulement voilà, à 41 ans, et alors que la scène heavy-metal est en train d’imposer les Iron Maiden, Def Leppard, et autres Metallica, il va devoir jouer des coudes.
Malin, Ronnie débauche le batteur du Sab, Vinny Appice. Il retrouve également Jimmy Bain, l’ancien bassiste de Rainbow. Maintenant armé d’une rythmique en béton, il doit trouver la fine lame qui lui permettra d’être dans le coup musicalement. Un petit jeune ferait l’affaire, mais lequel ?
Dans la vaste constellation de la New Wave Of British Heavy-Metal (NWOBHM) dont sont issus Maiden ou Def Leppard, des dizaines de groupes fourmillent dans les clubs. L’un d’eux, Sweet Savage, fait parler de lui pour sa musique brillante, alliage sauvage de Thin Lizzy et de Judas Priest. Pourtant, aucune maison de disques n’a signé le combo, et depuis trois ans, Sweet Savage rame. Alors, lorsque le grand Ronnie James Dio propose à Vivian Campbell d’intégrer son groupe, le jeune homme signe des deux mains.
Et c’est ainsi que le quatuor enregistre en février 1983 un brûlot du nom de « Holy Diver ». Dio a parfaitement intégré la leçon musicale de Black Sabbath, car sa musique s’axe sur un heavy-metal lourd et plombé. Sauf que Campbell apporte une dynamique, et un jeu de guitare virtuose qui rafraîchit le tout. Bref la musique de Dio, le groupe, s’inscrit parfaitement dans l’univers heavy du moment, mais avec une maîtrise instrumentale digne des musiciens confirmés.
La musique de Dio n’est pas révolutionnaire, mais sa qualité mélodique, la dynamique des rythmiques, et bien sur la voix de Dio, font de cet album un grand disque de heavy-metal, qui a très bien vieilli. Et l’on s’amuse encore à l’écoute des « Stand Up And Shout », du lyrisme de « Caught In The Middle », du menaçant « Straight To The Heart », ou des épiques “Holy Diver” ou “Rainbow In The Dark”.
Et de cette puissante mixture ressort un esprit Rock sans complexe, qui fait irrésistiblement froncer les sourcils et faire le signe des cornes avec la main. La suite sera moins réussie, un clavier et un certain égocentrisme tuant dans l’œuf ce bel esprit.
Et de ce dire que finalement, qui est encore capable de sortir un tel disque aujourd’hui ?
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jeudi 13 novembre 2008

KISS

"..."Alive", le seul vrai disque à la hauteur de la réputation et du mythe de Kiss."
KISS « Alive ! » 1975

Kiss fut toujours pour moi une énigme entêtante. En effet, moi, grand amateur de Who, Led Zeppelin, et autres liqueurs britanniques à haute teneur en octane, j’ai toujours eu du mal à considérer Kiss comme un groupe majeur. Pourtant ce quartet marqua son temps indéniablement, et les esprits durablement.
Je vous épargne le côté machine à fric qui est aujourd’hui leur seule raison de vivre. Concentrons-nous sur les vraies années rock’n’roll, celles disons entre 1973 et 1978. En grand curieux du rock, je me renseignai auprès de vrais fans, dont mon disquaire favori, pourtant ancien punk . Je lus également quelques bouquins, et je fus prêt à affronter mon premier album de Kiss. Ce fut « Destroyer » en 1976, et je le trouvai tellement nul, que je le laissai dans un coin, terriblement déçu.
Je savais le hard-rock américain de la seconde moitié des seventies très mélodique, moins hard que les britanniques : Blue Oyster Cult, Aerosmith, mais également et par la suite tout le hard-fm à venir, Journey, Foreigner, Boston, et autre Heart. Pourtant, Kiss semblait jouer les méchants, c’est qu’il devait y avoir une raison. Ou alors ces garçons étaient déjà des tiroirs-caisses. Mais ce n’était pas possible. Le bassiste Gene Simmons et le guitariste Paul Stanley avait trop crevé de faim dans le Bronx pour ne pas avoir la rage au ventre. Si l’on ajoute deux branleurs bien loose, mais au talent exceptionnel, à savoir Peter Criss à la batterie, et surtout Ace Frehley à la lead-guitar, on doit obtenir un putain de bon groupe.
Et une lueur d’espoir pointa lorsque je vis dans un documentaire sur le rock de 1975 le final de « Black Diamond » sur scène. Je compris alors. Et j’achetai « Alive ! » de 1975. Et là d’accord. Oui, là, Kiss est un furieux groupe de hard-rock. En effet, si les premiers disques recèlent d’excellentes chansons ; la puissance du son et de l’interprétation est absente, laissant passer les Rolling Stones pour un groupe de heavy-metal.
Voyant leurs trois premiers albums se vendre très modestement, mais que les concerts faisaient le plein, notamment grâce aux accoutrements mythiques des musiciens, Kiss enregistra un live. « Alive ! » est donc un brûlot impeccable, conjuguant riffs serrés, chorus impeccables, son brut, et énergie heavy.
Ce disque a également des allures de best-of, puisqu’il réunit tous les premiers classiques de Kiss, à savoir « Deuce », « Firehouse », « Hotter Than Hell », « Black Diamond », Cold Gin », et bien d’autres pépites qui feront de ce live un classique du genre. Toutes les imperfections de l’enregistrement donnent ici l’authenticité de ce rock’n’roll un peu glam, très new-yorkais.
Ace Frehley y est magistral, développant son jeu unique, audacieux, sur les chansons aux mélodies imparables de Stanley et Simmonds. Pour la petite histoire, la photo au verso de la pochette, qui montre des fans avec une bannière de Kiss dans une salle énorme archi-comble, a en fait été prise à un concert de Joan Baez. Elle servait d’intox pour démontrer que Kiss était un groupe énorme. Il le deviendra après ce live finaud.
Kiss tentera le « Alive II », plutôt réussi, mais qui ne possède plus cette hargne des jours sans pain. Le quatuor, installé en haut de l’affiche depuis 1975 a perdu dans le business et la came une partie de son brio particulier. Il le perdra définitivement avec l’album « Dynasty » en 1979 et le fameux « I Was Made For Loving You ». A ce stade, il faut alors trier les chansons pour trouver encore quelques titres intéressants. Le seul qui ne souffre d’aucune critique, c’est donc ce « Alive ! », le seul vrai disque à la hauteur de la réputation et du mythe de Kiss.
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