vendredi 29 février 2008

BANCHEE

BANCHEE « BANCHEE » 1969 + « THINKIN’ » 1971

Lorsque le mouvement psyché-hippie se réveilla avec la gueule de bois le lendemain d’Altamont en décembre 1969, il ouvrit les yeux, et pris un grand riff de guitare dans la tronche.
Devant ses yeux horrifiés se dressait une légion de heavy-rockers chevelus et narquois, qui n’attendait que la fin du mouvement pour défoncer le fondement de la pop-music.
Il ne resta après tout cela que des icônes Rock mégalomanes, mais, contrairement à aujourd’hui, doués d’un immense talent (Bowie, Led Zeppelin, ELP…).
Mais en fait, pour être très franc le son s’est électrifié avant. Parce qu’au milieu de tous les hippies, il y en deux ou trois qui ont fait un mauvais trip d’acide.
Si le son s’est épaissi au contact du British-Blues Boom et d’Hendrix, aux USA, c’est Vanilla Fudge, et la scène de Detroit qui durcit le son.
A Los Angeles, un sextet chicano (Peter Alongi et Jose Miguel Dejesus aux guitares et au chant,Victor William Digilio à la batterie, et Michael gregory marino à la basse, plus deux percussionnistes, Johnny Pacheco et Fernando Luis Roman), tente de fusionner les genres : le riff électrique du rock garage, les impros psychés de Quicksilver Messenger Service, et les chœurs de Crosby, Stills, Nash And Young.
Le résultat, c’est le premier album éponyme de Banchee, fin 1969. Alternant mélodies subtiles de guitares électriques, et riffs serrés, chœurs scintillants, et percussions latinos, soli sauvages et arpèges fins, tout ici est contraste, magie, recherche.
Assurément, ce premier album brille notamment avec le titre « Tom’s Island », qui commence par une mélodie électrique, faisant tanguer l’auditeur sur une lagune baignée de soleil, avant de plonger dans une orgie de riffs plombés et de soli magistraux.
Le groupe va alors tourner pour promouvoir son disque, mais comme beaucoup de ses camarades maudits du heavy-rock naissant, Banchee rame.
Ils enregistrent en 1971 un second album : « Thinkin’ ». Et ce disque, mieux produit que le premier, est tout simplement l’album que Crosby, Stills, Nash And Young aurait dû sortir. Mélodies travaillées, chœurs californiens somptueux, et bien sûr, guitares en embuscade pour pousser toute la chantilly vers le haut.
Et puis il y a également ce côté Santana, avec les percussions Latino, en particulier sur « Thinkin’ » et son final incantatoire. Il y a enfin « 38 », le titre final de neuf minutes, fusionnant un riff lourd et malsain, et un atour funk. Ce titre puissant semble tourner définitivement la page, comme si cette ultime étoile décibelienne (ils ne le savent pas encore) marquait la fin de quelque chose.
Effectivement, Banchee n’aura aucune chance, restant à jamais dans les limbes du Rock underground. Il reste pourtant ces deux albums, désormais indissociables, car par trop synthèse parfaite du travail de ces six musiciens, qui osèrent donner un avenir à la musique de la fin des années 60, pour la plonger dans les années 70.
Le sort en décidera autrement, préférant balayer la non-violence et la béatitude hippie rossées par la garde civile américaine, pour le gros son et le coup de latte.
Paradoxalement, Banchee, pourtant fortement lié par ses influences au Rock psyché, deviendra l’un des précurseurs du heavy. Et c’est ce genre du groupe qui sera à l’origine du tout aussi paradoxal heavy-psyché.
A moins que les rêves de tous les jeunes gens, qu’ils soient hippies ou heavy-rockers, soient un monde meilleur où les vieux cons qui nous commandent pourriraient dans une maison de retraite sordide. Car c’est bien tout ce que je leur souhaite. tous droits réservés

mercredi 27 février 2008

LESLIE WEST

LESLIE WEST « Mountain » 1969

Je me suis mis ce disque il y a pas longtemps. J’aurais pu choisir un album de Mountain, et puis finalement j’ai choisi… « Mountain » de Leslie West.
C’est en fait là que tout a commencé. Guitariste du groupe The Vagrants, West, dont le style bluesy fait merveille, décide d’enregistrer un album solo.
En manque de Heavy-Blues suite à la séparation de Cream, le producteur Felix Pappalardi flashe sur ce gros bonhomme à la grosse voix chaude.
Les deux hommes enregistrent ensemble ce disque, avec Pappalardi à la basse, et Norman Smart à la batterie. Point barre. Mountain viendra ensuite, lorsque les deux hommes décident de former un vrai groupe suite à la prestation à Woodstock.
Bon, on a fait le tour de l’historique. Je pourrais rentrer dans les détails, mais ce n’est pas le propos. J’aime ce disque. J’aime ce côté brut, power-trio. C’est là que West brille. Bien sûr, Mountain joua de grande chose, mais le clavier et les arrangements de Pappalardi ont toujours un peu alourdi inutilement une musique qu’il l’était déjà.
Ici, tout est basique. Guitare-basse-batterie-voix. Et ce sont donc de grosses tranches de guitare heavy que l’on prend dans la figure à chaque titre. Le son de West est assez inimitable : saturé, gras, blues, overdrivé, il emporte n’importe quelle chanson vers des sommets heavy-blues. Sa vision psychédélique est assez unique, mais ne transparaît que dans les textes.
Et ce dés « Blood Of The Sun », avec son gros riff basse-batterie sur lequel West rugit le sang du soleil. Il y a également un superbe blues : « Blind Man ». Lourd, puissant, rageur. Les chorus de West, faits de bends étirés à l’infini, font miauler la guitare au-dessus d’un tapis de riffs gras.
Mais c’est aussi dans les mid-tempos que West impose sa patte : « Baby, I’m Down », « Dream Of Milk And Honey » et son solo à rallonge, ou encore la reprise de Dylan version octane de « This Wheel’s On Fire ». Là, la musique s’ébranle comme une grosse locomotive en rut, déroulant à perte de vue des prodiges de feeling et de trouvailles rythmiques, véritables tables de la loi de la guitare heavy-rock. Car chez West, tout est là. Pas question de laisser l’invention de la guitare heavy uniquement à Jimmy Page. Leslie apporta énormément, parce que chez lui on retrouve autant du blues que les arpèges lourds d’un Tony Iommi.
Il a surtout un sens de la mélodie, de la chanson percutante, chantante, qui accroche immédiatement le cœur. Et c’est aussi vrai sur les titres un peu acoustiques, comme le magnifique « Long Red », superbe ballade rapide qu’on se prend à siffler les mains dans les poches, dans la rue.
J’aime ce disque. J’aime ce gros son blues, j’aime la voix rageuse et puissante de West, j’aime ces mélodies un peu héroïques qui vous emporte loin, j’aime ces rythmiques qui font taper du pied… ce disque est le prototype absolu de ce que devrait toujours être le vrai heavy-blues.
Mais qu’un bon disque ne signifie pas seulement une grosse guitare, qu’il faut avant tout de bonnes chansons, et une vraie personnalité. Car imposer un tel disque en 1969 sur la West-Coast, au milieu du boom Led Zeppelin, et des délires de Grateful Dead, il fallait avoir foi en sa musique.
tous droits réservés

mardi 26 février 2008

BOOSTERBLOG


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lundi 25 février 2008

BRIAN AUGER'S OBLIVION EXPRESS

BRIAN AUGER’S OBLIVION EXPRESS « Second Wind » 1972

Le timide soleil de février éclaire à nouveau le ciel. Le vent est frais, mais il n’est pas hostile. Quelques feuilles rebelles volent encore, balayant la nature des dernières traces de l’année passée. Je me sens bien, j’ai comme l’impression que le vent nettoie mes pensées, me permet d’enfin faire le point, d’y voir plus clair.
Jamais le vie ne m’a paru aussi pénible que ces derniers temps. Tout paraît complexe et injuste. A l’heure où le président de la République se permet de traiter de con un opposant fort peu revendicatif finalement, à l’heure où le patronat et le grand capital semble danser sur nos tombes comme de vilains abbés saouls dignes de peintures de Bruegel l’Ancien, à l’heure où l’injustice et l’inhumanité trônent comme les seules valeurs sur un torrent de religiosité nauséabonde et de révisionnisme notoire, j’écoute le vent. Comme un second souffle.
Ce disque fait parti de ce second souffle. Petite merveille découverte il y a peu, et issue de la discographie d’un artiste pourtant connu de longue date, « Second Wind » est un sommet artistique.
Le rock qui se cherche devrait aller de ce côté-ci de la musique, si je puis me permettre. Pas besoin de Philippe Manœuvre dans son nouveau rôle de chercheur de nouvelle star (ouah ! Ca c’est rock !) pour trouver la nouvelle voie.
Car voilà, ce disque synthétise plusieurs courants musicaux avec une maestria rare, en fait. Là où de grands groupes, de Deep Purple aux Rolling Stones, ont tenté de fagociter la musique noire, Brian Auger a réussi le pari d’en faire une musique originale, et pourtant incroyablement familière.
En 1972, Brian Auger n’est pas un inconnu. Par contre, il serait plutôt enclin à le redevenir. L’homme a en effet connu un important succès entre 1965 et 1968 grâce à plusieurs hits mods en compagnie de la chanteuse Julie Driscoll. Auger est un fantastique organiste issu de la scène blues et jazz anglaise du début des années 60. Il officia en effet aux côtés de Cyril Davies, l’un des pères du British Blues-Boom aux côtés de John Mayall et Alexis Corner.
Il se spécialise à l’époque dans l’orgue Hammond, un nouveau clavier électrique que seuls quelques musiciens noirs ont utilisé dans le blues américain aux débuts des années 60. Instrument bâtard, il est considéré comme un parent pauvre du piano, le son étant bien trop agressif et considéré comme brouillon. Il faut donc toute la dextérité d’un Brian Auger pour en sortir la quintessence, défrichant ainsi le terrain à d’autres prodiges de l’instrument, Jon Lord et Keith Emerson en tête.
Donc Auger développe son rythm’n’blues autour de cet orgue, accompagné d’un groupe carré qui deviendra le Trinity à la fin des années 60. En 1970, Julie Driscoll devient l’épouse de Keith Tippett, et par là même, quitte son premier mentor.
En 1970, le rock a bien changé, dominé par le rock progressif et le hard-rock. A cette époque, Brian Auger a trente ans, âge canonique pour un rocker. Ses aspirations ne vont ni au psychédélisme, ni à la démonstration gratuite, ce qui fait de lui un musicien plutôt vulnérable à l’heure de la surenchère sonore. Même Jimi Hendrix et Bob Dylan y laisseront des plumes.
En 1971, Brian Auger fonde son Brian Auger’S Oblivion Express. Un premier disque est gravé avec Jim Mullen à la guitare, Barry Dean à la basse et Robbie McIntosh à la batterie. Combo blanchâtre anglais, il est le terrain d’une fusion complexe : le rythm’n’blues, le funk, le jazz, et le rock. Le tout sans tomber dans le cliché jamesbrownien.
Le second disque, « A Better Land », est déjà une merveille, mais celui-ci est un aboutissement. Greffé au chant, Alex Ligertwood apporte une coloration proche de Stevie Winwood. D’ailleurs, si l’on peut comparer l’Oblivion Express à un autre groupe, c’est bien Traffic. Pourtant, les aspirations progressives sont moindres.
Auger est un musicien de jazz, et favorise le rythme, le swing. Du coup, chacun de ces six titres sont des développements rythmiques, mais empreints d’un incroyable feeling, d’une âme soul. « Truth », qui ouvre l’album, déclenche une tempête jazz. « Don’t Look Away » est une autre variation jazz, mais la rythmique court sur un funk déglinguée, happé par les cymbales. « Somebody Helps Us » est un funk torride, puissant, galopant sur la basse comme un pur-sang arabe. « Freedom Jazz Dance », malgré son nom, est plus rock que jazz, avec un groove plus épais, plus lourd. Le funk miraculeux revient avec « Just You Just Me », et il n’est pas improbable que ce titre ait marqué un certain Isaac Hayes pour son « Shaft ». Et puis le final « Second Wind » est l’ultime cri d’espoir, la fusion de tous ces courants.
Chaque musicien est à la fois brillant de technicité, et en même temps d’humilité et de classe. Auger est impressionnant à l’orgue, classieux au piano électrique, brillant au Fender Rhodes. La classe, je vous dis.
Et puis il se dégage une sensation de bien-être dans cette musique, comme portée par le rythme, les instruments, les mélodies, la voix. Comme si chaque envolée d’Hammond, chaque roulement de toms, chaque friselis de cymbale, chaque accord de basse étaient autant de battements d’un cœur que l’on croyait mort dans le cholestérol de la misère humaine.Une fois découvert, ce disque ne vous quittera plus. Car il est l’éclaircie des journées de merde. Et sachez que ça fait du bien. tous droits réservés

samedi 23 février 2008

FLEETWOOD MAC

FLEETWOOD MAC « Mystery To Me » 1973

Le chemin fut long pour comprendre ce disque…. Mon premier contact avec Fleetwood Mac fut un extrait de l’album « Behind The Mask », une horrible bouse FM parue en 1990. A l’époque de mes premiers frissons sur Jimi Hendrix et les Who, Fleetwood Mac faisait totalement partie de l’ennemi.
Le second fut un extrait live de « Go Your Own Way », du multi-platiné « Rumours » de 1977. Si ce disque me parut plus écoutable, il n’atteignait pas le frisson provoqué par la version live à Dallas en 1973 sur un bootleg tout pourri de « No Quarter » de Led Zeppelin.
Et puis après ce fut le blues… Je découvris peu à peu les grands guitaristes anglais, et notamment Peter Green, le vrai fondateur de Fleetwood Mac, le Peter Green’s Fleetwood Mac. Je devins un vrai fondu du groupe. Alors en pleine phase « musiciens maudits », Peter Green était un héros. Découvert tard dans la nuit par la version studio de « Oh Well », je fus fasciné par cette guitare hantée, parlant mieux que n’importe quel chanteur de talent. Loin des bavardages, Green explorait la résonance de chaque note, rendait chaque blues de Chicago archi-rabâché miraculeux. Et puis dans ce Fleetwood Mac-là, il y en avait des fondus de la caboche : Green, Jeremy Spencer, parti pour trente ans dans une secte, et Danny Kirwan, qui finira dans des foyers pour sans-abris. Comme si avec ce blues, et connaissant leurs trajectoires, on distinguait un autre monde au-delà de la musique. C’est aussi à cette époque que je devins un inconditionnel de Syd Barrett, considérant qu’après son départ, Pink Floyd était devenu un mauvais groupe. Je sus faire preuve de plus de discernement par la suite.
Bref, l’histoire de Fleetwood Mac m’amena ici. Je découvris qu’entre « Then Play On » et « Rumours », il y avait eu une vie. Souvent décrite comme erratique, voire anecdotique, la période 1971-1975 n’est pas dépourvu d’intérêt. Au contraire. A la réécoute des années après, ces albums m’ont paru passionnants. Et notamment celui-ci. Mon souvenir, ou celui que l’on voulut bien me laisser faute de goût, ce fut celui d’une musique vaporeuse, banale, mid-tempo, quelconque, vaguement bluesy-pop.
Je vous parlerai de « Bare Trees » de 1972 plus tard, le dernier disque avec Danny Kirwan, ultime six-cordiste rescapé de l’ère Peter Green. Si l’on veut comprendre toute la richesse de cette période peu connue, il faut écouter cet album.
Mais revenons un peu à quelques éléments historiques : lorsque Peter Green s’en va en juillet 1970, Fleetwood Mac est décapité. Conscients qu’il faut de la matière grise pour composer, John McVie fait appel à sa petite amie, Christine Perfect, pianiste-chanteuse en rupture de Chicken Shack depuis 1969.
Puis c’est Jeremy Spencer qui s’en va, dans une secte, donc, et il est remplacé par un musicien inconnu, un américain du nom de Robert Welch. Son apport sera majeur, et il sera le grand perdant de l’histoire de Fleetwood Mac, ne collaborant qu’aux albums dits maudits, ceux de 1971 à 1975. Pourtant, son apport est considérable. Son jeu de guitare fin, sa voix douce et original, son talent de composition revigore un groupe moribond. Il permet ainsi à Fleetwood Mac d’inscrire tous ses disques de l’époque dans les charts américains alors que la Perfide Albion les boude. En 1972, le départ de Danny Kirwan pour cause d’alcoolisme et de carbonisation cérébrale ultime finit d’imposer Welch à la tête du groupe. Si ce n’est que McVie et Fleetwood, la section rythmique du groupe devenue leader malgré elle, veut que le Mac reste un « guitar-band ». Un certain Bob Weston est donc recruté fin 1972 pour seconder Welch. Le resultat est plutôt pas mal pour « Penguin » en 1973, mais le chanteur Dave Walker, issu de Savoy Brown, brouille la ligne de composition du groupe. Avec son départ, Welch reprend les commandes, et sur « Mystery To Me », il peut enfin imposer sa voie. Ce disque est impérial, riche d’idées, de petites trouvailles rythmiques et mélodiques. L’art de Bob Welch, c’est de camoufler sous des mélodies à priori évidentes de petites pépites musicales, faites de soul et de blues. Vous ajoutez à cela l’incontestable talent de chanteuse et compositeur de Christine Perfect, et vous obtenez un superbe disque.
Il y a d’abord « Emerald Eyes », mais cela n’est rien. Non, j’adule ce disque pour « Hypnotized » notamment. Voilà du pur Bob Welch. Une rythmique rapide, genre blues de Chicago, et vous posez dessus un arpège de guitare mélancolique doublé de guitare acoustique vaporeux. La voix de Welch, calme et cotonneuse, ondule sur la mélodie. Les mots roulent comme des galets dans la rivière. Tout est limpide, et pourtant, on se sent empli d’une sorte de nostalgie étrange. C’est l’effet Welch. Cette inexplicable propension à vous saisir à la gorge avec des mélodies aux apparences évidentes, mais implacables dans votre chair.
Et puis le travail Weston-Welch prend forme avec « Big City », superbe mélodie bluesy gorgée de slide. Car Weston est un musicien modeste, mais imprégné de feeling et de mélodie. Et l’extraordinaire fusion a lieu ici, faisant de cet album un fabuleux mélange de pop anglaise, de blues, et de rock.
Les guitares acoustiques et les cordes se croisent sur « Keep On Going », le dub et le reggae répondent sur « Forever », le heavy-blues psychédélique brille sur « Miles Away ». Il n’y a de cesse que de changer d’atmosphère entre le blues de « Why » et le funk de « Somebody ». Cet album est un merveilleux miracle de genres, d’instruments et d’idées.
Et puis Bob Weston fautera avec la femme de Mick Fleetwood, et il sera viré. Et Bob Welch redeviendra le seul maître à bord. Mais il est trop tard. La rencontre avec le couple Stevie Nicks-Lindsey Buckingham enterre Welch, ce qui est une profonde injustice. L’homme réapparaîtra avec le groupe Paris avec le bassiste Glenn McCormick (ex-Jethro Tull et Wild Turkey), puis en solo, mais jamais l’homme ne connaîtra un succès à la hauteur de son talent. Personnellement, le premier album de Paris est un must, mais nous en reparlerons.
Et malgré les mélodies et les disques de platine, rien ne semble pouvoir enterrer cet incontestable originalité, ce feeling incroyable entre rock américain et anglais qui se perdit dans les limbes des charts. Welch devint le grand perdant de cette ère perdue. Et à l’écoute de cet album, votre âme saura vous dire combien il vous manque quelque chose en vous.

Les extraits live de cette époque sont rares, car le succès anglais du groupe étant proche du néant, et les ventes aux USA, loin d'être ridicules, n'approchant pa susffisamment les cimes pour intéresser le plus grand nombre. néanmoins, quelques excellentes émissions de télévision américaines offrent des pépites. Il s'agit là du Don Kirshner Rock Concert. Nous sommes en 1974, et il s'agit ici d'un extrait live de "Bermuda Triangle", de l'album "Heroes Are Hard To Find" de 1974. Weston est parti, mais Welch est encore là. C'est son dernier disque avec le groupe. cette version est formidable, et vous permettra de vous faire une petite idée du talent de ce superbe musicien : http://fr.youtube.com/watch?v=w_ktCFb6ZZc
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jeudi 21 février 2008

PETER GREEN'S FLEETWOOD MAC

PETER GREEN’S FLEETWOOD MAC « Live In Boston »

Avant de devenir le groupe de rock californien cocaïné de la fin des années 70, Fleetwood Mac fut un monument du Blues progressif anglais. Emmené par un guitariste hanté, Peter Green, le Mac joua, entre 1967 et 1970, le blues anglais le plus excitant du British Blues Boom.
Il faut dire que Green n’est dés le départ pas le genre de garçon à s’enfermer dans un genre. Dés son passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall (en remplacement de Clapton), il laisse déjà paraître une étrange dualité entre son amour pour le blues de Chicago, et celui pour des musiques plus progressives.
Fleetwood Mac, à l’origine, c’est John MacVie à la basse, Mick Fleetwood à la batterie, et un nain surdoué de la slide trouvé sur un marché aux puces, Jeremy Spencer.
Le groupe sort deux albums de blues anglais d’une grande qualité, « Fleetwood Mac » en 1967 et « Mr Wonderful » en 1968. Pourtant, on sent déjà le cadre du blues trop étroit. Green se défoule sur les simples avec des chansons magiques comme « Black Magic Woman » ou « Albatross ».
D’ailleurs, la set-list des concerts est rarement composé de titres des albums. « Only You », « Sandy Mary », « Jumping At Shadows », “Like It This Way”…. On constatedeux facettes distincts du groupe : celle en concert, et celle en studio. On constate surtout que la scène est le moyen pour Fleetwood Mac de donner la pleine mesure de son talent, immense.
En 1968, les problèmes se profilent. Green commence à étouffer. Ne supportant plus que les regards soient fixés sur lui, il embauche un troisième guitariste : Danny Kirwan. Il laisse également le chant libre à Spencer sur « Mr Wonderful », qui l’enlumine de sa slide magique.
Mais Green est un songwriter, et rapidement, il trouve en Kirwan un alter-ego en matière de rock progressif. Les deux garçons vouent une grande admiration pour les combos psyché de la West-Coast californienne, Grateful Dead et Quicksilver Messenger Service notamment.
Le disque « Then Play On », qui paraît en 1969, rompt avec le British-Blues Boom, et laisse également Spencer dans un coin, ce dernier ne jouant pas une seule note.
On se réjouit alors de la fulgurante progression du Mac, mais c’est également la folie intérieure de Green qui progresse. Rongé par les drogues, et une personnalité fragile, il commence alors à traduire dans sa musique des impressions de plus en plus inquiétantes.
Les concerts montrent alors un groupe varié, qui laisse la part belle à ses guitaristes : les blues à la Elmore James pour Spencer, les morceaux plus californiens pour Kirwan, et les titres heavy-blues sombres pour Green.
Ce « Live In Boston » sortit en trois volumes, est en fait la réunion des enregistrements de trois concerts à la Boston Tea Party les 5, 6, et 7 février 1970, destinés à sortir un live qui ne vit jamais le jour, à cause du départ de Green. Quand on sait qu’il quitta le groupe en juin 1970, cela vous laisse une idée de l’état d’esprit. Le son y est en tout cas impeccable, l'enregistrement étant réalisé par Glyn Johns, futur collaborateur des Who et de Led Zeppelin
Et cet enregistrement est une pépite, parce qu’il permet de découvrir un gang soudé, incroyablement riche musicalement, capable de passer du blues le plus pur à des improvisations instrumentales d’une beauté solaire.
Mais c’est lorsque Peter Green charge sa Les Paul que le blues du Mac devient hanté comme le Crossroads de Robert Johnson. Que ce soit sur « Oh Well », « Rattlesnake Shake » (qui s’étend ici sur 25 minutes), ou le menaçant « Green Manalishi », Green décoche des soli à glacer le sang. La guitare pleure, hulule, gémit, appelle à l’aide. On est au-delà du blues. Là où les bluesmen tentaient d’exprimer leurs sentiments par la guitare, Green exprime sa folie, ses hallucinations démoniaques.
Chaque note fait frissonner. On sent le groupe basculer littéralement du côté d’un rock complexe, torturé, laissant pratiquement obsolète et anecdotique les autres titres blues de facture plus classique.
Fleetwood Mac période blues ne survivra pas à cette névrose générale. Green quitte le groupe, le décapitant. Spencer rejoindra une secte en 1971, et Kirwan partira en 1972, en pleine crise de nerfs. Le Mac s’orientera alors vers un rock américain de plus en plus fm.
Pour ce qui est de Green, il sortira un magistral album solo en 1970, véritable délire psychotique : « The End Of The Game ». Il disparaîtra de la circulation, puis reviendra à deux reprises avec un blues beaucoup calme et conventionnel. Il faut dire que son écriture a sans aucun doute été grandement émoussé par la folie et les quantités industrielles de médicaments qu’il dût ingurgiter.
Il reste cet enregistrement, tragique mais magnifique, témoin d’un talent inouï, disparu trop vite, et sous-exploité.
Histoire de vous faire une petite idée, voici deux extraits vidéos : le premier, c'est "Rattlesnake Shake" de l'album "Then Play On". ce titre était l'occasion pour Green et Kirwan de se lancer dans des jams de plus de 20 minutes. Là, c'est une version courte au... "Playboy Club", une émisson de télé américaine, en 1970. Pour l'anecdote, c'est Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui présente le groupe : http://www.youtube.com/watch?v=JsVmsPv6_Ic
Le second extrait est issu d'un "Top Of The Pops" de 1971. Peter Green est parti en 1970, et a publié un disque solo, "The End Of The Game", la même année. En 1971, il vivote encore dans la musique, complètement paumé, mais toujours aussi doué. Voici "Heavy Heart" :http://www.youtube.com/watch?v=aFSU7dinG0M&feature=related

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